The FINAL Fucked Up Tour, c’est le nom de cette ultime tournée de Shaka Ponk, le groupe français qui m’aura accompagné durant 11 ans et qui m’aura ouvert les portes du rock tire sa révérence avec un dernier album sobrement intitulé Shaka Ponk. Une tournée qui se présente donc comme la dernière du groupe et qui doit se clôturer avec deux Bercy en novembre 2024. Une tournée quasiment complète, dont la date au Zénith de Paris le 8 novembre dernier où j’ai pu assister à leur tout nouveau show.
Après être un peu resté sur ma faim avec leur « formule » festival cet été, j’avoue avoir été davantage conquis par le « vrai spectacle ».
Comme d’habitude on a eu droit à une première partie d’environ 30mn, menée par Delilah Bon, une artiste inconnue au bataillon pour ma part, mais qui a su assurer une belle ouverture. Si l’on doit résumer rapidement, Delilah Bon ça fait penser aux Spice Girls si elles avaient viré dans le metal.
Les 3 jeunes femmes (une bassiste, une danseuse, ”madame je gère les boutons de la console”) se sont rapidement emparées de la scène avec leur look punk coloré sexy, et nous en ont mis plein les mirettes et les esgourdes, avec des textes engagés pour les droits des femmes, des personnes trans ou encore la communauté LGBTQ+. Delilah assure avec un super flow, son rap venant surfer sur des riffs de basse bien lourds ainsi que des instrus tantôt dansants tantôt pesants, tirant presque vers la trap. R’n’B, pop, rap et rock/metal se mélangent dans un cocktail qui a fait bouger pas mal de têtes, la mienne y compris.
En somme une bonne première partie et une chouette découverte en live.
Après des minutes semblant durer des heures, Shaka Ponk fait enfiiiin son entrée mais… pas sur scène.
Les lumières sont encore allumées dans le Zénith et ce sont les acclamations dans les gradins qui nous font tourner la tête pour apercevoir le groupe se balader parmi le public assis, saluant chaleureusement les spectateurs sur leur passage.
Le show commence alors d’une bien belle manière et vient donner le ton de cette dernière tournée. Mais je n’aimerais pas en dire plus tant la surprise est belle et originale et qu’il serait dommage de la gâcher à celles et ceux qui n’ont pas encore vu le show.
Suite à cette intro suspendue dans le temps, le spectacle commence véritablement… Vous savez celui au milieu d’un décor toujours plus fou de tournée en tournée, celui où on y laisse ses cervicales et où on collectionne les bleus à la fin des pogos !
C’est avec Je m’avance que les hostilités commencent. Prenant place dans un décor de bibliothèque démesurée, où les livres s’empilent de façon vertigineuse, le groupe nous livre son énergie et le public lui rend bien. C’est au milieu de la tempête de lumières qui s’abat sur nous, que les plus attentifs peuvent discerner les ombres humaines qui s’agitent en symbiose dans l’écran de chaque côté de la scène. L’effet est vraiment réussi et il faudra attendre le second morceau (à savoir Wanna Get Free) pour se rendre compte que ces ombres sont bien réelles et qu’il s’agit ni plus ni moins… que d’une chorale gospel.
C’est clairement la grosse nouveauté de cette tournée. Si le spectacle marque moins par ses visuels 3D dont le groupe nous a habitué au fil des ans, avec davantage de vidéos prises en direct durant le show, ce nouveau set est clairement mémorable de par la présence de cette chorale. Avec des chorégraphies millimétrées et des arrangements vocaux sur pas mal de titres, les choristes remplacent la 3D et ajoutent une touche unique au spectacle, notamment sur Sex Ball (morceau absent depuis un moment et qui est de nouveau dans la set list), qui bénéficie d’un final explosif avec ces superbes choristes qui s’emparent de la scène.
Côté set list c’est là où je chipote un peu. Avec les teasers de la tournée dans un musée présentant le groupe comme une espèce éteinte pour une ultime tournée, j’avais espéré des titres issus de chaque album, pour retracer l’histoire du groupe. Au final le premier album est totalement absent (à mon grand désarroi bien que j’arrive à le comprendre), pour le second n’est retenu qu’un seul titre (Twisted Minda) tout comme pour l’avant dernier album The Evol. Bien sûr, avec une discographie de 7 albums bien fournis, c’est compliqué… Mais j’avoue qu’au vu de l’intro, un titre comme I’m Picky ne m’aurait pas manqué par son absence, de même que la reprise de Smell Like Teens Spirit que j’aime beaucoup par ailleurs.
Quoi qu’il en soit, Shaka Ponk a offert à ses fans un show dantesque comme à son habitude, avec une vraie générosité, une prestance toujours au top et des titres toujours aussi redoutables en live, certains sublimés par la chorale gospel Sankofa Unit qui a apporté quelque chose d’unique au show. Délaissant sa maestria de l’interaction entre les membres du groupe et les images de synthèse sur écran pour laisser davantage place à l’humain sur scène, le groupe tire sa révérence de la plus belle des manières à travers ce nouveau set.
Si vous aimez le groupe, n’hésitez pas et foncez voir leur show. Il vaut vraiment le coup.
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Alexandre Vergne