Le stand up, il y a quelques années, était un format d’humour dont je n’étais vraiment pas friand. Puis vint le jour où Kyan Khojandi a mis gratuitement en ligne son premier one man show, l’excellent Pulsions. A partir de là j’ai commencé à en regarder de plus en plus, mon goût pour le stand up se confirmant avec Origines de Baptiste Lecaplain.
Puis j’ai vu des extraits de spectacle, des shows entiers que l’on trouve sur Netflix ou encore Canal +, mais s’il y en a bien un qui m’a mis sur le cul la première fois que je l’ai vu, c’est celui de Jérôme Niel en octobre 2022.
Jérôme Niel, pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’énergumène, c’est un comédien qui a fait ses débuts sur YouTube avec sa chaîne La ferme Jérôme, puis qui a intégré le Studio Bagel, où l’on peut le voir dans de nombreux sketchs, avant qu’il explose avec Les Tutos où il campe un personnage énervé et totalement fou faisant des tutos “girly”. Les amateurs d’humour absurde auront pu aussi le voir dans son programme court Balek’ qui parodiait les jeux télévisés. Jérôme Niel a aussi campé le personnage principal dans la web-série Groom disponible sur YouTube et a également fait des apparitions au cinéma, notamment dans le dernier film de Quentin Dupieux, Fumer fait tousser, ou encore le film d’action Balle Perdue 2 disponible sur Netflix.
J’avoue être très fan du monsieur depuis que je l’ai découvert avec Les Tutos, et lorsqu’entre deux publications absurdes sur son Instagram est arrivée l’annonce qu’il se lançait dans le stand up, j’étais très curieux de voir ce qu’il allait nous pondre.
J’ai donc eu le plaisir de pouvoir voir son spectacle une seconde fois, cette fois en tant que photographe et chroniqueur, le dimanche 5 mars à la Bourse du Travail à Lyon.
La soirée a affiché complet comme sur la majeure partie de sa tournée. En même temps, le bouche à oreille et les quelques extraits vus sur ses réseaux ont été d’une redoutable efficacité.
Lorsque la lumière s’est éteinte sous les applaudissements, la voix de Jérôme nous parvient, faisant quelques vannes, chauffant le public et demandant d’accueillir l’humoriste qui assurera sa première partie. Jusque là rien d’anormal, tout ce qu’il y a de plus classique lors de ce type de spectacle.
Malheureusement je ne peux pas vous parler davantage de cette première partie, je m’en voudrais trop de vous dévoiler surement l’un des meilleurs moments du spectacle à mon sens. J’espère juste que s’il y a une captation du spectacle elle sera présente avec le reste du show.
Après cette première partie réussie, c’est au tour de Jérôme Niel de prendre le contrôle de la scène, à grand renfort de musique et de jeux de lumière. Le comédien nous gratifie d’une danse dont lui seul a le secret, qui rappelle à ses spectateurs les nombreuses chorées loufoques qu’il a pu publier sur son Instagram.
Après avoir oublié son texte d’intro et dégainé un doigt d’honneur à l’assemblée, c’est parti pour un peu plus d’une heure d’absurdité.
L’une des forces du spectacle de Jérôme Niel, c’est ce mélange impeccable avec tout ce qu’il a pu proposer sur son Instagram. Une galerie de personnages totalement barrés, des chorégraphies décalées, des postures improbables, des vannes à rallonge… Le tout parfaitement rythmé et reposant sur une question qui trotte dans notre tête de spectateur : mais jusqu’où la blague va aller?
Avec un fil conducteur des plus aléatoire et en même temps incroyablement fluide, Jérôme Niel passe du coq à l’âne en un mot, déclenchant des rires aux passages. C’est ainsi qu’après une longue réflexion sur les insultes qui stigmatisent certaines personnes et les potentiels mots et expressions qui pourraient les remplacer, le comédien nous évoque son addiction aux Pringles, son avis sur le jeu du Loup-Garou ou encore tout un tas de thématiques n’ayant aucun lien les unes avec les autres, le tout ponctué par des runnings gags, de la musique ou encore des tours de magie décalés.
Le comédien joue énormément avec ses mimiques, déformant son visage dans tous les sens, donnant des voix de cartoons à ses personnages, créant aussi parfois une forme de malaise avec une personne dans le public, se pliant sur ses genoux pour la fixer longuement, sans aucune expression…
Et oui, puisque l’une des grandes forces de ce spectacle, c’est l’interaction avec le public.
Jérôme ne semble se mettre aucune barrière et parfois certaines de ses blagues commencent sur scène pour ensuite finir dans le public. L’artiste fait également gagner des choses à certains spectateurs et spectatrices, de manière inattendue et avec toujours ce côté « mais jusqu’où poussera t-il la vanne? ». Sûrement l’un des running gag les plus absurdes de la soirée ! Certains se verront même invités sur scène tandis que d’autres seront charriés durant tout le spectacle.
Épaulé par une superbe mise en scène, le comédien joue avec le public, interagit directement avec lui, use d’un comique de répétition parfaitement exécuté et profite de tout l’attirail technique pour reproduire ce rythme que l’on retrouve dans ses vidéos. Jérôme joue sur son côté imprévisible, le spectateur ne sachant jamais jusqu’où il ira.
Sur tous les stand up français que j’ai pu voir, il est l’un des plus novateurs. Ce fut un vrai plaisir de pouvoir remettre les pieds dans l’univers de Jérôme Niel et d’avoir pu immortaliser certains passages de son spectacle. Celles et ceux qui le suivent sur les réseaux auront eu le plaisir de retrouver certains de ses “Rémi”, puisque oui, presque tous les personnages de Jérôme s’appellent Rémi.
La tournée de Jérôme Niel est bien entamée et il ne jouera pour le moment que jusqu’en décembre 2023. Si vous avez l’occasion de le voir, foncez les yeux fermés !
Toutes les infos sont à retrouver sur son site.
Un grand merci à Audrey Loridon de m’avoir permis de venir couvrir cette date !
Alexandre Vergne