Envie de planer, de chanter, de danser, d’être surpris ? J’ai tout ce qu’il vous faut à travers cette sélection d’albums flamboyants qui vont vous ouvrir les oreilles sur une multitude d’univers étonnants ! Un seul dénominateur commun… Le grand talent des artistes qui les ont fait naître ! Jazz, pop, funk, électro, chanson française… Il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités dans ce juke box sous le signe du voyage qui va vous embarquer pour un tour du monde de sonorités ! Bonne écoute à toutes et à tous !
Ibrahim Maalouf a exploré tous les univers musicaux du jazz à la pop avec « LE » son caractéristique de sa trompette magique que notre oreille reconnaît dès le premier accord. Tout au long des neuf titres de ce onzième album, ce métissage savamment dosé se pare des couleurs et de la chaleur de Cuba, baignées d’ambiances toutes « maaloufiennes » qui non seulement nous charment toujours autant, mais qui en plus prennent une sacrée intensité au fil des plages de cet album époustouflant de virtuosité et de joie de vivre, dans un chapelet chaleureux et vibrant de sonorités qui se marient à merveille avec l’univers de ce trompettiste de génie ! Entouré des trois prestigieux pianistes cubains que sont Harold Lopez–Nussa, Alfredo Rodriguez et Roberto Fonseca, du saxophoniste Irving Acao et de la violoniste Ylian Canizares (également cubains… et prodigieux musiciens !), qui l’accompagnent sur cinq titres, Ibrahim Maalouf nous convie à pactiser avec le démon de la danse aux rythmes de salsas endiablées, entrecoupés d’ambiances pop jazz teintées de rock qui mettent une patate d’enfer et vous donnent le sourire pour la journée dès la première écoute ! Certains titres s’habillent d’accents symphoniques d’une solennité à faire dresser les poils… Notamment « Radio Magallanes » où la voix de Salvador Allende se mêle à la musique pour nous rappeler la sombre époque où le Chili a basculé dans la dictature de Pinochet… Au vu de la répression que subit le peuple chilien ces dernières semaines, le message d’Allende se ressent comme une piqûre de rappel… Avec ce dernier album, qui ne manque indubitablement pas de sens, Ibrahim Maalouf nous fait chanter, danser, frissonner et rêver à un monde de paix et de tolérance sous les notes mélodieuses de sa trompette, dans un langage universel qu’il maîtrise décidément à la perfection. Ibrahim est actuellement en tournée… Alors s’il passe près de chez vous, ne le loupez pas !!! Be happy !
S3NS / Ibrahim Maalouf / Mister Ibé / 27 Septembre 2019 / 17€
Subtil et déroutant, cet « objet musical non identifiable » nous embarque pour un trip expérimental aussi inventif qu’envoûtant : le subtil et unique mélange des genres d’Enik vous hypnotise sous ses lumières, vous transformant illico presto en lapin pris dans les phares… Eberlué et fasciné ! « Les » voix d’Enik, tour à tour sensuelles, métalliques, douces ou rauques, descendent aussi bien dans les graves qu’elles grimpent dans les aigus. Croisées, déformées et manipulées avec talent, elles vous envoient des images tour à tour paisibles ou inquiétantes, entre rêve et cauchemar, passé et futur, au coeur de cet opéra électro pop aux envolées lyriques, dans un magma de sons en fusion, planants et énigmatiques, dissonants et harmonieux, qui semblent tout droits sortis du chaudron d’un alchimiste fou ayant le pouvoir d’en extraire la substantifique moelle… On se retrouve sans voix, flottant en apesanteur à l’écoute de cette bande son intersidérale qui dégage une incroyable force d’évocation… Cet album inclassable qui traverse le ciel de la créativité musicale comme une comète, laisse une trace éblouissante… Pas près de s’éclipser ! Hypnotique et fascinant !
The deepest space of now / Enik / Brave and Dizzy Records / 8 Novembre 2019 / 17€
Il se dégage de la musique des Brooklyn Fun Essentials une telle sensualité mêlée d’énergie pure qu’il est impossible d’y rester insensible ! Leur funk mêlé de jazz classieux dans un délicieux et audacieux alliage vous donne tour à tour envie d’onduler des hanches, de danser frénétiquement ou de vous laisser planer (tout en claquant des doigts !) en proie à de douces rêveries… ça fait maintenant près de 25 ans que ce collectif de poètes et de musiciens américains distillent LE groove dans une mosaïque de sonorités à faire pâlir de jalousie les meilleurs du genre. Pour ce sixième album, accompagné d’Alison Limerick au chant, ils rendent un vibrant et essentiel hommage à Frankie Knuckles, le parrain de la House Music, en douze somptueux titres cuivrés habillés de chœurs harmonieux peaufinés aux petits oignons, où ils font montre d’une liberté totale vis-à-vis des standards du genre, dans un patchwork mouvant et ondulant qui nous met la fièvre… Et pas seulement le Samedi soir ! Un bon verre de vin, des lumières tamisées et « Stay good » sur la platine, c’est le succès assuré pour une soirée câline et sensuelle ! Feel good ! Pour info, ils seront en concert le 29 Novembre au Monte-Carlo jazz festival, le 30 Novembre à Paris au New Morning et le 1er Décembre à Louvain en Belgique (infos et billetterie ici !)
Stay good / Brooklyn Funk Essentials / Dorado records / 28 Septembre 2019 / 20€
Une voix cristalline qui coule comme une source d’eau fraîche en dégageant une incomparable douceur mêlée d’énergie, de joie de vivre et de candeur enfantine, déclinée en chœurs aériens et planants… Une Pop rafraichissante et inventive, fragile comme une coquille d’œuf ou pétillante comme les bulles d’un bon Champagne… Voilà Pikku qui nous enchante au fil des onze titres de ce premier album qui laisse apparaître la formation classique (piano) de cette « petite » (Pikku signifie « petite » en finnois) grande qui va très vite se hisser vers les sommets ! Cette fée joue un savant jeu de ping pong entre voix et musique, les laissant se répondre dans une parfaite harmonie pour créer de sa baguette magique un univers onirique qui vous enveloppe sur un nuage dans un rêve doux et hypnotique parsemé d’éclats de vie. Pikku vient de Pologne, vit en France et chante en anglais, français, polonais et même en japonais ! Ses textes en français révèlent toute la saveur de son humour, de son inventivité et de sa maîtrise poétique de la langue française, dans les superbement barrés « Madame Raymonde » (qui tente, par dépit amoureux, de dégommer la lune à coups de pommes de pin), « J’ai connu la neige » (où elle évoque sa nostalgie de la « vraie » neige) et « Les brou brou » (ces brouhahas qui protègent des sortilèges). Cet album tour à tour joyeux et léger, nostalgique et sensuel, nous conte une histoire de neige et de sable, de douce chaleur et de froid tonique que Pikku déroule en magicienne surdouée qui joue de sa voix comme d’un instrument. 5.3.2.1… Pikku est désormais lancée et nul doute qu’on entendra parler d’elle ! Gros coup de cœur !
5.3.2.1 / Pikku / Lafolie Records / 15 Novembre 2019 / 15€
Survoler la Terre en apesanteur et savourer les paysages sonores issus de la riche palette de musiciens virtuoses qui nous convient à un lumineux voyage imprégné de leurs émotions, en autant de cartes postales musicales… Voilà ce que nous propose Céline Bonacina, accompagnée de Chris Jennings à la contrebasse (qui signe cinq compositions sur les treize titres de cet album, les autres étant composées par notre reine du sax), de Jean-Luc Di Fraya aux percussions et de Pierre Durand à la guitare. La musique de ces quatre-là coule comme du miel… Tour à tour mystique et mystérieuse, hypnotique et langoureuse, mais toujours sensuelle, elle insuffle par intermittence des sonorités exotiques à la croisée d’un jazz sans limite, libre comme l’oiseau et léger comme un souffle d’ange, entrecoupé d’accents toniques d’un dynamisme puissant et audacieux qui, entre deux contemplations, nous invitent à la danse. « Du haut de là » où Céline nous emmène sur un tapis volant au gré de ses good vibrations, on tutoie les anges dans un rêve éveillé et subtil, à fleur de sax… Raffiné et coloré, caressant et fougueux, cet album vous fait passer, sous la subtilité du jeu de ces musiciens à l’incommensurable talent, par toute une gamme d’émotions… Pour info, le quartet de Céline Bonacina est en tournée (dates ici !). Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire si elle pointe son saxo près de chez vous !
Fly fly / Céline Bonacina / Cristal Records / 18 Octobre 2019 / 13€
Long gémissement porté par la voix puissante et claire de Laura Clauzel qui éclaire comme un phare la noirceur du monde, cet EP se décline en six titres d’une intensité incomparable. Graves et sombres, les textes sont habillés sur mesure de sonorités qui nous envoient des images de bruits de bottes et de guerre, les cris des femmes bafouées et des esclaves enchaînés, révélant toute l’inhumanité dont les hommes ont fait et hélas font toujours preuve… Sous un jazz classieux mêlé de pop nostalgique, exécuté de main de maître par Alex Blake (contrebasse), Sonny Troupé (batterie et percussions) et Franck Nicolas (trompette et coquillages), la voix de cette belle artiste résonne en échos fervents contre la bêtise et la violence de nos sociétés froides et injustes, absentes d’un amour qui pourrait les sauver… Émouvantes comme des prières païennes, les ballades de Laura nous touchent droit au cœur en nous incitant, avec solennité et beaucoup de classe, à réveiller nos consciences et c’est tout simplement… Magnifique ! Elle sera en concert le 30 Novembre à L’étoile du Nord à Paris, le 10 Décembre au théâtre Monsigny à Boulogne sur mer et le 14 Décembre au café de Paris à Tourcoing (infos et billetterie ici !).
Moan / Laura Clauzel / Active Records / 20 Septembre 2019 / Lien d’écoute ici !
Une voix douce, enivrante et hypnotique, des mots poétiques et imagés accompagnés d’une musique minimaliste qui leur donne toute place pour exister et à ses auditeurs de les savourer dans une douce intimité… Voilà en quelques mots comment je résumerai cet album qui, au fil de ses dix pistes, nous enrobe d’une douceur sensuelle, dans l’ivresse des désirs orchestrés par ce funambule des sentiments qui les distille en mots posés et rêvés aussi addictifs qu’une première rencontre… Les intros prennent leur temps pour installer le climat et la voix de « Kuzy », accompagnée de chœurs féminins, se fait prière aux morts et aux vivants, à l’amour toujours au bord du vide qu’il appelle de son désir feutré en explorateur tendre et doux… Kuzylarsen effiloche ses mots pour nous tisser la trame de l’amour sous les bruits du monde qu’il apaise en voix et mots qui guérissent de nos maux. « Le long de ta douceur », sous la magie de cet artiste voyageur qui égrène ses sonorités orientales de son oud électrique, nous immerge dans un climat d’une intensité incomparable, au cœur de nos quêtes d’absolu… Wouaoh…
Le long de ta douceur / Kuzylarsen / Pias/ 20 Septembre 2019 / 17€
Marjolaine Karlin, en français, anglais et yiddish, nous délivre sous des rythmes Maloya des tranches de vie empreintes d’émotions vraies, qu’elle sertit dans un écrin de mots poétiques pour faire naître un patchwork étourdissant de virtuosité. En une dizaine de titres tour à tour joyeux et pétillants, mystérieux et envoûtants, qu’elle murmure, scande ou chante de sa voix limpide qui semble grimper jusqu’au ciel, Marjolaine Karlin exhale une belle sensualité doublée d’une sacrée sensibilité ! Les ambiances et les rythmes se déchaînent comme les vagues d’un océan tempétueux ou nous bercent dans le calme serein d’une mer d’huile, pour créer un univers propre directement relié à l’histoire qu’elle dévoile dans chacun des titres de cet album, jouant des voix et des instruments avec un lyrisme hors du commun. Amoureuse de l’île de La Réunion, séduite par les écrits d’Aimé Césaire et par le talent de Danyel Waro, la belle Marjolaine nous invite de manière fort convaincante à partager ses passions, en nous emmenant dans ses bagages pour un voyage immobile au-delà des mers, au gré de ses mots et de sa musique… Dépaysant, étrange et fascinant, cet album ne manque pas d’originalité, tant musicalement que sur le plan littéraire !
Ta too too ta / Marjolaine Karlin / Les Psychophones Réunis / 26 Avril 2019 / 11€
Christine Le Garrec