J’ai bien regardé partout…

J’ai zoné à la plage, à la piscine municipale.

Je me suis perdu au supermarché, raclé le fond des bacs…

J’ai rien vu…

Par ce bel été, les meufs avaient disparues…

Restait juste une poignée de gars, venus raconter leurs histoires…

Des épicées, des métissées, jusqu’au fond de la mine noire…

Des gars qui s’inventent des films d’Amérique et des qui rappent en rimes riches…

Avec les belges Gueules Noires, le globe-trotteur Matjé, les road-runners Holy Bones et le rappeur Lhomé.

Où sont les femmes ? (air connu…)

Vous en voulez des histoires d’Hommes ?

Alors accrochez vous, parce que là, ça va secouer le cocotier !

Des histoires de Gueules Noires. Ramenées d’Afrique, du lointain Congo.

Histoires d’Hommes réduits en esclavage.

Histoires de mineurs belges, aussi, aliénés par le travail.

Les Gueules Noires témoignent et quelque soit la forme, ne laissent pas indifférent…

Le propos est terrible sur les forçats d’un capitalisme implacable ou du cynisme des colons de Léopold II.

Et Dierick et sa bande tapent là-dedans à coups de pioches et de machettes.

Ils taillent un discours politique dénonciateur des exploiteurs.

Une œuvre ambitieuse et sans concessions.

Un objet satanique qui nous brule les doigts…

« …Tu veux un cendrier ? … »

Entre deux tranches de Métal, l’artiste belge, prend fait et cause pour ces damnés de la Terre.

En anglais, en français, avec des riffs qui s’échappent de partout…

Blues-rock déjanté ou électro-indus aux guitares saturées et voix d’outre-tombe…

Et au milieu de cette noirceur, les diamants brillent d’autant mieux.

Fanfare de mineurs à la sauce western ou vieux slow bluesy tout droit sorti d’Exile on Main Street…

Une musique qui vient des entrailles de la Terre et de ceux qui la fouillent.

Et l’on chavire d’un extrême à l’autre, d’une complainte Boregne dans la douceur du jour au Cheval de Fond muré dans la nuit, au beat pesant et aux guitares qui strient l’obscurité.

Rock reptilien, dont la poésie se fait matière, épouse les méandres du boyau, dans le cliquetis des sabots…

Gueules Noires c’est le Germinal du Rock !

« …Je suis un Mineur !

Creuse !… »

Gueules Noires / Gueules Noires / L’Autre Distribution / Sortie le 15 Juin 2023

C’est l’histoire d’un mec…

Vous la connaissez ?

Non pas celui du Pont de l’Alma, Matjé celui de St Malo…

Quand il en a eu marre de regarder la mer,

Il a pris son barda, rejoint les autres Terres…

Il s’est fait plein d’amis, à la mort, à la vie,

Charmés par sa musique…

Il a fait son grand tour et nous narre ses péripéties…

Sur Mon Dos, c’est le disque pour l’été.

Pouvoir bouger, visiter le Monde, sans quitter le coin du canapé ou le bord de la piscine…

On voyage tout en douceur au son de la Cumbia et des rythmes africains.

Un opus tendrement chaud, qui sied aussi bien à la sieste qu’au trémoussage.

De plus le guide est en français aussi à l’aise à Marseille, qu’à Guadalajara…

Un guide qui chante, qui rappe, qui balance son Maloya et n’est pas avare de Palabres !

…Et ? Pas con le mec…

Sur Mon Dos / Matjé / Label d’à Côté / Inouïe Distribution / Sortie le 22 septembre 2023

Holy Bones, c’est Chris Isaak qui a couché avec Ry Cooder et qui ont pondu un Paris-Texas avec des paroles…

Disque languide qui transpire de sensualité et de guitares suaves.

Le chanteur, a de plus une voix à faire frémir les cœurs les plus rêches…

Wim Wenders aurait pu filmer cette Alma Perdida dont il ne restera que la musique et des notes d’ambiance…

Et les images que chacun se fera…

Virée dans le désert, en pleine lumière, écrasé de chaleur…

Toucher la frontière Mexicaine, pour trouver l’Amour ou l’Eldorado…

Se laisser berner par de faux prêcheurs, aveuglé par la fumée et les rêves…

Je lui échappe, elle m’attrape, dans un lent mouvement de va et vient…

Keep on Keeping on…

Et je sais qu’à la fin le temps est avec moi…

Tout le temps pour trouver mon Alma Perdida…

Alma Perdida / Holy Bones / Alpine Records / Sortie le 12 Mai 2023

S’il y en a qui s’en sortent plutôt bien pour raconter des histoires, ce sont bien les rappeurs.

Lhomé ne déroge pas à la règle.

Lhomé, l’Homme de Lomé, de père libanais et de mère togolaise, délivre Miracle(s), un rap quasi symphonique, au son ample et généreux, lézardé de scratchs incisifs.

D’une écriture fine, il dévoile son univers et d’un flow fluide et limpide balance sans exhibitionnisme ses histoires de bonhommes.

Rap sensible, d’un père, d’un fils…

Le rap lucide d’un grand frère plein d’empathie et qui tend au spirituel.

Quelques séquences « Love » pour frottis groovy en auto-tune…

« …La voix m’a dit de le faire… »

Lhomé est du genre de ceux qui mettent tout sur la table…

Rappeur, pas bonimenteur !

Ce type croit aux Miracle(s) et fait de nous ses témoins privilégiés…

Miracle(s) / Lhomé / L’Atelier du Pélican / Absilone / Sortie le 30 juin 2023

LE RASCAL