Juke Box N°19

Pour ce dernier juke-box de l’année, nous vous proposons un cocktail de Rock’N’roll, jazz world, electro hip-hop  avec une pincée de folk-song pour faire bonne mesure ! De l’énervé, de l’exotique, du survitaminé et de l’hyper cool pour finir 2017 en beauté… Et en musique, of course !!! A l’année prochaine !

 

 

Une grosse claque bien rock, vous attend si vous décidez d’acquérir ce « Technicolor Life » explosif de Ko Ko Mo. Du rock’n’roll blues hypnotique et sauvage, le duo Nantais en a plein sa besace et explose tout sur son passage ! Riffs de guitares carrément tueurs, rythmiques superbement mises en valeur, il y a du « Woodstock » dans l’air et ça groove grave ! Warren Mutton, guitariste – chanteur aux vocalises parfois androgynes et « K20 » batteur à la rage bariolée, nous balancent dix morceaux à la face avec fougue et une grosse énergie électrique. « Pass It On, Cherokee Gal,  Killing The Kid,  Ring Your Time ou  Technicolor Life », titres aux potentiels tubesques, sonnent avec une redoutable efficacité et de façon mortelle. Ça sent les 70’s à plein nez dans la veine de Led Zeppelin,  Jimi Hendrix où The Who, sur lequel Al Groves ( ingénieur du son et musicien) est venu mettre sa patte, son feeling et son oreille au service de ces superbes compos et en transcender les mélodies. Ko Ko Mo et son « Technicolor Life » voit la vie de toutes les couleurs et en guise de loi, la folie furieuse du rock’n’roll ! Superbe découverte !

Technicolor Life /  Ko Ko Mo / L.M.P Musique / 2017 / CD : 12€ / Vinyle : 20€

 

 

 

Voilà une belle invitation au voyage, que nous propose Yann Cléry avec « Motozot », son premier album solo dans lequel les tambours de la tradition créole se conjuguent aux musiques actuelles, jazz, transe, rock, ragga, hip hop… Et folklore. » Mo, to, zot (moi, toi, et vous, en créole guyanais) est un retour aux racines amazoniennes, devenu le moteur de son inspiration et qui raconte cette Guyane actuelle et moderne, ne demandant qu’à être entendue. Compositeur, arrangeur, auteur, Yann Cléry est surtout un musicien inventif, décomplexé et talentueux qui, depuis dix ans, partage la scène avec des artistes aussi divers que UHT° (drum & bass), Booster  &  Sandra NKaké (jazz electro), The Jazz Liberatorz (rap), Emmanuel Bex (jazz) ou encore Jamalski (jungle ragga) en tant que chanteur, choriste et/ou flûtiste. Il collabore aujourd’hui avec les groupes Chlorine Free (funk/electro), et Mo’Kalamity (reggae roots). Yann Cléry a longtemps été séparé de son pays et ce n’est qu’en 2010 qu’il s’immerge à nouveau en Guyane et décide d’en explorer toutes les richesses (poésie, folklore, conte créole…). C’est avec cet esprit d’ouverture, de recherche et de rébellion qu’il amène la flûte traversière sur des chemins inédits. Cet album est tourné vers les rythmes traditionnels des trois principales ethnies guyanaises. Les Créoles, les Bushinengés (appelés aussi Noirs Marrons, descendants des esclaves africains) et les Amérindiens. Dix titres composés pour nous faire découvrir l’étendue de la culture Guyanaise. Une équipe de musiciens exceptionnels, l’accompagne avec notamment Sonny Troupé à la batterie, Yann Villageois, Anccy Clèt et René Yves Horth au tambour ou encore le DJ Charly SY dans cette aventure, pour créer une musique nouvelle et multiple, fusionnant avec des textes engagés de Léon-Gontran Damas et Elie Stephenson, figures de proue de la littérature guyanaise. Cerise sur le gâteau, le boléro de Ravel revisité où l’artiste y fait le rapprochement entre un rythme traditionnel (le kanmougé) et celui de la célèbre pièce du maître, et renvoie à cette interrogation sur l’origine de ce rythme plusieurs fois centenaire sur le sol guyanais : qui a inspiré qui ? Ce nouvel opus est une petite merveille et doit être absolument partagé car la culture est une arme, c’est avec elle que Yann Cléry se bat à sa façon, pour porter toujours un peu plus loin la voix de la Guyane, et interpeller les curieux.

Motozot / Yann Cléry / Why Compagnie / 2017 / CD : 13€

 

 

 

 

Ce qui attire en tout premier plan sur le nouvel album « Bagatelle » de Deugiheugi (prononcer Dejiheji, ça lui fera plaisir), c’est l’esthétique de la pochette magnifiquement soignée avec une illustration réalisée par le talentueux artiste catalan : Dulk. Et oui, la discographie du beatmaker français s’étoffe un peu plus d’années en années et ce septième opus se révèle être une fois de plus un grand cru. Deux ans donc après la sortie de « Endless smile », Jérôme V. alias Deugiheugi, nous revient avec seize titres enchanteurs, serpentant dans les méandres de la relation amoureuse (vaste sujet !) Ce collectionneur de sons et explorateur de samples, réinvente l’art de fusionner les sonorités pour leur offrir une seconde vie. Il exhume des pépites, les triture tout en les mêlant à la diversité et aux genres afin d’obtenir un reflet rempli de soul, de spleen et de mélodies très sensuelles. Pour agrémenter cette délicieuse ballade sentimentale, Devi Reed, Astrid Van Peetersen, Chill Bump, Chima Anya, apportent le p’tit plus groovy de cette jolie romance. Degiheugi a beau louer la légèreté de son art et se défendre de tout esprit de sérieux, cette musique et cet album n’ont de « Bagatelle » que le nom.

Bagatelle / Degiheugi  / Endless Smile Records / 2017 /  Album numérique en téléchargement  à 7€ sur Bandcamp

 

 

Bruno Robert

 

 

 

Même si on les compare aux Beastie Boys, ce qu’ils assument totalement, Leon Rhymes et Ross Standaloft ne peuvent se résumer à cette seule référence, qui est déjà en soi un gage de qualité pour les amateurs du meilleur hip-hop américain des années 90. S’ils aiment faire des clins d’œil en direction de leurs aînés, le duo londonien Too Many T’s est loin d’être une pâle copie et l’univers où ils naviguent comme deux poissons frétillants leur appartient en propre… Ne changez pas l’eau du bocal surtout, car vous êtes vraiment too much les Too Many ! Une dose de rock, une pincée de funk saupoudré de hip-hop, de l’électro savamment dosé, sans oublier la petite touche de soul qui fait la différence… Voilà la recette explosive du cocktail survitaminé des Too Many T’s qui vous embarquent dans un flow euphorique dès la première écoute ! Avec une sacrée bonne dose d’humour et de bonne humeur pour faire bonne mesure, ils ont touillé énergiquement le dosage de ces quatorze titres enthousiasmants et festifs (pour la plupart d’entre eux… Les Too Many ont aussi leur dark side ) pour nous offrir un premier album efficace et revigorant, comme une bonne douche qui vous met la pêche. Ces gentlemen s’écoutent en sautillant, sourire aux lèvres et vous mettent la patate pour la journée ! Tant que vous y êtes, allez jeter un œil et une oreille sur leurs clips… Ils valent leur pesant de cacahuètes ! Ils ont le beat, les cocos… Et nul doute qu’ils vont cartonner, c’est du tout bon !

South City / Too Many T’s / Banzaï Lab / 2017 / 8€ (télechargement ici !) / CD : 15€ / Vinyle : 20€

 

 

 

 

Sorti en 1996, « Fête foraine » est devenu  au fil des ans un album collector que les collectionneurs s’arrachaient du fait de sa qualité, bien sûr, mais aussi pour sa rareté ! Édité à l’époque (misère, il y a pas loin de vingt ans…) à seulement 3000 exemplaires (vendus par correspondance ou en fin de concerts), son prix atteignait jusqu’à présent  une petite fortune sur le marché d’occasion. Depuis novembre dernier, vous pouvez vous le procurer à nouveau dans les bacs en CD ou en vinyle, à prix raisonnable car  Microcultures a eu la bonne idée de le remettre au goût du jour, remastérisé par Don Bartley ( qui avait déjà  réalisé l’original) avec en bonus des photos inédites de Bleddyn Butcher (photographe de Nick Cave) ! Les australiens n’ont pas pour autant cédé à la facilité. Les titres ont été revisités et épurés dans un style volontairement sobre, la voix et la guitare de Peter Milton Walsh étant accompagnés en toute évanescence par le piano de Chris Abrahams et la trompette (et le bugle) de Miroslav Bukovsky. Un album sensible et apaisant, sans artifices, composé de ballades nostalgiques entrecoupées de jolies sonorités cuivrées aux accents jazzy et de notes égrenées délicatement au piano, la voix tendue de Peter captant les émotions en vol jusque dans les aigus. Fermez les yeux…. Et laissez -vous bercer par la douce mélancolie de ce bijou incontournable de la pop/folk…Merci Microcultures !

Fête foraine / The Apartments / Microcultures / 2017 /9€ (Téléchargement ici !) / CD : 16€ / Vinyle : 20€

 

 

Christine Le Garrec