Spécial électro pour ce onzième juke box, qui s’est fait un peu attendre ! Rap, hip hop, groove funky et tradition japonaise, de Paris à Toulouse en passant par Bordeaux, nos beatmakers n’ont rien à envier à leurs confrères d’outre-manche et d’ailleurs ! Bonne écoute… Et à très bientôt !
Un p’tit chef d’œuvre pour un maxi six titres ! voilà ce que nous propose « ProleteR » pour ce qu’il appelle lui même des « survivors » de plus d’une cinquantaine de démos ! Franchement, j’aimerai bien écouter son surplus de création ! Alors qu’il enchaîne les dates depuis deux ans, en accompagnant notamment Wax Tailor (sur sa tournée 2017), ProleteR rejoint l’équipe Banzai Lab et présente «Life playing tricks», sa première sortie sur un label après des années d’autoproduction couronnées de succès (plus de 30 millions de vues sur Youtube !). Guitariste de formation et d’une culture musicale plutôt rock, le toulousain n’était pas prédestiné pour faire carrière dans le beatmaking. Autour des années 2000, il déménage à Strasbourg et se retrouvant seul et sans groupe, Il commence à s’intéresser à l’électro par le biais du trip-hop et, en quelques années, en devient un expert. Mêlant savamment de multiples univers sonores puisées dans l’histoire de la musique, ProleteR vous prend par les oreilles et vous embarque dans ses inspirations de beatmaker énergique. Sur «Destiny» on se retrouve à Detroit et c’est hyper funky ! On pense à Onra, Gramatik, the Geek & Vrv. Avec «alone after all», on entre d’abord sur la pointe des pieds dans un univers retro féérique : l’ambiance est énigmatique. Silence, et voilà qu’un drop funky gigantesque débarque avec sa rythmique chaloupée et son riff accrocheur. Avec «Circus», probablement enregistré au studio de la cité des enfants perdus, on aperçoit Pinocchio en sérénade avec un éléphant rose. On imagine un défilé des personnages qui peuplent son imaginaire, à l’image du père rêveur dans le film « Big Fish » de Tim Burton. Loin de faire du pipeau, ProleteR est donc ce joueur de flûte enchantée que toute la faune suit d’un pas décidé, avec un gros hochement de tête. Gageons que ce six titres se trouvera en bonne position dans votre playlist de l’été, au bord de la plage, pendant vos longs voyages ou vos soirées délurées !
ProleteR: Life Playing tricks / Banzaï Lab Records / 4€ en numérique sur Bandcamp
Partons maintenant au pays du soleil levant avec « Senbeï », moitié du duo de Smokey Joe & The Kid. Le beatmakers bordelais, passionné de culture japonaise, produit depuis près de dix ans, un Hip-Hop singulier, teinté de sonorités asiatiques et de textures électroniques. En décembre 2016 il accomplit son rêve en partant pour Tokyo et en revient avec « Nin », un quatre titres, préambule d’un futur LP annoncé pour l’automne prochain. Un voyage initiatique au cours duquel il rencontre Dj Kentaro et le MC nippon ShingO2 (créateur du générique du manga culte « Samurai Champloo »), pousse les portes des clubs les plus déroutants de Shibuya, se perd dans les complexes de jeux d’arcades, assiste à des concerts symphoniques de musiques de jeux vidéos … Et trouve tout de même le temps d’enregistrer en studio quelques uns des meilleurs instrumentistes traditionnels de Koto, Shakuhachi, Shamisen, Niko ou Ichigenkin. Entre modernité et tradition, ses nouvelles compositions nous embarquent dans la culture nippone et c’est un vrai régal pour nos oreilles. Allez, je vous laisse découvrir l’univers de «Senbeï» et sa passion pour l’art japonais !
Senbeï : Nin / Banzaï Lab Records / 4€ en numérique sur Bandcamp
La machine est en marche. «Dj Low Cut » vient une nouvelle fois nous offrir tout son savoir faire de « beatmaker-scratcheur » avec « Dead end », titre de son nouveau projet. Un vingt deux titres (rien que ça), qui nous emmène directos dans les bas fond de New-York City. Une ruelle sombre, un « Cul de Sac »… l’ambiance est posée et les dés sont jetés ! Mais attention, notre DJ n’en n’est pas à ces premiers balbutiements, il sait surfer sur la vague rap-hip-hop et en connait tous les travers ! Bien sur, une telle aventure ne peut se faire sans un super équipage … Et quoi de plus évident que de s’entourer d’artistes locaux ? Ruste Juxx et Nusto, Dirt Platoon, Guilty Simpson, Toraé, Rasheed Chappell, Masta Ace entres autres, ont répondu présent et sont venus poser leurs rimes sur les rythmiques de Low Cut. Et que dire de cette pléiade de Dj’s (Duke, Nix’On, Topic, Ordoeuvre), les bras chargés de titres « DMC » ont également fait le déplacement pour ce règlement de comptes sur des mesures balafrées de scratchs. Un album brillant d’une qualité sonore héritée d’un travail de composition aux mixes pointilleux, où les beats et les samples martiaux et dévastateurs conférent à ce LP une véritable ambiance « soul de rue ». Dead End clôture aussi la série de projets que Low Cut a initié sur le modèle du producteur en invitant plusieurs rimeurs. Il changera ensuite les cellules de ses platines, rafraichira ses banques de samples, et calera les BPM de ses prods sur de nouvelles fréquences… A suivre !
DJ Low Cut : Dead end /Banzaï Lab/ 9,90€ en numérique sur Bandcamp
Bruno Robert