Magma en fusion sur le Rocher !

Ce samedi 4 février, Le Rocher de Palmer a fêté le 50ème anniversaire de l’album de Magma :

Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh

Et là évidement j’ai eu deux places au chaud pour le show…

Comment présenter Magma, ou plutôt pourquoi avoir à les présenter ?

Ce groupe qui nous a explosé à la gueule dans les années 70, au milieu de tout un tas de baba-cooleries.

La rigueur d’une secte, au service d’un nouveau langage et d’une musique tout autant novatrice.

Le clivage fut total, on adorait ou l’on détestait, en tout cas ça ne laissait pas insensible…

Magma, ce fut l’un de mes premiers concerts en 77 au Femina avec les copains du bahut.

Et l’impression diffuse devant ce bouillonnement qu’il y avait encore beaucoup de choses à découvrir.

Quelques décennies plus tard sur les hauteurs de Thessalonique, en balade avec Antonietta, une amie québécoise, nous observions 2 jeunes grecs ouvrir fébrilement un colis Amazon…

Quelle ne fût pas ma surprise de les voir sortir un coffret de cd ornementé du célèbre blason solaire…

Magma ! M’écriais-je à la stupeur des autochtones…

You know that ?

Of course I’m french !

You saw in concert ?

Long time ago… Et je leur racontais mes guerres Mekanïk en leur mettant des étoiles dans les yeux…

Et au « C’est-y quoi ça ? » d’Antonietta, plutôt qu’un long discours sur l’importance de Christian Vander et de Magma dans l’histoire de la musique, je lui fis écouter Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh…

Quel endroit plus magique pour un tel bijou que l’écrin du Rocher de Palmer, à l’acoustique et au confort incomparable.

Comme d’habitude en ces lieux, la première partie est de haute volée.

ANAÏD avec sa chanteuse habitée et ses musiciens aussi talentueux que polyvalents, nous régalent d’un jazz-rock lyrique servi avec des gants soyeux. Une belle découverte…

MAGMA et sa musique zeuhl prennent place, avec en guise d’amuse-bouche de luxe, cinq des huit compositions de Kartëhl, le lumineux dernier album sorti cet automne…

Stella Vander se pose en maîtresse de cérémonie rayonnante, entourée des 4 choristes qui vont nous faire grimper aux rideaux et d’un comparse chanteur qui aura la lourde tâche de faire oublier Klaus Blasquiz au public vintage et connaisseur…

Deux claviers, un de chaque côté de la scène, pour donner la couleur et bloquer sur les ailes…

Dans l’arrière cuisine Christian Vander à moitié planqué derrière ses cymbales tient la marmite sous ébullition, assisté d’un guitariste sous tension et de Jimmy Top (oui, le fils de…) aux commandes d’une basse démoniaque au nombre de cordes incalculable…

Le temps passe, la folie demeure…

Les premiers accents de la Mekanïk Destruktïẁ du Kommandöh en noir font tressaillir l’assistance.

C’est là. Nous y sommes…

Je me remets instinctivement à chantonner en Kobaïa…

… « Atou ! Atou ! Atou ! Atou !« …

Tout revient dans cette lumière verte, bleue, rose…

Fini les messes noires dans la semi-obscurité. Le groupe s’expose à la lumière et le propos, s’il est moins hystérique, semble plus évident.

Les paroles s’échappent comme d’anciennes prières…

Des mantras enfouis au plus profond de la mémoire remontent naturellement…

Les mouvements s’enchaînent comme par enchantement…

La puissance est là, la maitrise est là…

Et cette musique se propage, d’apothéoses en apothéoses à la manière d’un Carmina Burana puissance dix !

Avec le temps, ce chant de guerre extraordinaire s’est mû en un chant d’amour et d’idéal…

Plus divin que martial…

Un groupe au sommet de son art, qui ne renie rien du passé et continue d’avancer après plus de 50 ans de carrière…

Respect.

Pièce à conviction 1977

LE RASCAL