Juke Box N°88

Les grands classiques du rock revisités avec humour et énergie par Ramon Pipin et son excellente troupe, les savoureuses déclamations de Chichi qui nous donnent la banane au coeur et du soleil plein la tête, du reggae thérapeutique pour chasser les mauvaises ondes, distillé avec amour et classe par Manjul, fort bien entouré d’une myriade d’invités prestigieux… Du jazz ensuite, élégant, inventif et furieusement addictif avec le Trio 109, kaléidoscopique et foisonnant avec le MegaOctet d’Andy Emler, et d’une totale liberté avec les talentueux Hermon Mehari et Alessandro Lanzoni… Place ensuite à deux super nanas, Agnès Bihl et Pauline Croze, qui portent haut les couleurs de la très bonne chanson française, et on termine avec du rock, puissant, ténébreux et poétique avec MØSI, de la Pop Rock philosophique et mélodieuse avec Diogène Théorie, et du « rap électro punk » explosif avec Julius on the wave ! Bonne écoute à toutes et à tous !

Nous sommes fort nombreux à nous délecter des pitreries des Excellents qui sévissent sur la toile en une myriade de petites vidéos faites « maison » (chaîne Youtube ici !) qui suscitent autant l’admiration que l’hilarité absolue. Admiration, car les lascars sont tous d’excellents musiciens… Et hilarité car il faut être sérieusement coincé pour ne pas succomber à leur humour potache ! Ces petites friandises valaient bien un écrin digne de leur qualité… Et bien, c’est chose faite avec cet album triple face (et oui !) où Ramon Pipin et sa bande de joyeux drilles nous massacrent allègrement (les solos de cor de chasse, de ukulélé ou de bombarde sont particulièrement insoutenables !) pas moins de 28 chefs d’œuvre du rock, savamment orchestrés ! Les célèbres tubes de Michaël Jackson (l’intro de son « Billie Jean » revient en Arlésienne quatre fois sur l’album), des Rolling Stones, de Lou Reed, des Beach Boys, d’ACDC, de Léonard Cohen, de Joan Jett, d’Eurythmics, de Bob Dylan, des Beatles, des Bee Gees, de Chuck Berry, de Queen, de Deep Purple, de Bruce Springsteen, de Kate Bush, de Prince, de Police, de Madonna, de Tears for Fears, de David Bowie, des Eagles et des Who, sont ainsi savoureusement parodiés au fil des 31 pistes de cette pépite d’album Ô combien jouissif… Qui a le don de chasser la morosité ambiante en quelques accords bien tournés et en mots choisis totalement déjantés ! Improbables et pourtant d’une efficacité redoutable, les reprises de ces titres intemporels sont encore plus savoureuses que les originaux. Fallait oser. Et Ramon et ses potes ont eu la joyeuse bonne idée de les exécuter, sans complexes et dans une bonne humeur contagieuse, pour notre plus grand plaisir ! Les Excellents se sont donnés en spectacle à Paris (au Café de la Danse) en cette fin d’année… Et la Province alors ? Je vous attends de pied ferme en Corrèze, les garçons, c’est quand vous voulez, hein !

Ukulelum Trucidatio / Les Excellents / Ramon Pipin Production / Octobre 2021 / 18€

Chant des cigales et mouettes rieuses, clapotis de la grande bleue… Sous la voix de Chichi qui fait chanter les mots avec autant d’humour que de poésie, cet album nous réchauffe en plein coeur de l’hiver sous le soleil de La Ciotat. Sur la bande son de l’homme orchestre Banane (banjo, guitare, percussions) qui épouse comme une seconde peau ses savoureuses déclamations, Chichi dévoile « avé l’assent » son amour du « païs », mais aussi ses colères pour ce qu’il est devenu au fil du temps. Colères pour la mer vidée de ses poissons, pour les chantiers navals abandonnés par ces « cormorans au langage pointu et châtié qui ont pris les clés de la cité », pour « le centre ville, désert en hiver, blindé en été, vidé de sa populace populaire au profit d’onéreux Airbnb », pour « les vignes arrachées et pour le bord de mer écorché pour construire hôtels, casinos et parkings pour accueillir des touristes au teint blanc éclatant marqué de rouge flamboyant »… Vêtu de son bleu de Chine (qui « culmine au panthéon du pantalon ») et casquette vissée sur la tête, Chichi revendique l’âme prolétaire de sa cité natale, les galéjades et abrivades entre amis (« l’enjolivade absolue, le sport d’apéro d’excellence ») devant un pastis bien frais pris en terrasse (« le petit lait des âmes brûlées pour affronter ce monde d’enflés et de jobards »), les parties de pêche à bord des « pointus » ou celles de pétanque (« où chaque lancer est un geste d’esthète et où tu peux gagner autant avec la bouche qu’avec l’agilité ») sous le regard des belles « cagoles » aux « allures frivoles qui donnent des idées » et de leurs « cacous » (« écrans teintés, capillaire surgelé, chaîne autour du cou qui pourrait remonter l’ancre du Titanic »). Cette « littérature de ficelle », populaire et empreinte de bon sens et de bonne humeur, se décline ainsi au fil des treize titres de ce très beau livre CD, sublimé par les illustrations de Blu S. Attard qui apportent à ce petit bijou d’humour et tendresse son supplément d’âme. Une régalade qui va vous espanter !!!

Littérature de ficelle / Chichi et Banane / Manivette Records / Kuroneko / 28 Janvier 2022 / 17€

Avec ce tout dernier album, Manjul dément avec force le ridicule adage qui affirme que le travail c’est la santé… Et nous prouve que la musique est le meilleur remède qui soit pour rester en forme ou pour la retrouver en cas de coup de mou ! Une démonstration magistrale que le docteur Manjul nous délivre sous la forme de onze ordonnances bienfaisantes à écouter sans modération et sans risquer l’overdose ! Il faut dire que Mister Manjul a conjugué ses multiples talents avec ceux de François FX Vilaverde (ingénieur du son), d’Yvo Abadi (batteur et dessinateur, à qui l’on doit également les superbes visuels de l’album !) et des meilleurs « Medecine Men » du reggae pour nous concocter cette galette magique qui nous fait voir la vie en rose (ou en vert, si on est adepte de la santé par les plantes qui font rire) ! En invitant sur cette galette magique les jamaïcains Cornell Campbell, Clinton Fearon et Cédric Myton, les congolais de Jupiter & Okwess, la guyanaise Valérie Tribord, le malgache Baco Mourchid et le réunionnais Tikok Vellaye (sans parler des excellents musiciens comme Kubix et Hugues Valot (guitares), Ahmed Fofana (kora, balafon…), Shaky Norman (mélodica) et une section cuivres d’enfer !), il nous offre un reggae flamboyant aux couleurs métissées, délicieusement roots, cuivré à souhait et savamment mêlé de dub. Voluptueux et ondulant quand il ne se fait pas joyeusement dansant, « Sound Therapy » est un album résolument positif qui vous donnera le pied léger et vous mettra des nuages plein la tête dès la première écoute. Et vous savez quoi ? Ça fait un bien fou !

Sound Therapy / Manjul meets FX and Yvo / Baco Music / 15 Octobre 2021 / 20€

Romain Villet (pianiste et auteur de l’irrésistible roman (et spectacle !) « My heart belongs to Oscar« , chroniqué ici !), Fabrice Leroy (contrebassiste) et Nicolas Lefèvre (batteur) : trois artistes en totale osmose qui ont trouvé l’accord parfait, comme en témoigne ce premier album élégant et inventif où leur palpable complicité éclate autant que leur indéniable talent. Au fil des onze compositions originales de ce petit bijou (signées par Romain Villet et Nicolas Lefèvre), le jazz de ces trois virtuoses se déploie en délicates harmonies mêlées de savantes dissonances, tout en contrastes et changements de climats, entre lenteur nostalgique et envolées lyriques d’une incroyable énergie. Une « Un trot » ouvre le bal pianissimo puis s’emballe pour nous inviter au rythme de croisière de cet album voyageur aux allures imprévues, entre douce flânerie et puissante exaltation. Ces fabuleux peintres des sons et créateurs d’images sonores nous invitent ensuite sous d’autres latitudes, pour nous dévoiler des mondes oubliés, entre terre et mer, dans un maelstrom de percussions endiablées… Une exquise « Esquisse » planante et hypnotique nous enveloppe de douceur avant de nous faire affronter les vents tourbillonnants et impétueux de l’automne, qui s’apaisent en langueurs nostalgiques de fin d’été… Un petit air de valse jazzy, un aparté apaisant comme une conversation confidentielle chuchotée entre amis, les secrets du chiffre magique qui réconcilie le yin et le yang, un dimanche matin lumineux qui nous invite à laisser le temps filer… et la traversée se termine sur un « Autre rivage » dans une promesse de sérénité bercée sur un lit de cordes romantiques… Cet album est « En somme » un sensible et magnifique écrin d’émotions intenses et une perle rare à découvrir absolument… Gros coup de coeur !

En somme / Trio 109 / Sens Dessus Dessous / 26 Octobre 2021

Après 30 ans d’existence, le MegaOctet d’Andy Emler vient de sortir son premier album « Live »… Un évènement qui nous permet de savourer, dans les conditions d’une prestation scénique, la richesse de leur jazz aussi inventif que libre qui ne supporte aucune comparaison, tant il est unique ! Mouvante et organique, la musique d’Andy Emler est toujours en perpétuelle mutation, dans l’exploration d’une parfaite alchimie qu’il réussit à faire naître grâce à l’osmose qui règne entre lui et les musiciens qui l’accompagnent. De la conjugaison de tous ces talents et de cette énergie collective à nulle autre pareille, naissent des tableaux sonores hypnotiques ou carrément explosifs où l’improvisation tient une large place : les climats s’installent, tourmentés ou lumineux, se parant à l’occasion de couleurs bluesy ou funky, dans une vibrante et débridée explosion de sons d’une liberté absolue… Pour ce concert (enregistré en Novembre 2019 lors du D’Jazz Nevers festival), Andy Emler (piano) était entouré de toute sa formation (Laurent Blondiau (trompette), Philippe Sellam et Guillaume Orti (sax alto), Laurent Dehors (sax ténor, clarinette, cornemuse), François Thuillier (tuba), Eric Echampard (batterie), François Verly (percussions), Claude Tchamitchian (contrebasse), mais aussi « d’anciens » membres venus pour célébrer l’évènement (Thomas de Pourquery, Médéric Collignon et N’Guyen Lé). Tous ces fabuleux musiciens ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour nous offrir une expérience sensorielle unique et jubilatoire qui ouvre dans les grandes largeurs les portes de la perception ! Un album rare et précieux !

Just a beginning / Andy Emler MegaOctet / Peewee / 15 Octobre 2021 / 15€

Une trompette, un piano. Entre jazz, musique classique et musique contemporaine, Hermon Mehari et Alessandro Lanzoni nous ouvrent leur univers sensible et envoûtant, entre lignes mélodiques apaisantes et dissonances audacieuses. Avec une liberté de ton et une créativité qui semblent sans limite, les deux virtuoses se lancent la balle dans une partition qui laisse libre cours à l’improvisation en dix compositions originales augmentées d’une surprenante reprise du « Donna Lee » de Charlie Parker, au fil de cet album ambitieux qui demande un total lâcher prise à son écoute. Il suffit juste de se laisser porter par le dialogue musical de haute volée de ces deux virtuoses pour que la magie opère… Le talent à l’état pur !

Arc Fiction / Hermon Mehari et Alessandro Lanzoni / Collectif Mirr / L’Autre Distribution / 15  Octobre 2021 / 14€

Agnès Bihl : un album… Et un livre irrésistible de drôlerie ! Chapeau, l’artiste !!!

Féministe « enragée », Agnès Bihl est une artiste sensible et attachante dont l’authenticité vous saute aux oreilles dès la première écoute. Vous en ferez l’expérience avec « Il était une femme » (album collector accompagné de quatre titres en bonus), où elle dévoile ses coups de blues et ses coups de gueule avec une faculté d’indignation totalement dénuée de langue de bois, qui n’a d’égale que son humour et sa générosité ! Tendre et mélancolique lorsqu’elle aborde les amours envolées ou en « Panne de sens » (« Notre histoire a duré le temps de t’en lasser, mais si trouves mieux ailleurs, je te rembourse l’indifférence »), les désillusions de l’âge adulte (« On cherche en vain, sans fin, la terre promise »), le mal de vivre (« Elle boit pour oublier qu’elle fume, elle fume pour oublier qu’elle broie du noir ») ou « les gens bien » (« Ceux qui tout simplement se donnent sans compter et qui prennent le temps de leur humanité »), elle se révèle poignante quand elle évoque sa maman disparue (« Et moi je croyais qu’on avait le temps, mais toi tu es partie comme un coup de vent »). Mais la belle sait se faire aussi incisive que féroce quand elle met en mots ses (nombreuses et justifiées) colères, qu’il s’agisse des violences faites aux femmes (« Il est million de femmes, on est même des milliards à vivre sur cette planète, il est l’heure qu’on relève la tête »), ou du quotidien des super women (« 36 heures de la vie d’une femme, parce que 24 c’est pas assez. Même si c’est pas vraiment le bagne, on n’est pas vraiment libérée »), ou lorsqu’elle dénonce cette société du paraître (« Dans ce monde à la con, vieillir est une erreur. Je n’ai pas dit mon dernier mot, je n’ai pas dit mon dernier merde »), les « vieux cons » (« Moi d’mon temps c’était mieux forcément, maintenant tout fout le camp… ») ou le mépris du monarque qui nous gouverne (« Rien n’est bon dans l’Macron, sauf pour les grands patrons ») dans une grinçante parodie du « Manu » de Renaud. Dans le registre de l’humour, là aussi Agnès fait mouche, lorsqu’elle transforme une déception amoureuse en délices carnivores (« Vous me crûtes quiche, vous finirez en hot-dog, j’ai l’âme d’une biche et l’appétit d’un ogre »), qu’elle met en scène le pétage de plombs d’une boulangère, ou qu’elle fait l’éloge de la paresse (« Aujourd’hui, je ne fous rien et si j’ai pas fini ce soir, je continuerai demain. Mais je veux bien à la rigueur faire semblant de travailler comme un sénateur et dormir comme un député »). Un émouvant duo avec la regrettée Anne Sylvestre (extrait de l’album « Carré de dames« ) met le point final à cet album riche en émotions de toutes sortes, portées par une bande son mélodieuse et pétillante… Et on ne s’en lasse pas !!! Pour info, plusieurs concerts sont déjà programmés (dates ici !), alors filez vite l’applaudir !

Il était une femme / Agnès Bihl / Signe Particulier / 7 Février 2020 / 16€

Délicieusement illustré de photos de pub « Vintage » dans une graphie qui attire irrésistiblement le regard, ce recueil, concocté par Agnès Bihl (qui ne manque décidément pas de ressources pour nous dérider les zygomatiques !), propose pas moins de 500 aphorismes aussi décapants que décalés… Et surtout férocement drôles ! Au fil de ses pages, notre malicieuse Agnès se lâche aussi bien sur les sujets politiques ou de société que sur la noirceur et la bêtise de l’âme humaine… Il est donc inutile de vous préciser qu’elle n’a eu que l’embarras du choix pour lancer ses scuds, vu son esprit d’à propos vif comme l’éclair ! Si vous n’avez pas le moral ou au contraire l’humeur à rire de tout et même du pire, courez vite acheter ce petit bouquin jouissif en diable qui deviendra bien vite votre livre de chevet !

Les unijambistes ne courent pas les rues / Agnès Bihl / Signe Particulier / 2021 / 13€

Le magnifique titre « T’es beau« , ballade mélancolique chantée de sa voix au timbre inimitable, avait mis Pauline Croze sous la lumière. En toute discrétion, la demoiselle a fait depuis bien du chemin et voilà qu’elle nous présente aujourd’hui son sixième album. Un album teinté de « Désabusion » où des textes poétiques et sensibles, écrits en collaboration avec de multiples auteur(e)s, sont portés par sa voix sensuelle et douce, sur une pop aérienne parée de délicats arpèges de piano et de nappes d’électro soft. Un album tout en finesse qui laisse entrevoir des lueurs de ciel bleu derrière la grisaille de nos heures, et qui révèle son extraordinaire palette vocale… En dix titres désenchantés, Pauline nous invite au creux de son univers enchanteur qui dégage un charme fou : en petites tranches de vie qui sont autant d’hymnes à l’amour perdu sur des chemins d’errance, elle décrit un monde sans nuance et ultra connecté où les histoires d’amour « se noient dans des pixels »… A noter la superbe pochette dessinée par Joann Sfar qui est une pure merveille de délicatesse, à l’image de la personnalité de cette artiste « A part » ! Pauline Croze est actuellement en tournée, alors filez vite l’applaudir si elle passe près de chez vous !

Après les heures grises / Pauline Croze / Argentic / Capitol / 8 Octobre 2021 / 16€

« Noir comme la suie, noir comme le carbone ». Le rock aussi atypique qu’épuré distillé par Marien et Melen, les deux frangins de MØSI, est aussi sombre que puissant. Leur univers très personnel, porté par la voix tourmentée d’écorché vif de Marien sur des textes d’une poésie ténébreuse et glaçante, se dévoile en un patchwork finement cousu de distorsions et de dissonances, d’éclairs stridents de guitare et de batterie tempétueuse qui nous embarquent dans des ambiances électriques et fiévreuses qui se calment en plages hypnotiques et planantes au fil des sept pistes de ce troisième album d’une originalité quelque peu dérangeante, mais terriblement efficace. Un album de pluie et de mélancolie, de colères et de doutes qui « distrait l’ennui comme on distrait l’insomnie » pour « rêver des espaces infinis, des étendues glacées »… Sincère et troublant, cet album tout en contrastes dégage une rare puissance émotionnelle. Un groupe à suivre de très près !

Noble dans la défaite / MØSI / Vlad Productions / Terre Ferme / 7 Mai 2021 / 14€

Une pop rock voluptueuse et élégante, une voix sensuelle et douce qui porte des textes sensibles et poétiques où la philosophie et la mythologie mettent en perspective les problématiques d’aujourd’hui : voici la recette imparable de Diogène Théorie qui nous offre un album puissamment intelligent, d’une grande qualité mélodique et d’une sacrée belle originalité. Diogène, Némésis, Echo et Narcisse, Icare, Orphée et Eurydice, Œdipe, Pandore… Au fil des 12 titres de cet album raffiné, c’est tout le panthéon de la mythologie grecque qui se dévoile pour éclairer de sa sagesse les méandres tortueux de l’âme humaine, et pour mettre en garde les âmes perdues… Celles des hommes qui en veulent toujours plus au lieu de tendre vers une sobriété heureuse (« Je n’ai besoin de rien que les rivières, les montagnes, le feu, les arbres et le chant des oiseaux »), qui ne respectent plus la vie (« Attendons ton sentiment, saturation de toxiques, de dieux mythiques ou d’argent… Nos crimes, nos violences, ton châtiment, ta vengeance, Némésis, ta justice ») et méprisent les plus faibles d’entre eux (« Si un jour je dois fuir les bombes, que j’en ai assez de creuser des tombes, je me fous de ton avis, c’est ma vie et je vis du moins jusqu’ici »). Celles des hommes avides d’artifices, de perfidies, de vanités, de calomnies et de traîtrises » qui n’en finissent pas d’ouvrir la boîte de Pandore qui nous mènera tous à notre perte. Heureusement, « Les rêveurs rêvent » même « si c’est tout ce qu’ils savent faire »… On ne peut qu’encourager Diogène Théorie à continuer de nous éclairer de leur lanterne et de nous faire partager leurs rêves. Car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont toute l’aura et le talent pour nous donner envie de les suivre…

Besoin de rien / Diogène Théorie / Art Trouble / 2 Juillet 2021 / 16€

Un personnage ce Julius ! Déjà réalisateur de clips, fondateur du Patapouf Gang et réalisateur d’une émission musicale sur YouTube (« Fanzine« ), il nous offre aujourd’hui (et sans faire de chichis !) un premier album qui dépote grave, dans un registre qui va du rap au punk en passant par l’électro… Un crash test décapant… Histoire de tester notre résistance aux décibels ! Au fil des onze titres de cette véritable marmite infernale, bouillonnante d’humour et d’inventivité, Julius laisse libre cours à sa folie douce en surfant sur la vague de l’autodérision et de la révolte, en hissant bien haut le pavillon noir. En gros, tout énerve ce rebelle rigolard (et un peu branleur, quand même… Voyez ça comme un compliment de ma part !) qui rêve de fuir ses semblables (« J’veux une maison sur la plage, me retrouver loin des ondes, loin des humains »), abhorre la société (« les politiques et les banques, vivement qu’ça saute, vivement que j’ai un tank ») et refuse de perdre sa vie pour la gagner (« Jamais travailler sauf pour démissionner ») qu’il illustre dans un titre jubilatoire (« Pas envie d’aller bosser ») qui doit mettre une sacrée ambiance en concert ! « Maniaco positif » (« j’suis pas fou, j’vois la vie d’un autre oeil »), Julius nous offre un véritable trip sous acide à l’écoute de cet album déjanté à souhait qui se termine sur un hommage appuyé (et chuchoté !) aux maîtres que sont Les Wampas. Crash Test ? Écoutez le fort, très fort… Histoire de rendre fous vos voisins zin zin ! Punk’s not dead!!!

Crash Test / Julius on the Wave / Banshies / 18 Juin 2021 / 12€

Christine Le Garrec