Depuis trop longtemps plongés dans ces ténèbres. Nos méninges patinent. Le rayon Culture a été rayé de la carte. On nous demande de la patience, mais nos membres et nos sens commencent à s’atrophier. On voudrait crier mais toute la rage reste dans la gorge. Cependant dans cette tourmente immobile, ce sont les femmes qui préservent la flamme vacillante de l’espoir. Celle qui indique les voix à suivre dans ce Clair-Obscur interminable.
La voix andine de Pao BARRETO, celle envoutante du Fado de Carla PIRES et celle gracile de Carole MASSEPORT qui commence a porter dans le paysage de la chanson française. Enfin pour sacrifier aux quotas il a bien fallu un mec… Celui-ci en vaut quatre ! Dans le rôle de l’Obscurité, le blues puissant du ténébreux Viking, Björn BERGE.
Une entrée éclatante avec la belle et mystique PAO BARRETO qui nous présente son premier album SPIRALIS, enregistré entre Paris et Bogota.
Un disque à écouter, à danser, à vibrer…
Une musique solaire en cette fin d’hiver, qui nous permet d’envisager sereinement là-bas vers le bout du tunnel, enfin les couleurs du printemps.
Pao nous initie aux rythmes de sa Colombie natale, qu’elle a quitté voici dix ans, pour s’installer à Paris.
Elle peaufine une Cumbia des temps modernes, redynamise la Chumpeta.
Pao Barreto prend le pouls de son peuple pour en apprivoiser la cadence.
En tout cas… Danse !
Le tout dans une fête des sens, autant physique que spirituelle.
Laissez-vous prendre dans la Spirale du Porro dans laquelle Pao Barreto et ses musiciens nous entrainent.
Elle magnifie de sa voix chaude, le folklore de son pays pour en faire une musique aux sonorités actuelles, pleine de contrastes et de vitalité.
Spiralis / Pao Barreto / El Clan Records / Inouïe Distribution / Sortie le 9 Avril 2021
Comment dans un Juke-box en Clair-Obscur ne pas inviter le Fado ?
Cette musique qui a l’art de faire jaillir la lumière du cœur des pierres les plus noires.
CARLA PIRES et sa bande pléthorique de musiciens ont toute la maitrise de cet Art.
Pour une musique tour à tour intimiste et enjouée…
Même si j’ai pu lors de mes voyages, pousser en touriste les portes du fameux Clube do Fado dans l’Alfama pour m’enivrer de sons et de vinho, je ne suis pas un spécialiste du Fado. Loin de là !
Mes connaissances se limitent à Amália Rodrigues, Mariza et Ana Moura.
Mais quelque soit le style de musique et le pays d’où elle vient, je sais quand le petit frisson court sur la peau et que ça touche juste là où il faut…
CARLA PIRES c’est une voix à nous consoler de tous les tourments du Monde.
Avec ses côtés flamboyants, ses instants de profonds désespoirs, malgré la joliesse des choses, rien n’est tout à fait tranquille. Et ce chant nous emporte dans son tourbillon accompagné de guitares virtuoses.
En 14 titres, CARLA PIRES cartographie la planète Fado dans un CARTOGRAFADO de toute beauté. Un Fado assez classique, tout en bousculant parfois la tradition comme sur Ta Bouche Aux Lèvres d’Or avec un texte en français de Paul Eluard, ou en nous envoyant plus loin que la Lusitanie survoler l’Acropole en tragédienne grecque (Date a Volar).
Un Fado qui flirte aussi avec le Flamenco sur le joli Vida Nova. Un Flamenco suave comme un Fado !
Et l’on finit par boire un coup, sur la terrasse du Solar do Vinho qui surplombe le Douro à Porto, avec mes amies Lina et Antonietta…
Os Vinhos Dos Portos…
Saúde !
Avec son Fado empreint de classicisme, CARLA PIRES ne révolutionne pas le genre, mais elle l’enrichit d’un répertoire enchanteur et d’une voix passionnée qui ravira les puristes.
Cartografado / Carla Pires / Ocarina Music / L’Autre Distribution / Sortie le 5 Mars 2021
Ça commence comme si Barbara (la Grande…) nous murmurait à l’oreille une chanson nouvelle.
Et l’on est content, même si ça sent le triste…
« …Je suis là, hélas… à ma place… »
On Se Remet De Tout, avec la grâce impertinente d’une Clarika.
… C’est raté…
Pas tant que ça, c’est juste beau et magnifiquement orchestré.
On enchaîne sur un tendre duo avec le JP Nataf des Innocents, En Equilibre parfait…
EN EQUILIBRE qui donne le nom de ce beau bouquet de songs, offert du bout des lèvres par une jeune femme aérienne, intense, lumineuse… Une femme pleine de poésie et d’humanité.
Sur son troisième album CAROLE MASSEPORT aborde aussi avec sensibilité notre regard sur les migrants.
… Recalé à Calais, c’est pas là où t’allais…
Un angle de vue inattendu dans la Garavan et l’indifférence générale sur les mêmes malheureux…
… C’est même pas un fait divers…
On parsème de quelques douces chansons d’amour, saphique ou pas…
Si elle m’aime, Cœur de Dentelle…
Revisitons aussi les stations du Métro parisiens où… je t’attendrai… Mais Rien n’y fera… Je devrai traverser la Manche…
Et c’est Hors-Saison que s’achève ce recueil de poèmes, par un bel hommage à l’homme d’Astaffort, Monsieur Francis C.
CAROLE MASSEPORT nous livre une production à la sauce aigre-douce, qui nous titille, tout en faisant saliver.
Un régal tout En Equilibre…
En Equilibre / Carole Masseport / Yaqa Fauqtu / Sortie le 5 Mars 2021
Quand les Vikings ont traversé l’Atlantique sur leurs drakkars pour découvrir l’Amérique, quelques siècles avant Christophe Colomb, Bjørn Berge devait être du voyage.
Il rapporta à son peuple tout ébaubi, le blues et le rock and roll en offrande, comme d’autres avant lui avait ramené le feu !
Une voix grave et profonde qui vient nous retourner les tripes comme saurait le faire un Nick Cave ou un Tom Waits.
Mais surtout un guitariste de génie au toucher de cordes et à la dextérité déconcertante.
Il passe aussi facilement d’un rock inventif et compulsif à la Zappa (Ripp off) à un blues Stonien en Exile on Main Street (Stray Dog).
Le gars assure autant en solo qu’en formule trio avec basse batterie et deux comparses impeccables.
Faut dire que depuis 1997 avec 12 albums au compteur et 2 Grammys Awards norvégiens, le scandinave est une sacrée pointure de la scène blues/rock européenne.
Il aura fallu le treizième pour que je découvre le phénomène avec HEAVY GAUGE, un opus tout à fait compatible avec le Clair-Obscur.
Le Maestro nous tire des ténèbres en parsemant notre chemin d’éclats de miroir qui scintillent entre les arbres sous les trouées du soleil.
The Wrangler Man démarre le truc et emporte tout sur son passage, un blues rock puissant et habité.
Et la voix nous replonge dans le blues le plus sombre. Le Dark si vous voulez…
A Matter of Time, Bound to Ramble, Bottle Floats…
Quand enfin Bjørn Berge convoque tout le monde au Coliseum pour une synthèse brillante de l’ensemble, la messe est dite…
Ce gros calibre (HEAVY GAUGE) que nous tend Bjørn Berge est une porte d’entrée sur l’œuvre colossale d’un des musiciens majeurs de ce début de siècle…
Ne ratez pas la cible !
Heavy Gauge / Bjørn Berge / Blue Mood Record / Sortie le 19 Mars 2021
Le RASCAL (Peinture d’appel Georges de La Tour – Musée du Louvre)