Un nouveau Culture Geek pour vous présenter deux jeux aux histoires riches en émotions qui méritent que l’on s’attarde dessus !
A Plague Tale: Innocence
Sorti le 14 mai 2019, A Plague Tale: Innocence a beaucoup fait parler de lui. Il faut dire qu’avec un jeu pareil venant d’un studios bordelais et avec un univers aussi aguichant pour les amateurs de jeux-vidéos, A Plague Tale: Innocence méritait toute notre attention.
Après avoir testé la démo offrant la possibilité de jouer l’intégralité du premier chapitre, je me suis donc mis en quête de me procurer le jeu. Verdict.
A Plague Tale: Innocence se faisait déjà remarquer lors de l’E3 2018 avec un trailer efficace dévoilant un univers sombre.
Vous y incarnez Amicia de Rune, jeune fille de 14 ans appartenant à une famille noble dans la France du Moyen-Âge. Entretenant une bonne relation avec son père, l’adolescente n’a malheureusement que peu de contact avec sa mère, trop occupée à soigner son petit frère Hugo, cloîtré dans sa chambre et atteint d’un mal inconnu.
C’est lorsque l’Inquisition investit le domaine des de Rune, tue son père et sa mère puis se met en quête de trouver Hugo, que les choses se gâtent pour Amicia.
Chargée de s’occuper d’un petit frère qu’elle n’a presque jamais vu et livrée à elle même dans un pays en proie à la Peste, à la guerre contre les Anglais et à la terreur de l’Inquisition, Amicia se met en tête de trouver un remède au mal d’Hugo.
C’est donc dans ce contexte que le joueur évolue. Composé de 17 chapitres, le jeu vous offre des paysages et des environnements variés et sublimes. Du domaine chaleureux des de Rune, au village rongé par la Peste, en passant par une église abandonnée ou encore aux restes d’un champ de bataille, vous devrez sans cesse vous frayer un chemin.
Un jeu solo linéaire qui rappelle avec beaucoup de nostalgie les jeux de la génération PS2 ou début PS3 par sa mise en scène, sa narration et son gameplay. Malgré cet aspect linéaire la construction des niveaux ne vous donne pas l’impression d’être enfermé dans un parcours bien tracé.
Face aux hordes grouillantes de rats ou aux hommes de l’Inquisition il vous faudra faire preuve d’ingéniosité et de discrétion.
Disposant d’un certain talent pour la fronde, Amicia pourra s’en servir dans diverses situations, pour éliminer un ennemi sans casque, détacher une caisse suspendue en l’air, ou juste pour faire diversion.
Amicia n’étant qu’une adolescente, le joueur est vulnérable et chaque coup reçu entraîne la mort immédiate. De plus, il lui faudra gérer son petit frère. Lui tenir la main pourra vous ralentir dans certaines situations et il vous faudra lui demander de rester seul un moment. Attention à ne pas trop vous éloigner longtemps sous peine de le faire paniquer et d’attirer les ennemis.
Divers matériaux sont à ramasser un peu partout dans votre parcours afin de crafter diverses munitions ou de bien améliorer votre équipement.
Pour gérer les infâmes hordes de rats la seule solution est la lumière. À vous de trouver une torche pour vous frayer un chemin en toute tranquillité, ou bien d’allumer les restes d’un brasier avec une préparation alchimique.
A Plague Tale: Innocence tient en haleine grâce à l’ajout de chapitre en chapitre de nouvelles préparations alchimiques, pouvant être lancées à la main ou bien à l’aide de votre fronde. Chacune de ces nouvelles préparations vous permettent d’élaborer de nouvelles stratégies et de pallier à des problèmes rencontrés précédemment.
Un ennemi casqué ? Amicia peut utiliser une préparation l’obligeant à retirer sa protection, le laissant ainsi s’exposer à sa fronde.
Un soldat équipé d’une torche se fraye un chemin parmi les rats ? Une autre préparation vous permet d’éteindre sa flamme, offrant ainsi le diner aux rongeurs.
Mélangeant les séquences d’infiltration, d’énigmes et celles purement contemplatives, le jeu vous captive par son histoire et par le lien qui unit Hugo et Amicia. Bien que certains passages soient un peu surjoués, l’ensemble du doublage français est un régal, et ses petits défauts rappellent, comme dit plus tôt, les anciennes générations de jeu solo.
Accompagné par une splendide bande-originale, signé Olivier Deriviere, A Plague Tale: Innocence offrent de multiples scènes riches en émotions, oscillant en permanence entre la candeur d’Hugo découvrant le monde extérieur et toute l’horreur de la Peste et des hommes. Une mention toute particulière au chapitre vous faisant traverser les restes d’un champ de bataille, ainsi que l’un des derniers qui vous plonge dans un cauchemar bien glauque, sublimé par la musique.
Je dois cependant avouer que j’ai été quelque peu déçu par la seconde partie du jeu qui part dans une direction à laquelle je ne m’attendais pas et que je ne souhaitais pas (abstraction faite de l’aspect solitaire de la fuite avec Hugo que j’affectionne particulièrement). Vers le chapitre 11, l’histoire prend une tournure fantastique un peu trop appuyée qui à mes yeux casse quelque peu l’atmosphère instaurée dès le début du jeu. Pour ma part j’apprécie davantage le contexte mettant en scène Amicia et Hugo, seuls et livrés à eux même dans ce monde relativement réaliste en train de sombrer.
S’il y a un autre reproche à faire au jeu, c’est sa maniabilité un peu raide, notamment pour le système de visée et de caméra. Ainsi que son manque de difficulté sur une grande partie du jeu, là où il aurait gagné à être un poil plus compliqué. Cette difficulté qui semble pourtant être intégralement mise subitement sur le dernier chapitre…
Mais malgré ces défauts le jeu reste à mes yeux une petite pépite que j’affectionne particulièrement. Cela faisait depuis The Last of Us que je n’avais pas était aussi captivé par un jeu solo linéaire.
De plus, à l’heure où les grosses licences et les jeux multijoueurs en ligne dominent le monde du jeu vidéo, A Plague Tale: Innocence apporte un grand bol d’air frais. On ne peut que saluer Asobo Studio d’avoir concocté un jeu pareil : le travail sur le son, la musique, l’ambiance, la narration et le rythme du jeu sont autant d’atouts pour satisfaire tout amateur de jeu vidéo.
En plus d’une démo jouable, le jeu est disponible dans le catalogue du Game Pass Xbox.
A Plague Tale: Innocence est disponible sur PC, PS4 et XBOX One
Hellblade Senua’s Sacrifice
Si A Plague Tales m’a pris aux tripes qu’en est-il de Hellblade : Senua’s Sacrifice ? Ce jeu de chez Ninja Theory relève davantage de l’expérience que du jeu fun addictif. Et pour cause, sur toile de fond de mythologie nordique, Hellblade traite des psychoses en vous immergeant totalement dans la peau de l’héroïne souffrant de divers troubles.
On incarne donc Senua, une jeune guerrière picte qui part en quête pour libérer l’âme de son amant tué lors du massacre de son village par des vikings. L’âme de ce dernier étant retenue au plus profond des Enfers viking, la jeune femme va devoir s’armer de tout son courage et faire preuve de détermination pour traverser les ténèbres et pour ne pas y succomber.
C’est donc dans un univers angoissant que nous conduit la quête de Senua, un univers reflétant ses multiples troubles.
Hellblade est un jeu à jouer impérativement au casque/écouteur pour profiter pleinement de l’expérience. Ainsi vous serez plongé dans la peau du personnage et ressentirez son calvaire. Les nombreuses voix dans sa tête ne cesseront de se contredire, de vous encourager, de vous rabaisser, de vous avertir d’un danger existant ou non…
Et ces voix seront les seules indications dont vous disposerez pour avancer. Hormis Senua et la voix off qui vous prend à parti, rien d’autre ne vous permet de savoir quoi faire et où avancer. L’écran étant totalement dépourvu d’interface l’immersion est davantage intense.
Le travail sur le son et les voix est saisissant et rend l’expérience extrêmement prenante. Les développeurs ont même poussé l’immersion sonore avec un niveau où vous ne discernez que les contours de Senua, plongée dans le noir et devant se frayer un chemin…
Côté gameplay les mécaniques sont relativement simple. Des phases d’énigmes où vous devez retrouver des runes dans le décor pour pouvoir avancer, et des phases de combat contre des monstres. Si les premières deviennent répétitives et assez lassantes sur certaines séquences, les secondes le sont beaucoup moins. L’animation fluide et réaliste est un régal et les combats apportent un aspect épique à l’aventure. De plus, au fil du jeu de nouveaux ennemis font leur apparition ajoutant ainsi du challenge.
Dès votre premier combat le jeu vous annonce la couleur : chaque mort permettra aux ténèbres de consumer Senua. Vous pourrez suivre cette évolution en observant la marque noire grimpant sur son bras. Si cette dernière atteint la tête de Senua le jeu s’arrête et vous devrez recommencer l’aventure.
Après avoir effectué diverses recherches sur le net, il semblerait qu’il s’agisse d’un coup de bluff des développeurs pour vous plonger davantage dans l’histoire. Plusieurs témoignages viennent en effet appuyer certaines remarques que je me suis faites durant mes heures de jeu : certaines mécaniques sont volontairement désagréables pour immerger en profondeur le joueur dans le personnage.
Les voix qui vous donnent de mauvaises indications, parfois des bonnes, qui vous avertissent d’un danger ou non, quand Senua n’arrive pas à parer au bon moment un ennemi… Ces petites choses qui arrivent de temps en temps vous perdent un peu plus au fil de l’histoire, vous faisant sombrer dans le doute avec l’héroïne.
La beauté des graphismes et le travail d’acting sur le personnage de Senua sont également très très réussis et cette dernière vous prend souvent aux tripes, lors de longues tirades face caméra.
Pour appuyer l’émotion la musique n’est pas en reste, et bien qu’à mon goût parfois un peu trop en retrait, la bande-originale signée Davide Garcia & Andy LaPlegua offre de belles fulgurances comme avec ce morceau.
Hellblade : Senua’s Sacrifice est une expérience, digne d’un film, et plaira aux amateurs d’histoires bien écrites et d’ambiances prenantes. Ce n’est pas forcément le jeu idéal à jouer seul chez soi dans le noir en cette période de confinement mais je vous le recommande chaudement tant il est unique.
Hellblade : Senua’s Sacrifice est disponible sur PC, PS4, Nintendo Switch et XBOX One ainsi que sur le Game Pass de la XBOX One.
Alexandre Vergne