Mercredi 11 mars, la Scène Nationale de L’Empreinte s’est transportée à Egletons pour offrir au public de Haute-Corrèze un spectacle d’une exceptionnelle qualité : Le Roi Lear. Mis en scène par Julien Guill et joué par quatre comédiens de la Compagnie Provisoire, ce spectacle a réuni les atouts pour faire de cette pièce une parenthèse intemporelle qu’on n’oubliera pas de sitôt.
Lear est un roi âgé qui veut transmettre, à la plus aimante de ses trois filles, ses biens et sa fonction. Habitué à régner sans partage, il ne saura distinguer la flagornerie de la vérité et cédera aux flatteries qui le confortent dans l’image qu’il a de lui-même.
Écrite il y a 400 ans par Shakespeare, cette pièce continue de nous toucher car elle parle d’héritage et de pouvoir, d’attentes paternelles et de réponses filiales, de vieillesse et d’ingratitudes, de solitude et d’ambition, de loyauté et de folie, de cruauté et d’affliction. Ces thèmes touchent à l’universel et la langue qui les porte est sublime, les métaphores donnant une ampleur tragique aux sentiments du roi trahi.
Grâce à la mise en scène dépouillée voulue par J. Guill, les spectateurs sont happés par l’engagement des comédiens qui se donnent tout entier et passionnément à l’expression des sentiments tragiques. Cette représentation nous fait revenir à l’essence du théâtre : tout est concentré dans la parole, le jeu des physionomies, les corps à corps et les face à face qui nous plongent sans concession dans l’intrigue.
On ne peut qu’applaudir, encore et encore, ce spectacle vivant et cette belle initiative qui consiste à délocaliser la culture. Hier soir, la littérature nous a tutoyés et pendant plus de 90 minutes nous avons vibré de conserve avec le Fou du roi, celui qui savait mais qui ne sera pas épargné.
Swaz