Quatre albums en trente ans, on ne peut pas dire qu’Orange Blossom pratique les cadences infernales.
Ces gens là sont rares, alors vaut mieux ne pas les rater quand ils passent près de chez vous…
Dix ans sans nouvelles, depuis le mirifique Under The Shade Of Violet , et c’est avec Spells From The Drunken Sirens que le groupe trace la route depuis l’année dernière…

Vendredi 14 mars, la foule des grands soirs sur le Rocher de Palmer.
Dominique A dans la salle médiane prise d’assaut, Asinine, rappeuse marseillaise, au salon de musique et Orange Blossom dans la grande salle bondée.
Le spectacle vivant se porte bien par ici !
La barrière est prise d’assaut par les fans impatients de vibrer.
Heureux les néophytes, ils ne savent pas ce qui les attend…

Ils devront d’abord savourer le joli set d’Edemzi, un trio aux accents orientaux atypiques…
Un oud, de la flute indienne ou des cuivres et un beat-boxer sensuel.
Formule surprenante mais plaisante…
Le public sous le charme adoube le concept.

C’est sous les doigts magiques de Léo Guérin, que les fragrances de la fleur d’oranger se répandent sur une assistance en pamoison…
Le chant de Maria Hassan rejoint la guitare arabo-andalouse pour un Dounia qui me secoue l’échine de frissons…
On s’attendait à un fracas, c’est une caresse qui nous fauche… et qui lance le show de manière hautement spirituelle…
Ya Sîdî pour revenir sur des terres plus connues, en restant sur la même charge émotionnelle…
Entrée en scène de Carlos Robles Arenas et de Fatoma Dembélé, pour une escouade de percussions à la puissance martiale…
Mais c’est Pierre-Jean Chabot, le violoniste bondissant, qui enflamme véritablement le public !

Et ces boucles qui partent d’on ne sait où…
Orchestre égyptien, basses dévastatrices, clochettes de temple, cuivres solennels, ambiance de rue…
Tout ce qui rend le côté mystérieux de la chose…
La setlist fait la part belle au dernier opus, qui se fond parfaitement dans le répertoire, y apportant par moment une touche latino…
Khalik ou Carino feraient de bonnes B.O. pour Almodovar…
Touche africaine aussi, avec Awa sur fond de kora et de percus roulantes pour une invite à la danse.

Et bien sûr les grands classiques du groupe, Habibi, Souffrance, Lost avec ces longues intros à la manière des ragas indiens, les vocalises enchanteresses et les montées fulgurantes d’adrénaline…
On connait ça par cœur, on le voit venir et on le prend pourtant dans la gueule à chaque fois.
La recette doit être bonne !
Avec son Electro World crépusculaire, un show d’Orange Blossom se vit comme un rituel, un exutoire qui mène à la transe…

Maldito comme on arrache un sparadrap !
Guitare rageuse en dérapage contrôlé et beat de vent d’ouest… je pourrais crever sur ce tempo…
Je patauge dans la bière du mec de devant, l’ambiance est à la fête !
La puissance de ce groupe sur scène, me stupéfiera toujours…
Et les nappes de violons nous portent au loin dans la nuit…
Un rappel ?
Un qui m’échappe… Die Stadt du premier album, chanté par Léo et qui me rappelle 17 Hippies…
Et Maria que tout le monde attend, et qui arrive en mode soirée festive autour du feu de camp.
Maria sublimé par Maria, la boucle est bouclée…

LE RASCAL