Festival « On n’a plus 20 ans »… Le report !

On a envoyé nos supers journalistes d’investigation Laure (Bouille) et Vincent (Kreu-Kreu) au festival « On n’a plus 20 ans », et si vous n’avez pas eu le privilège d’y être présent, voici leur live report !

Bienvenue donc pour cette huitième édition, avec en invités d’honneur les gars de Tagada Jones, en tête d’affiche trois soirs de suite à l’occasion de leur trentième anniversaire (et les quarante de Bouille !) ! Et ce que l’on peut dire, c’est que l’ambiance globale sur le fest résume bien cet état d’esprit de gros week-end entre potes, c’est simple et bon enfant, sans prise de tête. Quasiment pas de collègues ivres morts, mais tout le monde y va tour à tour de sa petite anecdote de concerts, de festivaliers, de zicos, auxquelles on repense avec bienveillance et sérénité… C’est qu’on n’a plus vingt ans quand même !!!  

Vendredi : Lion’s Law

Et c’est donc Lion’s Law qui ouvre cette toute première journée de festival, avec une intro longue, tout en crescendo, débouchant sur un premier morceau punk/oï ! tout à fait dans la veine de ce groupe qui réchauffe doucement un public un peu épars et aussi réfrigéré que la salle de concert. Malgré la difficulté d’être un groupe de début de journée, le leader Wattie et son crew se donnent à fond et passent visiblement un super moment, enchaînant avec la même énergie des morceaux oscillant entre un street punk agressif et d’autres plus mélodiques, permettant la reprise de leurs refrains par le public, comme sur le titre « Lafayette ». Éclectique, le groupe propose de très bons soli comme dans « Escape », mais aussi des titres au son plus traditionnel et « intimiste » avec « Zonard ». Le public est très réceptif au show qui lui est proposé et à la proximité toute simple ressentie avec les musiciens. Sur un « Knock’em out », annoncé comme une « chanson dansante », les spectateurs répondent immédiatement par le premier circle pit du festival, tandis que « Damaged Heart » fait pleuvoir les t-shirts autant que les slameurs. La prestation se termine sur un « For my clan » qui sonne comme un clin d’œil aux festivaliers et déclenche un très gros soutien du public, de plus en plus nombreux ! Une très solide prestation pour un premier groupe de festival, bravo à eux !

Vendredi : Opium du Peuple

Trente minutes plus tard, c’est au tour de l’Opium du Peuple d’entrer en scène, face à un public bien réchauffé désormais, et prêt à en découdre face au groupe qui fête justement ses 17 ans ce soir ! Le public se donne à fond dès les premiers morceaux du groupe, ultra martiaux et rythmés par Machine à la batterie ainsi que par Joey Délices et Mademoiselle Cœur aux percussions additionnelles. Mais c’est lorsque le leader, Slobodan, annonce un morceau traitant du « consentement » (et de la « Fistinière ») que les spectateurs se déchaînent véritablement, avec la reprise de « Fais moi mal Johnny », qui occasionne un énorme soutien aux deux chanteuses / danseuses / percussionnistes, qui seront comme d’habitude au centre du show du groupe. Machine se fend d’un petit solo de batterie des familles, Slobodan raconte n’importe quoi dans la bonne humeur générale, en profite pour tacler Macron et le gouvernement une fois de temps en temps, avant de provoquer de gros pogos avec sa reprise de « La Foule » de Piaf, puis le tout premier wall of death du festival avec la reprise de « La mauvaise réputation », de Brassens… Revenir sur toutes les reprises rigolotes du groupe serait aussi inutile que fastidieux, mais on retiendra l’ambiance générale super fun et dansante de l’ensemble du set, avec une mention spéciale pour « Le lion est mort ce soir », repris en cœur par le public, « The Ace of Spade » ou encore « So What », qui s’achève tout en finesse sur le cul de Slobodan et un public qui en redemande !

Vendredi : Les Wampas

Les Wampas débarquent donc dans une salle à présent chauffée à blanc, et Didier Wampas n’aura aucun mal à faire reprendre les paroles de ses différents morceaux, que chacun semble connaître par cœur. La contrebasse de Jean-Michel Lejoux est une invitation à remuer à laquelle le public ne peut refuser, et produit un super son, très identifiable. A l’occasion du titre « J’ai quitté mon pays », une estrade à roulettes est apportée sur scène, provoquant un petit bazar au vu de la taille de l’objet qui se prend dans les câbles, mais loin de ralentir le show, elle dynamite Didier Wampas, véritablement on fire, qui descend aussi dans la crash zone pour chanter au contact du public ! Le groupe enchaîne avec des anciens morceaux, provoquant une grosse émotion chez les spectateurs, d’autant plus lorsque Didier Wampas quitte son estrade pour aller désormais chanter DANS la foule, d’abord jusqu’à la régie, puis aux quatre coins de la salle, tandis que les techniciens font ce qu’ils peuvent pour dérouler des kilomètres de câble XLR, aidés par un public trop heureux de participer aux excentricités du groupe. Le show s’achève par des morceaux autant énervés que fusionnels, le leader du groupe chantant désormais en slamant à genoux comme la rockstar qu’il est. Un excellent concert donné par le groupe, qui a su enchaîner et produire un show d’aussi bonne qualité que le groupe précédent, pour le plus grand plaisir des spectateurs !

Vendredi : Les Sheriff

Après une pause bière bien méritée pour tout le monde, Les Sheriff font leur entrée avec un « Sortez les bulldozers » fédérateur et taillé pour le live ! Le public est immédiatement dans le bain et conquis par le punk rock énervé joyeusement délivré par le groupe, dont la setlist comptera pas moins de vingt-et-un titres ! Exécutés d’une manière peut-être moins « extravagante » que ceux des deux groupes précédents, ces morceaux leur tiennent la dragée haute en terme d’énergie, avec un « Qué Pasa ? » repris en chœur par le public, ou un « A la chaleur des missiles » hyper remuant ! C’est simple, par moments, tout le monde danse dans la salle. Le groupe enchaîne un set très varié en terme de périodes et d’albums, il y en a pour tout les goûts, et on sent une volonté de faire plaisir au plus grand nombre. Plus rassembleur qu’innovateur, le groupe conclut son show par un « J’aime jouer avec le feu » qui sera repris dans sa quasi-intégralité par un public déchaîné, en fusion totale avec les artistes, jusqu’à une ovation finale tout à fait méritée.

Vendredi : Tagada Jones Circus

A minuit quarante, la tension est palpable, dans l’attente du dernier groupe de ce premier jour, qui aura été d’une qualité impressionnante ! Les Tagada Jones, rebaptisés pour la soirée les Tagada Circus, s’installent sur un étonnant remix de Woodkid, dans un décor et une ambiance lumière clairement inspirée de celle d’une joyeuse fête foraine légèrement macabre. Dès le premier morceau, la température monte, et ce n’est pas un ressenti puisque apparaissent sur scène des danseuses armées de pistolets à flammes et autres éléments pyrotechniques, pour un rendu visuel impressionnant. Le groupe propose une rétrospective globale de ses années d’activité, mélangeant hommages aux débuts du groupe, aux musiciens passés et présents, aux autres groupes qui les ont influencés, aux copains de la soirée (parmi lesquels nombreux seront les guests sur ce concert), etc… Le leader Niko, très à son aise et communicatif avec le public, introduit presque chaque morceau ou reprise par une anecdote qui chauffe ou amuse les spectateurs. « J’aime jouer avec le feu », en duo avec Slobodan de l’Opium du Peuple, est repris à capella par tout le public, tandis que reviennent les danseuses et leurs accessoires enflammés. Inventifs et vraisemblablement de très bonne humeur, les musiciens échangent leurs instruments le temps d’un morceau et le bassiste Stéphane prend le micro pour une chouette performance. La reprise sincère et touchante des Béruriers Noirs « Vivre libres ou mourir » est accompagnée d’une des prestations scéniques originales concoctées pour l’occasion par le groupe, avec la participation de danseuses aux chorégraphies travaillées (utilisations de foulards, suspensions, etc), ainsi que d’une ambiance lumière aussi belle que particulière, douce et mystérieuse… Mais parfois pas toujours dans le thème du morceau joué, malheureusement. « Manipulés », l’un des premiers titres composés par les musiciens, est joué en présence de Pepel, ex-bassiste et cofondateur du groupe. La reprise de Trust « Antisocial » est reconnue et repris par toute la salle dès les premières notes et l’émotion monte crescendo à mesure que la fin du set se rapproche… Ce qui n’a l’air de fatiguer personne, puisque les danseuses se sont désormais munies de scies circulaires et de plastrons métalliques pour s’amuser à faire des étincelles du plus bel effet, accompagnées de fumigènes roses qui participent à l’ambiance visuelle (et désormais olfactive) de cette fin de première journée. Les Tagada enchaînent avec un « Mort aux cons » qui rend fou le public sur toute la durée du morceau, d’autant plus que celui-ci est interprété par quatre chanteuses survoltées (dont la fille de Niko), hyper soutenues et longuement ovationnées par les spectateurs. Après un dernier hommage émouvant à Papa Schultz (ex-chanteur de Parabellum, décédé en 2014), le groupe entame une reprise de « Cayenne », au tempo lourd et agressif, qu’on dirait presque encore plus lent que dans la version originale et qui calme les spectateurs de leurs émotions… Avant de repartir de plus belle, pour une fin de morceau complètement déchaînée, énervée, un véritable condensé de l’énergie bienveillante et révolutionnaire qui aura animé toute cette première soirée de festival, devant un public heureux et sur son petit nuage. Un concert de très bonne qualité et émotionnellement surpuissant !

Samedi : Not Scientists

C’est la formation Lyonnaise Not Scientists qui ouvre le bal en ce second jour de festival, avec une longue intro planante, énigmatique, aux infra-basses puissantes. Les premiers morceaux délivrent un rock prog rythmé, à la fois lourd, pop et mystérieux, qui déconcerte les festivaliers qui se sont levés tôt pour pouvoir arriver dès 19h. Le son, de très bonne qualité (comme pour la majorité des concerts), enveloppe la salle entière d’un son très atmo, répétitif, qui agit comme un mantra sur les spectateurs, plus invités à la méditation qu’à la gabegie dans le pit. Et c’est là que ça se complique un peu car, malgré les morceaux de très bonne composition et parfaitement interprétés par le quatuor, le fait qu’il ne semble que très peu connu des festivaliers et qu’il délivre des titres moins « énervés » que les autres groupes entraînent moins les spectateurs à l’enjaillement, et la foule semble assez statique. Le leader s’en amuse et se tourne en dérision (« le prochain, c’est un nouveau morceau, mais vu que vous nous connaissez pas, vous verrez pas la différence… »), déridant certains festivaliers qui commencent à sautiller sur place. Malgré un public peu conquis et un frontman parfois maladroit dans ses interactions, l’excellente prestation musicale du groupe finit par former un petit pit, dans lequel se jettent certains aficionados entre deux nappes musicales profondes. Le groupe conclut son set par un « Spit it Out » rythmé et remuant, et reçoit un soutien respectueux et mérité des festivaliers, conscients de la difficulté d’ouvrir la seconde journée de l’événement.

Samedi : Black Bomb A

Quelques dizaines de minutes plus tard, ces derniers sont gentiment rappelés à l’intérieur de la salle par les invitations courtoises d’Arno et les délicates courbettes de Poun, et les gars de Black Bomb A. En clair, le public est déjà là, et la guerre se déclenche dès les premières secondes du premier morceau, démontrant que l’échauffement fini, on va pouvoir s’en donner à cœur joie. Et c’est clairement ce qu’il se passe : aux grognements lourds et aux hurlements criards des deux frontmen répond une foule dense et très remuante, qui envoie ses premiers slameurs en éclaireurs pour tester si la sécu est prête. (« Voilà, c’est ici que ça part en c*******  » dira, à raison votre photographe.) Le soutien au groupe est très fort, on a l’impression que tout le monde s’est donné rendez-vous dès le début du concert pour commencer les hostilités avec ce groupe qui, il est vrai, est plus proche musicalement des autres formations du festival. Les titres s’enchaînent, Poun et Arno chauffent toujours plus le public pour « Bulletproof« , qui rend dingue les gars de la sécu avec la pluie de slameurs qu’elle provoque. S’ensuit leur fameux « Police stopped da way » et son wall of death ultra vénère, qui s’étend presque jusqu’à la régie ! Le groupe conclut son show sur leur classique « Mary« , accompagné du public « a cappella » dès ses premières notes, et qui délivre une super énergie, énervée et fusionnelle, tant sur scène que dans la salle. L’ovation réservée au groupe (qui souffle ses trente bougies cette année !) en fin de set est à la hauteur de l’intensité de leur prestation, et révélatrice du soutien et de la grande affection des festivaliers ! Un très beau et puissant moment !

Samedi : Celkilt

On enchaîne plus tard avec Celkilt, groupe formé beaucoup plus récemment (2010), mais qui pose dès ses premiers morceaux un cadre festif, décalé, breton et punk. Voilà, tout ça en même temps, et tous en kilt s’il vous plaît. Forcément, la recette séduit les festivaliers ne connaissant pas encore la formation, qui se trémoussent alors joyeusement au son des hymnes celtiques repris avec violon, cornemuse, et tout l’attirail punk rock qui va habituellement avec. Entre chaque chanson, le leader de la formation s’amuse beaucoup avec un public hyper réactif, mais il n’oublie pas d’alterner les morceaux sautillants (« Hey, what’s under your kilt ?« ) avec d’autres très planants, mystérieux, voire carrément épiques, dignes d’une bande originale de film ou de jeu vidéo. L’effet est véritablement saisissant, car le groupe révèle au fur et à mesure de son set l’étendue des talents de ses membres, oscillant entre de nombreux courants musicaux qu’ils parviennent à arranger d’une très belle manière. Et puis c’est reparti, le groupe qui se présente comme « le plus gentil du festival », et proposant de faire un « wall of love » dans la bonne ambiance générale, voit les gars de la sécurité incendie venir filer un coup de main dans la crash zone pour récupérer les slameurs qui arrivent à la chaîne ! Le public, heureux et à fond, assiste à un final exceptionnel avec le titre « Everyday’s Saint Patrick’s Day« , interprété par le groupe avec en guests des zicos des Trois Fromages, de Not Scientists et des Tagadas Jones ! Le joyeux bordel sur scène se communique jusqu’au fond de la salle, et les festivaliers acclament particulièrement chaleureusement ce « feel good band » !

Samedi : Les Ramoneurs de Menhirs

Les Ramoneurs de Menhirs, évidemment très attendus sur le festival, arrivent sur scène à 23h10, parés de leurs plus beaux atours punkobretons. Ils interprètent d’abord leur version de « Bella Ciao« , puis « Ibrahim« , plaçant ce show sous un éclairage comme toujours très revendicatif, et les idées exprimées par le groupe à travers leurs textes semblent aussi partagées par les festivaliers que leur énergie. La formation, toujours très sensible aux causes de la jeunesse et de l’éducation populaire, invite comme pour d’autres concerts des enfants sur la scène pour certains titres, y compris pour « Porcherie« , qui déclenche une jolie pagaille dans la fosse, tandis que le passage-reprise du « Chant des partisans » met une nouvelle fois les capacités physiques de copains de la sécu à rude épreuve, mais ces derniers ne manquent pas à leur devoir et restent vaillants. Le groupe poursuit son show, assez classique dans sa setlist mais particulièrement énervé, entre chants traditionnels bretons en soutien à diverses causes (langue bretonne, féminisme…), et diatribes punk survoltées comme « Police Oppression« , qui ne manquent pas une occasion de rappeler l’infatigabilité de Gwenaël et de son crew !

Samedi : Tagada Jones et les Bidons de l’An Fer

Pour la seconde fois consécutive, ce sont les gars de Tagada Jones qui concluront la soirée, cette fois accompagnés par Les Bidons de l’An Fer, qui fêtent eux aussi leur trentième anniversaire cette année ! Sur scène, rien à voir avec la veille, la direction artistique a pris un virage « Mad Max », avec la présence d’une dizaine de bidons métalliques (à 225L le bidon, t’as vite fait de décorer ton plateau) PLUS une dizaine d’autres, derrière les bidons-instruments, sauf que ceux-ci sont des lance-flammes géants, pointés vers le plafond de la salle. Dès l’introduction et son étrange ambiance club électro très rythmée, accompagnée d’une lumière tamisée, la tension grimpe instantanément à son maximum. Alors même qu’aucun musicien n’est encore présent sur scène, les spectateurs impatients se demandent quelles surprises les deux formations leur ont réservées pour cette représentation unique. L’intro s’achève, les Tagadas Jones flanqués de leur dizaine de Bidonniers apparaissent et entament immédiatement « Le dernier baril« , et posent le cadre : ça va être méga pêchu, sale, moite, et bruyant. Après un accueil très positif de leur premier morceau par un public très engagé, les percussionnistes additionnels abandonnent étonnamment leurs instruments et laissent les Tagadas interpréter plusieurs de leurs titres sans eux (« Je suis démocratie« , « Zéro de conduite« , « Tout va bien« ). L’énergie est super, la sécurité incendie est de retour en back up pour réceptionner les slameurs déchaînés, mais l’absence des Bidonniers durant sept morceaux consécutifs rend le show un peu redondant par rapport à celui de la veille. Ils sont cependant de retour sur le titre « Vendredi 13« , auquel ils apportent une lourdeur indéniable, presque implacable, rendant la fusion avec les spectateurs-choristes encore plus puissante. Le show se rapproche de son terme, mais la formation ne laisse pas les festivaliers souffler, avec « Nation to Nation » et son ambiance post-apocalyptique ou encore « Le feu aux poudres » et ses effets pyrotechniques impressionnants qui rend le public fou ! « Mort aux cons » est bien sûr inévitable, repris par les percussionnistes et leurs bidons ainsi que par le public en chœur, pour une grande communion collective durant une outro ultra-enveloppante, vibrante, et qui ne semble jamais devoir s’arrêter jusqu’à l’explosion finale… Mais « une petite dernière » nous est fort gentiment proposée par Niko, et les festivaliers acceptent de manière très urbaine (traduction : ils gueulent leur approbation comme jamais). C’est donc après l’habituel hommage à Sven et Schultz que raisonne la légendaire « Cayenne« , reprise par le groupe, les Bidonniers, le public, et même Laurent des Ramoneurs (qui trépignait en coulisses depuis trois morceaux pour venir pousser la chansonnette), titre emblématique qui conclut un concert d’exception ! Les spectateurs quittent la salle avec des flammes plein les yeux et cette seconde soirée de festival, à l’instar de la précédente, est une véritable réussite !

Dimanche : Akiavel

C’est le début du troisième jour et c’est la formation Akiavel, qui nous vient de la région PACA, qui a été choisie pour ouvrir les hostilités et… c’est qu’ils font ça rudement bien, les bougres ! Nuançant son death metal de riffs mélodiques, tantôt old school, tantôt moderne, tantôt mâtiné de touches de hardcore, le crew, mené par Auré, annonce directement la couleur de cette journée, davantage « metal » que « punk ». Recevant dès les premiers morceaux un soutien chaleureux et énergique de la part du public, le groupe fait montre d’une technicité et d’une présence scénique étonnante, qui rassemble rapidement les spectateurs au plus près de la scène. La leader n’y est clairement pas pour rien : son jeu sur scène est aussi malsain et hypnotique que son chant est puissant et maîtrisé. Ses interactions inquiétantes avec ses musiciens sont autant de petites scénettes illustrant des textes qu’on imagine empreints de monstruosités diverses, et tranchent radicalement avec la proximité et l’affection qu’elle communique d’une voix douce et chaude. Le groupe livre neuf titres puissants et énergiques tels que « Bind Torture KillI » ou « Zombie », auquel le public réagit avec beaucoup d’enthousiasme, allant jusqu’à enchaîner wall of death et circle pit autour de la régie sur le titre « Pentagram Tatoo », jusqu’à une ovation en fin de concert amplement méritée… Une vraie bonne découverte pour votre serviteur !

Dimanche : Crisix

Les espagnols de Crisix (le seul groupe étranger du week-end) se joignent ensuite à l’aventure, dans une salle un peu clairsemée après la baffe reçue une heure auparavant, mais leur trash aux accents hardcore a tôt fait de rameuter une foule à présent parfaitement échauffée, et un petit pit très énergique se reforme rapidement. «Bazooka» et ses quatre collègues, profitent à fond du moment, et leur bonne humeur ultra communicative leur assure un soutien chaleureux du public, qui joue le jeu des dialogues musicaux, du sonomètre, s’assoit sur demande pour mieux jumper tous ensemble ensuite… Mais Crisix n’est pas juste un groupe de trash fun et sympathique, c’est aussi un quintet qui maîtrise parfaitement ses morceaux, à l’image des deux guitaristes qui rivalisent de technique avec des soli en question / réponse, ou du duo basse / batterie qui semble infatigable. La reprise du titre « Antisocial », avec Niko des Tagadas Jones est un beau moment d’émotion du concert, puisqu’on apprend que ce dernier fut le prof de français de Marc, l’un des deux guitaristes, et le duo semble vivre sa meilleure vie. Évidemment, le public est hyper touché et réagit avec exaltation, encourageant toujours plus le groupe dont l’un des guitaristes décide soudainement d’aller jouer dans la fosse ! Après un final ultra agressif qui semble ne jamais vouloir s’achever (et c’est tant mieux), les gars de Crisix recevront les acclamations des spectateurs, conquis par leur fougue, leur humour, et l’efficacité de leurs titres, et immortaliseront cet instant avec une photo depuis la scène, au son de « Sancho le Cubain » !

Dimanche : Sidilarsen

Sidilarsen joue en troisième position de cette soirée, attendu de pied ferme par des festivaliers moins nombreux ce dernier jour que les deux précédents, mais qui ont décidé de muscler le jeu dans la fosse pour répondre à la violence des groupes de ce dimanche. Les toulousains ouvrent leur show avec le titre «Intox», puissant et sans concession, qui provoque pogos et slams instantanément. «Retourner la France», «Guerres à vendre», « On revient sur Terre » et les suivantes apportent ça et là les touches électroniques diverses et variées au metal punk engagé du groupe, et le cocktail fonctionne très bien en live. Ses textes et ses slogans sont repris en grand nombre par une foule qui n’est pas là par hasard, à en juger par le nombre de spectateurs qui semblent connaître les morceaux par cœur. Leur titre «On va tous crever», sombre diatribe politique anti-capitaliste au rythme lourd et menaçant et au slogan fataliste, déclenche une impressionnante vague de slameurs, mais la réelle fusion du groupe avec son public se fera sur leur ultime chanson, « Des Milliards », comme pour terminer avec le partage d’une lueur d’espoir, et dont le refrain est repris « a capella » par toute la salle qui semble ne pas vouloir voir le concert se terminer. Un des petits temps forts de ce festival.

Dimanche : Rise of the Northstar

Le prochain concert est celui des parisiens de Rise of the Northstar, et on perçoit la volonté d’en mettre plein la vue aux festivaliers avant même l’arrivée des membres du groupe, avec une très jolie décoration de la scène, entre lanternes japonaises et cerisiers en fleurs du même pays, l’ensemble poétiquement éclairé par un ingé light qui fera un super taf tout au long du show. Après une lente intro énigmatique aux accents asiatiques et à l’intensité crescendo, le groupe apparaît soudainement et assène immédiatement le mur de bruit qu’est « The Anthem » aux auditeurs serrés comme des sardines dans une salle de concert bouillonnante comme jamais. Le groupe enchaîne ses titres, mélangeant son metalcore crossover très agressif avec ses rythmiques, et le flow particulier de son leader parfois hardcore («Third Strike», vraiment lourd), ou hip-hop («Welcame»), pour un résultat qui ne fera probablement jamais consensus au sein des metalheads, mais dont la recette demeure musicalement hyper propre et fonctionne très bien en live. « L’équipe » (comme l’appelle Vithia, le leader de la formation) est séduite, et ne semblera jamais faiblir face aux treize assauts interprétés par les musiciens, jusqu’aux deux derniers titres du set, « Rise » et « Again and again », ultra fédérateurs et qui animent les festivaliers dans le pit d’une rage incontrôlée. Malgré les défauts textuels et scéniques qu’on pourrait trouver chez ce groupe et son leader qui semblent vivre dans un ego trip permanent, leur show est d’une véritable qualité et les applaudissements et vivats des spectateurs seront amplement mérités, car reflétant l’originalité, l’engagement et l’intégrité de ROTNS dans sa démarche artistique.

Dimanche : Tagada Jones Orchestra

Nous voici rendus au dernier concert de ce dernier jour de festival, et à ce stade, les festivaliers, bien que semblant un peu fatigués et moins nombreux que les deux derniers soirs, n’ont pas l’air de vouloir baisser l’intensité de leur participation ! Ainsi le public s’est massé nombreux devant la scène sur laquelle sont désormais présents tous les instruments nécessaires à l’orchestre d’une quinzaine de musiciens prévus pour accompagner les Tagadas Jones pour leur troisième concert du festival… Mais aussi quatre gros bidons noirs de 225 litres, attendant fièrement aux côtés des cuivres et des cordes. Ça vous dit quelque chose ? C’est normal, il semblerait que la superbe prestation des percussionnistes des Bidons de l’An Fer de la veille leur ait valu une seconde représentation (mais ils ne passeront que quatre par quatre, probablement par manque de place sur scène). C’est donc avec impatience que le public attend l’arrivée des 25 musiciens prévus au total, dans une ambiance lumière bleue et or… Le tout sur de la musique latino espagnole. Oui, pour le choix de la musique d’attente, personne n’a compris, mais peu importe, car l’orchestre finit par s’installer et entame ses premières mélodies dans l’obscurité seulement éclairée par la faible lumière des bougies. Il est rapidement rejoint par quatre Bidonniers dont les frappes puissantes accompagnent crescendo une introduction de plus en plus épique, jusqu’à l’entrée en grande pompe des membres des gars des Tagadas. Une immense ovation du public résonne alors, comme un premier remerciement et hommage au groupe à l’honneur pour ce festival, qui répond par une réinterprétation à la fois très belle et très martiale de « Vendredi 13 » qui fonctionne parfaitement, et dont les basses et les percussions diverses font trembler la scène et la salle toute entière ! Malgré une spatialisation sonore parfois inégale, qui se remarque sur certains titres (tous les cuivres étaient placés côté jardin, et tous les bidons côté cœur), le son demeure de très bonne qualité et les genres métal / punk / orchestre / bidons entrent en osmose pour permettre aux festivaliers de s’enjailler joyeusement dès les premiers morceaux, avec un « Tout va bien » suivi d’un « Zéro de conduite » puis d’un « Nous avons la rage » qui rendent le public fou d’excitation. Après un set de quinze titres impeccables et une vraie relation partagée entre le groupe et son public, le concert touche à sa fin avec un ultime hommage… À Sven et Schultz, évidemment ! Sauf que cette fois, les Tagadas sont accompagnés d’un orchestre symphonique et des Bidons de l’An Fer, et interprète « Mort aux cons » d’une manière magistrale, intense, presque homérique. La foule, dont l’émotion est clairement visible, choisit ce moment pour rendre son propre hommage à Sven, Schultz, et à cet étonnant attroupement de saltimbanques présents sur scène, et s’ensuit une fosse déchaînée et une déferlante soudaine de slameurs en pagaille qui mettent la sécu en sueur une dernière fois ! Le titre semble n’en plus finir, et personne, ni le public, ni les musiciens ne souhaitent chanter ou jouer la dernière note… Et bien qu’à cela ne tienne, le groupe jouera un morceau supplémentaire, à savoir « SOS », extrait de l’album « L’envers du décor » (2003) très peu interprété sur scène. Avec cette ultime chanson, le groupe explique en quelques mots emplis d’émotion vouloir faire un cadeau aux fans de longue date, et l’interprète donc avec une énergie peut-être moins forte que sur la précédente, mais plus nostalgique et attendrissante, un peu comme un présent intime qu’on offre à un(e) ami(e) de très longue date… La connexion avec le public est plus profonde que jamais, et c’est avec beaucoup d’amour et de bonne énergie que ce show unique et déjà mémorable conclut un week-end d’exception lui aussi, incroyablement riche et qui restera dans les mémoires !

Un remerciement spécial à Rage Tour, un immense bravo à l’ensemble des groupes qui ont opéré durant ce festival, et enfin chapeau-bas à toute l’équipe du festival « On n’a plus vingt ans » pour son orga au poil, la logistique était carrée et bien proportionnée au nombre de festivaliers, aux services de sécurité et incendie pour avoir assuré comme des bêtes, aux différents prestataires techniques, aux copains des food trucks et bars pour nous avoir empêché de tomber dans les pommes, et enfin à la ville de Fontenay-le-Comte pour avoir permis la tenue de ce formidable événement !

Compte-rendus : Vincent Ducros / Photos : Laure Bonaventure