C’est le retour du Post Générique ! Après plusieurs mois d’absence, votre rubrique cinéma revient pour vous entretenir du dernier opus de la saga “Les Animaux Fantastiques” qui… divise beaucoup les fans depuis sa sortie, alors parlons en !
Le pitch ? 1927. Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade, comme il l’avait promis, de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaques de Non-Magiques par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. La mission qui réunit Norbert, Tina, Queenie et Jacob va également tester la loyauté de chacun d’entre eux face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.
Si vous vivez dans une grotte ou n’êtes pas branché ciné vous ne devez pas savoir de quoi je parle. Alors, récapitulons. Les Crimes de Grindelwald, c’est la suite du film Les Animaux Fantastiques, se déroulant dans l’univers d’Harry Potter à la fin des années 20 et donc bien avant l’histoire du héros que nous connaissons . Réalisé par David Yates, réalisateur des quatre derniers opus du sorcier aux lunettes rondes, cette nouvelle saga qui doit s’étendre sur cinq films est entièrement écrite par JK Rowling en personne.
Le premier film arrivait à la fois à se détacher de la saga Harry Potter sans pour autant la délaisser. On y découvrait également le monde des sorciers à une autre époque, 1926 pour être précis, et dans un autre pays que l’Angleterre puisque le film se passait à New York.
Le film arrivait à osciller entre une trame principale simple, efficace et avec un humour bien dosé, et une trame de fond plus sombre qui préparait le terrain pour la suite. Bref un très bon film sur lequel JK Rowling a prouvé qu’elle savait aussi écrire un script avec autant de brio que ses livres. Pour le 2ème opus… c’est autre chose.
Le film commence plutôt bien, voire très bien, avec une intro du tonnerre! Comme je les aime ! L’ambiance du film est posée, cette fois le ton sera plus sombre. On assiste donc à l’évasion de Grindelwald, vraiment bien mise en scène, mais qui s’empêtre dans une véritable bouillasse d’effet spéciaux et autres fonds verts qui rendent l’action un peu trop illisible par moment.
C’est après que ça se gâte, car c’est relativement mal filmé sur pas mal de scènes… Notamment sur celle, juste après l’intro, où l’on se retrouve avec des gros plans « regard face caméra », plans que l’on retrouvera à maintes reprises dans le film. David Yates en changeant d’esthétique, a créé une rupture avec le premier film qui était réalisé avec cette « patte » utilisé sur les derniers Harry Potter. Cela crée une certaine incohérence, du moins de mon point de vue, bien sûr…
Tiens, tant qu’on est dans les points négatifs, en voilà un autre : les décors sont vides. Tandis que Harry Potter ou le premier film des Animaux Fantastiques nous montrés des rues bondées et un monde magique plein de vie, ce film, lui, est vide.
Que ce soit au Ministère de la Magie (qui apparaît dans le cinquième opus d’Harry Potter comme une vraie fourmilière), ou le Paris des années 20, côté Sorciers comme Moldus, il n’y a pas foule. Et cela donne un aspect peu crédible aux décors, on n’y croit pas, ça sent le décors studio à plein nez ! C’est tout de même dommage pour un film sensé honorer l’univers Harry Potter, et qui en plus fait encore l’effort de tourner avec des vrais décors!
Côté scénario, là encore, il est plutôt du genre bancal… Des personnages intégrés au récit un peu n’importe comment, aux raccourcis scénaristiques qui te suggèrent un “ta gueule, c’est magique”, le film est bourré d’incohérences. On note aussi quelques scènes de magie vraiment too much pour impressionner et émerveiller le public qui auraient pu servir à montrer des choses plus utiles pour rendre l’histoire plus fluide. Je pense notamment à cette scène où des sorciers remballent leur cirque en un clin d’oeil grâce à la magie. Genre de scène déjà vue plusieurs fois dans Harry Potter et qui n’émerveille plus vraiment grand monde maintenant.
Olala mais pourquoi parler de ce film s’il est si mauvais ? Et bien parce que, malgré tous ses défauts, j’ai aimé le film… Oui. Pour quelques éléments qui viennent apporter un plus, et qui annoncent de bonnes choses pour la suite.
Cette ambiance sombre, déjà un peu présente dans le premier opus, est un régal. On sent cette atmosphère de tensions qui annonce un conflit futur.
Une ambiance sublimée par la bande originale que je trouve bien plus réussie que celle du premier. Teintée de mélancolie, de noirceur et accompagnée de choeurs qui lui donnent un air théâtral, cette bande originale marque les esprits. En particulier sur le final du film, avec cette scène du meeting du “grand méchant” qui est juste mémorable sur tous les aspects : jeux d’acteurs, cadrage, montage, esthétique… On y retrouve juste un ou deux gros plans face caméra qui viennent un peu gâcher la scène. On pardonne ces petites erreurs au vu des quelques plans vraiment puissant de cette séquence.
Le film est également appréciable en grande partie grâce à l’interprétation de Johnny Depp en Grindelwald. À la fin du premier film lorsque Grindelwald est démasqué et que l’on apprend qu’il est joué par Johnny Depp, on est dans un premier temps totalement excité puis d’un coup songeur quant au devenir du personnage. Et pourtant Depp s’en sort à la perfection et crève l’écran : sa démarche, ses intonations, son regard, tout est maîtrisé dans son jeu. De plus sa psychologie et son comportement sont bien différents de Voldemort et cela nous permet de voir un autre mage noir très important de l’univers Harry Potter sans qu’il y ait matière à les trouver totalement similaires. Même ses idéaux sont plus ou moins différents. Hâte de voir la suite, lorsque sa relation avec Dumbledore sera étoffée.
Dumbledore !? Et oui chers lecteurs, nous retrouvons un Dumbledore jeune dans ce film et c’est Jude Law qui a eu la lourde responsabilité d’incarner ce personnage culte. Et il s’en tire plutôt bien. On retrouve dans son jeu des intonations relativement proches de celles de Michael Gambon (l’acteur de Dumbledore VO dans les Harry Potter) ainsi que quelques mimiques, ou encore le fameux regard espiègle avec lequel le directeur de Poudlard est décrit dans les livres.
Le Paris des années 20, côté sorcier, est assez plaisant également, même si on ne retrouve pas la fantaisie de celui des sorciers anglais que nous avons vu dans les Harry Potter.
En bref, un film bancal, d’où l’on sort mitigé… Mais que l’on peut apprécier pour son ambiance, sa musique, son antagonisme ou encore pour ce qu’il annonce pour la suite. Parce que oui, il faut voir ce film comme un film transitoire qui place les pions pour le suivant. On lui pardonne ses erreurs mais il va falloir faire mieux, hein !
Je laisse le clavier à David-Emmanuel qui nous a préparé une superbe analyse de la musique du film !
L’univers musical des Animaux Fantastiques possède un langage mélodique très substantiel, que l’on doit à un musicien à la baguette dénommé James Newton Howard. Alors que le score du premier volet tablait sur l’enchantement, la présence de Grindelwald dans cette suite vient bousculer cette féérie musicale pour embaumer le tout d’un parfum de noirceur ; comme ce fut le cas jadis avec Voldemort dans les partitions de Williams ou Desplat… La musique accompagne parfaitement ce changement de ton radical et vient souligner l’ambivalence de cet univers fascinant (‘The Thestral Chase’, ‘Vision of War’). En corrélation avec cela, l’intervention de la chorale vient empreindre sa partition de mysticisme et de mélancolie (‘Leta’s Flashback’, ‘Blood Pact’, ‘Wands into the Earth’). Au-delà de ce rembrunissement, James Newton Howard étoffe son œuvre dans un souci de continuité musicale ; le tout dans une parfaite maîtrise de l’orchestre et des chœurs qui vient consolider son écriture mélodique à la fois intrigante et rafraîchissante (‘Leta’s Confession’, ‘Spread the Word’ dont l’extrait est juste en dessous). Le ravissement sonore n’a peut-être pas le caractère spontané de son aîné mais l’enchantement subsiste au plus profond de notre esprit mélomane. Encore un tour de force de James Newton Howard !
L’analyse complète de David-Emmanuel est juste ICI !
David-Emmanuel