Vous avez aimé leurs prestations sur les scènes des Nuits de Nacre ? Ils vous ont émus, époustouflés, fait danser ou fait sourire ? Alors, retrouvez ces magnifiques artistes en les faisant tourner sur vos platines… Pour faire durer le plaisir !
La superbe et généreuse Yegros revient sur le devant de la scène avec « Suelta », nous invitant en dix titres à lâcher prise sur des rythmes où la cumbia, le chamamé et le huayno sont somptueusement habillés d’un électro élégant. Fusion entre tradition et modernité, sa musique à base d’instruments traditionnels (charango, flûte andine…) prend toute sa dimension sous la puissance et la clarté de sa voix, toute en douceur et en énergie, qu’elle met au service de textes engagés, notamment pour la cause des femmes. Son tempérament de feu (ceux qui comme moi ont eu la chance de l’applaudir aux Nuits de Nacre savent de quoi je parle !), laisse entrevoir entre deux titres festifs et dansants, une sensibilité qu’elle laisse filtrer à travers des mélodies d’une beauté à couper le souffle. Sous des percus endiablées et des rythmiques syncopées où se dessinent de multiples influences métissées, la Yegros fait entendre sa belle voix et fait monter la pression tout au long de cet album qui se termine par une version de « Cuando », tout en arrangements de cordes, où sa voix claire donne toute sa puissance et sa sensualité. Un album qui a du chien, comme la pulpeuse Yegros !!!
Suelta / La Yegros / X Ray Productions / Mars 2019 / 12€
Poète engagé et chanteur humaniste, Gianmaria Testa nous a quittés prématurément, il y a trois ans de cela… Son répertoire méritait bien un hommage que le quatuor autrichien Donauwellenreiter lui rend avec panache à travers l’interprétation de onze de ses chansons, chantées par la belle Maria Craffonara, tout au long de ce superbe album. Composé d’un florilège de ballades mélancoliques et langoureuses, ensoleillées par la sensualité de la langue italienne, prenant des accents jazzy davantage rythmés de percussions sur certains titres, cet album porté par la grâce de la voix aérienne, claire et envoûtante de Maria, nous dévoile la belle âme de Gianmaria Testa, matérialisée derrière chaque note, dans l’émotion palpable des mots, dans la vibration des cordes et dans les notes d’un piano omniprésent, d’une incroyable délicatesse. C’est beau, émouvant, et on se laisse happer avec bonheur dans cet univers feutré et romanesque où l’amour prend une place de choix. Nous en avions eu un aperçu aux Nuits de Nacre où les Donauwellenreiter avaient interprété quelques titres, accompagnés par Riccardo Tesi à l’accordéon… Tendre et respectueux, cet album dégage une beauté et une émotion sans pareilles…
Donauwellenreiter play Gianmaria Testa / Aestate Records / 2017 / 22€
Entre musique de chambre et musique classique, pop éclatante et jazz flamboyant, les Donauwellenreiter ne sont décidemment jamais où on les attend ! Ces inclassables « surfeurs sur la vague du Danube » nous embarquent à travers ce voyage musical sur les rives d’un long fleuve tranquille, calme et serein, aux vagues d’un océan tumultueux : fascinante et troublante par sa diversité et sa richesse, leur musique s’habille parfois de sons psychédéliques ou de jazz aux accents expérimentaux, dans un métissage atypique où chaque titre est un tableau vivant aux multiples variations. En majorité instrumental, en dehors de trois titres chantés de la voix à la tessiture incroyable de Maria qui utilise sa voix comme le cinquième instrument du quatuor, ce classieux et irréprochable « Euphoria » nous invite au lâcher-prise en nous laissant porter par la « petite musique » qu’il nous distille en touches délicates et expertes, joyeuses et euphorisantes, hypnotiques et contemplatives… De la belle, superbe ouvrage !
Euphoria / Donauwellenreiter / Laloki / 2016 / 19€
Du Sud de l’Italie aux Balkans, le virtuose de l’accordéon diatonique, Riccardo Tesi, accompagné du pianiste Daniele Biagini, du violoncelliste Damiano Puliti et du clarinettiste Michele Marini, nous embarque dans un voyage à travers le monde, tout au long des onze titres de son « Cameristico », en autant de chambres d’échos et d’alcôves ouvertes sur nos émotions. L’amitié et la fidélité y sont omniprésentes, signalées par de petits apartés apparaissant sur le livret de ce magnifique CD, qui nous racontent en quelques mots l’histoire de chacun des morceaux qui le composent. « Cameristico », réalisé avec le concours des nombreux artistes invités, se décline en un véritable patchwork tissé de sonorités orientales au son d’un oud sur les rives du Bosphore, nous emmenant ensuite en Macédoine où tablas, clarinettes et guimbarde nous enchantent sous les chœurs de Luisa Cottifogli qui apporte son groove et sa touche féminine, dans une Prague nocturne belle et romantique, sublimée par les accords délicieusement nostalgiques de l’accordéon que Riccardo manie en virtuose… Un brin de tango en funambule, un air de ballet joyeux et primesautier, un petit tour dans les salles obscures avec un titre réalisé pour le film « Une romance italienne », deux reprises de l’album « Colline » composé et réalisé par Riccardo avec Patrick Vaillant et Gianluigi Trovesi… Riccardo Tesi, à travers sa musique, nous prouve si besoin était que l’accordéon peut se mêler à tous les genres musicaux, du jazz au classique en passant par le festif, et se marier à n’importe quel instrument avec classe et harmonie. Le maestro du piano à bretelles nous en apporte autant de preuves que son accordéon compte de touches nacrées, au fil de cet album vibrant et élégant… Tout simplement !
Cameristico / Riccardo Tesi / Visage Music / 2012 / 15€
La voix gouailleuse de Laurène qui s’accompagne à l’accordéon et Jojo en trublion qui manie avec dextérité des instruments bizarroïdes fabriqués maison (une contrebassine, un réservoir-basse, une batterie à pédale)… Ça ne vous rappelle rien ? Mais si voyons… Les Picon mon amour, qui nous ont fait mourir de rire sur la scène du Vladkistan !!! Comment ça, vous les avez ratés ? Alors précipitez-vous sur la galette de « Qui s’y frotte s’y prine » ! En dix titres ravageurs et décalés, le duo explosif nous embarque au son de rythmes slaves, acadiens ou cajuns et d’un beau brin de musette, pour nous faire guincher sur des textes engagés, subversifs et militants qui, bien que sérieux, n’engendrent pas la mélancolie ! Jojo (certainement le bricoleur du couple si on en croit les paroles de « La chieuse » !) Et Laurène, la belle plante au franc parler qui n’hésite pas à appeler une chatte, une chatte, s’en donnent à cœur joie pour exprimer leurs coups de gueule à travers des textes gratinés où ils égratignent les « Moi je », beaufs moyens et crétins, racistes, intégristes et homophobes, les partisans de la manif pour tous (« Je suis née d’un amour passionnel entre deux femmes chacune toutes aussi belles, j’ai deux mamans et un papa fertilisant … Et toi ? »), où ils nous invitent à devenir éco-responsables (« La récup’ c’est notre truc, y en a assez des ordures, on change de cap et on rigole, récup’N’roll ! ») et où ils évoquent avec une bonne touche de paillardise le plaisir féminin et la liberté sexuelle. Sur les dix titres, huit compos et deux reprises : « Qui s’y frotte s’y prine », un morceau traditionnel acadien et « Je suis comme je suis » de Jacques Prévert, immortalisé par Juliette Gréco… Et dix bonnes raisons de se laisser entraîner dans l’énergie positive et revendicative de Laurène et Jojo qui manient l’humour avec panache… Et sans langue de bois ! Leur tout dernier opus, « En rute pour la joie », (tout un programme !!! ) vient tout juste de sortir … Je vous en parlerai très bientôt !
Qui s’y frotte s’y prine / Picon mon amour / 2018 / en écoute ici et achat sur le site des Picon mon amour !
Voyageur infatigable, DJ Click, en sillonnant la planète, a ramené dans ses bagages des sonorités du monde entier… Le métissage, il connait ! Avec « Play it again » et sa formation Click Here, il a joué les apprentis sorciers et s’est amusé comme un fou, pour notre plus grand plaisir, en mélangeant habilement sonorités balkaniques et rythmes pur jus du meilleur de la new wave des années 80… Et le résultat est aussi détonnant que brillant ! Composé de 15 titres (dont trois reprises : « Cambodia » de Kim Wilde, rebaptisé « Meyta », « Johnny, tu n’es pas un ange », immortalisé par Edith Piaf et « Enjoy the silence « de Depeche Mode… Qui prennent un sacré relief sous les platines de Mister DJ Click !), « Play it again » nous embarque dans un tourbillon festif où les Balkans sont aux premières loges, illuminés par le son d’un accordéon chaleureux, d’un saxophone et d’une flûte qui vous mettent en transes (joués par Tudorel Mihai qui a d’ailleurs composé deux titres de l’album), par la voix claire et puissante de Nadia Potinga (qui nous fait planer avec sa voix envoûtante sur le dernier morceau « Susti Ghitara ») et par la magie electro gypsy d’un DJ Click qui réussit le pari, une fois de plus de nous épater ! DJ Click et ses compères avaient mis la fièvre aux Nuits de Nacre où on leur avait demandé de « Play it again » tant on voulait les garder un peu plus pour faire la fête… Elle peut désormais continuer à la maison… Il suffit de « Click here » sur votre platine pour faire renaître la magie à l’infini !
Play it again / Click Here / No Fridge / 2019 / 10€ / Achat ici
Ces cinq « samurais » de l’accordéon diatonique, preux chevaliers au service de la musique, nous offrent avec « Te » (qui signifie main en japonais), toute l’étendue de leur talent et les multiples possibilités qu’offre leur instrument, en dix titres (deux titres composés par chaque artiste), exécutés avec un art consommé sous leurs mains expertes et virtuoses. Sous les doigts de Riccardo Tesi et de Simone Bottasso (italiens), de Markku Lepistö (finlandais), de David Munnelly (irlandais) et de Kepa Junkera (basque), l’accordéon se fait tendre et amoureux, fougueux et exalté, chacun apportant sa couleur dans un accord parfait pour épouser au plus près l’univers de celui qui l’a composé. Ils nous mettent en bouche avec un « Sushi time » léger et joyeux, tout en envolées cristallines et bruits de soufflets savamment dosés, nous réchauffent l’âme sous le soleil d’hiver finlandais, nous baladent sur les côtes irlandaises aux parfums d’écume et d’embruns, épousant ambiances et sensations dans un langage de notes à la sensibilité exacerbée. A l’unisson et dans une parfaite osmose, ils nous font vibrer au son d’une tarentelle endiablée entre tradition et modernité, nous plongent avec délices dans l’univers fantasque et onirique, joyeux et bavard du père de « La Dolce Vita », nous perdent dans le fracas de Bagdad, nous enivrent de sonorités celtiques, slaves ou méditerranéennes, tout au long d’un voyage qu’ils déroulent en paysage musical de haute volée. Époustouflant de beauté, de virtuosité et de diversité, cet album ne pourra laisser les amoureux de l’accordéon que sous le charme… Grandiose !!!
Te / Samurai Accordion / Visage Music / 2018 / 12€
Une voix, une présence, un univers… Chouf nous invite à goûter ses mots, doux ou amers, tendres ou enflammés, tout au long des dix plages de cet album fragile et volatile où il met à nu ses doutes et ses peurs, mais aussi ses espoirs et ses colères. Profondément nostalgiques, ses textes sont habillés d’une pop rock cuivrée qui sait swinguer et se faire festive, en opposition à la mélancolie et parfois même à la noirceur des sujets qu’il aborde : l’enfance, la vieillesse (« regarder défiler la vie, retomber en enfance, oublier, attendre dans le temps suspendu »), l’amour, le sort des migrants, le manichéisme de nos politiques… Chouf s’adresse à l’humain avant tout, à une humanité mise à mal où les êtres deviennent jetables, interchangeables et uniformes dans une société qui leur laisse « la part du diable », à un monde qui, en « maléfique manège qui a mal tourné », rejette sur la grève « des billets pour l’espoir déchirés dans le vide »… Nous reste l’espoir sinon la volonté, que « ça pète », que volent en éclats rageurs « fachisteries, relents de croix, politicards pipeau pognon » et que l’on sorte enfin de cette léthargie, cette « amnésie de l’histoire qui tourne en rond »… Écorché vif, Chouf exprime à la perfection les sentiments qui l’animent, en mots choisis qu’il nous tend comme des miroirs sur nos propres émotions. Troublant, émouvant, avec son timbre de voix qui épouse à la perfection les tonalités douces ou ombrageuses, rythmées et dansantes de ses dix chansons, dignes du meilleur de la chanson française, celle de Brel et de Brassens, d’Higelin ou des Têtes Raides, Chouf est un auteur à écouter et à savourer : le bonhomme a du souffle et n‘a pas fini de nous étonner…
Volatils / Chouf / Shadow / 2017 / 15,50€
Un de ses précédents albums affirmait que « Musette is not dead »… Anne le confirme avec « Vita Brevis » qui, en treize titres (reprises et compos) nous baladent au cœur d’un jazz aérien et sensuel à des ritournelles « musette » qui donnent envie de guincher dans un p’tit bal du Samedi soir ! Ses phrases musicales se nouent et se dénouent, laissant place à des plages de silence qui ouvrent la porte à d’autres univers, nous faisant tourbillonner dans des valses pétillantes ou esquisser un pas de tango langoureux… Anne fait corps avec son accordéon diatonique qui prend des airs de chromatique, elle laisse s’échapper des trilles joyeuses et passionnées, pour se réfugier dans des ambiances plus intimistes, nous dessinant en variations subtiles toute une palette d’émotions sur les touches de son instrument. Tout en nuances et avec force, Anne affiche une totale liberté en exprimant sa créativité qui semble sans limite. Vita Brevis : l’art est long, la vie est brève… Nous souhaitons à Anne une longue et belle carrière pour exercer son art qu’elle maîtrise avec sensibilité et talent !
Vita Brevis / Anne Niepold / Achat du CD sur le site d’Anne
Vous trouverez (ici !) la chronique de Bruno !
Bordeliko / Sidi Wacho / Pias Distribution / Mars 2018 / 14€
Christine Le Garrec