Après quelques courtes heures de sommeil, me voici de retour à Tulle. La journée s’annonce bien meilleure que la veille car je suis accueilli par un magnifique soleil. Mais pas le temps de faire bronzette, j’ai loupé pas mal de bons groupes du off hier après midi, il faut donc que je remédie à cette petite lacune ! Les Nuits de Nacre… me revoilà…. !!!
La chasse aux groupes est ouverte et je suis à la recherche de la première proie à me mettre sous la dent. A droite…. rien… à gauche…rien non plus… et au moment où je m’y attendais le moins, la SOS fanfare débarque ! Avec son répertoire jazz New Orléans, français, international, techno dance, les quatre fanfarons et leur acolyte Pipeau le clown, déambulent dans les rues, au gré de leur bon vouloir, à la recherche d’âmes égarées ( tout comme moi ! ) en quête de bonne musique . Les reprises qu’il nous proposent sont interprétées de façon magistrale, ça swingue grave ! L’attroupement qui s’est formé autour d’eux jubile et Pipeau le clown en profite pour amuser la galerie. Mais il est temps pour moi de reprendre ma route, merci à la SOS fanfare de m’avoir remis sur le droit chemin !
Petit arrêt au richelieu où le duo Didier Dulieux ( accordéon ) et Eric Boccalini ( batterie ) ont entamé leur concert Bal Nomade. La petite salle du café est bien remplie et les deux musiciens nous font partager ce goût pour un répertoire fait de reprises et de compos personnelles. Qu’elle soit orientale, balkanique, irlandaise ou française, la musique de ce duo n’a aucune frontière et c’est sur cette rythmique bien en place, survoltée parfois, que se sont posées tout naturellement les mélodies de l’accordéon. Allez messieurs, faites valser le richelieu !
Un peu plus haut dans l’avenue Charles de Gaulle, les badauds s’agglutinent, autour de qui… ? autour de quoi… ? Les Winner Team entrent en… non on ne peut pas dire scène en ce qui les concerne, car ces deux musiciens n’en ont nul besoin… Ni de sonorisation d’ailleurs, juste de leurs instruments, un accordéon pour Loïc Audureau et une clarinette pour Florent Méry. Et c’est parti pour un florilège de standards de jazz qu’ils ont remis au goût du jour. Très vite, ces deux artistes pêchus qui, en plus d’être doués musicalement, sont forts sympathiques, passent du tango au swing, du klezmer à la chanson française ! Vue l’ambiance générale autour d’eux, ils ont dû faire chanter et danser une bonne partie de l’après midi tout ses agglutinés venus les écouter !!!
Quand j’ai appris que Choro de Aksak passait au « zénith » à tulle… Je me suis dit , mon pauvre Bruno, s’ils sont aussi célèbres que ça, tu vas avoir du mal à les approcher ! Mais non gros bêta, c’est le Zen Eat ( le café ! ). Du coup, j’ai fait fissa pour m’y rendre afin de rencontrer ce trio hors du commun. Ces trois musiciens, Mathias Dragomirovic (saxophone), Florent Sepchat (accordéon) et Gilles Chauprade (percussions), nous viennent de Tours. Leur répertoire nous propose un subtil voyage, sur des rythmiques brésiliennes (Choro) métissé de sonorités balkaniques (Aksak). Dès les premières notes, le « Zen Eat » se remplit de ce doux parfum des tropiques et les spectateurs sont ravis d’assister à ce concert raffiné et percutant. Vu leur talent et leur virtuosité , nul doute les mecs, un jour, vous le ferez le Zénith ( le vrai ! )
Après l’interview avec Ludovic, bassiste d’Anakronic (que je mettrais en ligne, très prochainement sur votre site préféré ! ), me voila de nouveau à la recherche de l’oiseau rare que je déniche place Gambetta: le Vladkistan a posé sa caravane, Vlad 3 a monté sa scène et sa cage à fauve ( Grrrr…) Pour toute réclamation, adressez-vous au directeur, son bureau est prêt à vous accueillir ! Vlad (chant, guitare), Gilles Puyfages (accordéon, c’est lui qui fait le fauve dans la cage) et Al Bathar (batterie et opposant à la dictature du Vladkistan) nous balancent un rock accordéon destroy, et croyez-moi, c’est du lourd, du très lourd !!! . Le public est mis en garde, ce concert est concocté aux petits oignons pour tous ceux qui détestent l’accordéon et les enfants ! Les gens restent… Étonnant…non ? Les textes engagés et néanmoins rigolos de ces trois furieux prennent force avec un rock pur et dur et une rythmique bien orchestrée. Et le fauve se défend diablement bien à l’accordéon ! Bon monsieur Vlad, c’est bien sympa ce que vous faites, tes camarades et toi, mais si ta musique est bonne, ta dictature n’est pas faite pour moi !
Petite pause casse-croûte, que je savoure devant Appelle tes Copains dont les joyeux lurons écument les scènes corréziennes depuis déjà quatre ans. Pour ma part, c’est la première fois que je rencontre ces cinq musiciens (batterie, basse, guitare/chant, accordéon/chant et flute traversière) qui font dans la reprise de tout poil mais à leurs sauce. Et ça marche plutôt bien pour eux ! Le public qui, lui, visiblement les connaît bien, reprend en chœur et en dansant, ces classiques indémodables. Alors, s’ils passent près de chez vous… Appelez vos copains !
Chapiteau bondé pour les frères Bazar qui en ont mis un beau de bazar, joyeux et décalé ! Balbazar, c’est indescriptible, c’est un look, un esprit, et la fête à tous les étages ! Chansons réalistes, tango, musette, reggae, valse, les Balbazar revisitent les « classiques » en leur apportant une touche très personnelle et en leur donnant un côté punchy qui redonne un sacré coup de jeune à la guinguette à papa ! Impossible de rester impassibles devant ces gaillards au dynamisme contagieux !!!
C’est maintenant l’heure du grand spectacle de la soirée: Roland Romanelli et Rebecca Mai se produisent au théâtre avec «une belle histoire d’amour». La salle affiche complet ce soir, et pas mal d’imprévoyants n’ayant pas réservé, se retrouvent contraints de rebrousser chemin. Le rideau se lève et le grand maitre de l’accordéon est accueilli dans un tonnerre d’applaudissements… L’effet est saisissant ! Ce spectacle nous retrace la vie de Romanelli qui, dès l’enfance, se consacre au piano à bretelles, passion qui lui devra de remporter à l’âge de quinze ans , la coupe mondiale d’accordéon (Sébastien Farge, le talentueux accordéonniste et président des Nuits de Nacre, est venu pour ce moment émouvant jouer sur scène le rôle de l’élève que fut Romanelli… Joli moment !). A son arrivée à Paris en 1966, Mouloudji, puis Colette Renard le remarquent… Mais c’est avec Barbara qu’il veut travailler ! Il collaborera avec elle pendant vingt ans, et composera quelques uns de ses plus grands succès… Quelle mise en scène: danseurs, projections de photos et de vidéos, et surtout… La voix off de la grande dame en noir… Quelle émotion … La chanteuse Rebecca Mai reprendra des morceaux intemporels de Barbara tels que «Vienne », « Cet enfant-là », « A peine».. Romanelli, à travers ce magnifique et émouvant spectacle nous raconte « Sa plus belle histoire d’amour » avec cette femme qu’il a profondément aimée et qui l’a propulsé dans les hautes sphères de la musique, détectant son immense talent. Je ne suis pas spécialement fan de Barbara, mais je dois avouer, Monsieur Romanelli, que votre spectacle m’a touché ! Sublime … Chapeau bas l’artiste.
Sans rhum ni cigare, c’est un peu La Havane qui s’est invitée sous le chapiteau à l’arrivée des Zikabilo ! A peine leur set démarré, ils ont installé une ambiance chaude et tropicale en deux temps trois mouvements ! Rythmes cubains métissés de rock tzigane, on ne savait plus où donner de la tête et des jambes ! Ces gars-là ont la recette pour vous faire oublier vos soucis, vous donner la patate et c’est de la pure joie de vivre qu’ils distillent, autant avec leur musique, qu’avec leur charisme et leur générosité avec le public. Pour ma part, le gros coup de cœur de la soirée !!!
Quand ils se sont installés sur scène avec des instruments traditionnels tels que la bombarde ou la cornemuse, le doute n’était plus permis … Des bretons ! Bon, c’est bien beau tout ça, mais ils ne vont tout de même pas nous offrir un fest-noz en Corrèze, si ? Que nenni !!!! Rien de bien traditionnel dans la musique des Digresk ou alors bien dissimulé sous un esprit des plus rock ! Ça déménageait grave, frôlant même par moments un esprit punk du plus bel effet (mon dieu, le guitariste, quelle pêche !!!) Une fois entré dans le chapiteau, on en sortait plus (Si l’envie peu probable de partir en cours de ce concert vous prenait …) tellement il était bondé et le public déchaîné (le parquet en tremblait, c’est tout dire !) Bevet Breizh !!!!
Pour le dernier gros concert du festival, c’est Anakronic qui se produit , malheureusement sans David krakauer, qui, surbooké, n’a pu venir rejoindre ses compères… Tant pis, les toulousains sont bien là ! Et prêts à mettre le feu au chapiteau qui bouillonne d’impatience… Tous sont là pour entendre jouer leur électro klezmer de grande volée ! Les musiciens rentrent en piste et ça démarre au quart de tour avec un gros son de batterie. La basse vient se greffer sur cette pure rythmique électro, suivie par le clarinettiste qui nous envoie des sons venus d’ailleurs… Puis, c’est au tour de l’accordéoniste, d’apposer ses mélodies… La machine Anakronic électro orkestra est en marche et quand elle est lancée…. Ce superbe concert vient conclure un festival, qui n’a pas failli à sa réputation de qualité ! Belles rencontres et belles découvertes étaient une fois au rendez-vous … A l’année prochaine !!!.
Bruno Robert et Christine Le Garrec