Au fil de cet « Arts et essais », je vous propose de découvrir le panorama exhaustif et richement illustré de la censure au XXIème siècle dévoilé par Yves Frémion, les us et coutumes et la philosophie des artistes « clandestins » recueillis par Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine, un bel ouvrage vulgarisateur sur le street art réalisé par Eloi Rousseau, le catalogue de l’exposition « Monet-Rothko » (qui s’est déroulée jusqu’en Juillet dernier au musée des impressionnismes de Giverny), le livre-poster des merveilleux paysages marins d’Henri Rivière et le superbe ouvrage de Gérard Denizeau consacré à Antoni Gaudi… Voilà pour l’art ! On continue maintenant avec trois essais, tous autobiographiques, en commençant par celui de Yacouba Sawadogo, un sage qui a consacré sa vie à planter des arbres aux portes du désert, dont le témoignage a été recueilli par Damien Deville… Le douloureux sort des migrants est ensuite abordé avec sensibilité par Noé Alvarez, un jeune américain d’origine mexicaine, qui nous relate sa quête spirituelle pour se reconnecter à ses racines au fil d’une longue course sur les terres amérindiennes, suivi par Louise Mottier qui nous convie quant à elle à son quotidien d’éducatrice dans un centre d’accueil pour jeunes migrants isolés en Italie… Trois belles leçons de vie, de sagesse et de tolérance ! Et pour terminer, je vous propose de vous régaler avec l’imposant et néanmoins délicieux « Dictionnaire amoureux de l’humour juif » d’Adam Biro ! Belles lectures à toutes et à tous !
Qu’elle soit générée par des dictateurs, par des intégristes religieux de tous horizons ou par d’autres groupes de pression hystériques et bien pensants, la censure interdit, condamne, détruit, emprisonne et mène parfois jusqu’au meurtre… Nous en connaissons tous des exemples, le plus frappant en France étant bien sûr les caricatures de Mahomet qui ont coûté la vie à la presque totalité de la rédaction de Charlie Hebdo… Une censure qui devient de plus en plus pernicieuse puisqu’elle dispose désormais d’un outil international de choc avec Internet et les GAFAM qui permettent à tout le monde de s’exprimer, y compris les imbéciles de tous poils. « Une Gestapo de l’esprit », selon la formule du regretté Godard, qui fait bien des ravages… C’est à un inventaire truffé de centaines d’anecdotes absurdes ou glaçantes que nous convie Yves Frémion au fil de cet ouvrage superbement illustré où il relate (avec humour ou gravité selon les cas exposés…) les différentes formes de censure exercées en ce tout début de millénaire. Dessin de presse, cinéma, monde de l’édition et de la musique, arts plastiques, photographie, médias, publicité… Tous les moyens d’expression, objets de censure à travers le monde, sont ainsi déclinés à travers une multitude d’exemples édifiants au fil de huit grands chapitres : « Les fous de censure » (Erdogan, Xi Jinping et Bolsonaro en triste tête d’affiche…), « Les autorités en place » (chefs d’état offensés, instances officielles et élus…), « Les usurpateurs de censure » (administrations et organisations officielles, coup de projecteur sur la sinistre association « Promouvoir »…), « Les diffuseurs de culture », « Le politiquement correct », « Les censures les plus stupides », « Les images de marque », « Des prétextes bien pratiques ». Un constat alarmant sur la menace de plus en plus présente qui pèse partout dans le monde sur la liberté d’expression, mais aussi un hommage appuyé à toutes celles et ceux qui combattent pour la faire vivre, parfois au péril de leur vie. Passionnant !!!
Images interdites : la censure au XXIème siècle par Yves Frémion, Alternatives, 2022 / 28€
Enquêter sur des artistes farouchement assidus à se soustraire à tout forme d’identification est pour le moins une entreprise délicate ! C’est pourtant le pari relevé haut la main par Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine qui nous offrent avec cet ouvrage le fruit de leurs investigations sur le monde de l’art clandestin, nourri des expériences et réflexions d’artistes coopératifs. Pour quelles raisons se réfugier dans l’anonymat dans une société où chacun cherche à « se faire un nom » à tout prix ? Les motivations de ces artistes sont bien sûr multiples, mais toutes relèvent d’une éthique le plus souvent d’ordre politique et morale et d’un esprit militant… Sans oublier bien sûr que leurs pratiques sont punies par la loi ! A travers les confessions de ces graffeurs et autres street artistes, nous découvrons leur profession de foi et les ruses et tactiques qu’ils déploient pour déjouer les dispositifs d’identification et de surveillance, mais nous explorons aussi de manière plus large la notion d’invisibilité et d’anonymat dans nos sociétés où « big brother » garde sur nous tous un oeil inquisiteur par le biais de la géolocalisation, des dispositifs de reconnaissance faciale et autres caméras de vidéosurveillance… Ce passionnant ouvrage se décline en cinq grands chapitres, dûment illustrés d’oeuvres réalisées par ces créateurs de l’ombre : « Le graffiti entre ombre et lumière » (jeu du chat et de la souris » avec les autorités, brigades anti-tags, « blazes mythos », crew et pseudonymat collectif…), « Anonymat pop des super héros » (symbolique et culture du masque, mythologie et mise en scène du « double », défis juridiques de l’anonymat…), « Créer sous les radars » (insurrections textuelles, installations…), « L’anonymat : un masque collectif » (coup de projecteur sur le militantisme féministe des « Guérillas girls », projet révolutionnaire du « Sous-commandant Marcos », internationale hacktiviste…) et « Sous le regard des machines » (nouvelles technologies, images numériques et modélisation, camouflages urbains…). Face à l’indécent exhibitionnisme contemporain où chacun est en recherche de visibilité, on ne peut que saluer la démarche choisie et assumée de ces artistes qui s’effacent derrière leur oeuvre… Et comme le dit fort justement « Le comité invisible » : « Voir la gueule de ceux qui sont quelqu’un dans cette société peut aider à comprendre la joie de n’y être personne »… Total respect !!!
L’art clandestin : anonymat et invisibilité, du graffiti aux arts numériques par Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine, Alternatives, 2022 / 25€
Si les arts urbains vous interpellent et que vous aimeriez en savoir davantage sur le sujet, cet ouvrage, concis et richement illustré d’oeuvres photographiées dans le monde entier, est tout simplement parfait ! Vous y découvrirez dans un premier temps l’histoire du « Street Art » (de la Préhistoire à aujourd’hui) avant d’explorer les multiples techniques et les grandes lignes stylistiques de cet art qui embellit nos villes, mais qui dénonce aussi les maux de nos sociétés sous la « patte » d’artistes aussi inspirés qu’inspirants. Vivant et rebelle, poétique, politique et souvent empreint d’humour, le Street Art ne peut laisser personne indifférent, comme vous pourrez le constater en admirant les multiples oeuvres qui sont ensuite exposées par thématiques (« Jeux d’optique et de couleurs », « Messages politiques », « Jeux de regard », « Messages poétiques », « Fantastique bestiaire », « Graffiti » et « Culture Pop et BD »), dans un choix judicieux qui nous dévoile l’extrême diversité de cet art et les incroyables talents de ces artistes qui ont fait le choix d’exposer leur production dans l’espace public. Pour davantage de compréhension, vous pourrez consulter en fin de volume un glossaire avec les mots du Street Art… Et préparer vos futures destinations de voyage grâce à la liste des festivals, tout autour de la planète, qui vous est également proposée ! Un ouvrage vulgarisateur qui propose un sacré tour du monde de cet art tout en beauté et en impertinence !
Street Art par Eloi Rousseau, Larousse, 2022 / 13,95€
Monet-Rothko : d’un côté le maître absolu de l’impressionnisme, de l’autre une icône de l’art moderne… Quels sont les liens qui unissent ces deux artistes et pour quelles raisons les mettre en parallèle ? Pour leur indéniable parenté qui se dévoile lorsqu’on rapproche leurs oeuvres, la forme d’abstraction des couleurs énigmatiques de Rothko reprenant alors à l’évidence l’ultime manière de Monet dans ses oeuvres réalisées au début du XXème siècle… C’est cette confrontation du regard de ces deux artistes que le Musée des impressionnismes de Giverny a mis en lumière au cours d’une ambitieuse exposition que ce très beau catalogue nous permet de prolonger ou de découvrir. Un catalogue luxueux et de très grand format qui nous propose les magnifiques reproductions d’une quinzaine des toiles exposées, de nombreuses photographies d’archives de ces deux artistes et trois passionnants essais sur leur travail, réalisés par d’éminents spécialistes. Vous découvrirez ainsi l’analyse pertinente de Géraldine Lefebvre (docteur en histoire de l’art) sur les oeuvres tardives de Monet, annonciatrices de l’abstraction, celle de Cyrille Sciama (directeur du musée des impressionnismes de Giverny) qui nous offre une lecture de l’abstraction chez les impressionnistes et celle de Pierre Wat (professeur d’histoire de l’art) qui décrypte l’oeuvre de Rothko au prisme de celle de Monet. Une chronologie (de la naissance de Monet en 1840 à l’inauguration de la chapelle Rothko à Houston quelques mois après sa mort, en 1971) complète ce catalogue qui nous immerge de manière aussi érudite que captivante dans l’univers, si loin si proche, de ces deux grands artistes.
Monet Rothko (collectif sous la direction de Cyrille Sciama), Flammarion, 2022 / 35€
Je vous propose aujourd’hui de découvrir la très classieuse collection de « Livres-posters » éditée par la Bibliothèque Nationale de France : une collection qui propose de superbes reproductions d’oeuvres d’artistes (sélectionnées par un conservateur de la BNF parmi ses admirables collections) accompagnées d’une courte biographie sur la vie et l’oeuvre de l’artiste concerné. La particularité des livres de cette collection ? Leur format très confortable et leur reliure qui permet de détacher facilement chaque oeuvre (reproduite sur un papier cartonné de très belle qualité dans un total respect des couleurs) pour pouvoir ainsi, sans dommage, l’encadrer et l’afficher ! Pour vous présenter ce concept d’une belle originalité, j’ai choisi le livre-poster consacré à Henri Rivière. Artiste majeur du renouveau de l’estampe dans les années 1890, celui-ci, fortement influencé par les maîtres japonais, a largement puisé son inspiration dans les paysages marins des côtes bretonnes. Les vingt-deux oeuvres sélectionnées avec soin pour ce recueil, réalisées par Henri Rivière en deux techniques différentes, la gravure sur bois en couleurs (dont il fut un précurseur) et la lithographie, mettent en lumière l’immense talent de cet artiste aussi bien pour la texture et l’harmonie de ses couleurs que pour la finesse de son trait. Plages tranquilles, mer déchaînée, écume sur les rochers, soleil, pluie et brouillard, voiliers de plaisance, bateaux de pêche, scènes de la vie quotidienne… Henri Rivière a immortalisé de la plus belle des manières qui soit cette Bretagne qu’il aimait tant… Vous pouvez également vous procurer dans la même collection des recueils consacrés à Hokusai, Mucha, Toulouse-Lautrec, Gustave Doré, Hiroshige… Tous plus soignés les uns que les autres, ils embelliront les murs de votre foyer !
Henri Rivière : paysages marins, BNF, 2022 / 19,90€
L’œuvre d’Antoni Gaudí, architecte visionnaire s’il en est, s’appuie solidement sur trois piliers : imagination, tradition et innovation. Une oeuvre d’une originalité sans pareille qui s’inscrit dans la tradition des bâtisseurs du Moyen-âge sans jamais renoncer à une inventivité poussée à l’extrême… Pour s’en convaincre, il suffit d’admirer son travail, témoin de sa quête mystique et époustouflant de modernité, qui reste unique dans l’histoire de l’architecture ! C’est ce que Gérard Denizeau nous propose de découvrir au fil des pages de ce passionnant ouvrage où, après nous avoir dévoilé la biographie de Gaudí, il nous offre une analyse détaillée de bon nombre de ses réalisations, photos à l’appui. Nous pénétrons ainsi au coeur de « La cooperativa Obrera Mataronense » (la coopérative ouvrière de Mataró, une de ses premières oeuvres), « La Casa Vicens » (son premier projet majeur à Barcelone) et « El Capricho » (la villa Quijano à Comillas), avant de franchir les portes de la célèbre basilique de Barcelone, la « Sagrada Familia », son projet le plus ambitieux pour lequel il travailla jusqu’à sa mort sans en connaître l’achèvement (réalisé bien des années plus tard par différents architectes)… Le pèlerinage continue vers les « Pavillons Güell » (jardins, bâtiments et maison de campagne de l’industriel Eusebi Güell, avec qui il collabora toute sa vie) « Le Colegio de las Teresianas » (collège religieux Sainte Thérèse), « Le Palacio épiscopal de Astorga »… Et vers d’autres lieux enchanteurs marqués de son talent, que l’on savoure pleinement grâce à l’érudition de Gérard Denizeau qui s’avère être le meilleur guide qui soit ! Pour la solide documentation qu’il nous offre et pour la beauté des photographies qui mettent en lumière l’incroyable génie de Gaudí, cet ouvrage est décidément incontournable pour tous ses admirateurs !
Antoni Gaudí par Gérard Denizeau, Larousse, 2022 / 13,95€
Années 80. Réchauffement climatique, déforestation, industrialisation… Pour de multiples raisons, la sécheresse sévit au Burkina Faso. Troupeaux décimés, sols incultivables, disparition des espèces végétales et animales contraignent les villageois à l’exil vers les villes. Un homme, Yacouba Sawadogo, malgré les moqueries et le scepticisme de ses semblables, décide alors de lutter contre l’inexorable avancée du désert sur ses terres natales. Avec une admirable persévérance et en s’inspirant des techniques ancestrales transmises par les anciens, Yacouba creuse la terre aussi dure que du béton, fait des termites ses alliées pour aérer les sols, construit des murets pour retenir l’eau de la saison des pluies… Et Yacouba plante, inlassablement… Près de quarante ans plus tard, une forêt de quarante hectares, constituée de 90 espèces d’arbres et bruissante d’oiseaux qui apportent leur écot à la nature, a vu le jour grâce son courage et à sa ténacité. Ce modeste paysan, cet « homme qui plantait des arbres » a redonné vie à son village et a rétabli à lui seul la cohésion sociale entre ses habitants, revenus cultiver leurs terres redevenues fertiles… Tout comme Sebastião Salgado qui a patiemment replanté la forêt de son domaine familial au Brésil, Yacouba nous offre un fabuleux message d’espoir et nous apporte la preuve qu’il suffit de faire preuve de courage et de volonté pour redonner sa place à la nature, sacrifiée pour des impératifs économiques qui ne créent que désastres et désolation. Volonté et courage, voilà les maîtres mots qu’il va nous falloir tous mettre en oeuvre pour reconstruire le monde de demain… Cette volonté et ce courage qui font cruellement défaut aux puissants de ce monde aveuglés de puissance qui, par leur inaction, nous mènent à notre perte… « Lorsque tout semble perdu, vivre ne devient possible qu’en plaçant au creux de sa main et dans ses mots un acte de foi, celui de croire qu’un autre avenir est malgré tout envisageable »… Tout comme Yacouba et Sebastião, qui ne peuvent susciter qu’admiration et respect, soyons les colibris maintenant et partout dans le monde pour léguer aux nouvelles générations une planète où il fera bon vivre… Merci Messieurs et merci à Damien Deville d’avoir été le magnifique porte-parole de ce « Faiseur de pluie » qui nous ouvre la voix de la sagesse et de la raison…
L’homme qui arrêta le désert par Yacouba Sawadogo et Damien Deville, Tana, 2022 / 15,90€
Une vie de labeur, ingrate et épuisante… Voilà le sort des parents de Noé qui, comme beaucoup d’autres migrants mexicains, sont exploités dans les champs et dans l’usine de conditionnement de fruits de la région de Washington où ils se sont installés à leur arrivée aux USA. Un destin que Noé veut conjurer en s’inscrivant à l’université afin d’espérer une vie meilleure qui lui permettra de venir financièrement en aide à ses parents. Mais à son arrivée sur le campus, le jeune homme se sent exclu dans cet univers où il ne se sent pas à sa place… Il décide alors de s’inscrire aux « Peace and dignity journeys », une course de 10 000 kilomètres en faveur de la paix et de la dignité des communautés amérindiennes, qui le mènera du Canada jusqu’au Panama. Une course éprouvante au cours de laquelle il renouera avec ses racines et retrouvera la fierté de ses origines… Course sacrée… Mais aussi sacrée course ! Car durant ce long périple, Noé devra dépasser ses limites physiques, faire face aux rivalités qui s’expriment souvent avec violence entre coureurs, et gérer ses émotions en remontant le chemin inverse emprunté par ses parents, partis de leur pays pour trouver une existence moins misérable qui n’était finalement pas au bout du voyage… C’est à cette quête initiatique et spirituelle que Noé Alvarez nous convie au fil des pages de ce récit passionnant où il nous dévoile une aventure humaine et personnelle hors du commun, tout en soulevant des questions universelles autour de la protection de notre Terre Mère ou de la spoliation des terres indiennes. Un précieux document à méditer !
10 000 Km : une course sacrée à travers les terres volées des indiens d’Amérique par Noé Alvarez (traduit de l’anglais par Charles Bonnot), Marchialy, 2022 / 21,10€
Louise Mottier est une toute jeune femme de 25 ans, déjà engagée dans l’aide aux migrants en France, lorsqu’elle intègre un poste d’éducatrice auprès de jeunes migrants isolés, dans un centre d’accueil en Italie. C’est son expérience, ses doutes et ses réflexions, mais aussi ses joies et ses victoires qu’elle nous relate au fil de ce récit où pointe son immense humanité et tout l’amour qu’elle ressent pour ces gamins venus d’Albanie, du Congo, de la Mauritanie ou du Mali dans de terribles conditions. Des enfants impressionnants de résilience qui pourraient donner bien des leçons de vie à celles et ceux qui ne pensent qu’à les renvoyer dans l’enfer qu’ils ont fui avec autant de courage que de volonté… Si le témoignage de Louise dénonce une réalité brutale, ponctuée par la froideur des services administratifs et par la rigidité des lois en vigueur, elle nous dévoile aussi le monde solidaire et plein d’espoir de tous ces gens dévoués, déterminés à offrir un avenir sécurisant à ces gosses qui ont fui la guerre, la misère et son lot de souffrances. Sensible et engagé, le récit de Louise rassure sur la nature humaine qui peut être si lumineuse grâce à des passeurs qui, tout comme elle, insufflent une lueur d’espoir dans les ténèbres de l’individualisme : grâce à Louise et à tous ces hommes et femmes de bonne volonté, ces enfants ont désormais une voix et un visage… Un récit bouleversant et lumineux…
Les conquérants avec les mineurs non accompagnés par Louise Mottier, Hors d’atteinte, 2021 / 16€
« L’humour est une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive ». Cette citation de Romain Gary résume à merveille l’essence même de l’humour juif, mélange d’autodérision, d’impertinence face à l’autorité et de distanciation face à l’adversité, qui s’épanouit en toutes circonstances. Y compris les pires… Et c’est avec amour qu’Adam Biro nous offre les mécanismes de cet humour aussi désarmant que délicieux au fil des 250 entrées de ce dictionnaire ! Un pavé de 800 pages au cours duquel il nous dévoile un large panorama de la culture juive, nous proposant les portraits de personnalités de tous horizons, tels Woody Allen, Hannah Arendt, Albert Einstein ou Sigmund Freud, nous laissant savourer à leur juste valeur des articles sérieux traitant de philosophie, de sociologie, de théologie… Et où il nous régale bien sûr d’une pléiade de « witz » (blagues) irrésistibles de drôleries qui mettent en scène des personnages haut en couleurs, tels « Moïshe le tailleur », « le docteur Lévy » ou « Madame Taïeb » en autant de caricatures symboliques qui font tout le charme de cet humour ! Ce dictionnaire, qui nous permet d’appréhender au plus près ce qui fait la singularité de l’humour juif, est aussi instructif que divertissant ! A picorer sans modération !
Dictionnaire amoureux de l’humour juif par Adam Biro, Plon, 2022 / 13€
Christine Le Garrec