Le spectacle que nous a présenté la Compagnie Les Chiens Andalous, mardi soir sur la scène nationale de L’Empreinte à Tulle, était réellement touchant et pas uniquement parce qu’il aborde le suicide d’un adolescent. A partir de cet acte bouleversant se dévide une multitude d’interrogations et de malaises auxquels les camarades du jeune homme vont tenter d’apporter des explications. Ils s’interrogent eux-mêmes et questionnent aussi les adultes qui édulcorent leurs réponses quand ils ne les évitent pas carrément.
Cette pièce, écrite par Frank Wedekind à la fin du XIXème siècle, n’a rien perdu de sa pertinence : la majorité des thèmes abordés sont toujours d’actualité. Oh certes, en 2018 les jeunes de 15 ans ont une idée plus précise de la procréation que Wendla et Moritz, et d’autres problématiques sont apparues, comme celles liées aux réseaux sociaux, mais l’essentiel reste inchangé et cela est saisissant.
Avec une belle énergie, les jeunes comédiens abordent tous les sujets qui les assaillent et les dévorent : les premiers émois, le désir, l’avenir, les ressentis exacerbés, les idéaux encore inaccessibles comme être libre, trouver sa place. L’adolescent veut sortir de son cocon familial et découvre que c’est un carcan qui l’entrave. Dès lors, la vie se rêve et se pense : si j’ai des enfants, je … Mais parfois, les angoisses ou la pression (scolaire et familiale) accentuent la fragilité de ces êtres en devenir, ils sont alors comme « au bord du toit, au bord de l’océan ». Eros et Thanatos se côtoient et se disputent, et cette bataille fut fatale pour Moritz.
A remarquer : la présence peu banale sur scène d’un musicien (basse, clavier, batterie, guitare), qui ajoute de la présence à ce spectacle, tandis que certains choix de la scénographe, Marion Conejo, posent de petites notes d’humour sur un ensemble plutôt mélancolique et grave.
Il y avait plus de lycéens que de coutume dans le public, gageons que cette représentation les aura touchés.
Swaz