Les Cowboys Fringants ? L’histoire d’une passion… Celle que je nourris à leur égard et dont je vous offre la plus large étendue à travers ce premier article… Annonciateur de bien d’autres ! A bientôt !
Les Cowboys Fringants sont rentrés dans ma vie à pas feutrés, un peu comme lorsque l’on marche dans la neige épaisse de leur pays. Je n’ai longtemps connu qu’un morceau qui passait régulièrement sur Youkounkoun.com, la radio web des potes… De ce groupe au nom improbable j’écoutais « La Reine ». Et cette musique à mi-chemin du cirque et du cabaret tsigane, me racontait l’histoire déchirante de cette femme lumineuse, toute dévouée à soulager la misère de ses contemporains. L’héroïne était si bien campée, que j’ai cru qu’elle avait vraiment existé…
Les Cowboys Fringants c’est avant tout de la chaleur humaine. Une belle relation entre le groupe et son public. Les concerts se finissent toujours par quelques dizaines de personnes sur scène pour entonner avec eux « Tant qu’on aura de l’amour ». Tout un programme ! Puis j’ai découvert d’autres titres, tout le répertoire. Attendant fébrilement des paquets de la poste canadienne… Un répertoire d’un foisonnement et d’une richesse absolue. Depuis leur création en 1994 les Cowboys Fringants, sous l’impulsion de l’auteur-compositeur guitariste Jean-François Pauzé, ont su constamment évoluer, se renouveler… Les premiers albums semi-pro délivrent un folk-rock un peu potache comme « Marcel Galarneau » ou« Maurice au Bistrot », parsemé néanmoins de perles de sensibilité et de tendresse (Le Quai de Berthier, Banlieue…), laissant entrevoir pour l’avenir tout le potentiel de la gang. En 2002 « Break Syndical», 4ème livraison mais premier album vraiment produit, donne les bases de l’identité des Cowboys Fringants: conscience politique et chronique sociale avec un zeste d’humour ravageur ! Cet album fournira la colonne vertébrale des shows pendant longtemps. En Berne, La Manifestation, L’Hiver Approche, Joyeux Calvaire, Toune d’Automne, Mon Chum Rémi… Excusez du peu…
Mais je n’étais toujours pas né pour eux… Il y eut ensuite le concert en tête d’affiche sur la grande scène du Printemps de Bourges. Je connaissais par cœur le DVD orange du show du Centre Bell de Montréal et je voulais être absolument devant cette violoniste, accordéoniste, flûtiste, mandoliniste et j’en passe… Marie-Annick Lépine, petit lutin en bottes, a enchanté ma soirée. Une boule de furie, sous des atours d’ange. Elle menait son monde à la baguette, de l’archet devrais-je dire… Dirigeant le public, encourageant les musiciens et dynamitant le tout ! En 2004, sortie de «La Grand-Messe» et son plaidoyer écologique, avec des titres comme « Plus rien», « 8 secondes » et «Les Etoiles Filantes » qui sont devenus des classiques de la chanson québécoise et incontournables de leurs spectacles. Des shows toujours plein d’énergie, de charme et d’émotion. Cet album est la pierre angulaire de leur discographie.
Dès lors je n’eus de cesse que de les voir et les revoir encore… Il y eut en juin le festival de la musique québécoise à Pully en Suisse et les Francofolies en juillet. Belle année quand j’y repense… Et surtout en septembre de cette même année, les Insuccès au National de Montréal ! Les Insuccès me direz-vous ? Un rêve de fan où le groupe joue tous les morceaux qu’ils ne font pas habituellement. Des shows de quatre heures, des set-lists de plus de cinquante chansons. C’est rare, toujours au Québec… « L’Expédition » et « Sur un air de déjà vu » son complément, continuent en 2006 d’élargir l’audience européenne du groupe. Le titre « Droit devant » ouvrira durablement les concerts et « Tant qu’on aura de l’amour » les clôturait encore il n’y a pas si longtemps. C’est vers ces eaux là que j’émerge… JF et Marie-Annick dont j’ai déjà parlé, Karl le doux chanteur et Jérôme le bassiste fou, ont nourri mon cœur et mon esprit depuis bientôt 15 ans… Ils m’ont promené partout à travers la francophonie, m’ont donné pour mes vieux jours un complément de famille et d’amis… Après la sortie d’un live au Zénith de Paris, nous parvient, de la belle Province en 2006, «Que du vent » dont nous retiendrons le tube « Louise Attaquesque » : « Paris-Montréal» et le bouleversant «Shooters» sur les conséquences d’une fermeture d’usine…
En 2015 « Octobre » et son lot de pépites : « Pizza Galaxie », le duo « Marine Marchande » qui entraîne chaque soir une ou plusieurs demoiselles sur scène, «La Dévisse »avec son clown triste, «Pub Royal» et ses aurores boréales… La tournée s’étala sur quatre années magiques. Des road-trip à la pelle et des piaules chez les uns, chez les autres. Les Cowboys, c’est le sens du partage et de la so-so-so solidarité ! Cela nous amène en octobre 2019 à la parution « Les Antipodes » dont la tournée européenne de mars 2020 devait remplir entre autres : l’Aréna Accord de Paris, le National de Bruxelles et l’Aréna de Genève. Mais un bouffeur de pangolin en avait décidé autrement !
Les Cowboys Fringants sont devenus une institution au Québec. Des reprises de leurs chansons ont été réarrangées et jouées par l’Orchestre Symphonique de Montréal. Ainsi qu’un spectacle du Cirque du Soleil entièrement consacré à leur répertoire. Pour moi cet album est le résumé d’une carrière. Un best of qui serait constitué de morceaux originaux. Ce n’est pas si banal ! Les Antipodes représentent le grand écart entre les chansons ‘broche à foins’ un peu délirantes de leur début et les thèmes sociétaux chers à leurs cœurs… Donc 10 morceaux, 5 de chaque, pas de jaloux et tout le monde est content ! L’album s’ouvre avec un titre locomotive, qui paradoxalement raconte les affres existentielles d’un chauffeur de truck à travers les routes interminables de l’Amérique du Nord. « L’Amérique pleure », qui a failli donner son nom à l’ensemble, squatte les charts québécois depuis de longs mois. C’est une des chansons emblématiques de notre époque. Un texte puissant dont Jean-François Pauzé a le secret sur une musique aigre-douce, sublimée par un harmonica entêtant…
Comme toujours les arrangements sont le fait de Marie-Annick Lépine, multi-instrumentiste de talent et touche de grâce du combo. « Les Maisons toutes Pareilles » fait partie de ces chansons dites sérieuses sur nos conditions d’humains des pays riches. Et un refrain parsemé de Wooo-hooo, histoire que le public se lâche pendant les shows… « Suzie Prudhomme » un beau portait sur un rythme soutenu de rockabilly, surprenant de leur part…Mais pas désagréable… « Ici-bas » morceau pop qui reste longtemps au creux de l’oreille. Avec « Saint-Profond » ils nous emmènent dans un Québec à la ruralité oublié et aux sons folks de banjos, violons et guitares. « Mononc’ André » nous laisse aussi sur le côté broche à foin de la galette et une histoire de boisson qui s’enchaine très bien avec « La Traversée (de l’Atlantique en 1774) » un rock celtique du plus bel effet. Fier et puissant, et un refrain qui nous assure que l’eau douce ça rend malade… Comment résister ? Nous repartons vers des cieux plus sombres. « D’une Tristesse » tire un constat glaçant de nos vies sur l’air post-moderne d’un tango martial. On retrouve l’esprit de la grange avec le pauvre « Johnny Pou » et son addiction à la coke. Le tout finit « Sur mon épaule », chanson d’amour qui donne envie de se blottir dans les bras de sa blonde et juste remettre le CD au début.
Les antipodes / Les Cowboys Fringants / Octobre 2019 / 22€
En conclusion, plus qu’un bel album, qui donne envie de les voir ou revoir en LIVE et sans distanciation !
Pascal David (Le Rascal)