Mountain Men, l’interview !

 

« Pour faire bander les gens, il faut bander soi même». Entretien avec les « Mountain Men », des outsiders qui repartent au combat, comme à leurs débuts …Rock’n’roll !!!

A.V.M.T : Bonsoir et merci de me recevoir. Mountain Men, comment avez-vous trouvé ce nom de groupe ? Vous êtes vraiment des hommes de la montagne ?

Mat : Je suis né,  j’habite et j’ai toujours vécu à la montagne. Il y a deux raisons au nom de « Mountain Men », la première c’est la localisation géographique, on est basés sur les hauteurs dans les environs de Grenoble et la deuxième…c’est un secret !

A.V.M.T : Votre tout premier album « Mat with Iano » ne fait pas partie de votre discographie, comment ça se fait ?

Mat :  C’était avant le début de l’aventure « Mountain Men ».  Notre rencontre avec Ian a eu lieu en 2005 sur l’une de ces prestations et à la fin de son concert, on a « boeufé » pendant deux bonnes heures. On s’est retrouvés quelques mois plus tard dans le home studio d’un pote (C’était la quatrième fois qu’on jouait ensemble), pour enregistrer treize titres. « Mat with Iano » est essentiellement un album de reprises avec deux ou trois compos personnelles  et c’est sorti à 1000 exemplaires. Ce n’est pas un album que l’on cache, il a le mérite d’exister et s’il ne fait pas partie de notre discographie c’est qu’on a voulu que ça reste confidentiel. Un album juste pour la famille et les potes.

A.V.M.T : En 2006, prix du tremplin « Blues sur seine »

Mat : Oui, on s’est retrouvés sur ce festival au mois de novembre 2006 et on leur a mis une bonne raclée ! Je crois qu’il y a eu un véritable effet de surprise car en fait, on sortait de nulle part ! Quand on est arrivés, tout le monde se demandait « mais qui c’est, ces gars là ? ». On a fait un grand concert avec une superbe « standing ovation » au milieu. Pour nous, c’est un peu ça, le début de l’aventure « Moutain Men ».

A.V.M.T : Ensuite prix spécial du « Cognac blues festival » à Memphis en 2007.

Mat : Non, c’était en 2009. On a très peu joué en 2007 car Ian s’est fait embauché pour une centaine de dates sur la tournée de Riké (chanteur, guitariste des Sinsémilia). Donc le nom des « Mountain Men » été noté là, quelque part dans le monde du blues, mais sans qu’il y ait eu vraiment de concert. On a juste fait un aller-retour à Montréal pour un festival de blues. En fin d’année 2007,  la presse française nous a nominés et choisis pour aller jouer à Memphis, alors que l’on avait pratiquement jamais joué.

A.V.M.T : Pouvez-vous m’en dire un peu plus, sur cette expérience à Memphis ?

Mat : C’est a cette époque que j’ai arrêté de travailler (je nettoyais des poubelles au karcher) pour me consacrer entièrement a la musique. Pour le prix à Memphis, on me disait « alors, vous êtes finalistes du tremplin mais pas les gagnants, pas trop déçus ? ». Un mois auparavant, je lavais des poubelles à Grenoble, non je n’étais vraiment pas déçu !  Pas mal de choses se sont produites  en 2009, comme la sortie de notre premier album « Spring time coming », autoproduit, qui s’est retrouvé en tête des ventes jazz, blues pendant pratiquement un an. On n’avait pas de promo et on a fait un super buzz ! Il y a eu aussi cette date que l’un de nos potes nous avez calé en première partie de Bashung, sur sa dernière tournée. C’est la qu’on a rencontré et signé avec « Echo production ». Ils ont réédité « Spring time coming », avec cette fois de la promo, et re-super buzz ! L’album a été nominé aux Awards à Memphis, dans la catégorie meilleure autoproduction de l’année.

A.V.M.T : Sur « Hope », votre deuxième album studio, il y a une playlist assez impressionnante de musiciens ( entre autre Victor Demé) … Est-ce qu’ils ont participé aux concerts après l’album ?

Mat : On a joué au Burkina Faso et en Afrique avec Victor Demé, sur seulement quelques dates mais pas en France. Les seuls musiciens qui avaient participé à l’enregistrement et que l’on avait invité sur une date pour la sortie de « Hope », c’est le « Quatuor a cordes ». ça a été une très belle expérience ! On est très fiers de ce disque, c’était notre album préféré jusqu’à ce que « Black market flowers » ne sorte.

A.V.M.T : Il y a une superbe reprise de “Georgia in my mind” sur  « Against the wind »,  votre troisième album, et un autre titre « La nouvelle tare », c’est du vécu ?

Mat : Pas du tout, c’est une connerie sans en être une. Au premier abord, cette chanson est assez rigolote mais en fait, le fond n’est pas si drôle que ça. Je me suis juste un jour attaché à essayer de raconter comment marche le système de ce genre d’émission. On prend un gamin avec tous ses rêves, on le presse, et si ça ne marche pas, on le met dehors avec tout ce que cela peut engendrer derrière. Je ne regarde pas forcément la télé et ces réalité-shows, le peu que j’en sais, c’est que tu te retrouves devant quatre gars qui sont payés des milliers d’euros et qui se permettent de juger devant des millions de gens , je trouve ça d’une violence incroyable. Ce n’est pas du vécu, notre parcours est à l’extrême opposé.

A.V.M.T : Jusqu’ à présent, tous vos concerts vous les faisiez en duo, pourquoi avoir choisi de vous faire accompagner par Denis Barthe et Olivier Mathios ?

Mat : On aurait pu refaire un album et continuer les tournées en duo mais on ne voulait pas tomber dans la routine. Pour toucher les gens et les secouer, il fallait que l’on se secoue, nous mêmes. Çà a été un vrai choix de faire quelque chose de différent, plus rock. On a demandé à notre producteur de nous trouver quelqu’un pour la réalisation de notre nouvel album, le nom qui revenait le plus souvent, était celui de Denis et on a pris contact avec lui.

A.V.M.T : Denis, Comment s’est passée votre rencontre avec les « Mountain Men » et pourquoi avez-vous décidé de travailler avec eux ?

Denis : Simplement. Ce n’est pas quelque chose de calculé et d’organisé. Mike qui est leur producteur mais aussi chanteur des « Sinsémilia » avec lequel j’avais déjà bossé sur d’autres albums, m’a appelé en me demandant si je serais intéressé de réaliser le prochain disque des « Mountain Men  » Je lui ai répondu, ça tombe bien, je ne sais pas qui c’est, alors envoie moi du son ! Quand j’ai écouté, je me suis dit qu’il y avait un truc qui me plaisait,  je suis allé sur le Net pour voir un peu comment ils étaient sur scène et là j’ai rappelé Mike en lui disant « c’est deux punk qui font du blues, ça m’intéresse et je veux bien les rencontrer ». Mat est venu à la maison et au bout d’un quart d’heure, j’avais l’impression de le connaitre depuis des années. En parlant du nouvel album, on était sur la même longueur d’ondes, ces deux mecs avaient envie de bosser et ne voulaient pas se reposer sur leurs acquis. Ça faisait dix ans qu’ils jouaient en duo, qu’un énième « Mountain Men » pouvait se refaire et que ce serait certainement un bon produit mais aussi quelque chose qu’ils avaient déjà fait. Mais ce qui a tout décidé, c’est quand il m’a dit « on veut passer à autre chose et surtout jouer debout ».

A.V.M.T : Et Olivier, comment vous a-t-il rejoint ?

Mat : à la base, on voulait monter une équipe en pensant au futur concert. Denis devait réaliser l’album mais ce n’était pas prévu qu’il parte ensuite avec nous en tournée. Ça lui a tellement plu, qu’il nous a dit « OK,  j’ai le bassiste qu’il vous faut ». on lui a entièrement fait confiance et du coup Olivier est arrivé, ça a vraiment été une super éclate en studio !

Olivier : Oui, on a travaillé de manière instinctive et instantanée, c’était assez hallucinant d’ailleurs. Quand on a commencé à bosser, ça a sonné quasiment de suite, on s’est laissé porter, c’était énorme !

Mat : C’était tellement bien qu’on leur a demandé de partir avec nous en tournée.

Denis : C’est tombé aussi à un moment où notre calendrier été beaucoup moins chargé que d’habitude et jusqu’à présent, ça se passe plutôt bien !

Mat : Musicalement, c’est que du bonheur et humainement, c’est le top !

Denis : Ce qui est bien, c’est que ça s’est fait naturellement et que ça continue dans ce sens.

A.V.M.T : Votre nouvel album « Black market flowers » vient de sortir en novembre. Beaucoup plus rock qu’à l’accoutumée, est-ce que c’est un tournant dans la carrière du groupe ?

Mat : Qui peut dire de quoi l’avenir sera fait ? On fonctionne beaucoup à l’instinct et ce virage rock me plait sévèrement. Je pense que je pourrais même être encore plus rock, si je me laissais aller. J’ai l’impression actuellement d’être un outsider comme à nos débuts. Pour faire bander les gens, il faut bander soi même, on a un super album à défendre, on se fait plaisir et on ne regarde pas plus loin que ça.

Denis : J’ai toujours été persuadé que penser à ce qu’on va faire veut dire qu’on n’est pas à ce que l’on fait.

A.V.M.T : On dit de vous que, vous êtes deux performers qui jouent ou se jouent du blues, pour en faire une matière musicale surréaliste, un commentaire ?

Ian :Oui, moi je vois des ronds avec des encadrements, un petit peu carrés et à l’intérieur, ça brille avec du jaune et de l’orange. A l’extérieur, c’est tout noir et ça devient de plus en plus bleuté.

A.V.M.T : D’accord, ça c’est le coté surréaliste, et le coté performers ?

Mat : C’est difficile de dire ça de soi même, on s’est construit en faisant de la scène et c’est notre force. Après, en faire une matière surréaliste ? En tout cas, on ne se pose pas de questions, on fait la musique qui nous plait, qui nous tient à cœur. Encore une fois, on ne fait pas un truc pour faire plaisir à tout le monde mais parce que ça nous parle. La première raison pour laquelle je fais de la musique, c’est que j’en ai besoin et je ne sais pas si c’est surréaliste, mais en tout cas, c’est sincère !

Denis : Monter sur scène, en voilà du surréalisme, c’est une démarche qui n’est pas du tout naturelle. Faire quelque chose qui est plutôt introspectif , se donner à des gens, en regardant ce que ça va faire et en te mettant à poil, là oui c’est surréaliste ! Si tu n’a pas envie de faire ça, il ne faut pas monter sur scène !

A.V.M.T : merci beaucoup pour votre accueil et bon concert !

 

 

Bruno Robert