Il y a plein de bonnes choses à découvrir dans ce Juke Box ! Que vous soyez attirés par du rock un peu sombre (Elysian Fields) ou plus révolutionnaire (Zompa Family), Fans de good vibes (Sir Jean & The Doctors), de world music (Winston Mcanuff & Fixi) ou simplement si vous avez envie de vous laissez aller sur de belles mélodies un peu mélancoliques (Blaubird et Samuel Cajal) alors, il y a de grandes chance que sur ces six albums, vous trouviez… La perle rare !
Décollage immédiat pour les States, et plus exactement pour les montagnes aux abords de Woodstock, où a été enregistré « Pink Air », le nouvel et onzième album du duo New Yorkais Elysian Fields. L’occasion de prendre un bon grand bol d’ondes rock ! Mais attention, pas n’importe lesquelles… Plutôt de celles qui sont un peu sombres, presque apocalyptiques. Non, ce n’est pas du « Death Métal » et rassurez vous, Jennifer Charles et Oren Bloedow ne sont pas tombés du côté obscur ! Les onze titres qu’ils nous proposent donnent à l’écoute un beau road movie dans l’immensité américaine au cours duquel la chanteuse Jennifer Charles insuffle, de son légendaire charisme languissant et de sa superbe voix envoûtante, sa vision sur des thèmes aussi variés que l’écologie, la politique ou le racisme, posant son voile si particulier sur les dérives sociales et politiques de notre époque. Sur un rock accrocheur, rythmiques guitare, basse et batterie explorent des sonorités qui se jouent des courants musicaux actuels pour produire un son unique, sensuel et torride. Comme son titre l’annonce « Pink Air » est une escapade aérienne et en dépit de son ton mordant, mystérieux et mélancolique, les propos d’Elysian Fields ne sont jamais trop pesants, allégés par de nombreuses touches d’humour, histoire de nous faire voir… La vie en rose.
Pink Air / Elysian Fields / Microcultures Records / Septembre 2018 / CD : 14,99€ / Vinyle : 25,67€
Ces deux là font la paire ! C’est avec un immense plaisir que nous retrouvons Winston McAnuff & Fixi pour un nouvel opus intitulé « Big Brothers ». Depuis leur rencontre en 2006 sur l’album du Jamaïcain « Paris Rockin », en collaboration avec le groupe français Java dans lequel officiait Fixi, les deux musiciens n’ont cessé d’approfondir leurs liens pour définir ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui une inébranlable fraternité. Il faut dire qu’après l’immense succès de « A New Day » (2013), on espérait qu’ils n’en restent pas là et qu’ils remettent ça : c’est chose faite avec la nette impression qu’une fois encore, les frangins vont tout déchirer sur leur passage ! De nouveaux horizons musicaux s’immiscent dans leurs compos et accrochent instantanément l’oreille, du cha-cha-cha cubain à la soul aux chœurs gospels bien groovy. Le chanteur au timbre éraillé et l’accordéoniste faiseur de son n’ont pas leur pareil pour créer un univers où les styles se mélangent, ouvrant les chants du possible d’une world music rythmée par l’intimité et la confiance qui s’est forgée entre eux. Cet album n’est pas seulement un hymne fratriarcal, c’est aussi celui des femmes qui sont majoritaires au sein du nouveau groupe formé par Winston Mcanuff et Fixi : celles-ci y subliment des titres tels que « Sweet love of mine ou My angel » ou « One note » où Pongo, chanteuse lisboète et seule featuring de l’album, y décroche des uppercuts vocaux à vous mettre au tapis. Ce « Big Brother » célèbre et fête dans toute sa splendeur la fraternité et croyez-le… Elle ne fait que commencer !
Big Brothers / Winston Mcanuff & Fixi / Chaptertwo Records / Septembre 2018 / CD : 14,99€ / Vinyle : 21,99€
Ces quatre titres de Sir Jean & The Roots Doctors viendront certainement mettre un peu le faya dans vos foyers et de bonnes ondes positives au cœur de votre quotidien si vous êtes amateurs de good vibes et de bon reggae. De l’afrobeat-dub-jazz de Meï Teï Shö au beat électro du Peuple de l’herbe en passant par les vibrations dub de Zenzile et de Brain Damage, Sir Jean a imposé au fil du temps sa voix unique et c’est en toute logique, après autant de collaborations, de voir naître ce projet solo. Préambule d’un album qui devrait sortir incessamment sous peu, « Come Pon Dem » nous donne un aperçu de l’envergure musicale de cet artiste touche à tout. Mais pour cette nouvelle aventure, il lui fallait une dream team de taille, une équipe de choc pour mieux nous faire voyager en musique. Nordine des Sinsemilia à la guitare, Mike de Broussaï aux claviers, Yann des Wailing Trees à la basse, Maxxo à la batterie ont répondu présent pour conquérir les cœurs et faire vibrer les âmes : pari gagné avec un reggae aux sonorités musicalement et instrumentalement riches, porté par un soundboy au timbre chaud sur des textes engagés qui portent la bonne parole aux quatre coins du monde ! A cinq et unis comme les doigts de la main, Sir Jean & The Roots Doctors poursuivent le même but, trouver le chemin de notre âme et y semer quelques graines pour un avenir meilleur. Affaire à suivre…
Come Pon Dem / Sir Jean & The Roots Doctors / Dibyz Music/ Juin 2018
Installez-vous confortablement et laissez le chant de ce bel oiseau bleu se propager en vous… Blaubird, c’est le nom de cette formation où Laure et Olivier Slabiak nous proposent de se blottir au creux de leurs ailes et de se laisser aller sur « Rising (La fin de la tristesse) », titre de leur premier album. S’abandonner à l’errance et la mélancolie pour mieux renaître et nous permettre d’accéder à un état supérieur, libre et plus conscient : une introspection en dix titres sur des textes chantés en français, anglais et yiddish où se mêlent les sonorités du trip-hop à celles de l’indie-folk lyrique, qui nous invite à plonger pleinement dans cette métamorphose. Une mosaïque musicale pleinement assumée où se croisent Le professeur Inlassable (autour d’une adaptation du poème de Victor Hugo « Demain dès l’aube ») ou la voix du grand père de Laure sur une poésie de Heine, sous les influences folk doucement électro de Tom Waits, Portishead ou Malher. Blaubird est le genre d’oiseau que l’on peut entendre mais que l’on ne peut attraper et qui ne demande qu’à gagner sa place dans l’âme des auditeurs et pourquoi pas… Les métamorphoser à jamais !
Rising (La fin de la tristesse) / Blaubird / Microcultures / Septembre 2018 / CD : 15€ / Vinyle : 20€
Whaou… ça c’est du rock ! Mais pas seulement… Car les six mercenaires de la Zompa Family sont aussi capables de vous faire jumper sur du ska, du reggae ou de la cumbia avec une énergie explosive, sans aucune limite pour porter leur blitz sonique. Pour preuve ce deuxième album « Umana Town » aux seize titres diaboliquement efficaces qui vous emporteront à coup sûr dans un univers musical qui invite autant à la fête qu’à la réflexion, au combat qu’à la danse. Que ce soit en français, en italien, en anglais ou en espagnol, ils usent de toutes les armes à leur disposition pour faire bouger les corps et les consciences et porter le plus haut possible leurs mots et leurs combats. Une alchimie parfaite pour la musique sous toutes ses formes et un fort engagement au service de la révolte. Car « Umana Town » n’est pas seulement bien arrangé et musicalement harmonieux, c’est aussi un tourbillon de textes sur nous, hommes et femmes de ce monde avec nos défauts, nos aspects les plus noirs et nos souffrances les plus profondes, une exploration dans les méandres de l’humain sous toutes ses facettes et ses contradictions. La Zompa Family ne donne pas dans les bonbons musicaux acidulés de délicate poésie neurasthénique mais plutôt dans les rythmes qui donnent des fourmis dans les jambes et font dresser les poils de ceux qui n’ont pas encore définitivement fermé leurs oreilles. Êtes-vous prêts pour ce choc ? Alors le chemin commence ici, il vous suffit juste d’appuyer sur le bouton play…
Umana Town / Zompa Family / Chromatic Records / Septembre 2017 / CD : 13,50€
Samuel Cajal a déjà un beau parcours musical derrière lui, mais on le connait surtout pour ses nombreuses collaborations pour Karina K, Jérémie Kiefer, Albane Aubry, Andoni Iturioz, les furieux punk Zissis the Beast et bien sûr 3 Minutes Sur Mer. Alors, vous comprendrez que son premier album solo « Une issue » ne pouvait passer inaperçu ! Un vertigineux saut pour cet auteur compositeur et maintenant interprète qui nous ouvre une brèche dans son univers où ses mots effleurent les maux de notre quotidien. Et les sujets ne manquent pas… Amour, haine, renoncement… Ses textes qui parlent au cœur et qu’on écoute pour y entendre toutes les subtilités d’une écriture fine et ciselée, apportent aux mélodies une atmosphère intimiste. Entre tension rock, mélancolie douce et programmation électro, Samuel Cajal et ses comparses Johan Guidou et Matthieu Lesenechal, respectivement à la production et aux instruments, ont trouvé le juste équilibre dans la finesse des arrangements pour amener chaque titre à de pures sensations émotionnelles avec en bonus la participation de Karina K, Nellyla sur « Tu mords, Indigné, Décibels » et de ce duo à deux voix avec Wilfried Hildebrandt sur « Cœur noir », certainement l’un des plus beaux morceaux de cet album. Le chemin qu’a décidé d’emprunter Samuel Cajal pourrait laisser penser qu’il est un artiste sombre et tortueux alors que bien au contraire, il a trouvé une issue pour s’affranchir de barrières devenues bien inutiles.
Une Issue / Samuel Cajal / La Couveuse / Octobre 2018 / CD : 12€
Bruno Robert