Le voilà, cet album des Cowboys Fringants, si attendu, si redouté…
Numérisé sur les plateformes, il est là… encore immatériel…
Comme l’image d’un être cher qui peu à peu se désagrège…
Et cette voix qui nous parle de l’au-delà…
Pub Royal. La chanson de Karl Tremblay, après nous avoir bouleversée dans le film l’Amérique Pleure, devenue le cœur d’une comédie musicale, finit par donner son nom à cet album si particulier.
Nous récoltons ici les dernières paroles d’un homme en tant qu’artiste. Un artiste qui fait le bilan avec une lucidité et un courage extraordinaire. A la manière d’un Cowboy, un dernier pied de nez à la mort ! Et tant qu’à partir, autant le faire en beauté !
Royal ! Comme le Pub du père Tremblay, avec sa blonde Marie-Annick et ses potes Jean-François et Jérôme. Une belle gang d’amis qui se réunirent pour chanter des chansons qui marqueront les mémoires. Des lambeaux de textes, qui nous ont amusés, puis séduits et maintenant nous font pleurer.
La trajectoire de ce groupe est unique. Beaucoup ont duré, mais peu ont su évoluer à ce point d’emphase avec la société, tout le long de leur carrière.
La plupart des tracks de l’objet sont taillés pour la comédie musicale, dans une ambiance de Barnum et de multiples chœurs, auxquels nous n’étions pas habitués. Cela donne parfois un ton enjoué sur des histoires dramatiques. Bienvenue Chez Nous !
Si L’Amérique Pleure écrasait de sa présence l’album Les Antipodes, La Fin du Show sera la pièce maitresse de ce Pub Royal. Jean-François Pauzé a dessiné là un émouvant suaire à la taille de son chum, le colosse vacillant… Un morceau de sept minutes, qui vous colle à la peau et vous retourne les tripes.
J’avoue que je n’avais pas ressenti la même émotion à sa découverte, lors des représentations de la comédie musicale. La prestation de Johnny Flash étant peut-être un peu trop extériorisée. Ici Karl ne joue pas, n’interprète pas… Il chante ce qu’il vit, et ce qu’il vit c’est sa propre mort… C’est La fin du Show…
But Show must go on !
Oui, la vie continue. On se fait Les Cheveux Blancs, que Karl n’aura pas, avec la douce Marie. Marie qui chante aussi en duo avec Karl ou JF. Et JF en solo… Ça donne des idées ou des pistes, pour continuer à faire vivre ce répertoire si riche.
Une voix s’est éteinte, mais le song-writter et l’enlumineuse ne peuvent s’arrêter en si bon chemin et Jérôme viendra bien tenir une ligne de basse si besoin se fait sentir !
A travers Karl et les autres, Jean-François Pauzé solde les comptes des années Cowboys. Après avoir couché son ami, il en finit avec Loulou Vs Loulou où Marie-Annick nous montre de nouvelles perspectives dans son chant. Et tel un romancier qui ne veut plus regarder en arrière, il tue son héroïne récurrente, Gina Pinard, dont nous suivions les aventures fringantes depuis si longtemps.
Combien d’animaux de compagnie s’appelle Gina ?
J’ai eu une chatte de ce nom…
Et le malin de conclure avec un Merci Ben ! Plein d’auto-dérision et de complicité avec un public plus ou moins relou, mais toujours fidèle !
Un Merci Ben, que nous pouvons bien retourner à ces 4 mousquetaires de la musique francophone.
Pour les cadeaux faits, à travers les disques, les shows, les rencontres et ces fabuleuses histoires…
Oui Merci Ben…
Pub Royal / Les Cowboys Fringants / La Tribu / Sortie Numérique le 25 avril 2024
Le Rascal