Juke box N°25

Trois signatures pour le prix d’une pour ce juke Box où toutes les sensibilités des chroniqueurs de « A vos marques… Tapage ! » sont représentées ! Bruno nous présente (une nouvelle fois, mais on ne s’en lasse pas !) le talentueux « Bernard Orchestar » qui sort un nouvel album décapant (et sportif !) tout droit inspiré de la magie balkanique, et la « future soul » des J -Silk  qui sortent quant à eux un EP ! Chris, quant à elle, vous présente les ballades folk de Brisa Roché (Bon dieu, quelle voix…) et d’Andrew Sweeney qui nous plongent avec délices dans l’ambiance des songwriters des années 70 ! Quant à Alex, c’est l’univers du « synthwave influencé Metal » qu’il met en avant avec le CD de Carpenter Brut qu’il verra « pour de vrai » dans moins d’un mois au Hellfest ! Un juke box métissé pour tous les goûts, pas mal, non ?

 

 

 

Il nous a régalés avec « Cassoulet, Porc et sa Couenne », titre de son deuxième EP sorti en 2014, mais personne n’aurait pu prédire que Bernard délaisserait l’art culinaire pour se lancer dans un fanfaresque marathon de l’Europe de l’est, jusqu’au portes de l’Orient, (et en courant, s’il vous plait !), pour revenir avec un nouvel album au répertoire festif et athlétique, survitaminé à l’électro. Le titre du disque, « Le Futur Du Passé », nous donne une petite idée du cheminement qu’a dû emprunter Bernard et son artillerie de cuivres… Dans son élan légendaire de générosité, il n’a pas hésité à chausser les crampons et à mouiller le maillot pour un double retour en arrière vers cette musique balkanique et volcanique qu’il a travaillé au corps en l’enrichissant de sa propre expérience et des influences du moment. Pour rester fidèle à cette musicalité, sans se contenter aux limites du genre, les champions de l’équipe à Bernard, en super musiciens sportifs et accomplis, ont fait des pompes et du jogging tous les matins et boosté leurs instruments pour nous offrir dix titres ambitieux mais pas arrogants, drôles mais pas ridicules, d’un kitsch sérieux mais surtout de qualité. Ce nouvel opus reflète l’histoire de cette fanfare balkanique moderne et décomplexée qui jongle entre traditions et modernisme, dans lequel s’est glissé tout le romantisme de la pop orientale et la magique liberté musicale des balkans. Le Bernard Orchestar nous fait de la musique du demain d’hier… Surtout à écouter aujourd’hui !

Le Futur Du passé / Bernard Orchestar / CoucouLabel et Vlad / 01 Juin 2018 / CD  et numérique en vente sur Bandcamp

 

 

 

 

Le premier EP « WWWD » du groupe « bordo-londonien » formé en 2016, nous avait donné un bel aperçu de leur musicalité, subtil mélange de hip-hop, de pop et d’électro. Le trio J-Silk (Joanna Rives : vocals, guitar, synths, Louis Gaffney :  bass, synths, Didier Bassan : drums, sampler), nous revient avec un nouveau cinq titres « It’s Up To You » qui embarque l’auditeur dans une ambiance entre soul et R’n’B. Nappes de synthés analogiques côtoient les rythmiques puissantes de hip-hop, qui enveloppent la voix chaleureuse et particulièrement soyeuse de la chanteuse, dans ce groovant cocktail  superbement orchestré. Un patchwork Neo-soul et vestes Adidas vintage, qui nous laissent un peu sur notre faim … Vivement l’album,  prévu pour 2019 ! En attendant,«  It’s Up To You » vous permettra d’apprécier  le superbe univers de J-Silk !

It’s Up To You / J-Silk / Banzaï Lab / Mars 2018 / CD : 5€

 

Bruno Robert

 

 

 

Si vous êtes nostalgiques des songwriters de la belle époque (les années 70, of course !), vous allez plonger avec délices dans l’univers d’Andrew Sweeny ! Sa folk mélodieuse métissée de blues n’a rien à envier à des pointures telles que Dylan ou Neil Young et son écriture, très littéraire, est dans la même veine que celle du regretté Leonard Cohen dont il assume totalement l’influence artistique. Son dernier album, « Free the prisoners », dégage une force mêlée de fragilité, un souffle nostalgique qui vous embarque tout au long des dix titres qui le composent, dans une suite de ballades charmeuses, poétiques et délicates, arrangées somptueusement (guitare en picking ou tout en trilles, chœurs superbes…) enrobées sous sa voix chaude et envoûtante. Mais attention, ce n’est pas de la guimauve, hein ! Bien au contraire ! Les textes, s’ils parlent d’amour, évoquent également la déliquescence de notre monde dont l’avenir semble bien sombre, à l’image de la superbe pochette signée par Daniel Mirante, où une femme porte la vie dans un univers inquiétant et labyrinthique …  L’album est d’ailleurs dédié « à tous les libérateurs », aux hommes de bonne volonté qui militent et résistent pour que nous allions vers un monde plus humain… Canadien d’origine (tiens, comme Leonard Cohen !) et parisien d’adoption depuis quinze ans, Andrew Sweeny, diplômé en littérature, enseigne dans plusieurs universités parisiennes : il sort en même temps que cet album un recueil de cent poèmes (écrits en cent jours) qu’il a écrit dans le RER.  Je vous invite vivement à lire et à écouter cet artiste discret, lettré et engagé… Il nous offre avec « Free the prisoners » un album intemporel de très grande classe !

Free the prisoners / Andrew Sweeny / Travellin Music / 11 Mai 2018 / CD : 15 € (ou sur le site de La Centrifugeuse)

 

 

 

 

Voix cristalline et envoûtante, un brin cassée d’émotion, ambiance ballade folk nostalgique… « Father » est un chant d’amour qui respire la sincérité de la première à la dernière note, en laissant entrevoir les fêlures de l’intime…  Le dernier album de Brisa Roché est un pur joyau de sensibilité tant au niveau de la pureté de la musique que par la qualité des textes qui nous emmènent de manière lumineuse au cœur de l’amour perdu…  Des mots que Brisa a pesé et posé sur ses maux, qu’elle a mûri au fil des ans pour enfin exorciser le chagrin et le manque enfoui depuis  la mort de son père, alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente… En douze titres flamboyants, Brisa nous fait pénétrer dans une ambiance hypnotique à la limite du mystique où l’amertume frôle un apaisement espéré… Et c’est magique, en grande partie par la grâce de son timbre de voix  qui vous met les poils dès la première écoute !  Jean-Baptiste Mondino a signé la (très classe !) pochette de cet album à s’approprier de toute urgence !

Father / Brisa Roché / BlackAsh/Wagram / 25 Mai 2018 / CD : 15€

 

Christine Le Garrec

 

 

 

Le 22 février est sorti Leather Teeth que l’on peut considérer comme le premier album de Carpenter Brut. Carpenter quoi ? Carpenter Brut !  Mais si, voyons, je vous l’ai présenté  dans l’article sur le Hellfest 2018 ! Issu du métal, Carpenter Brut s’est reconverti dans l’électro. Mélangeant électro brutal, influences rétro des 80’s et tonalités métal, il évolue dans un univers musical dynamique qui renvoie dans un passé nostalgique… Arborant des visuels inspirés des films d’horreurs ou d’action nanardesque des 80’s, il prolonge l’expérience  avec des clips travaillés et des visuels « rétro » lors des concerts, où exceptionnellement il est accompagné de deux musiciens. Sortant son premier EP en 2012, qu’il autoproduit avec son label No Quarter Prod, il enchaîne avec un second EP en 2013 et un troisième en 2015, qu’il finit par regrouper en un album, Trilogy, la même année. S’ensuit un album Live, CARPENTERBRUTLIVE, contenant l’excellente reprise de Maniac de Michael Sembello pour le film Flashdance ! Cette année, Carpenter Brut part en tournée avec ce nouvel album qui déménage grave : des synthés en veux tu en voilà, des solos de guitare épiques et surtout des voix bien kitsch tout droit sortis des « 80”!  La construction de l’album pourrait limite s’apparenter à celle d’un film, avec le premier titre Leather Teeth qui ressemble à un générique de vieille série, ses morceaux dynamiques ( parfois un peu calmes, quand même !) au centre, et son final, End Titles. Avec cet album Carpenter Brut arrive à nous immerger et à créér un univers visuel grâce à ses sons vintage qui font travailler notre imagination. On y trouve plus de morceaux chantés que dans Trilogy, ce qui ne fait que renforcer ce petit sentiment de nostalgie, notamment durant l’excellent Beware The Beast où les synthés côtoient les vieux sons de guitares électriques et de percussions ! Un excellent album qui reste toujours dans le  style de Carpenter Brut en évitant la redondance : je ne peux que vous conseiller d’aller y jeter une oreille… ou deux ! Carpenter passera à la Coop de Mai à Clermont le 27 Septembre … Mais auparavant, il sera au Hellfest… Et moi aussi !

Leather Teeth / Carpenter Brut / No Quarter / 22 février 2018 / CD : 12,99 €

 

Alexandre Vergne