Arts et essais N°51

Et voici ma dernière rubrique « Arts et essais » pour clôturer cette loooongue et pénible année 2020 ! Au programme : art sous toutes ses formes, photographie, musique (avec Brassens), cinéma (avec James Bond), théâtre et poésie (avec la très libre et féministe Aphra Behn), un ouvrage sur le symbolisme des contes, trois très beaux livres sur la nature et deux ouvrages nés pendant le premier confinement qui traitent du sujet avec humour, en mots et en images ! Pour conclure, je vous propose de découvrir l’excellente revue « Hiya ! »qui se consacre aux cultures urbaines… Et dont le premier numéro vient de sortir ! Belle fin d’année à vous toutes et tous… Et belles et bonnes lectures !!!

En cinq grands chapitres (« Impérialisme et révolution », « Après-guerre et indépendances », « Identités dissidentes et groupes de résistance », « Identités et transnationalisme », « Art et militantisme »), cet ouvrage nous dévoile une cinquantaine de mouvements artistiques « rebelles » dans un exhaustif et passionnant tour du monde de l’art contestataire. Pour chaque mouvement, retracé dans le contexte social et politique de l’époque où il a vu le jour (de la fin du 19ème siècle à nos jours), on découvre ses artistes majeurs, la forme artistique choisie, quelques-unes de leurs oeuvres emblématiques, et ses principales collections. Pérennes ou éphémères, ces mouvements composés d’artistes engagés vers le même idéal affirment, si besoin était, l’importance de l’art pour exprimer la colère mais aussi l’espoir en un monde meilleur et plus juste… Et c’est avec autant d’exhaustivité que de clarté que ce bel ouvrage nous convie à un fabuleux panorama de cet art « essentiel », qui allie avec une belle vitalité esthétique et conscience politique !

Art et contestation dans le monde par Jessica Lack, Flammarion, 2020 / 12€

Graffeurs, peintres, pochoiristes, photographes, sculpteurs, designers, muralistes… Les artistes du street art, en différents supports et techniques, embellissent l’espace urbain tout en suscitant bon nombre de réflexions. C’est ce que vous allez découvrir au fil des pages de ce très beau livre qui offre à notre regard 120 oeuvres poétiques, humoristiques ou engagées, captées tout autour du monde, dans un festival de couleurs et d’émotions qui dévoile l’incroyable talent de ces artistes et dessine l’immense richesse de cet art « étrange » ! Un très beau « catalogue d’exposition » de cet art vivant et accessible à tous qui habille avec force et en beauté les murs de nos villes… Et n’en finit pas de nous épater !

Strange Art (collectif), Larousse, 2020 / 25€

En six grands chapitres dûment documentés et richement illustrés de reproductions d’oeuvres pour chaque époque concernée (« Les débuts : 1500 ans avant J.C. à 1400 », « Retour au réalisme : 1400 à 1600 », « Grandeur et raffinement : 1600 à 1700 », « Illusion et artifice : 1700 à 1800 », « Un siècle haut en couleur : 1800 à 1900 » et « Abstraction et modernisme : à partir de 1900 »), cet ouvrage nous immerge de belle manière dans l’Histoire de l’art, des premières traces artistiques à l’ère moderne. De l’art rupestre à la peinture en pixels, on y suit avec intérêt l’évolution des techniques et des matériaux, doublée de nombreuses analyses sur les artistes les plus représentatifs de chaque mouvement (« Simone Martini et l’art de la dorure », « les portraits peints du Fayoum », « la peinture à l’huile de van Eyck », « Titien et la couleur », « Pontormo et l’art de la déformation », « Sesshu et la technique de l’encre éclaboussée », « la pureté de Poussin », « les chairs de Rubens », « la sérénité de Vermeer », « Rembrandt par lui-même », « Vélasquez à l’oeuvre », « le calme de Chardin », « les panoramas de Canaletto », « la frivolité de Fragonard », « le style de Goya », « la simplicité de Cotman », « les études de Constable », « la muse de Rossetti », « la couleur pure de Monet », « la couleur de Van Gogh », « la vision de Picasso », « l’abstraction pure de Kandinsky », « Pollock et le drip painting », « la Maryline de Warhol », « la technique mixte de Kiefer »…). Un très bel ouvrage, fort bien construit dans un équilibre parfait entre érudition et vulgarisation, qui nous offre un gigantesque et passionnant panorama de l’art pictural… La seule activité, avec la parole et la musique, qui nous distingue des autres créatures vivantes !

Une histoire de la peinture : décrypter les grands tableaux (collectif), Flammarion, 2020 / 29,90€

Quelle mouche a piqué Francis Bacon de détruire la totalité de son oeuvre, ne sauvant qu’une poignée de petits tableaux ? Et quelle mouche a donc piqué Alexander Calder quand il a consacré cinq ans de sa vie à réaliser son cirque, composé de 200 personnages en fil de fer ? Certainement la même qui a piqué Frida Kahlo, la faisant changer sa date de naissance pour celle du 7 Juillet 1910, date du début de la révolution mexicaine… Une mouche nommée inspiration, talent et génie qui se balade au fil de ce bel ouvrage pour explorer de manière ludique l’Histoire de l’art contemporain, sous la forme originale d’un jeu de questions / réponses mené avec brio par Cyrille Putman. De Pierre Alechinsky à Erwin Wurm, celui-ci nous dévoile au fil des pages de cet abécédaire, la vie et la création d’une centaine d’artistes contemporains, qu’il a pour la plupart côtoyés, nous immergeant avec humour dans leur processus de création par le biais de savoureuses anecdotes. En fin d’ouvrage, il nous présente son « Salon des refusés », certains ayants droit (ou artistes) ayant refusé que leurs oeuvres ou celles de leurs ascendants y soient interprétées… Illustré des dessins de Lucas Coskun (sauf pour les artistes « refusés », tels Gaston Chaissac, Joan Miro, Mark Rothko, Pierre Soulages…), cet ouvrage hors du commun nous offre une mine de renseignements sur les concepts de l’art contemporain, avec autant d’humour que de virtuosité !

Quelle mouche l’a piqué ? par Cyrille Putman (illustré par Lucas Coskun), Flammarion, 2020 / 28€

Des hommes vivent ici… Toute une humanité traquée, cernée, qui cherche un refuge après avoir fui guerres ou persécutions raciales ou religieuses, au péril de leur vie. Une population venue d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan, de Somalie ou de Syrie, en recherche de sécurité, d’asile et de dignité, qui ne trouve qu’abris précaires et la peur au ventre de se faire arrêter et reconduire dans l’enfer d’où ils viennent… Sous l’oeil et l’écoute attentive de Marion Osmont, la réalité spécifique de Calais se dévoile sous nos yeux et nous va droit au coeur au fil des pages de ce livre poignant, fruit de deux ans de reportage au sein de la jungle de calais, de 2009 à 2011. Un reportage au cours duquel Marion rend visible ces hommes, femmes et enfants pris au piège d’une administration qui gère sans la moindre humanité leur sort, sans se pencher sur les causes profondes de leur présence et sans proposer d’alternative acceptable, punissant au passage du crapuleux délit de solidarité ceux qui tentent de leur venir en aide… Interventions policières musclées, destructions de lieux de vie si précaires soient-ils, expulsions, agressions, demandes d’asiles rejetées : survivre dans ce no man’s land tient de la roulette russe… Appareil photo en mains, Marion témoigne de la misère et de la détresse. Elle observe mais surtout écoute oreilles grandes ouvertes, la parole de ces laissés pour compte qui prennent toute réalité et substance sous sa plume, tels Ammanuel et Haroon qui se sont livrés à elle en toute sincérité. Certains ont réussi à passer en Grande Bretagne ou en Italie, d’autres ont disparu sans laisser de traces, d’autres encore ont capitulé et demandé à rentrer chez eux… Au cours de son investigation, Marion a également rencontré des « justes » qui mettent tout en oeuvre pour sortir ces malheureux de leur inextricable situation : Claire Rodier (juriste au groupe d’information et de soutien des immigrés et cofondatrice du réseau Migreurop), Sylvie Copyans (secrétaire de l’association Salam), Marc Boulnois (maire de Norrent-Fontes et président des élus hospitaliers), Mathieu Quinette (chargé de programme, missions Médecins du Monde migrants littoral Nord pas de Calais) qui lui ont livré leurs espoirs et leur combat quotidien pour protéger ceux qui n’ont rien… Une situation encore aujourd’hui bien réelle et bien loin d’être réglée, que le fabuleux travail de Marion Osmont expose avec une belle humanité : je ne suis pas prête pour ma part à oublier la détresse des regards captés, et la force des témoignages qu’elle a recueillis…

Des hommes vivent ici par Marion Osmont, Images Plurielles, 2012 / 25€

Les éditions « Images Plurielles » proposent à notre curiosité ces deux superbes coffrets contenant chacun de magnifiques photographies en noir et blanc, le premier ayant pour thème l’innocence de l’enfance et le second, notre attachement à notre éternelle petite reine. Réalisés en carton recyclé, façonnés et conditionnés à la main de manière artisanale, imprimés à base d’encre végétale, ils sont fabriqués en France, en tirages limités… Et ils sont trop beaux !!! D’autres coffrets, présentant bien d’autres thématiques, sont également disponibles sur le site de l’éditeur.

Accompagnées du poème « Les enfants de l’aube » de Marcus Malte, les 22 photos du coffret « Les innocents » nous dévoilent l’univers des gosses de rue à travers leur jeux ou leurs interrogations face au monde, toutes émotions imprimées dans leurs gestes et dans leurs regards. Si la misère semble partout en arrière plan, il se dégage des clichés d’Abed Abidat, comme dans ceux de Doisneau en son temps, une force de vie et de joie de vivre à travers les moments insouciants, les sourires éclatants et les regards malicieux qu’il a su capter avec humanité et bienveillance. Des instantanés de vie volés avec grâce qui « nous suivent longtemps, longtemps, et qui restent. Leurs grands yeux sont noirs même quand ils sont bleus »… Superbe.

Les innocents par Abed Abidat (photographies) et Marcus Malte (texte), Images Plurielles, 2019 / 22€

Premiers tours de roues hésitants et premiers instants de liberté, vélos abandonnés contre un arbre ou dans un fossé pour une partie de pêche improvisée ou pour une sieste crapuleuse entre amoureux au creux d’un buisson, cascades intrépides pour épater la galerie… En ville ou sur les routes de campagne, la petite reine assouvit en toute simplicité nos envies d’ailleurs et nous permet de regarder le monde en douceur, au ralenti et à notre rythme. Un temps détrônée par l’automobile, la bicyclette n’a jamais totalement disparue et connaît même aujourd’hui un regain de popularité chez un large public qui la privilégie aux quatre roues consommatrices de pétrole et génératrices de pollution… Le plaisir infini de rouler au vent, la tête dans les étoiles, de préférence en bonne compagnie, a été chanté en son temps par Bourvil ou Montand en ritournelles intemporelles… C’est en les fredonnant sourire aux lèvres que vous admirerez les treize superbes clichés de ce coffret, réalisés par Mathieu Do Duc et accompagnés d’un très beau texte à la gloire du vélo, signé par François Thomazeau. « Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins… on se sentait pousser des ailes… A bicyclette… »

A bicyclette : le monde à vélo par Mathieu Do Duc (photographies) et François Thomazeau (texte), Images Plurielles, 2019 / 15€

Jean-Claude Lamy, biographe de Brassens, à qui il a déjà consacré d’autres ouvrages, nous offre un fort beau cadeau en cette fin d’année avec ce livre grand format, enrichi de nombreuses photos inédites, issues de collections privées, pour célébrer le centenaire de la naissance de notre chanteur moustachu, aussi bourru que pudique, dont le riche répertoire fait désormais partie intégrante de notre patrimoine. On y apprend tout sur la vie et sur la carrière de ce chanteur libre et libertaire (de nombreuses fois censuré !) pour qui la liberté était le bien le plus précieux : famille, enfance, amitiés, amours, lieux de vie, concerts, discographie… Jean-Claude Lamy nous offre, avec cette biographie aussi intimiste qu’exhaustive, un portrait fidèle et émouvant du « polisson de la chanson », qui a laissé à la postérité des textes travaillés à l’extrême, accompagnés de grilles d’accord « jazz » bien plus complexes qu’elles ne le paraissent. Apparaissent de ci-de-là, des bribes de ses chansons… Sincères, poétiques, grivoises ou humoristiques, celles-ci reflètent la philosophie et la personnalité de cet auteur tellement attachant dont la camarde nous a privés prématurément, en laissant un grand vide dans le paysage de la chanson française… Nous restent à écouter son riche et intemporel répertoire dont on ne se lassera jamais, repris dans tous les styles par bon nombre de générations derrière lui… Un CD de dix chansons inédites (enregistrements réalisés par des amis ou par Brassens lui-même dans son studio) complète ce document rare que tout admirateur de Brassens se doit d’avoir dans sa bibliothèque… Et dans sa discothèque !

Brassens auprès de ses arbres par Jean-Claude Lamy (livre + 1 CD 10 titres), L’Archipel, 2020 / 29,95€

Immortalisé au cinéma par Sean Connery, Georges Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig, l’agent secret 007 est né de la fertile imagination de Ian Fleming, un auteur british un brin réactionnaire, raciste et misogyne… Si l’on connaît bien les films qui ont été réalisés à sa gloire, nous sommes peu nombreux par contre à appréhender la personnalité de cet homme d’action à travers les écrits de son créateur (douze romans et deux recueils de nouvelles)… Ce n’est pas le cas de Guillaume Evin qui se révèle être un parfait connaisseur de l’oeuvre littéraire dont est issu notre agent secret au service de sa majesté : jeunesse, fidélité à la couronne, missions périlleuses, amours, fêlures, passion du jeu, (et même goûts culinaires !), il n’a rien laissé au hasard dans cette biographie qui nous dévoile la vraie nature de cet être complexe et puissant, vulnérable et attachant, flegmatique et séduisant ! Il faudra attendre le 31 Mars 2021 pour découvrir au cinéma « Mourir peut attendre »(vingt-cinquième film qui lui est consacré), dont la sortie a été repoussée à multiples reprises depuis la crise sanitaire et la fermeture des salles obscures… Pour patienter, il ne vous reste plus qu’à parfaire votre connaissance du célèbre Bond avec cette passionnante biographie avant de vous régaler de ses exploits sur grand écran !!!

Il était une fois James Bond par Guillaume Evin, L’Archipel, 2020 / 18€

Poétesse et dramaturge anglaise du 17ème siècle, Aphra Behn, femme libre et indépendante, a autant connu le succès par ses écrits que subi l’opprobre de l’opinion publique qui lui valut d’être traitée de « pute et poétesse » : la belle ne gardait pas sa plume dans sa poche et il ne faisait pas bon à l’époque de déclamer certaines vérités lorsqu’on était une femme… Aventurière et voyageuse, critique de l’esclavagisme et du mariage arrangé (qu’elle a elle même subi…), Aphra Behn fut également espionne au service de sa majesté à la mort de son mari, emporté par l’épidémie de peste. Ruinée, il lui fallait bien survivre… Oubliée au fil des siècles, l’oeuvre d’Aphra Behn a été remise au goût du jour par Virginia Woolf et par les féministes anglo-saxonnes dans les années 70. Patti Smith l’a même évoquée dans sa chanson « Rock’n’roll nigger »… Au fil des livres de ce tout petit livre, Aline César qui lui voue un véritable culte, nous dévoile la vie de cette femme hors du commun, qu’elle agrémente d’extraits de son oeuvre furieusement moderne (« Le mariage forcé », « L’histoire de la nonne », « Le petit maître », « Oroonoko », « La vierge muette »). L’existence d’Aphra Behn m’était totalement inconnue jusqu’à la lecture de ce petit bijou… Qui m’a donné envie de lire dans leur intégralité les textes de cette féministe acharnée. Une fort belle découverte, en ce qui me concerne !

Aphra Behn, punk and poetess par Aline César, Supernova, 2020 / 15€

Symboliques, riches et complexes, les contes nous apportent l’exemple du courage face à l’adversité, sous l’incarnation de héros ou d’héroïnes vertueux en quête d’absolu qui doivent se confronter à de multiples épreuves pour se sortir de leur condition. Antérieurs à tous les récits écrits, ils ont relevé d’une tradition orale transmise de génération en génération jusqu’à ce qu’Andersen, Perrault, les frères Grimm, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont ou Charles Nodier (pour ne citer que les plus célèbres…) en retranscrivent bon nombre d’entre eux pour nous les restituer par écrit. Si Freud, puis Bruno Bettelheim, ont ensuite étudié les contes du point de vue psychanalytique, Irène Mainguy s’est quant à elle attachée à nous dévoiler la symbolique d’une cinquantaine d’entre eux… En trois minutes chrono par conte ! En sept grandes chapitres classifiés (« Les contes de la tentation », « Les contes de la transgression », « Les contes de la substitution », « Les contes de la trahison », « Les contes de la métamorphose », « Les contes de la délivrance » et « Les contes de l’ombre et de la lumière »), elle nous dévoile point par point le résumé et le développement de chaque conte choisi, son repère historique et un thème qui lui est lié, accompagné d’une superbe illustration, ainsi que des profils de leurs auteurs. Un travail minutieusement élaboré qui nous permet d’interpréter au plus près le message universel de ces contes intemporels dont l’origine se perd dans la nuit des temps, du point de vue moral, sacré et initiatique. Passionnant !

3 minutes pour comprendre la signification et le symbolisme des contes merveilleux par Irène Mainguy, Le Courrier du Livre, 2020 / 21,90€

Passé, présent, et certainement à venir… Le confinement a inspiré de nombreux auteurs qui en mots ou en images, nous ont dépeint le leur avec humour… En voici deux exemples, pour rire du pire !

« Soliloqueurs », « optimautruches », « optimichiants », hypocondriaques, « paranomaniaques », cafardeux, cossards, « pénurieux » stockeurs de PQ (si quelqu’un a une explication plausible à ce sujet, je suis preneuse !) et même affreux collabos, cachés derrière leurs rideaux et prêts à bondir sur leur téléphone pour dénoncer leur voisin à la Kommandantur au moindre faux pas… Le premier confinement, au cours duquel ce livre a été écrit, a révélé la personnalité de chacun d’entre nous. Tous un peu paumés face aux annonces des politicards , des « complotspirationnistes » et des « omniscientologues », nous avons attendu plus ou moins patiemment la fin de cet enfermement, jamais évident à vivre que l’on soit seul ou en famille… Quant aux malheureux télétravailleurs, ils ont dû continuer leur activité professionnelle en cherchant une harmonie introuvable entre leur vie familiale et leur boulot invité à leur domicile pendant de longs mois… Car les gosses aussi étaient confinés ! C’est avec un humour jubilatoire que Tonvoisin s’est amusé à catégoriser les différents types de confinés en prise avec leurs déboires, leurs contradictions et leur mauvaise foi, dans cet ouvrage où chacun a droit à son chapitre (tous construits en trois phases (confinés, modes d’exploits et post-confinés). Vous trouverez également en fin de volume de savoureux « vrais faux » témoignages plus vrais que nature où chacun se reconnaîtra ! Vu que nous allons encore fort certainement subir dans peu de temps une troisième période de confinement, ajoutez ce livre à votre liste lorsque vous ferez le plein chez votre libraire, car on risque une fois de plus d’être privé de lecture, cette activité « non essentielle »… Il vous apportera au moins le sourire.

Déconfinés avec des cons par Tonvoisin, Pygmalion, 2020 / 15€

Informations contradictoires, décisions incohérentes de nos gouvernants, anxiété généralisée alimentée par les médias de tous poils : le confinement, en refermant les gens sur eux-mêmes, et en les privant de liberté et de toute vie sociale et culturelle (et ça dure encore et encore, c’est que le début, d’accord, d’accord…) nous a tous plongés dans un climat anxiogène. Plutôt que de tourner en rond comme un poisson dans son bocal ou de se faire aveugler par l’ennui tel un lapin pris dans les phares, certains ont profité de cette période étrange et inédite pour faire preuve d’imagination et de créativité… Et c’est le cas de Clémentine Mélois qui n’a manqué d’aucune de ces qualités pour nous offrir les chouettes instantanés empreints de légèreté et d’humour que vous découvrirez dans ce bel ouvrage ! Au fil des (mauvaises) nouvelles quotidiennes, elle a joué avec les images tel un apprenti sorcier pour détourner un réel insupportable afin de le transformer en bulles légères et pétillantes, avec autant de talent que de malice… J’adooooore !!!!

Bon pour un jour de légèreté : images de confinement par Clémentine Mélois, Grasset, 2020 / 15€

Oiseaux, petits bêtes des jardins et architectes du monde animal : trois beaux livres « Nature » !

Peut-on imaginer un monde sans oiseaux ? Fragiles et gracieux, leurs chants sont la bande son de notre quotidien… Et pourtant, ils sont en danger. Près d’une centaine d’espèces d’oiseaux nicheurs (une espèce sur trois…) disparaissent, notamment dans les zones cultivées et urbaines. En Europe, 500 millions à un milliard sont décimés par les chasseurs, y compris ceux dont le taux de conservation n’est pas favorable. Et 12% des oiseaux sont menacés d’extinction dans le monde… Sentinelles de la nature, les oiseaux nous renseignent sur l’état de santé de nos écosystèmes et le bilan n’est guère joyeux… C’est ce que vous découvrirez au cours de ce bel ouvrage, richement illustré de superbes photographies, qui nous dévoile la richesse et la diversité du monde des oiseaux de toutes plumes (biologie, modes de vie, habitat, reproduction, migration, écologie de l’avifaune européenne…) et l’urgence de les protéger. Une encyclopédie précieuse pour tous les amoureux du monde ailé !

Oiseaux : sentinelles de la nature par Frédéric Archaux, Quae, 2020 / 26€

L’immense majorité des êtres vivants pèse moins d’un gramme et vit moins d’un an : pollinisateurs, recycleurs, prédateurs, décomposeurs, ils assurent les grands cycles du carbone, de l’azote et du phosphore nécessaires à notre survie. On en dénombre pas moins de 40 000 espèces, rien qu’en France… Qui sont-ils ? les petites bêtes de nos jardins ! Familières ou mystérieuses, elles sont partout autour de nous, nous émerveillent ou nous inquiètent sans que nous ne les connaissions vraiment… Grâce à François Lasserre (dont on ne présente plus le travail vulgarisateur, notamment en direction des enfants !) et à la collaboration de l’association « Humanité et biodiversité« , vous saurez tout sur ce petit peuple de l’herbe… Et découvrirez même certaines espèces aux noms des plus poétiques (agrion élégant, libellule déprimée, petite nymphe au corps de feu, sylphe triste, éristale gluant, zygène de la filipendule…) ! Pas moins de 100 portraits sont ainsi déclinés dans cet ouvrage aussi beau qu’instructif avec la présentation de chaque petite bestiole, son nom latin, ce qu’elle mange et qui la mange, le tout accompagné de superbes planches dessinées ! A vous désormais d’explorer votre jardin pour apprendre à mieux connaître ces petites bêtes… Et à les respecter, bien entendu !

Inventaire des petites bêtes des jardins par François Lasserre, Hoëbeke, 2020 / 25€

Cet ouvrage nous offre une trentaine d’exemples de surprenantes et astucieuses architectures animales, qu’elles soient individuelles, familiales ou collectives : variées dans leurs formes, leurs compositions ou leurs fonctions, celles-ci répondent toutes de manière fonctionnelle aux besoins de leurs habitants… Même si, pour un regard humain, certaines relèvent d’un incroyable esthétisme ! Comment et avec quels matériaux ces structures sont-elle construites ? Dans quel but sont-elles patiemment et ingénieusement mises en oeuvre ? Et quels sont les besoins et contraintes qui ont déterminé leur existence et leur forme ? C’est ce que vous allez découvrir au fil des pages de cet ouvrage dûment documenté et illustré de superbes photographies, qui nous dévoile l’incroyable ingéniosité de ces animaux bâtisseurs qui œuvrent dans tous les corps de métiers ! Jardiniers, paysagistes, mâcons, charpentiers, tisserands, couturiers, terrassiers, potiers… Que ce soit au creux des arbres, sur ou sous l’eau ou encore sous terre, ces animaux issus de tout le règne animal, sont de véritables artistes dont on ne se lasse pas de contempler les oeuvres !

Architectes du monde animal par Vincent Albouy et Eric Darrouzet, Quae, 2020 / 26€

Hiya ! Naissance d’un nouveau magazine qui donne de la voix aux cultures urbaines ! Et il est trop classe, à tous niveaux !

Militant, libre, et porté par un collectif d’artistes aux prises de position sans concession, Hiya ! a l’ambition de rendre compte avec respect et fidélité des enjeux culturels et sociaux urbains, en révélant au grand jour ses imaginaires. Et ce numéro « 0 », qui se propose de « réparer le monde », remplit déjà toutes ses promesses, sur tous les points ! Pas de pub, un grand format confortable, trois doubles pages qui se déploient en posters avec de superbes photographies exclusives (Kim Chapiron, Lask Twe et JR pour ce numéro !) et bien sûr un contenu engagé et argumenté : les cultures urbaines ont désormais leur vitrine ! Ce premier numéro nous propose une interview croisée d’Assa Traoré (fondatrice du comité « Vérité et justice pour Adama« ) et d’Abd Al Malik (qu’on ne présente plus !), un entretien avec Lad Jly (réalisateur du film « Les misérables« ), un reportage sur le collectif Good Dirty Sound, un article sur le street art et un second sur l’upcycling (pour lutter contre la surconsommation textile). Vous pourrez même scanner la playlist du mois, scrupuleusement choisie avec des titres de qualité, de toutes époques et de tous styles ! Vous pouvez vous procurer Hiya ! en kiosque au prix de 5€ ou choisir la formule abonnement : le numéro ne vous coûtera alors que 4€, sera directement livré chez vous 48 heures avant sa sortie et vous bénéficierez en outre de réductions et d’un accès premium pour tous les événements organisés par le journal ainsi qu’une remise de 10% sur les oeuvres d’art proposés à la vente sur la galerie d’art contemporain et urbain en ligne sur le site ! Hiya ! ? Une sacrée belle source d’information… Et d’inspiration !

Hiya ! / Numéro 0 / Décembre 2020 / 5€

Christine Le Garrec