En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein, Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s’organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?
Un film de zombies ? Encore ? Oui, ce n’est pas nouveau, la zombie mania a envahi tous les médias, que ce soient les jeux vidéos, le cinéma, les séries, la bande dessinée et même les jeux de société. Mais pourquoi Alex a choisi de parler de ce film ? Et bien pour quelque chose qui peut sembler banal : ce film est français ! Et il faut dire que les films français s’aventurent rarement dans ce genre de genre (ça rime et c’est drôle), la science fiction, le fantastique, l’horreur, etc… Bien qu’on est eût droit à des films comme Le 5ème Élément pour la science fiction, (très américain, cependant), ou encore Grave récemment dans le genre horreur.
On peut donc s’attendre à un film de zombie novateur de la part de Dominique Rocher, pour son premier film ? Oui et non, puisqu’il va user des codes tout en apportant une autre vision. Là où la myriade de films de zombies made in USA nous offre du sensationnel, du gore et du badass, La Nuit a dévoré le Monde lui, se démarque par sa simplicité. Sa mise en scène et ses plans rappellent les polars/films noirs belges, comme Les Ardennes ou encore Le Fidèle. L’angoisse est donc générée par le calme ambiant, ainsi que la solitude du héros, puisque durant tout le film, Sam, interprété par Anders Danielsen Lie, se retrouve seul dans ce Paris fantomatique. On va donc suivre Sam, qui va explorer les appartements à la recherches de ressources pour survivre, seul dans cet immeuble cerné par les morts-vivants. De longuuuuues scènes de silence où l’on voit notre héros fouiller et découvrir ce qu’était la vie de ces gens avant ce cauchemar dont on ne saura jamais l’origine. Mais là où le film fait fort, c’est qu’il ne rend pas ces scènes (qui constituent la quasi intégralité du film) ennuyeuses. Non, elles tiennent plutôt le spectateur en haleine grâce à cette tension permanente qui s’installe. La caméra est toujours bien placée pour donner envie au spectateur de crier « Non mais retourne toi ! » Parce que ce qui accentue cette tension c’est que notre cher Sam n’est pas un héros américain qui s’est entraîné toute sa vie à tirer et qui sait comment survivre. Non. Sam, c’est un jeune artiste, un musicien qui n’a pas forcément les aptitudes pour survivre à cette situation. Dans ce quotidien monotone et solitaire, Sam va essayer de se divertir (entre deux fouilles d’appartement), en se tournant tout naturellement vers sa passion : la musique. Le film nous offre alors une scène touchante et assez surréaliste où l’on voit notre héros mettre en place une installation complètement farfelue où il joue avec les moyens du bords : verres, bouteilles, roues de vélo, jouets… Ou encore ce moment où il découvre une chambre d’enfant avec une batterie et qu’il se met à jouer avec frénésie un morceau punk. Sam va également se faire un ami des plus étonnant, qui va donner suite à des scènes vraiment belles… Stop ! Je n’en dirai pas plus !
Et le jeu d’acteur ? Tiens parlons en ! Anders Danielsen Lie est bluffant dans ses phases de silence ou encore de folie, (car oui vous vous en doutez, dans sa situation, il y a de quoi devenir fou !) où Il arrive à exprimer la rage, la solitude ou la tristesse. Il réussit à nous faire ressentir la décomposition de son personnage sur le plan psychologique et physique. Mais son jeu devient moyennement bon lorsqu’il doit sortir trois lignes de dialogues. On se retrouve alors avec un style de jeu très “ français” où l’acteur articule peu et adopte une posture et des expressions quelque peu surjouées.
On parle, on parle, mais on n’évoque toujours pas les zombies ! Et bien ceux-ci sont très réussis sur le plan maquillage, mais leur comportement reste assez “bateau”. Ils sont attirés par le bruit et passent leur temps à traîner la patte sur place. Classique !
Là où le film marque un point c’est sur le fait d’avoir osé mettre des enfants zombifiés, alors que les américains se contentent de montrer uniquement des zombies adultes. Dominique Rocher assume totalement le fait de mettre à l’écran des enfants et ce détail permet d’accentuer le réalisme de la situation avec certes, une certaine violence.
La musique, très peu présente, arrive toujours au bon moment et amplifie l’angoisse et la tristesse de certaines scènes…
En bref, La Nuit a dévoré le Monde est un bon film qui apporte un peu de fraîcheur dans le paysage du cinéma français qui nous sert toujours les mêmes standards. Un film qui réussit par sa simplicité et par son réalisme à traiter le “genre zombie” avec conviction. Bien que son jeu d’acteur ne soit pas toujours au top, Anders Danielsen Lie arrive à porter quasiment à lui seul le film, et à nous éblouir lors de certaines scènes intenses en émotions ! Dominique Rocher nous livre donc un film “neuf”. Attendons maintenant de voir s’il continuera sur cette lancée avec le film Dans la brume, dont il a eu l’idée et qui semble s’orienter dans un style “science fiction simpliste”… Réponse le 4 avril !
Alex