Au cours de ce nouveau Culture Geek, je vous invite à vous aventurer dans les histoires pleines de pulp que contient la série Doggybags. Entre la réédition du premier numéro et la sortie d’un nouveau pour la saison 2, le Label 619 nous gâte. C’est aussi l’occasion de vous parler de deux projets en financement participatif qui s’annoncent fort intéressants !
Doggybags numéro 1 (Réédition)
Commençons par le commencement. À l’occasion des 15 ans d’Ankama Éditions, les fans ont pu découvrir ou redécouvrir les titres phares de la maison d’édition. Et dans cette dernière vague de rééditions nous avons droit au premier numéro de la série d’anthologie Doggybags.
Ce premier numéro de la série phare du Label 619 contient trois histoires scénarisées par Run, Guillaume Singelin et Florent Maudoux. Les trois papas de Doggybags nous embarquent dans une série d’aventures répondant à la devise de la série: « Suspense, Frissons et Horreur!! ».
Le numéro débute dans l’Ouest Américain, du côté d’Oakland si l’on en croit les patchs des blousons de la bande de bikers qui s’est incrustée dans la fête. Une soirée au milieu des bois un soir de pleine lune autour d’un petit concert de country, comment ça pourrait mal se passer ?
C’est intéressant de découvrir la genèse de Doggybags. Ici le style de Guillaume Singelin est assez éloigné de celui que je lui connais et c’est plaisant de découvrir une autre facette de sa patte graphique. Avec un découpage des cases quasi uniquement en paysage, l’histoire adopte un style et une ambiance très cinématographique et offre parfois des pages complètes qui sont un régal pour les yeux.
La suite nous est livrée par Florent Maudoux qui nous emmène du côté du Japon avec une aventure de Masiko, un personnage issu de sa série Freaks’ Squeele, que je n’ai pas encore eu l’occasion de découvrir.
Toujours est-il que cette histoire s’avère trépidante et donne envie d’en découvrir davantage sur l’univers dont elle fait partie.
On y suit donc Masiko, une tueuse évoluant dans le monde trouble de la pègre qui semble avoir mis en rogne certains de ses leaders. S’ensuit une traque sanglante et sans pitié où la jeune femme devra régler ses comptes mais également protéger son bébé.
Florent Maudoux nous gratifie d’ambiances nocturnes, d’appartements tamisés et de ruelles sous une pluie battante. Une atmosphère urbaine sublimée par son trait et ses personnages aux aspects réalistes, nous offrant de belles séquences d’actions bien dynamiques.
Petit coup de cœur pour cette histoire et son ambiance éclairée aux néons sous la pluie, comme je les aime !
Et c’est Run qui clôture le bal avec une histoire dans le désert américain, à l’orée de la frontière mexicaine.
Au cours de cette histoire teintée de violence brute et d’éléments nous faisant douter de la réalité, on suit la traque d’un braqueur responsable d’un vol raté ayant tourné au bain de sang. À ses trousses un flic impitoyable prêt à tout pour lui mettre la main dessus.
Avec ses compositions uniques, son dessin aux aspects rétro et son scénario toujours bien ficelé, Run nous embarque sous la chaleur pesante du désert dans une histoire aussi morbide qu’haletante.
Bien entendu on retrouve entre chaque histoire les petits passages de documentation toujours bien foutus ainsi que la mise en page rétro et ses petites publicités à l’ancienne. Comme c’est une réédition, on trouve également à la fin quelques petits croquis en bonus.
Bref, si comme moi vous n’avez pas eu l’occasion de suivre la première saison de Doggybags à sa sortie c’est le bon moment pour s’y jeter !
La réédition du numéro 1 de Doggybags est disponible en libbrairies et sur l’Ankama Shop
Doggybags Numéro 16
Troisième numéro de la saison 2, Stress Killers on the Loose nous embarque dans trois nouvelles histoires sordides, dont certaines sont inspirées de faits réels.
Ce sont El Puerto et Tomeus qui ouvrent le bal, avec un récit se déroulant en Afrique aux côtés d’un trio de mercenaires cherchant à s’emparer du butin détenu par un terrible et mystérieux seigneur de guerre.
Quel plaisir de retrouver le dessin de Tomeus, que j’affectionne particulièrement depuis que je l’ai découvert dans le numéro spécial Beware the Rednecks (chroniqué ici). Avec son trait épais, le décor et les personnages prennent une dimension cartoonesque et assez rétro, qui rappelle le style de l’épisode Un vieux démon de la série d’animation Love Death and Robots (chroniqué ici). En plus de ça le scénario d’El Puerto s’avère prenant et des plus savoureux, notamment avec une chute bien cinglante.
L’histoire suivante est signée Mud et est mise en image par Tristan Evin. Reconstituant la “virée sanglante” des frères Stovall dans le Colorado, le scénario prend une tournure originale en racontant l’histoire du point de vue des armes.
Ici les armes parlent, et l’aspect graphique vient le souligner en adoptant une colorisation noire avec des contours rouges pour faire ressortir ces instruments de mort.
Moins emballé que la précédente histoire pour ma part… Mais il faut reconnaître que le concept de donner la parole aux armes est très intéressant. De plus le dessin de Tristan Evin est très riche en détails et dégage un aspect sale qui correspond bien à l’atmosphère du récit.
Le final, inspiré de faits réels également, scénarisé par Run et dessiné par Ké Clero, s’avère des plus glaçant. Springfield, 29 août 1995. Mark Winger assiste dans sa maison au meurtre de sa femme par un inconnu. Ni une ni deux, il neutralise l’agresseur avec son pistolet avant de l’achever avec le marteau utilisé sur sa femme.
Une affaire des plus sordide, rapidement bouclée par la police mais qui s’avèrera encore plus glauque et surprenante quelques années plus tard…
La scénarisation de Run est toujours impeccable et le dessin un peu fouillis de Ké Clero colle parfaitement à l’ambiance et est très agréable pour la rétine.
Dans l’ensemble ce Doggybags m’a moins emballé que les précédents que j’ai pu lire, mais la richesse de la documentation ainsi que la patte rétro de l’ouvrage sont toujours aussi plaisants et méritent amplement le détour.
Ce nouveau Doggybags est disponible en librairie ainsi que sur l’Ankama Shop
Et maintenant petit tour des projets en financement participatif sur lesquels je suis tombé récemment.
Astra Mortem
Un projet bien alléchant que celui-ci, et qui est déjà intégralement financé. Les nouveaux dons permettront de davantage développer la qualité du projet et des contenus. De quoi s’agit-il?
Astra Mortem est un roman graphique de dark fantasy scénarisé par Sullivan et Alt236, et mis en image par Mehdi Chamsa.
Le synopsis : “Astra Mortem est un roman graphique qui nous emmène sur les terres d’Uzra, planète à l’univers dense et cauchemardesque. Les humains sont plongés dans un obscurantisme violent et l’espoir a depuis longtemps déserté les villes et les villages. Notre héros est un vieil homme qui a quitté sa terre natale et qui livre ici sa dernière bataille. Lui, l’ex-champion puissant et fier, va devoir puiser dans ses dernières ressources afin de ne pas quitter cette vie sans savoir ce qu’il est advenu de sa fille, disparue depuis 20 ans. Du village de Pestilence à la mystérieuse Île des Bardes, des geôles abyssales aux citadelles perdues en passant par un désert en ruines, Wander va s’engager dans un périple aux confins de la raison et du monde connu, fort de certitudes qui vont bien vite voler en éclats.”
Un scénario des plus alléchant, mais c’est surtout le style graphique qui m’a sauté aux yeux. Le dessin de Mehdi Chamsa est d’une richesse incroyable, tout de noir et blanc. Il offre une dimension aussi bien fantaisiste que de science fiction, tout en donnant un aspect sombre très gothique.
Le financement étant bien avancé, de nombreux paliers et récompenses supplémentaires ont été ajoutés, dont une bande originale de 12 titres accompagnant les 12 chapitres ainsi que des prints d’artistes invités parmi lesquels se trouve Mathieu Bablet !
Je vous mets ICI le lien pour que vous puissiez découvrir plus en détails ce superbe projet
Shangri-La, spectacle musical et visuel immersif
Là on est sur du projet ambitieux d’envergure. Développé par UMANIMATION, ce projet vise à donner vie à la BD culte de Mathieu Bablet, « Shangri-La ».
Sous forme d’un concert immersif dans une mise en scène cubique occupée par des écrans géants, les planches de la BD prennent vie et sont accompagnées par une bande originale exclusive jouée en direct. En plus d’offrir cette expérience inédite, UMANIMATION propose également une prolongation de l’expérience via des casques VR et une appli sur smartphone.
Le lien est juste ICI si vous désirez en apprendre davantage :
Et si comme moi vous n’avez pas encore mis la main sur la BD de Mathieu Bablet, sachez qu’elle sera prochainement rééditée à l’occasion des 15 ans d’Ankama Éditions !
Alexandre Vergne