Un Juke Box qui sent l’été. Oui celui qui se fait attendre. Cela ne fait rien, on nique la grisaille et on fonce sous le soleil latino. L’Espagne, pour commencer ce périple musical et une magistrale leçon de flamenco. On s’envole ensuite vers Cuba et des rythmes nostalgiques. Puis, dans le paquebot qui se traine vers l’Amérique du Sud, nous apprendrons à connaitre la Negra, Mercedes Sosa, la voix de l’Amérique Latine.
Côté roucoulades, il y a au menu, des auvergnats du Bayou et une fille complètement désaxée
Avec Paco El Lobo et Sangitananda, le Grupo Polo Montañez, Claudia Meyer, Muddy Gurdy et Kamas
Je vous ramène du rhum ou des cigares ?
Vous partez en Andalousie cet été ? Glissez donc dans vos bagages entre le Guide du Routard et la crème solaire cette encyclopédie du Cantes Flamenco. Vous voyagerez moins bête…
Car si pour vous le flamenco, c’est un type à la guitare et un autre à côté qui braille sa douleur, il va falloir revoir votre position. Il ne faut surtout pas voir ça comme un souvenir de vacances, aussi beau soit-il.
C’est une culture profondément ancrée dans la société et qui peut jaillir de manière viscérale de n’importe quel coin de rue…
Nous tenons là le premier volume d’une série de cinq, nous amenant à découvrir soixante cantes différents ! Un truc de loco qui n’a jamais été réalisé auparavant. Et ce sont deux français qui s’y collent de manière magistrale, avec cette première levée de douze.
Paco el Lobo. Le loup blanc au cante, qui sublime les compositions de Sangitananda que l’on croirait ancestrales. Sangitananda dont la guitare, à la fois douce et tranchante, survole les débats.
Double jeu de cordes. Vocales et de guitares. Palma et percus sont aussi de la partie, il se pourrait qu’on danse ! Les ambiances se succèdent comme autant de petites surprises qui enchantent le chemin.
Un road trip à travers un pays brûlant de passion pour ses traditions. Et bientôt, les Bamberas, Colombianas, Alegrias, Malagueñas, Soleas et autres, n’auront plus de secrets pour vous…
D’un coup, ça passe par Jerez. Une Buleria…
Je me souviens de ces caves odorantes, sombres et fraîches. D’une expo photo où, dans l’ombre de l’une d’elle, émergeaient des corps nus, dans de minces halos de lumière.
Ces Memoria de Los Cantes Flamencos, sont ces traits de lumières qui sortent de l’obscurité, ces joyaux du patrimoine qui nous laissent en arrière goût, cette saveur douce-amère des vins de Jerez.
C’est ce cante subtil que Paco el Lobo et Sangitananda nous proposent, et l’on se surprend d’attendre l’inattendu…
Memoria de Los Cantes Flamencos Vol. 1 / Paco el Lobo et Sangitananda / Buda Musique / Socadisc / Sortie le 19 avril 2024
Joyas del Guajiro. Voici donc quelques joyaux de Polo Montañez, un des maîtres du Guajiro, ce style musical des campagnes cubaines, assez proche du Bachata dominicain que j’affectionne…
Polo Montañez a disparu en 2002, mais son groupe, le Grupo Polo Montañez continue de lui rendre hommage, en le jouant partout dans le Monde pour garder sa mémoire et ici même renouveler le répertoire en enregistrant 10 inédits du Maestro, dans un studio de la Havane. Un voyage nonchalant dans l’île se prépare, entre joie et nostalgie…
Je découvre avec cet album l’œuvre de ce Monsieur, qui semble-t-il était plus distributeur de sentiments, que machine à faire des tubes. Et c’est tout en son honneur. Distancia…
Compositions lumineuses, magnifiquement orchestrées. Superbes voix qui s’entremêlent dans un mélo latino, auquel il ne manque ni un violon, ni un trémolo. Amor del Bueno…
Une musique à danser bien sûr, ou à se câliner à deux dans un coin…
Depuis vingt ans le Grupo Polo Montañez est resté fidèle à l’esprit de son créateur et ce disque ne donnera qu’une envie, découvrir les œuvres antérieures…
Joyas del Guajiro / Grupo Polo Montañez / Lusafrica / Sony / Sortie le 14 juin 2024
Le long paquebot blanc file lentement vers Buenos Aires. Et tous les soirs cette femme envahit la scène de sa prestance, avec sa voix et son tambour… Elle porte la voix d’une autre femme, Mercedes Sosa. La Voix de l’Amérique Latine, celle du « Peuple Silencieux »… Une icône.
Claudia Meyer, après avoir chantée Barbara, s’attaque avec La Negra, à un autre monument.
Avec respect et humilité, et toujours avec classe…
Quelques airs résonnent en ma mémoire.
Mélodies intemporelles…
Intemporels, comme ces duos surréalistes avec des artistes disparues, Maurane et Mercedes Sosa elle même.
La magie de la technique et de la mémoire audio !
Gracias !
La Negra / Claudia Meyer / Kobbi Prod / Inouïe Distribution / Sortie le 22 Mars 2024
Un gros son saturé, sur l’intro de Jambalaya !
Ça démarre fort ! Mais c’est quoi ce truc ?
La B.O. d’un épisode inédit de Treme, la géniale série sur les musiciens de la New Orleans ?
Chut ! Ecoute…
Appeler Seven son 3eme album, ça peut paraître bizarre, mais l’attelage de Muddy Gurdy est lui même une bizarrerie. Un trio chant /guitare, vielle à roue et percussions, pour un raccourci entre l’Auvergne et la Louisiane. Un trio entouré de guests prestigieux et qui donnent une patine indéniable à l’ensemble du projet.
Le Blues du Bayou à la Vielle à Roue !
Plus vrai que nature. Une aura de sérénité entoure ce disque, comme une bienveillance.
Créations et reprises flamboyantes se côtoient sans offenses. La musique est là, souterraine, et il n’en sort que des ondes bénéfiques.
Guitares débridées, envolées d’accordéons… Almost Lost my Mind...
La Bourrée du Bayou !
Et toujours les notes lancinantes de la vielle à roue sur le Plain Gold Ring de Earl S. Burroughs…
Seven / Muddy Gurdy / Buda Musique et Chantilly Negra / Sortie le 06 septembre 2024
Dès J’Dérape, l’intro de 17s, on sent que la fille a du tempérament. Elle va pas lâcher le morceau comme ça. Mais faut pas se fier aux apparences, Kamas est beaucoup plus subtile que ça, elle allie l’impertinence d’une Clarika à la sensualité de Barbara Carlotti.
Chansons de gestes élégantes, comme du pop rock qui déjante.
Défilés de Majorettes en 2 parties et L’Inconnue de la Seine qu’on pourrait croire sortie d’un album des Valentins. 6V d’Amour, tourné comme une ritournelle néo-réaliste, et qui dérape sur le refrain tout en vocalises à la Nina Hagen !
J’adore !
Au milieu de ces délires créatifs, Kamas n’en oublie pas les classiques et nous glisse savamment, une reprise tout en étincelles de Noir c’est Noir, et d’un soupçon de l’immortel Do You Love Me des Contours qui laisse un goût de trop peu…
On passe d’un synthé french pop 80′ sautillant à une balade sophistiquée.
Textes malins aux jeux de l’amour, sur pop acidulée et sensibilité à fleur de peau.
Joli cocktail ! Son nom ?
Désaxée…
Désaxée / Kamas / Kuroneko / Sortie le 29 mars 2024
Le Rascal