Un Post-Générique fourni puisqu’aujourd’hui je vous présente quatre films : en cette période de janvier-février, on a eu droit à de très bonnes sorties ! Que ce soit avec l’expérience d’immersion dans laquelle nous plonge 1917, le thriller au suspense haletant qu’est Les Traducteurs, la comédie noir Jojo Rabbit ou encore le polar The Gentlemen, il y en a pour tous les goûts.
1917
Un des films qui a fait le plus parler de lui ces derniers temps, avec une communication un peu trop excessive axée principalement sur la prouesse technique qu’il représente. 1917 retrace un épisode de la Première Guerre Mondiale entièrement filmé avec une succession de faux plans séquences donnant l’illusion d’un film sans coupure, et qui apporte une sensation d’immersion totale au sein de l’aventure.
On y suit deux jeunes soldats anglais chargés d’apporter un message qui pourrait sauver la vie de 1 600 soldats prêt à s’engouffrer dans un piège. Mais ils leur faut arriver à l’aube pour empêcher le régiment de subir un véritable massacre.
Une course contre la montre haletante brillamment mise en scène. La volonté de tourner en plan séquence apporte un vrai plus à l’histoire et immerge totalement le spectateur. On ressent le stress des personnages face à l’horreur de la guerre et l’importance de cette mission.
D’ailleurs la performance des deux jeunes acteurs, George MacKay et Dean-Charles Chapman, est saisissante.
Le film possède également une belle esthétique avec des scènes marquantes comme celle de nuit dans un village en ruines où les flammes d’un incendie et les lumières des fusées de détresse offrent un splendide jeu d’ombres et de lumières. Un moment envoûtant et onirique sublimé par la musique de Thomas Newman.
Sa musique sert brillamment le film, rajoutant une couche de tension et donnant même quelques frissons lors du climax de fin, qui dégage une vrai puissance.
Mais ça mon compère David-Emmanuel vous en parle mieux que moi dans son dernier article (ici !)
En gros, 1917 est un film à voir au moins une fois au cinéma, tellement l’expérience qu’il propose s’avère être prenante et réussie. Cependant, je doute que ce type de film, basé sur la prouesse technique, sera aussi marquant lors d’un second visionnage dans des conditions hors salles obscures. Il n’en reste pas moins un bon film dont il faut profiter tant qu’il reste à l’affiche.
Et pour ceux que ça intéresse, voici une vidéo de making-of très intéressante.
Jojo Rabbit
Ces dernières semaines où j’ai enchaîné les séances de ciné, Jojo Rabbit était celui qui me titillait le plus … Après avoir entraperçu quelques images de la bande annonce du film de Taika Waititi je me suis donc précipité sur les premières séances VO, que je recommande chaudement pour un film de ce genre.
Jojo Rabbit c’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans qui est enrôlé dans les jeunesses hitlériennes et qui a pour rêve d’être membre de la garde personnelle d’Hitler. Ayant totalement foi dans le régime nazi, le petit Jojo se retrouve alors confronté à un événement qui va commencer à tout remettre en question : une juive se cache dans son grenier.
Une comédie noire qui fait du bien. Dès la scène d’ouverture, le ton décalé est donné et on est lancé pour 2 heures de film. Avec une esthétique colorée et un Taika Waititi incarnant un Hitler ami imaginaire de Jojo, on se retrouve plongé dans une suite d’événements et de situations absurdes pointant du doigt la stupidité des idéaux nazis.
Avec une palette de personnages haut en couleurs, tous brillamment interprétés, on suit les remises en question du petit Jojo face à son fanatisme. Tournant en dérision tout ce qui a trait à l’idéologie nazi, le film montre également une facette sombre et réelle de cette époque.
Arrivant à doser ces séquences et celles beaucoup plus absurdes, Jojo Rabbit nous balade entre plusieurs émotions et fait mouche à chaque fois.
Les séquences réunissant Jojo et son ami imaginaire Hitler sont très amusantes, et bien que l’affiche et la bande-annonce les mettent bien en avant, le film n’en n’abuse heureusement pas.
Un film touchant, drôle et à l’humour noir bien senti, à voir muni de son second degré.
Les Traducteurs
La bonne surprise de ces dernières sorties : un film français au suspense haletant et aux multiples rebondissements qui dément qu’il n’y a pas que des comédies potaches en France, n’en déplaise à certains.
Alors que le troisième tome de la série à succès Dédalus s’apprête à sortir, l’éditeur Éric Angstrom annonce une grande première : le livre sortira en sortie simultanée dans les langues des pays où il est le plus vendu. Réunissant donc neuf traducteurs, Éric Angstrom met en place un protocole bien particulier pour éviter les fuites. Il enferme les traducteurs dans un bunker sous un manoir perdu en pleine campagne, sans moyens de communication vers l’extérieur, avec des règles bien précises.
Mais lorsqu’un hacker annonce qu’il va publier les dix premières pages de Dedalus s’il ne reçoit pas une importante rançon, Angstorm révèle sa nature impitoyable et tente de démasquer le hacker parmi les traducteurs, seules personnes en possession du manuscrit.
C’est dans ce contexte que débute cette enquête à huis clos. Avec une mise en scène assez sobre mais efficace, le film s’avère prenant jusqu’à la révélation finale.
Bien que certaines scènes s’avèrent quelques peu surjouées, l’ensemble du casting est parfait et l’équilibre de présence entre les différents personnages instaure rapidement le doute quant à l’identité du hacker. La prestation de Lambert Wilson en éditeur tyrannique et cupide est remarquable.
Le film offre de multiples rebondissements et révélations qui amènent davantage d’énergie à l’histoire.
La barrière entre les langues permet même la réalisation d’une scène totalement intense et ingénieuse qui amène une vraie tension lors de l’acte final
Difficile de parler de Les Traducteurs de Régis Roinsard sans trop dévoiler les ficelles de l’intrigue. Je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce film fort prenant.
The Gentlemen
Avec The Gentlemen, Guy Ritchie revient aux sources et signe un polar haut en couleur teinté d’humour.
Lorsque le baron de la drogue Mickey Pearson souhaite prendre sa retraite et vendre son empire, les différents clans qui gangrènent la ville veulent à tout prix s’emparer de sa fortune. Débute alors un engrenage de machinations et de complots au sein de Londres.
Un film qui rappelle fortement Snatch, film culte avec lequel Ritchie a fait ses débuts.
Une belle brochette de personnages charismatiques incarnés par de superbes acteurs, de Matthew McConaughey en Mickey Pearson à Charlie Hunnam en bras droit dévoué, en passant par Colin Farrell en coach de boxe, Michelle Dockery en femme fatale, et Hugh Grant en journaliste malicieux.
Mention spéciale à ce dernier qui crève l’écran par sa prestation.
L’histoire s’avère palpitante bien que je trouve qu’elle manque un peu d’action pour dynamiser le tout. Mais le film s’illustre et marque par ses dialogues savoureux.
Commençant par une scène se déroulant à la fin du film, et reprenant le récit complet de l’histoire retracé par le journaliste Fletcher (Hugh Grant) à Raymond (Charlie Hunnam), bras droit de Mickey Pearson, la structure du film permet d’attiser le suspense et d’offrir de beaux rebondissements, avec notamment des séquences romancées et fantasmées par Fletcher, ensuite corrigées par la version de Raymond.
C’est avec cette mécanique de puzzle plus ou moins complexe à comprendre que le film arrive à accrocher le spectateur jusqu’à la fin. A la manière d’un Snatch, The Gentlemen fait se télescoper différents personnages, différents réseaux, qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Et c’est ce qui fait le charme du film. Voir ces personnages issus de milieux différents et n’ayant pas les même ambitions se croiser et se lier malgré eux est vraiment des plus plaisant.
The Gentlemen semble reprendre les codes des anciens films de Guy Ritchie, les adaptant à l’air du temps. Le long-métrage manque cependant de quelques séquences plus vives et d’un montage plus dynamique propre à la patte du réalisateur de Snatch, des deux Sherlock Holmes et du Roi Arthur. Films qui marqué en partie grâce à un type de montage propre au style du réalisateur britannique. On regrettera aussi le peu de temps à l’écran de Colin Farell et de son personnage atypique, qu’on aurait aimé voir plus longtemps. Un bon film, mais sur lequel Ritchie ne semble pas très inspiré.
Alexandre Vergne