Interview de Rona Hartner, Balkan Trad Fest 7 août 2016

A peine sortie de la douche, Rona nous accueille pour une looooogue interview qui aurait pu durer des heures !!!

A.V.M.T : Bonsoir Rona, super concert ! D’où te vient toute cette énergie ?

R.H : Merci ! Une fois que je me débarrasse de mes chaussures, c’est la délivrance !

A.V.M.T :  On sentait que ça devenait difficile avec tes talons !

R.H : En fait je m’entête a porter des chaussures mais il n’y a pas une seule paire sur cette planète avec laquelle je puisse danser. Je me suis déjà blessée avec des bouts de verre qui trainaient sur la scène et c’est pour ça que j’en porte. Mais dès que celle-ci s’y prête,  je m’empresse de les retirer ! D’ailleurs, quand je suis arrivée en France, on m’a appelée la gitane sans filtre.

A.V.M.T : Chanteuse, danseuse, comédienne, comment arrives- tu à faire des choix dans tout ça ?

R.H : Je me suis posée cette question il y a très longtemps… J’avais dix huit ans, c’était au siècle dernier, j’aime bien dire ça ! Donc, à ce moment là,  je me suis dit, comment je vais faire pour me décider ? A la base,  je voulais être présidente mais finalement c’est une carrière trop compliquée qui finit mal ! Et en plus, à la fin, on t’oublie ! Bref,  quand on construit une maison, on y met plein de pierres… Aujourd’hui, c’est la pierre de la musique, à coté celle du théâtre, ensuite la peinture, l’écriture et je construis ma carrière comme on bâtit une maison. J’y mets pierre par pierre de toutes ses couleurs  et je construis ma carrière ainsi.  ça fait vingt huit ans que ça dure !

A.V.M.T : Tu es quand même une force de la nature car ça doit demander une énergie incroyable ! Tu dors de temps en temps ?

R.H : De moins en moins… Il y a quand même Dieu qui me donne la force et une certaine grâce pour pouvoir faire tout ça, mais je ne force pas les choses. Le talent, on est juste là pour le recevoir et le transmettre, on est co-créateur du beau dans le monde. J’ai fait de la vie d’artiste un vrai métier pour l’art créatif.  Après douze années passées en université, six ans de théâtre, music-hall, comédie, quatre ans aux beaux arts a Paris et deux ans de danse académique, je me suis donnée les moyens pour que ma carrière ne soit pas n’importe quoi mais quelque chose de construit. En ce moment,  je travaille sur mon expo de peinture qui pousse à la réflexion, inspirée des psaumes, de mes rapports avec Dieu, c’est complétement symbolique.

A.V.M.T :  Tu exposes où et quand ?

R.H : Je ne sais pas encore. Je peins et j’attends que les propositions arrivent. Je travaille actuellement sur de grandes toiles de deux mètres sur deux, j’en fait toute une série.

A.V.M.T : Tu as aussi un livre en cours d’écriture ?

R.H : C’est un livre qui parle d’un équilibre philosophique, de ma vision du monde. Je fais des allers retours dans mon passé, avec des fresques de la Roumanie, je parle de mes grand parents, de mes parents, je me dévoile un peu car peu de gens connaissent vraiment les artistes.

A.V.M.T : En musique, tu as des projets de CD ?

R.H : J’ai plusieurs projets en tête ! Dans mon dernier album,  j’ai voulu mélanger l’art africain avec ma musique et le rythme des Balkans, car se sont des rythmes qui viennent de la terre, de la culture populaire. J’ai maintenant un projet  avec D.J. Tagada très jazz électro, et un autre de rock balkan en Roumanie.

A.V.M.T :Tu l’as rencontré comment D.J.Tagada ?

R.H : C’était à l’occasion d’un grand festival au Cabaret Sauvage, à Paris en 2005. Trois années plus tard, il est arrivé avec un beau projet que l’on tourne sur scène depuis 2009.

A.V.M.T : Tu joues avec une formation assez fantastique !

R.H : J’essaie d’avoir sur scène des musiciens de styles différents, de couleurs différentes, d’avoir un métissage… La musique du monde ne doit pas être codifiée, c’est un mélange de tout.

A.V.M.T : Est- ce que tu vois toujours Tony Gatlif ?

R.H : Je l’ai revu l’année dernière dans un festival qui rendait hommage a la Roumanie. L’opéra de Montpellier était plein a craquer et il a fait un très joli discours sur mon pays.

A.V.M.T :Merci Rona et a très bientôt !

 

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Christine Le Garrec et Bruno Robert