La roulotte est chargée d’oripeaux et de victuailles. Nos âmes vagabondes nous ramènent vers le pays des danses, de la musique et de la fête. Un pays aux frontières incertaines et dont la capitale serait Seissan une fois par an pendant trois jours ! Après le Japon et le Québec nous voici embarqués pour un weekend improbable en Tziganie ! Les hérissons se terrent, la pluie va nous accompagner… Ou pas.
Vendredi : ça démarre gentiment avec le Bollywood Masala Orchestra et ses sublimes danseuses, pour une remise à niveau élémentaire sur la musique indienne. De la pure tradition du Rajasthan, aux sons les plus débridés de Bollywood. On s’y perd un peu, mais le goût des épices sert de liant à un set enchanteur !
Après l’Inde, l’Espagne et Sabor de Gracia pour enflammer la soirée, avec sa Rumba Cataluña aux déhanchements contagieux. Une Rumba qui lorgne sur la Salsa et le Merengue et dont les danseuses rivalisent aisément avec leurs homologues du sous-continent indien. Gros succès !
Un petit tour par les stands. Côté bouffe, les odeurs vous rendent dingue, il faudrait pouvoir tout goûter ! De la gaufre à la barbaque. Côté ambiance, les fanfares assurent l’intermède de loin en loin. Les filles ont sorti leurs robes les plus extravagantes et les maquillages brillent dans la nuit.
Nous nous installons côté tribune pour le Kočani Orkestar qui alterne le chaud et le froid de ses rythmes endiablés et de ses mélodies envoûtantes. Nous rentrons nourrir la jument, laissant les plus motivés sur le dance floor avec le set du DJ autrichien Dunkelbunt, dont on m’a dit le plus grand bien…
Samedi : déjeuner à l’hôtel de France à Auch en banlieue de Seissan. Ne surtout pas négliger l’alimentation, pour tenir la distance !
Nous arrivons à temps pour les filles du Balkan Paradise Orchestra, tout droit venues de Barcelone, qui apportent avec elles une joie de vivre communicative. Après un émouvant et tumultueux Hommage à Férus Mustafov par son petit fils Fercho spécialement monté pour le festival, nous rejoignons le village « off » et son centre culturel. Si l’on ne cherche rien de précis, on peut y trouver ce que l’on veut. Comme des médiators de toute beauté…
L’attraction de la soirée c’est le Bojan Ristic Brass Band, double vainqueur de la Rose d’or de Guca, La Mecque des trompettistes ! Le Bojan c’est un bon, et il sait ce qui est bon pour nous. Il nous refile le Best of des B.O. d’Émir Kusturica époque Goran Brégovic ! Le son est puissant, précis. Le public chante et danse. La vie est belle entre les nuages !
Dimanche : La soirée où la plupart des groupes auraient pu être tête d’affiche ! Nous arrivons pour la fin du set de Taksim Trio, dans une atmosphère assez feutrée. La Caravane Passe ! Là, je suis aux premiers rangs et je donne tout ! Quatre, cinq morceaux au milieu du « trash ». Il faut bien reconnaitre que j’ai plus le niveau… Pas grave c’est l’éclate ! Les guests déboulent de partout, sauf Sansévérino qui s’est fait remplacer par Django Reinhardt qui n’a pas pu venir non plus… Enfin il reste Mouss et Hakim de Zebda, Mourad de la Rue Kétanou, Aälma Dili les violonistes incendiaires et les voix de Paloma Pradal et d’Erika Serre. Du beau monde pour fêter les 20 ans de carrière des enfants chéris de la Tziganie ! Le set est intense et j’en aurais bien pris une tranche supplémentaire ! Chouffe la Chapka !
Je sors de là éreinté et le Unza Unza Orchestra ne va pas tarder. Les ex-compagnons de route de Kusturika période No Smoking Orchestra, avec les musiques des films « Chat noir, Chat blanc » ou de « la Vie est un Miracle »… Des trucs à vous donner la chair de poule. Le génial violoniste est toujours là, avec un band, auquel il ne manque pas un bouton de chemise. Une pure merveille !
Et l’on finit le voyage au bout d’une nuit claire. Koza Mostra vient donner des airs de Hellfest avec son Hard Rock teinté de Rebétiko. Si vous vous attendiez à du folklore, il faudra repasser, ça défouraille dans tous les sens ! Encore une fois, je suis tombé dans les filets de la Tziganie. L’enceinte est bizarre entre cirque et corrida. Si tu veux y voir il faut se jeter dans la fosse, sous le chapiteau. Et là dans la plupart des cas, c’est la machine à laver… Après l’essorage, tu sors rincé. Plus qu’a te rapatrier vers les gradins, pour voir des gars à un concert ! La scène, assez basse, donne l’impression que les musiciens émergent de la foule. Celle-ci comme une houle donne l’énergie qui se répercute dans la musique et la renvoie vers l’assemblée. Un cercle vertueux d’ondes positives !
Welcome in Tziganie garde ce côté sympa des fêtes de village, tout en étant largement ouvert sur le Monde. Et le succès est là avec trois soirées sold out. Une foule qui joue le jeu. Qui écoute, qui respecte et qui fête les différences, la musique et la vie !
Trotte, trotte ma jument…
Le Rascal