Cult of Luna sème la tempête au Trianon

Bon maintenant vous pouvez plus faire semblant de ne pas connaître Cult of Luna , entre un débrief de leur concert au Hellfest 2019 et une chronique sur leur dernier album sorti en septembre dernier, le groupe suédois est au cœur de l’actu metal avec une nouvelle tournée qui affiche quasiment complet partout où elle s’arrête. D’ailleurs la seule date française, au Trianon à Paris, s’est avérée être la première à afficher complet quelques semaines après son annonce. C’est donc là bas que je me suis rendu pour aller assister à leur nouveau spectacle.

Après quelques minutes d’attente dans le froid parisien, le Trianon ouvre ses portes et les fans entrent peu à peu dans cette magnifique salle. La fosse et les deux balcons du théâtre se remplissent peu à peu. Et les lumières s’éteignent au bout d’un moment.

Le bal s’ouvre avec la prestation de A.A.Williams. Accompagné d’un bassiste et d’un batteur, la chanteuse anglaise alterne entre guitare et clavier pour construire un univers doux et mélancolique. Une première partie envoûtante qui a permis de se mettre peu à peu dans l’atmosphère de la soirée. Une belle découverte.

C’est avec la seconde partie que les choses se sont gâtées. Le Trianon semble désormais plein et c’est le trio belge Brutus qui vient poursuivre le bal. Et là c’est la claque…
Face à ses deux compères à la guitare et à la basse, Stefanie Mannaerts assure la batterie et le chant. Leur prestation est incroyable. Des riffs de guitares ensorcelants viennent se mêler à la basse et aux rythmes énergiques teintés de punk de la batterie, tandis que la voix vient prendre aux tripes et au coeur. Un mélange et une aura qui donnent à la fois envie de pogoter et de rester bouche bée devant le spectacle. Les titres s’enchaînent et l’alchimie entre les membres est parfaite et le public est à l’unisson, envouté du début à la fin par cette musique qui semble toujours vouloir aller plus haut. Un très gros coup de cœur pour ce groupe et notamment leur titre War. Y a plus qu’à espérer les revoir vite par chez nous !

L’heure fatidique approche. L’impatience se fait sentir dans la foule tandis que le décor de Cult of Luna prend forme et que la fumée commence peu à peu à envahir l’espace dans la salle désormais blindée. Voir ce théâtre à l’aspect élégant et à l’atmosphère chaleureuse se faire posséder par cet épais brouillard artificiel et par l’univers visuel à la fois sobre et froid de Cult of Luna est assez fascinant.
Les lumières s’éteignent et le vent commence à souffler dans les grandes tentures tachées de noir qui habillent le fond de la scène. Semblables aux voiles d’un navire fantôme, elle s’agitent calmement sous les faibles lumières qui les éclairent.

Surgissent alors sous les applaudissements les sept ombres des membres du groupe. Les premières notes se font entendre, se perdent dans le lointain et lorsqu’un semblant de calme revient, la batterie fait son entrée annonçant The Silent Man qui résonne dans le Trianon, bientôt suivi d’un déluge de lumière aveuglante. Le public réagit au quart de tour et headbang au rythme du riff ravageur du morceau.

Comme pour leurs albums, Cult of Luna a méticuleusement composé sa setlist. Alternant entre anciens titres et ceux de leur nouvel opus, les suédois nous ont concocté un sublime voyage musical parfaitement rythmé.

Un petit silence suit le premier morceau bientôt brisé par le puissant Finland. Le brouillard ne cesse de s’épaissir et il est quasi impossible de discerner les visages des musiciens, ils ne resteront que des ombres mouvantes dans cette ambiance qui semble tout droit sortir d’un autre monde.

Les titres s’enchaînent pour le plus grand plaisir des fans, toujours précédés d’un petit silence au suspense excitant. En reprenant notre souffle, on se demande… Quel va être le morceau suivant ?

Nigthwalkers et I: The Weapon continueront à alimenter la tempête jusqu’à ce que And With Her Came the Birds vienne souffler un calme enivrant et envoûtant, porté par la voix murmurante de Fredrik Kihlberg.

Plongés dans notre bulle on ne voit pas le temps passer et le concert entame le début de sa phase finale avec le magnifique Lights on the Hill. Et c’est après ce moment des plus hypnotisant que la tempête reprend, avec le puissant et cultissime titre In Awe Of. La voix de Johannes Persson est toujours aussi efficace et vient faire trembler les murs du Trianon. Arrive le moment tant attendu, le passage le plus fort du titre (4:30 pour les curieux et curieuses).

La salle headbang comme une seule personne et la voix de Johannes Persson vient transpercer les spectateurs qui reprennent avec lui les paroles, avec autant de rage que lui. Je vous laisse imaginer la poussée d’adrénaline qu’a pu procurer ce moment.

Sans interruption le groupe enchaîne avec le planant et Passing Through… un bref moment de répit avant le grand final avec The Fall issu du dernier album. Le pouvoir fédérateur de Cult of Luna opère à nouveau alors que le morceau touche à sa fin. Dernière pause, dernier riff qui se fait plus calme et plus long, les musiciens le faisant durer un peu plus encore. On sent la salle qui retient son souffle, sachant pertinemment ce qui va suivre. Le groupe prend un malin plaisir à faire durer ce moment suspendu, puis la batterie reprend et la salle explose. Le Trianon et le groupe ne semble faire qu’un, les screams du public rejoignant la voix du chanteur jusqu’à la dernière note de ce concert ébouriffant.

Un tonnerre d’applaudissements, le groupe remercie son public, Johannes Persson descend même serrer quelques mains avant de disparaître avec les autres membres aussi calmement qu’ils étaient apparus.

Un concert mémorable, de très belles découvertes pour ma part avec les deux premières parties et un final comme j’en ai rarement vu. Le tout parfaitement orchestré avec un running order nickel. Les plus patient auront même eu le droit à un petit échange et quelques dédicaces de Johannes Persson au merch à la fin du show.
Petite pointe de déception cependant, partagée avec quelques autres spectateurs croisés : on espérait absolument Ghost Trail (comme ce fut le cas au Hellfest cette année) et Dark City Dead Man… Il faudra être patient et attendre le retour du groupe suédois en France avec une nouvelle setlist.
Mais bon, voir tout un public en symbiose totale avec le groupe sur In Awe Of et The Fall, je vous avoue que je suis pas prêt de l’oublier !

Toutes les photos sont à retrouver sur ma page Facebook

Alexandre Vergne