En 1977, les cuivres pétaradants de John Williams qui accompagnaient le générique défilant en caractère jaune d’UN NOUVEL ESPOIR (Georges Lucas, 1977) laissaient pressentir une épopée foisonnante de rebondissements. Le rachat de la licence par les studios Disney en 2012 permettra d’étendre cette odyssée musicale pharaonique jusqu’en Décembre 2019, avec la sortie de L’ASCENSION DE SKYWALKER. Les leitmotiv williams-nesques de cette saga intergalactique exaltante résonnent une toute dernière fois jusqu’aux confins de l’univers… A Vos Marques Tapage ! retrace l’ultime aventure du maestro sur la trilogie des trilogies STAR WARS.
LE RÉVEIL DU MAESTRO
Injustement écarté de la production pour des divergences d’opinions sur l’élargissement de son œuvre, Georges Lucas n’opère qu’en tant que consultant sur LE RÉVEIL DE LA FORCE. Bob Iger, PDG de Disney, réfute ses idées originales au profit d’un reboot déguisé de l’épisode IV cherchant désespérément à cibler un public plus juvénile, sans doute pas encore familiarisé avec la saga sur grand écran, et ainsi booster grassement les ventes de produits dérivés. Cette stratégie cafardeuse s’avère particulièrement frustrante pour les puristes ayant pour la plupart déjà prononcé le divorce lors de la sortie de la prélogie entre 1999 et 2005 (LA MENACE FANTÔME – L’ATTAQUE DES CLONES – LA REVANCHE DES SITH). John Williams devient l’unique artiste pouvant se targuer de détenir un rôle capital dans ce nouvel épisode, en apportant un lot de consolation nettement considérable. Fidèle à son approche et à ses méthodes avant-gardistes, le compositeur forge une pléiade de thématiques musicales nouvelles au classicisme débordant tout en conservant son langage caractéristique. Des pages de notes non souillées par des boucles électroniques sempiternelles représentatives du 21ème siècle, dont la propagation ne cesse de s’accroître avec des influenceurs massifs tels que Hans Zimmer, Marco Beltrami ou encore Tom Holkenborg. A défaut de présenter un caractère inédit, le long-métrage de J.J. Abrams aura réveillé l’esprit incroyablement créatif d’un John Williams n’affichant pour sa part aucune régression.
Ma tâche et mon défi étaient de rendre [cette partition] conviviale et interconnectée aux musiques des autres films, pour donner une impression confortablement « Star Wars-ienne » – si je peux employer ce mot – et en même temps faire quelque chose de nouveau et d’original pour ce film particulier.
John Williams
Au regard de l’historique musical de la Guerre des Étoiles, on observe immanquablement une dichotomie toujours très prononcée- le côté lumineux et le côté obscur désignant les frontières naïves du Bien et du Mal – ce à quoi LE RÉVEIL DE LA FORCE ne fait pas exception à la règle. La mélodie harmonieuse associée à l’héroïne Rey gouverne cette trilogie par sa flûte vagabonde et ses cordes aventureuses (‘Rey’s Theme’). Selon son auteur, elle représentait un « défi intéressant » dans la mesure où elle « n’évoque aucunement un love theme » mais plutôt une combattante honorable « imprégnée d’une grande force » et d’un esprit d’aventurière. Williams se surpasse pour donner un relief musical à ce nouveau personnage encore en quête de découvertes. La mélodie s’ouvre sur des instruments plus délicats et « vulnérables » comme la flûte, le piano et le carillon qui tendent à développer notre empathie pour cette pilleuse d’épaves abandonnée par ses parents. Elle s’émancipe ensuite par la voie subliminale de l’orchestre avec notamment les cors d’harmonie qui lui insufflent un aspect plus triomphant et lumineux. Déclinée à bien des reprises (‘The Scavenger’, ‘The Abduction’, ‘Farewell and Trip’, ‘The Jedi Steps and Finale’), ce leitmotiv regorgeant d’espoir se retrouve contrebalancé par les cuivres tonitruants de Kylo Ren/Ben Solo, reflétant son caractère impétueux mais également son passage à l’âge adulte (‘Kylo Ren Arrives At The Battle’). Un motif à cinq notes qui convoque les cuivres impériaux du thème de Dark Vador afin d’établir une connexion auditive avec son grand-père défunt tout en symbolisant le mal qu’il incarne. L’autre revers de la médaille dévoile un motif contenant quelques mesures plus « méditatives » interprétées de manière plus douce pour souligner l’hésitation qui le ronge (‘The Abduction’, ‘Han and Leia’). Les violons funestes accompagnant le meurtre de son père Hans Solo semblent cristalliser sa position au sein du côté obscur de la force (‘Torn Apart’). Les cuivres massifs annoncent l’émergence d’une nouvelle menace intergalactique malgré l’extinction du Seigneur Noir des Sith et de Palpatine. La courte variation du thème de Vador fait justement écho aux vestiges de L’Empire et à ce que le père de Luke Skywalker représentait avant de se repentir.
Travailler avec J.J. [Abarms] était certainement vivifiant. Je sentais qu’il avait réalisé [le film] de manière cohérente et organique, tout en relation avec la vision incroyablement originale de George Lucas. En même temps, j’ai ressenti une énergie, une vitalité et une fraîcheur nouvelles ; qui ne s’éloignent aucunement des personnages ni du matériel de fabrication ou du tissu créatif de Lucas, mais qui l’ont revivifié.
John Williams
Les mélodies fusent également du côté des rebelles, tel le Faucon Millénium perçant la vitesse de la lumière. Williams développe un scherzo frétillant pour rythmer les courses de X-Wing menées de front par les trompettes triomphantes et éclatantes du ‘Star Wars Theme’ (‘Scherzo for X-Wings’) mais aussi une marche militarisée convoyant la Résistance vers leur entrée en guerre contre le Premier Ordre (‘March of the Resistance’). Dans ce vaste ensemble symphonique, on y décèle également un autre motif ascendant à cordes s’accordant aux exploits du téméraire Poe Dameron (‘I Can Fly Anything’). A l’inverse, le stormtrooper reconverti Finn n’écope pas d’une approche particulière (‘Follow Me’) bien qu’il constitue l’un des piliers centraux de ce récit. La partition inspirée de John Williams débouche enfin sur un motif à cuivres plus terne et mystérieux lorsque Rey escalade les marches d’Ahch To et qui laisse entrevoir un Luke Skywalker désemparé (‘The Jedi Steps and Finale’). L’ampleur et l’intensité de ses mélodies lui valent un 22ème Grammy ainsi qu’un Saturn Award mais aussi une 45ème nomination aux Oscars en 2016. Mais le pouvoir salvateur de la musique de film ne suffit pas à rehausser le niveau du long-métrage qui affiche un succès retentissant au box-office. C’est officiellement un pari réussi pour le studio aux grandes oreilles qui rentabilise le rachat de la licence mais surtout pour John Williams qui trouve encore l’inspiration pour nous transporter au-delà des étoiles grâce à la richesse de ses thématiques spatiales.
« Lorsque je me suis assis, pour la toute première fois, pour regarder le film avec John Williams – les lumières se sont éteintes, [le logo de] Lucasfilm [est apparu] tout comme le « dans une galaxie lointaine lointaine, très lointaine … » puis l’ouverture de la fanfare [a commencé] – je me suis penché vers lui et je lui ai soufflé: « Cette musique est temporaire, nous ferons quelque chose de totalement différent ici ». Il m’a regardé sans se rendre compte que je plaisantais… La musique a continué et je n’ai même pas pu lui signaler que je plaisantais du fait que la musique était trop forte… »
Rian Johnson , réalisateur des DERNIERS JEDI
Si LE RÉVEIL DE LA FORCE jouait le conservatisme, LES DERNIERS JEDI accumule les prises de risques audacieuses. Cet épisode VIII restera imprégné par la réapparition mémorable de Mark Hamill dans le rôle éponyme de Luke Skywalker, déjà inaugurée dans l’épilogue du précédent volet. Toutefois, ce n’est pas l’argument majeur ayant poussé Williams à accepter l’offre de Kathleen Kennedy et Rian Johnson… Envoûté par le charme de Daisy Ridley, le maestro avouera avoir rempilé afin que personne d’autre que lui ne s’accapare l’écriture sonore de la pilleuse d’épaves mais aussi parce que son interprète est toujours de la partie. Williams capture aussi bien le mystère entourant l’exil de Luke Skywalker que celui du lieu choisi ; l’île d’Ahch-To, élevé par le décor majestueux de l’île irlandaise Skellig Michael (‘Ahch-To Island’). Il jongle ainsi avec les violons à la fois lumineux et aventureux d’une Rey padawan s’adonnant à un entraînement jedi supervisé par un Luke Skywalker réticent tandis que les violons tumultueux et angoissants de ‘Lesson One’ laissent planer le doute quant à son basculement vers le côté obscur. En parallèle, le thème de Kylo Ren s’embaume également de plus de noirceur soutenue par l’apparition d’une chorale masculine étendant sa suprématie à l’écran tout en témoignant de sa poussée de croissance fulgurante (‘Main Titles and Escape’, ‘Revisiting Snoke’, ‘The Supremacy’). La connexion mentale s’établissant entre les deux antagonistes est soulignée par quelques passages plus aériens. Du côté de la résistance, Williams ajoute de la profondeur au personnage de Rose – tentative échouée de placer une héroïne féminine au cœur des rebelles – par une scène d’introduction assombrissante peignant le sacrifice de sa sœur (‘Main Title and Escape’). Par ailleurs, il lui confectionne une mélodie enjoliveuse qu’il introduit discrètement dans ‘Fun With Finn and Rose’ avant de la faire briller dans ‘The Rebellion is Reborn’ puis ‘The Battle of Crait’; celle-ci devenant la référence musicale de ce score.
Quand nous voyons Rey, nous voulons entendre le thème de Rey. Et lorsque la Force est évoquée ou ressentie, nous voulons entendre le thème de la Force. Nous espérons que ces références ont un sens pour les fans et qu’elles établissent les liens auditifs que nous voulons qu’ils aient.
John Williams
Williams adapte brillamment son orchestration selon l’échelle de chaque scène, prouvant par la même occasion qu’il manie aussi bien son stylo que sa baguette, tel un Jedi usant de son sabre laser (‘The Battle of Crait’). Dans un torrent d’émotions, il multiplie les clins d’œil à ses précédentes compositions qui viennent s’implanter dans ce nouveau matériel thématique. La sagesse des cordes du thème de Maître Yoda apporte par exemple un sentiment de réconfort et de nostalgie (‘Finale’). Quant à elles, les touches d’un piano intimiste s’emparent du thème de Leia très rapidement regagné par des cordes suaves et héroïques qui rendent un hommage larmoyant à la disparition de son interprète Carrie Fisher en Décembre 2016 (‘The Supremacy’). « Tel un enfant », Williams retrouve un terrain de jeu plus expérimental grâce à la séquence du Casino sur la planète Cantonica qui mélange jazz, steel-drums et autres bizarreries (‘Canto Bight’) afin de livrer un hommage déguisé au cultissime ‘Cantina Band’ d’UN NOUVEL ESPOIR. Sa partition se rembrunit ensuite pour s’inscrire dans une dimension testamentaire marquée par l’utilisation des trompettes militarisées de ‘The Spark’ qui entame la marche funeste de Luke Skywalker vers son ultime combat contre Kylo Ren (‘The Last Jedi’). Dans un final des plus magistraux, le crescendo de cordes du thème de la Force embrasse le sacrifice de son héros le plus emblématique pour un adieu poignant souligné d’un trait de cymbales solennel (‘Peace and Purpose’). Après L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE en 1981, LE RETOUR DU JEDI en 1984 et LE REVEIL DE LA FORCE en 2016, John Williams se voit attribué sa 4ème nomination aux Oscars pour un film STAR WARS. Il s’inclinera finalement face à Alexandre Desplat récompensé pour LA FORME DE L’EAU (Guillermo Del Toro, 2018)
J’étais juste impressionné de voir tout l’orchestre, plus de 100 personnes, et la façon dont [Williams] communiquait avec eux – il connaissait tous leurs noms! … La manière dont il élève chaque scène est indescriptible. Il doit comprendre l’émotion de la scène, la dynamique de tout conflit que nous essayons de représenter, aussi profondément qu’un acteur. D’une certaine manière, c’est encore plus complexe. En tant qu’acteur, vous n’êtes qu’une seule personne, un seul instrument dans l’orchestre. Lui, il représente tout l’entièreté du casting.
Mark Hamill se remémorant la recording session de l’Episode VIII.
LE DERNIER WILLIAMS
Intronisée dans les esprits cinéphiles depuis 42 ans, la mythologie musicale de John Williams atteint finalement son apogée avec la sortie de L’ASCENSION DE SKYWALKER. Soucieux de délivrer un final dantesque et cela, malgré son âge particulièrement avancé qui pourrait freiner son esprit imaginatif, l’octogénaire se donne nettement les moyens de ses ambitions pour aboutir à une énième bande-originale grandiose. Véritable pièce maîtresse de cette neuvième symphonie galactique, ‘The Rise of Skywalker’ vénère les fondements de Star Wars dont le maître mot est « l’espoir ». Cette longue balade de cordes aux consonances très potteresques s’affirme comme un concert d’adieu saisissant à la franchise, qui instaure par la même occasion un sentiment de paix infini après tant d’années de guerres passées. L’allure crépusculaire des vestiges musicaux de l’Empire balayent promptement cet apaisement sonore pour faire resurgir des abîmes les cuivres menaçants du thème de Dark Vador (‘The Old Death Star’) ainsi que les chants macabres associés à celui de l’Empereur Palpatine (‘Anthem of Evil’, ‘Approaching the Throne’, ‘The Force is With You’). Ses trompettes cabalistiques resurgissent à outrance (‘The Force is With You’) sans jamais s’entremêler à celui de Rey, bien que les deux soient liés par le sang (un choix scénaristique discutable rendant incompréhensible la crucifixion des DERNIER JEDI de Rian Johnson…) L’avènement du Dernier Ordre est imminent ! Les cors et trompettes belliqueux s’entrechoquent aux coups des sabres lasers de Kylo Ren et Rey au cours de leurs multiples affrontements. Des violons d’une rare noirceur émotionnelle ; que l’on n’a plus entendu depuis LA REVANCHE DES SITH, se déchirent lorsque Leia sauve Kylo d’une mort certaine (‘The Last Saber Duel’) pour finalement saluer de leurs traits héroïques le sacrifice rédempteur de Ben Solo (‘Farewell’). Bien que Rose et son thème pétillant soit relégués au rang de personnage secondaire, Williams célèbre une nouvelle fois l’héroïsme féminin en remobilisant la mélodie de Rey ; à la fois bienveillante et mélancolique, tout en lui faisant subir des variations plus épiques et nerveuses (‘The Force is With You’).
Quand vous écrivez quelques choses, que vous le donnez à John Williams et qu’il n’arrive pas à le traduire en musique, c’est que ça ne marche pas. C’est le meilleur truc de scénariste de tous les temps ! Parce que John ne peut pas ne pas arriver à composer quelque chose. Impossible ! Donc c’est de votre faute !
J.J. Abrams
La fanfare des rebelles fusionne avec la mise en scène graphiste époustouflante de J.J. Abrams (‘They Will Come’, ‘Battle of the Resistance’) alors qu’un scherzo vigoureux vient pimenter la course-poursuite du désert de Pazama (‘The Speeder Chase’). Williams y fait valser des arpèges ; directement hérités d’une aventure musclée d’INDIANA JONES, qui font également écho à l’excellent ‘Follow Me’ de l’Episode VII. Malheureusement, ces quelques thèmes esseulés ne suffiront pas à compenser la fragilité d’une histoire bancale assujettie à un fan-service rageant. Là où Rian Johnson cherchait à enterrer le passé en se conformant à la vision originelle et novatrice de Lucas, Abrams vient saccager l’œuvre de son prédécesseur pour réconcilier une communauté de fans divisée par LES DERNIERS JEDI. Et qui plus est, la partition de Williams est régulièrement masquée par l’omniprésence d’effets sonores venant obstruer notre écoute attentive. De ce fait, il est impératif de s’isoler en compagnie de l’album CD pour en savourer ses subtilités. Parfois, elle est tout simplement passée sous silence (les quelques cuivres timides de ‘The Final Saber Duel’ arrivent à la fin du combat de Rey et Kylo Ren sur les vestiges de l’Etoile de la Mort) alors qu’elle aurait pu davantage propulser les scènes d’affrontement au sabre laser comme ce fut le cas jadis avec ‘Duel of the Fates’ (LA MENACE FANTOME) ou ‘Battle of the Heroes’ (LA REVANCHE DES SITH). La lignée des Skywalker s’est désormais éteinte avec la mort de Ben Solo. John Williams clôture sa partition en invoquant successivement les thèmes de Poe, Yoda, Rey, Leia ou encore Luke dans un medley quelque peu caricatural (‘Reunion’, ’Finale’). Le frissonnant ‘A New Home’ et ses orchestrations savamment maîtrisées augure l’émergence d’une nouvelle ère d’intrigues intergalactiques…
Loin de provoquer des « crises d’épilepsie » – après tout, J.J. Abrams a le droit de fantasmer sur la réaction de ses fans…- l’approche rétrograde du cinéaste renforcera le constat établit à la sortie du Réveil de la Force en 2015: la musique de John Williams représente l’un des seuls attraits de cette nouvelle trilogie qui, à l’exception d’un DERNIERS JEDI outrepassant la réussite, s’embourbe dans la redite. Si elle ne constitue pas la quintessence de son œuvre sur la saga, L’ASCENSION DE SKYWALKER clôture dignement l’œuvre de son auteur. A défaut de pouvoir prétendre à l’Oscar pour son rôle de tenancier de bar borgne sur la planète Kijimi, Williams pourrait bien décrocher une nouvelle nomination pour un départ en retraite couronné de succès… John Williams à la retraite ? C’est utopique ! Le mélodiste chevronné doit chapeauter les partitions du cinquième volet d’INDIANA JONES programmé pour l’été 2021…
L’ASCENSION DE LA RELÈVE
Il y a plus de 40 ans, George Lucas a présenté au monde son imagination singulière, son ingéniosité et son génie créatif. Il m’a également donné une opportunité qu’aucun compositeur d’opéra ou de cinéma n’a pu connaître… l’opportunité de travailler continuellement pendant quatre décennies sur un seul projet ; et avec chaque film, d’ajouter une collection de thèmes musicaux qui, j’espère, seront considérés comme des parties d’un ensemble singulier et organique. Cette expérience a été l’un des moments les plus forts de ma vie professionnelle, ce qui m’apporte tellement de joie à travailler avec certains des plus grands orchestres et musiciens du monde. Je me tiens devant les neuf films STAR WARS maintenant terminés avec fierté et gratitude pour le cadeau [que représente] ce voyage extraordinaire.
John Williams
Comment caractériser l’œuvre de John Williams ? Analystes et spécialistes s’y sont frottés sans pouvoir en détailler sa complexité infinie qui aura sûrement conduit bon nombre de néophytes à se lancer dans la composition pour l’image. Tel est le cas d’un certain Michael Giacchino, véritable fils spirituel du maestro, qui s’amuse justement à jouer le stormtrooper FN3181 dans les épisodes VII et IX. Au travers des neuf longs-métrages composants la saga mère, John Williams aura façonné des mélodies laissant un souvenir impérissable, discernables à la moindre écoute et laissant parfois même deviner l’intrigue. Sa musique entérine le vocabulaire musical hollywoodien du 20ème siècle tout en illuminant notre univers culturel. La dimension intemporelle de son œuvre en fait une véritable épopée musicale générationnelle ancrée dans l’inconscient collectif et gravé dans l’histoire de la musique de film. Malgré la régression naturelle de son panache d’antan, Williams aura conservé une linéarité musicale saisissante au fil de ces trois nouveaux épisodes. Son implication aura tout aussi bien permis la perpétuation de son œuvre que l’enrichissement musical des néophytes ciblés par Disney lors de la relance de la saga. Une musique savoureuse au parfum authentique fait tout bonnement plaisir à écouter à l’heure où règnent l’anti-mélodisme et l’électronique grondante, rendant l’approche symphonique désuète. Un côté old school proche de l’extinction, bien qu’Alan Silvestri, Michael Giacchino et James Newton Howard tentent de perpétuer la tradition avec leurs écritures orchestrales « eargasmic ». John Williams aura touché les étoiles. L’essence de la saga de Georges Lucas coulera à tout jamais dans ses veines tels les midi-chloriens dans celles des Jedi. Malheureusement, les fans doivent accepter un Williams vieillissant qui a déjà renoncé à participer à la suite des plans de Walt Disney ; visant à s’émanciper de l’arc narratif Skywalker pour explorer de plus vastes horizons. Cette dernière offre de belles promesses bien plus généreuses en termes d’innovation, qui passeront notamment par le cheminement d’une nouvelle trilogie pilotée par Rian Johnson. L’habillage sonore mutera tout aussi sûrement pour se conformer à la vision de ses exécutants ; en conservant ses consonances williams-nesque comme chez Giacchino (ROGUE ONE de Gareth Edwards, 2016) ou Powell (SOLO de Ron Howard, 2018) ou bien en s’aventurant sur un territoire plus expérimental et contemporain comme cela a pu s’écouter très récemment sur THE MANDALORIAN (John Favreau, 2019) de Ludwig Goransson. Rian Johnson n’a pas encore désigné d’héritier musical… Que la force soit avec lui !
(Image de mise en avant: www.planetstarwars.com)
David-Emmanuel – Le BOvore