Juke Box taillé dans le Rock !

Le rock, c’est un peu comme ce yaourt à la date de péremption largement dépassé, oublié au fond du frigo, coincé là, entre le râpé et la salsa verde…

Mais si l’on se risque à retirer l’opercule, et à y plonger la cuillère, le goût est toujours aussi bon sous la langue…

Retour aux sources de cette musique, sans laquelle je ne serais pas là, à déblatérer ma science tout en mâchouillant ce stick éteint.

Retour aux chanteurs charismatiques, aux rocks bands clinquants et aux guitar heroes !

Le Rock ! Ce truc qui nous colle encore au cœur et aux couilles !

Avec le légendaire Bill Hurley, l’Hendrixien Léo Benmass, les lumineux Lumio et la magie de Madelyn Ann.

A l’orée des années 80, dans le souffle qui a suivi la déflagration du mouvement punk, une floppée de groupes rock est sortie des pubs qui les hébergeaient. Il y avait là le bon Doctor Feelgood en chef de file, suivi des Nine Below Zero. Il y avait un troisième prétendant à la couronne du pub rock, qui avait ma préférence.

The Inmates dont la perfection du premier opus First Offence résonne encore dans mes oreilles.

Un rock racé, à la fois tonique et élastique, traversé par une voix de gorge qui emportait tout sur son passage, en vous collant des frissons sur tout l’épiderme…

Bill Hurley c’est le nom du bonhomme, une légende pour les vieux routiers du rock de ma génération.

Baby boomer for ever…

Et là il tombe dans les bacs Live in London, une poignée de titres empruntés aux plus grands du rock et du blues.

Dix tracks enregistrés « live » dans un studio londonien en 1998 avec The Enforcers, quatre fines gâchettes prêtes à faire le boulot.

Tout ça pour vendre des K7 en fin de concert…

Ils devaient être sympas les concerts, la setlist est incroyable !

Du Chuck Berry en pagaille dont le Sweet Little Rock ‘n’ Roller pour démarrer vaillamment l’entreprise, Nadine pour relancer l’affaire après la série de blues et Promised Land pour conclure sur une note intense.

Mess of Blues tapé au King Elvis Presley.

Pour le blues version poignante, je balance entre le Need Your Love So Bad de Little Willie John et le If You Need Me du so sweet Wilson Pickett

Le chaloupé Lawdy Miss Clawdy de Lloyd Price.

Et encore Albert King qui offre The Hunter bien dans le thème des exécuteurs.

Que du ricain alors ?

Non Blues DeLuxe du duo Jeff Beck / Rod Stewart et Brown Sugar des Stones viennent sauver l’honneur du rock britannique. Comme s’il en avait besoin…

Le son est râpeux mais le groupe balance bien, et la voix juste comme dans les souvenirs…

Un album comme les compiles sur K7 que l’on faisait pour épater les filles et les copains du lycée…

Le père Bill a sacré bon goût !

Live in London / Bill Hurley / Cats Records / 8 Février 2025

Léo Benmass, voilà un garçon qui a dû piller la discothèque du papa quand il était petit…

On ne renie pas ses Origins

Après un bref détour par Chuck Berry, le petit est resté bloqué sur Jimi Hendrix, dont sa reprise de Voodoo Child de plus de 14 minutes doit sûrement battre un record !

J’avoue que le truc est monstrueux, un déluge électrique ininterrompu dont on ne se lasse pas !

Après ça, Rider on the Storm pourtant maîtrisé, parait un peu pâle…

Pas de quoi prendre la porte…

Comme les Expériences de Jimi, Léo se la joue en trio, où la basse et la batterie donnent l’assise, et qu’en toute liberté, la guitare s’envole…

Et dans les brumes du hash, il me semble voir jaillir quelques poitrines dénudées dans la foule…

On patauge dans la boue, un trip de rêve…

Woodstock

Pour finir là où tout a commencé…

Origins / Léo Benmass / Rock’n’Hall / Dixiefrog / 24 janvier 2025

Des mois que je tourne autour de ce disque…

Le coucher de soleil de la pochette qui me fait de l’œil…

Lumio comme un dernier éclat de lumière avant le grand sommeil…

C’est vrai que je le passe régulièrement avant de tirer les stores…

Parce que le rock n’est pas fait que de bruit et de fureur…

J’aime cette voix un peu voilée, emplie de mélancolie…

J’aime cette musique aventureuse, sortant des sentiers battus avec élégance…

Dans la lignée des inventeurs mélodiques que sont Peter Gabriel, Tom Waits ou Brian Wilson et ses miraculeux arrangements pour les Beach Boys

Grateful

Oui je pense à tout ça et je ne sais comment mieux le dire…

Il y a des choses comme cela, qui nous font du bien et que l’on ne peut expliquer…

Cette musique est une thérapie de l’âme…

Staring at the Sun

Les yeux grand ouverts, laissez-vous baigner de lumière…

Staring at the Sun / Lumio / Hacienda Records / 24 décembre 2024

Dès le début, sans trop y faire attention, on se dit : Wow ! y’a un nouveau Texas et la Sharleen a l’air bien en forme !

It’s Over, un shaker en forme de tube incontournable…

Skrivañ dans la même énergie pop-rock éclatante.

Mais le langage est différent… Scandinave ?

Non c’est plus suave…

C’est en breton que Madelyn Ann balance son rock et ça passe hydromel…

Accompagnée d’un trio lourdement armé elle nous délivre Lies un album gorgé de guitares, de synthés et de beats maousses costauds.

Imaginez… le rejeton de la voix extatique de SIA et du son flamboyant de U2 première période…

Et Bono ? Il a signé au Celtic…

Des textes qui questionnent, qui revendiquent, qui apaisent et nous soufflent à l’oreille les états d’âme et les convictions écologiques et féministes de la gente Dame.

Pas besoin de tout comprendre, pour ressentir la ferveur et la sincérité du chant de cette sirène qui vous porte d’une plage à l’autre, dans une sorte d’allégresse…

Un bien bel album !

Je résume: Texas, U2, Sia, du breton…

J’ai l’air de ramer ?

Non… Mais faut conclure !

Loin d’être une curiosité, c’est juste la galette que t’as envie de remettre au début (ou au beurre…) lorsque que le silence se fait dans le salon, et que tu appréhendes le son du bagad en acouphènes.

Indispensable !

Lies / Madelyn Ann / Aztec Music / Pias / 7 février 2025

LE RASCAL