Salut Martine et grand merci d’être venue au Théâtre des Sept Collines !

Foule des grands soirs, lundi, au Théâtre des Sept Collines : Bérénice, mis en scène par la compagnie « Salut Martine » a attiré lycéens et amoureux des vers raciniens.

 

 

Dans un décor très dépouillé, cette belle langue se déployait  et  les sentiments  de Bérénice, de Titus et d’Antiochus résonnaient dans toute leur intensité en chacun des spectateurs. Deux siècles et demi nous séparent de la création de cette pièce, et ces mots nous parlent toujours. La langue de Racine transcende le passage du temps : ce pourrait être la définition d’une œuvre classique.

« Régner ou aimer », tel est le tragique choix qui s’impose à Titus, ce dilemme ne s’impose pas au commun des mortels dans les mêmes termes, mais nul besoin d’être empereur pour éprouver la terrible  douleur qu’apporte le renoncement à l’amour.

Bérénice ? Simplement souveraine, en tout cas dans la première partie de la représentation. Et Antiochus ? Dans l’ombre des grands, des régnants, l’éternel second rôle a su nous émouvoir par son jeu primesautier comme il convient à un amoureux qui passe par des accès d’espoir aussitôt balayés par les assauts implacables de la réalité. Aimer sans espoir de retour, cruelle destinée qui force notre compassion. Ce n’est pas le cas de  Titus : on ne peut certes désavouer l’authenticité de ses sentiments pour Bérénice,  mais préférer la raison d’État à la passion ne lui amène pas notre empathie. Je vous parle naturellement des sentiments inspirés par les personnages de la pièce car les comédiens les ont parfaitement incarnés et leurs tourments d’amour sont devenus les nôtres.

Un mot pour qualifier la mise en scène : audacieuse !  Il me semble naturel et bénéfique de se délester des attendus et du déjà vu au XXI è siècle et ce parti pris de proposer une mise en scène contemporaine, avec une  bande-son hardie autant que moderne, renforce le caractère intemporel de la pièce. Si les tentatives pour introduire un peu  d’humour dans la pièce m’ont peu convaincue, j’ai par contre bien aimé l’occupation de l’espace, en dehors de la scène, par les comédiens ; s’en dégageait une impression de proximité avec les personnages. Ajoutons que l’usage de la vidéo  a donné une stature solennelle à Paulin. Hiératique, il nous apparaissait telle la voix de la Raison.

Ah, s’il n’y avait eu le turbin le lendemain matin, j’aurais adoré rester pour la suite et fin : Tite et Bérénice de Corneille ! Bérénice very nice !

Swaz