Juke Box N°67

Un Juke Box 100% féminin. Pour panser nos plaies et nos angoisses. Pour chasser le spleen et nous raconter des histoires de déserts, de combattantes ou de mondes enchantés. Et si vous êtes bien sage, le Rascal vous donnera ses recettes de beauté. Intérieure bien sûr…

Nous allons commencer par un soin relaxant, aux vertus apaisantes.

Pour cela la voix miraculeuse d’ARIANA VAFADARI va nous chanter un conte Zoroastre…

L’épopée d’Anahita qui se désole pour son pays rongé par le sable et prie la déesse homonyme de donner l’eau vitale à son peuple, avant de partir à la recherche de la source salvatrice…

Une œuvre à la croisée des cultures, pour une histoire iranienne, dont la touche orientale est donnée par Driss El Maloumi un délicat joueur de oud… Le piano de Julien Carton, semble lui sorti des solos de Debussy, pour visiter le Monde attiré par une voix limpide. Et c’est curieusement la basse de Leïla Soldevila qui fait le liant, se glissant subtilement de l’un à l’autre, se métamorphosant en tampura, guitare, violoncelle ou contrebasse…

Ces trois géniaux instrumentistes dans l’élégance et la sobriété, déploient un échantillon d’étoffes soyeuses, pour habiller un chant lyrique de haute volée.

Car ARIANA VAFADARI est une enchanteresse et son chant nous installe dans une loge à la Scala, le désert Dasht-e Lut ou une cour du moyen-âge…

Cette voix est de partout et de nulle part…

Et il y a comme une envie de retenir son souffle et de ne subsister, que de ce qu’elle nous insuffle…

Un souffle plus qu’une voix.

Le souffle du désert qui assèche le pays, celui de la prière qui monte jusqu’à la déesse.

Le souffle qu’Anahita, inhale d’Anahita…

Le souffle de l’espoir, d’où surgit le souffle de l’eau qui jaillit de la source !

Cet album est inclassable… Classique ? World ? New-Age ? Jazz même, avec « Tchak Tchak » une pièce à la Magma ! Un chant débridé, des percussions puissantes et Debussy qui se mue en Keith Jarret…

Et si vraiment on ne sait pas, il trouvera sa place dans la pharmacie, à côté des anti-dépresseurs… Tellement tout dans cette douceur, incite à la paix et à la méditation…

Un bel objet, qui pour ma part va rejoindre les disques de chevet de mes insomnies…

Anahita / Ariana Vafadari / Quart de Lune / 19 Juin 2020 / 13,99€

C’était en 2017 par une belle soirée de fin d’été. Nous étions reçus avec une trentaine de privilégiés, dans une jolie petite maison de la banlieue bordelaise à un mini concert privé dans le salon.

KLÔ PELGAG qui remplit des stades au Québec allait se produire devant une poignée de spectateurs.

L’exercice est délicat pour l’artiste comme pour le public. L’inconfort des chaises, la moiteur de la pièce, la promiscuité, génèrent une gêne et une tension palpable…

Toutes deux en chemise de base-ball japonais, Klô au piano et son accompagnatrice au violoncelle ont subjugué l’assistance plongée dans un profond, respectueux silence.

Sans artifice, juste la voix, l’écriture et l’intelligence du jeu…

L’heure musicale la plus intense de ma vie !

Mais KLÔ PELGAG a bien d’autres atouts dans sa manche, quand sur NOTRE-DAME-DES-SEPT-DOULEURS elle dispose de cordes et de cuivres, de chœurs et de synthés.

Elle cristallise le quotidien afin d’alimenter le cabinet de ses curiosités. Et remodèle le paysage en un Land Art émotionnel.

On va donc continuer de soigner l’âme avec le troisième album de KLÔ PELGAG aux vertus restructurantes.

Avec NOTRE-DAME-DES-SEPT-DOULEURS on a l’impression que Klô reprend l’ouvrage de « L’Etoile Thoracique » son précédent album, là où elle l’avait laissé en 2016, pour un voyage peut-être plus introspectif.

Une intro en forme de départ de train stylisé et « Romana » qui jaillit et l’on retrouve la voix si particulière du lutin gracile et de sa pop sophistiquée.

Les vocalises qui sont la marque de fabrique de la maison, nous chantent l’absence et l’attente dans des textes-poèmes d’amoureuse sur le fil du rasoir…

Le tout est sublimé par une science de l’orchestration sans faille, comme sur la grande mélancolie de « La Fonte » qui a tout pour nous faire fondre à notre tour.

Et l’on se laisse charmer par une lettre « Für Elise » et les pop rock inventifs de « Melanine » et « Où Vas-Tu Quand tu Dors ? » en feu follet, digne héritière des Björk et Kate Bush…

Après une visite de « La Maison Jaune », Klô nous délivre un instrumental floydien pour un retour sur Terre en délicatesse… Du grand art !

NOTRE-DAME-DES-SEPT-DOULEURS est une nouvelle pierre dans l’édifice de la carrière de KLÔ PELGAG, mais à n’en pas douter une belle pierre de taille…

Notre-Dame des sept douleurs / Klô Pelgag / Secret City Records / 26 Juin 2020 / 11,99€

J’étais tranquille, j’étais peinard… J’avais rien demandé à personne, si ce n’est le CD mystique d’Ariana Vafadari.

Mais Xavier, attaché de presse zélé, avait opportunément glissé dans l’enveloppe le soin tonique et revitalisant que vous attendiez toutes…

MORGANE JI : WOMAN SOLDIER ça s’appelle…

Et celle-ci, je ne l’avais pas vu venir, avec son banjo en bandoulière !

Dès les premières mesures de «Tom Thumb » je suis sous le charme d’une voix sensuelle qui pourrait être d’Orient, d’Angleterre, d’Afrique ou de Vénus…

Je ne sais plus trop si l’on peut encore dire ‘excitant’ en parlant d’une dame.

Question de politically correct… Mais là c’est pas l’envie qui manque !

Ne vous emballez pas, même si elle est somptueusement belle, je parle de musique essentiellement !

Et puis secrètement, si je pouvais faire découvrir une chanteuse réunionnaise à mes frères de cœur que sont Gillou, Eric et Jajo, là-bas sur le Caillou, je gagnerais définitivement mes galons de « Fournisseur de Douceurs en Chef »…

MORGANE JI dégage une forte personnalité avec cet album énergique de world-techno.

Un tempérament de guerrière qui habite complètement une musique électro solaire, mêlée de sons roots.

En tête d’affiche « Mon Nom est Personne » remix savoureux d’Eurythmics et Lady Gaga. Le tout en français… Mesdames et Messieurs, ça sent le tube !

Un rock électro pour « Time Bomb » et le jeu atypique de Morgane sur son banjo.

Beaucoup de titres en anglais, un peu de frenchie et non les moindres (Homo Sapiens ! ) et un « Maloya » aigre-doux en créole, à vous tirer des frissons ou des larmes…

«… Maloya sans kayanm, sans djembé… ».

Autres sommets « Woman Soldier » en électro soul ethnique et « Fear No More », à la profondeur et la gravité des chants de lutte en faveur des droits civiques.

MORGANE JI est déroutante, elle change de style à chaque track et touche toujours dans le mille !

Une artiste vouée à une destinée internationale dont la musique rafraîchit l’atmosphère, tout en faisant grimper la température !

Woman Soldier / Morgane Ji / Aztec Music / 2018 / 19€

Salut les filles et bonnes vacances !

Le RASCAL (Crédit photo d’appel : Catherine CHARVET)