Du blues (mais pas que !) avec Fred Chapellier, du jazz dans tous ses états avec Gaël Rouilhac, Giorgio Alessani et David Linx, de la rumba congolaise avec le mythique Zaïko Langa Langa… Voici le menu de ce juke box où je vous propose également de découvrir le « white rabbit » des Jefferson Airplane qui devient black sous la baguette magique de Prince Fatty et sous la voix envoûtante de Shniece, dans une version reggae dub pas piquée des hannetons ! Pour conclure, une petite balade scandinave en compagnie de l’accordéoniste Maria Kalaniemi avant de laisser la plume à Bruno qui vous livre son coup de coeur pour « Abrazo » le dernier opus du duo Peirani / Parisien ! Bonne écoute à toutes et à tous… Et soutenez ces beaux artistes, ils en ont bien besoin dans la difficile période que nous traversons !!!
Fred Chapellier, NOTRE bluesman frenchie, fête cette année ses 25 ans de carrière. Et ça s’arrose… En beauté et en très bon son avec ce superbe double album qui retrace le parcours sans faute de ce musicien hors pair qui, en plus d’une belle carrière solo (10 albums au compteur), offre son talent au grand Dutronc (et aux « Vieilles Canailles » avant que Johnny ne casse sa pipe…) ! Le coffret contient donc deux CD (1 studio et 1 live) qui comportent respectivement 18 et 16 titres (dont deux inédits, un sur chaque album) : 34 bonnes raisons de vous mettre entre les oreilles un blues rock de derrière les fagots qui flirte allègrement avec soul, funk ou rhythm’n’blues avec délectation ! Si les morceaux se suivent, ils ne se ressemblent certes pas, passant allègrement de titres dansants aux tempos affriolants à de déchirants blues où la gratte de Fred s’envole vers les sommets… Du blues, donc, mais métissé à souhait dans un patchwork tissé des influences des maîtres de Mister Chapellier (Peter Green, Roy Buchanan, Gary Moore, Albert Collins, les trois « King » : BB, Albert et Freddie) à qui il rend non seulement un hommage appuyé mais qu’il transcende de sa « Patte » inimitable et inimitée ! Pas besoin d’être fan de blues pour écouter ce double album… S’il séduira à coup sûr ces derniers, il en convertira à coup sûr bien d’autres ! Ah… « Quand la musique est bonne
quand la musique donne, quand la musique sonne, quand elle ne triche pas »… C’est que du bonheur en barres ! Vous trouverez les dates de ses prochains concerts ici… En espérant bien sûr qu’ils soient maintenus…
Best of 25 years on the road / Fred Chapellier / Dixiefrog / 25 Septembre 2020 / 20€
A moins de 40 ans, Gaël Rouilhac a déjà mené à bien une multitude de projets, en tant que guitariste de jazz bien sûr, mais aussi en tant que chanteur, compositeur ou arrangeur, au sein de différents groupes… Le dernier projet en date ? Ce premier album où, très bien accompagné de deux autres pointures, Caroline Bugala au violon (qui fut l’élève et l’accompagnatrice de Didier Lockwood) et Roberto Gervasi à l’accordéon, il nous donne à entendre l’étendue de sa virtuosité à la guitare mais aussi son talent de compositeur ! Ce fabuleux trio acoustique, sans aucune section rythmique, nous offre un jazz manouche de grande classe qui se teinte par moments d’éclats balkaniques, tout en faisant des escapades vers un jazz plus classique qui fait de l’oeil au jazz expérimental… Un cocktail étonnant qui dégage autant de sérénité que de joie de vivre ! En dix titres, « Waterworks » nous immerge, avec ses sonorités douces et limpides, dans un apaisant bain de douceur qui se mue en douche tonique et revigorante sous la pureté cristalline de la guitare de Gaël, les joyeuses trilles d’accordéons de Roberto et les savants coups d’archet de Caroline : un univers touchant et sensible où l’on se laisse glisser voluptueusement comme au fil de l’eau d’un long fleuve tranquille qui se ferait ruisseau impétieux pour nous tenir en éveil. Un album d’une fluidité absolue… Qui coule de source, bien évidemment ! Vous pouvez prendre connaissance des prochaines dates de concert de Gaël Rouilhac ici (toujours sous réserve de la situation sanitaire, hélas…)
Waterworks / Gaël Rouilhac / Laborie Jazz / 25 Septembre 2020 / 15€
Une voix chaude et sexy, dans la grande tradition des crooners de la belle époque. Des musiciens à la classe internationale (André Ceccarelli à la batterie, Diego Imbert à la basse, Cédric Hanriot au piano), accompagnés d’un orchestre symphonique (Le Star Pop Orchestra) et d’une section cuivres au swing irréprochable… Tous ces talents conjugués, ça donne quoi ? « Kissed by the mist », un album délicieusement nostalgique et un brin rétro qui distille un jazz doux et suave, sucré sans être sirupeux ! Du « smooth Jazz » élégant à souhait, à écouter en bonne compagnie dans une ambiance tamisée, un verre de scotch à la main, tels Lauren Bacall et Humphrey Bogart… Un jazz chapeau mou, cigarettes et p’tites pépées qui nous embarque dans un autre temps, tout en gardant un pied ferme dans le nôtre, sous la voix de Giorgio Alessani qui interprète dans un total sans faute sa partition. Une ambiance d’une telle douceur doublée de tant de peps… On ne s’en lasse pas !!!
Kissed by the mist / Giorgio Alessani / Quart de Lune / 25 Septembre 2020 / 15€
Pour son exigence artistique et sa tessiture aux sonorités uniques, David Linx a été sollicité par les plus grands noms du jazz au cours de ces quarante dernieres années (Paolo Fresu, Nathalie Dessay, Diederik Wissels, Brussels Jazz Orchestra…). Une carrière fort bien remplie, puisqu’il a déjà à son actif une trentaine d’albums ! Et pour le 31ème, et bien, il s’est mis sur son 31 ! En s’entourant de Grégory Privat (piano), Chris Jennings (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie), et Manu Codija (guitare, sur quelques titres), il nous offre le fabuleux écrin qui épouse en une parfaite osmose sa voix si singulière, aussi puissante que fondante, dont il joue comme d’un instrument. « Skin in the game », en 11 titres, nous embarque sur les ondes d’un jazz atmosphérique délicat et raffiné, qui se met littéralement au service de la voix de David qui, avec une efficacité troublante et dans une totale liberté d’interprétation, nous charme de sa voix onctueuse comme du miel ou nous électrise en éblouissants « scats » et en stupéfiantes vocalises… Qui nous laissent sans voix ! Sur deux titres de cette friandise, on peut également savourer la prestation du slameur Marlon Moore, ce qui ne gâche rien ! Ce « fauteur de trouble » qui a sans le moindre doute « le jeu dans la peau », vous prend aux tripes par sa sincérité et son immense talent au fil des titres de cet album décidément incontournable. Quelques dates sont prévues (toujours sous réserve…) pour aller l’applaudir, le 16 Octobre (Rochelle Jazz Festival), le 18 Novembre (Théâtre Le Jardin de Verre à Cholet) et le 11 Décembre (Le Silex à Auxerre)
Skin in the game / David Linx / Cristal Records / 18 Septembre 2020 / 16€
Et voilà un groupe qui n’a pas pris une ride… Même si on compte les nôtres ! Les Zaïko étaient déjà sur scène en 1974 aux côtés de James Brown et de Tina Turner pour le concert de la rencontre Ali / Foreman… C’est vous dire que ça date pas d’hier ! Icône de la musique africaine, Zaïko a popularisé la rumba congolaise, créant au passage de multiples pas de danse et une école de musique toujours en activité aujourd’hui… Un monument !!! Pour fêter leur demi-siècle de carrière, ils nous offrent un double album avec leurs titres emblématiques, histoire de rafraîchir la mémoire des plus anciens et de se faire connaître des plus jeunes… Et c’est chaud, chaud, chaud bouillant ! Il se dégage de leur musique une incroyable énergie mêlée de joie de vivre (totalement communicative) tout au long de ces 14 titres qui nous mettent la fièvre (oui, seulement 14 mais ils sont tous très longs… Pour notre plus grand plaisir !). Impossible de réfréner nos envies d’onduler de la tête aux pieds à l’écoute de leurs rythmes langoureux ou frénétiques qui nous mettent une pêche d’enfer ! Alors, laissez votre bassin vivre sa vie, bougez, dansez, c’est le meilleur remède pour lutter contre la morosité ambiante ! Ahhhhh… Que ça fait du bien, nom de nom !
Sève / Zaïko Langa-Langa / Quart de Lune / 25 Septembre 2020 / 17€
Prince Fatty et Shniece McMenamin, après avoir revisité quelques grands classiques (Kraftwerk, Tom Browne, Tina Turner…), s’attaquent aujourd’hui à un monument du rock psychédélique de la fin des années 60 : l’incontournable « White Rabbit » des Jefferson Airplane ! Et ce titre d’anthologie, hautement représentatif du flower power, se prête à merveille (c’est le cas de le dire !) à la version reggae dub dont le Prince l’habille, tout en en gardant l’esprit original ! Tout est parfait : le son envoûtant et dansant tout à la fois, la voix de Shniece qui n’a rien à envier à celle de Grace Slick, la pochette (j’aimerais bien savoir qui l’a réalisée… Elle est trop belle !) et le clip hallucinant à souhait qui joue bien sûr sur le thème d’Alice au pays des merveilles… Une Alice sous champi accompagnée d’un lapin dont les yeux rouges ne doivent rien à la myxomatose ! En devenant black, le lapin blanc des Jefferson prend une sacrée allure sous la patte de Fatty ! Une version dub complète ce deux titres disponible en vinyle (collector que les fans vont s’arracher !) et en digital. Un pur bonheur !
Black Rabbit / Prince Fatty and Shniece / Bigwax Records / 25 Septembre 2020 / Vinyle : 11€ ou digital ici !
Une petite balade bucolique dans la nature finlandaise, ça vous tente ? Alors, suivez le ou plutôt les guides qui nous entraînent au son de l’accordéon, de l’harmonium et de synthés délicatement nappés de percussions et de chœurs célestes, au coeur de ses forêts ou au bord de ses lacs tranquilles sous un ciel changeant… C’est cette bande son branchée sur la nature et les éléments que nous offrent Maria Kalaniemi et Eero Grundström avec cet album sensible et empreint d’émotions pures qui alterne titres joyeux et sautillants et longues haltes contemplatives. Sept titres hypnotiques, doux et chauds comme du duvet, qui se savourent les yeux fermés pour mieux faire défiler le film qu’ils évoquent. Une perle venue du froid qui insuffle un réconfortant moment de sérénité !
Mielo / Maria Kalaniemi & Eero Grundström / Akero Records / 24 Avril 2020 / 20€
Christine Le Garrec
Le coup de coeur de Bruno !
Emile Parisien au sax soprano et Vincent Peirani à l’accordéon. Un duo atypique que j’ai eu la chance de voir et d’entendre lors de la 29ème édition du festival des nuits de nacre à Tulle, en septembre 2016… Et croyez moi, ça valait le détour ! Alors quand la rédac chef m’a proposé de chroniquer « Abrazo », leur nouvel opus, vous pensez bien que je me suis carrément jeté sur l’objet ! Dix titres placés sous le signe de l’élégance sud américaine et de son tango, revus et corrigés par nos deux protagonistes qui font sonner cet album de façon complètement magique ! Pourtant, ce n’est pas donné à tout le monde de revisiter des pièces de maîtres tels qu’Astor Piazzolla, Tomàs Gubitsch ou Xavier Cugatet, et d’en faire de purs joyaux. Non seulement, ils s’approprient les originaux d’une façon remarquable mais ils en subliment le contenu par de subtils arrangements qui donneraient presque à croire que ce sont des compos personnelles. En parlant de compositions, « Abrazo » en contient quatre dont « Nouchka » de Peirani (une pure merveille) et « Memento » de Parisien sur lequel Alice Renavand et Fred Faula nous entraînent dans une danse qui nous offre un moment suspendu dans l’aire et l’ère du temps. A noter également leur superbe reprise de Kate Bush « Army Dreamers » (Peirani en est fan et comme je le comprends !). Tout en nous faisant partager leur passion pour ce jazz aux sonorités étourdissantes, pimenté par leur goût prononcé pour l’improvisation, Peirani et Parisien nous dévoilent une fois encore toutes les facettes de leur talent !
Abrazo / Vincent Peirani et Emile Parisien / Act Music / 28 Août 2020 / 18€
Bruno Robert