Comme chaque mois de mai, la ville de Guéret accueille des hordes de metalleux pour le Metal Culture(s) ! Un festival qui se démarque par sa vaste programmation allant de concerts gratuits dans les bars, aux conférences sur le metal, aux masterclass, en passant par des séances cinéma ou bien des lectures de contes. Et bien entendu des soirées de concerts riches en groupes de qualité.
MERCREDI
Le festival a tranquillement débuté le mercredi 8 mai dans la matinée, avec des concerts gratuits au Bar de la Poste, avec Reagan Burger, The Rise and Fall of Frankenotters et Bon à Rien.
Le festival a officiellement ouvert ses portes à La Quincaillerie Numérique avec un discours de son président et créateur Christophe Bréchard accompagné de deux partenaires du festival et de Paul Fouchault qui expose ses photos à la Quincaillerie durant tout le festival.
Pour fêter dignement cette ouverture officielle nous avons eu droit à deux concerts gratuit dans la Cave 666 avec Masiko, groupe de rock expérimental de Guéret suivi de Bukowski qui a réussi à déchaîner la foule dans ce lieu atypique. Une excellente soirée pour débuter le festival avec un gros coup de cœur pour la musique de Masiko, un groupe à suivre de très près.
JEUDI
Premier « vrai » jour de festival en ce jeudi 9 mai. On commence la journée avec un concert gratuit au Bar de la Poste avec le groupe Lust for Dust. Un concert rock énergique qui permet de bien entamer cette journée. Le groupe originaire de Limoges a mis le feu dans le bar, lieu qui permet un vrai contact avec le public durant tout le show. Les festivaliers pourront également profité d’une expo des œuvres de Sophie Laronde durant tous le mois de mai, au Bar de la Poste.
Les plus motivés ont pu continuer la journée avec la séance cinéma de 14h30 au Sénéchal. Séance durant laquelle était projeté le court-métrage totalement surréaliste de Dali, Le chien andalou, ainsi que le court-métrage de SF, Habana, proposant une très jolie esthétique en noir et blanc filmé à la première personne. L’histoire se déroule à Cuba dans un futur plus ou moins proche, dans lequel une puissance étrangère construit un pont transcontinental qui ne fait que passer par Cuba sans y apporter d’avantages à la population locale, qui subit en plus l’occupation. L’île semble au bord de la révolte. On y suit un jeune homme engagé dans la révolution qui nous explique le quotidien ici à Cuba.
Vous pouvez retrouver le court métrage dans son intégralité juste en dessous ! Et sous-titré en français!
Arrive enfin le film tant attendu, Heavy Trip. Une comédie totalement barrée qui nous vient de Finlande qui raconte l’histoire de quatre potes fans de metal souhaitant percer avec leur groupe. Seul problème, ils n’ont toujours pas de compositions originales, uniquement des reprises. Le film joue énormément avec les codes du metal, les parodiant allègrement. Heavy Trip possède une esthétique très colorée qui vient contraster avec le genre musical des quatre héros qui se retrouvent embarqués dans une suite d’événements complètement fous pour pouvoir aller jouer dans un festival de metal en Norvège.
Un excellent film qui, on espère, aura au moins droit à une sortie DVD et/ou VOD chez nous.
C’est vers 19h que les choses sérieuses commencent. Après le ciné-concert de Hypno5e, c’est l’enceinte du Metal Culture(s) à André Lejeune qui ouvre ses portes. Cette année pas de concerts dans la Chapelle, mais Saumon Possible, chargé de la décoration, a fait en sorte de recréer l’ambiance de cette salle unique, notamment en imitant la rosace de la Chapelle dans un design metal. On retrouve également les deux colonnes de l’affiche de cette édition, taille réelle, sur les côtés de la scène. Une décoration qui prolonge l’immersion dans la culture metal.
Les hostilités ont commencé avec le groupe Witchfinder sur la scène extérieure. Et quoi de mieux qu’un peu de pluie pour rester dans l’ambiance metal ? Pluie légère qui n’aura pas découragé les festivaliers qui se sont chauffés devant la petite scène, sur le doom de Witchfinder.
Les festivaliers sont rentrés au chaud pour le concert suivant, celui de Penitence Onirique. Un live hypnotique. Les six membres du groupe entièrement vêtus de noir et portant d’étranges masques dorés, se sont détachés de l’obscurité dans un jeu de lumières efficace sublimé par leur musique envoûtante, planante et enragée qui vous transporte… loin… très loin.
Et là… le coup de cœur du soir. Pour ma part, un vrai coup de foudre. Skàld arrive sur scène, sur laquelle trônent divers instruments moyenâgeux. Vêtus tels des vikings, les membres du groupe prennent place dans une aura de mystère appuyée par des lumières bleues transperçant la fumée. Un son grave emplit la salle bientôt rejoint par une voix calme et puissante, elle même rejointe par d’autres voix masculines, puis une voix féminine. Un chœur maîtrisé qui calme la salle et vous donne la chair de poule et là… les premiers tambours se font entendre, les instruments à cordes se joignent à eux et les voix continuent de plus belle !
On est transporté par cette musique qui semble tout droit venue d’une autre époque et qui fait naître des images de vikings, de drakkars et de mythologie nordique dans notre tête. Le groupe alterne ballades et chants guerriers devant une foule subjuguée jusqu’à la fin.
On retourne alors à l’extérieur pour assister à un DJ set. Et là vous me direz, scandalisé : “mais que fout un DJ set dans un festival de metal !?” Et je vous répondrai que certains styles de musique électroniques n’ont clairement rien à envier au metal. C’est ce que nous a prouvé La Skyzo Team et Crashtesttaurus . Mélangeant tous les genres metal, de musiques électroniques extrêmes, calant des titres cultes comme Chop Suey de System of a Down ou encore un remix de Killing in The Name, les deux DJ switch et se passent les platines pour divertir le public curieux amassé devant la petite scène. Accompagnés de l’infatigable et étrange Hermine Lemmur, membre du projet de la Skyzo Team, tout en noir, équipé de protections de roller et toujours affublé de sa cagoule et de ses lunettes étranges, les DJ occupent toute la scène, danse, se déchaînent sur la musique interagissant avec la foule, balançant même des peluches dans le public !
Voici une petite vidéo qui vous donnera une idée de ce qu’est La Skyzo Team.
Une transition inattendue au Metal Culture(s) qui aura fait patienter les festivaliers pour le final avec Immolation.
Un final lourd et énervé avec le death metal d’Immolation qui a fait furieusement headbanguer et pogoter les festivaliers jusqu’à la fin de la soirée.
La salle se vide, les dernières bières sont servies et les portes se ferment pour cette première journée, bien remplie.
VENDREDI
Deuxième jour de festival, les premières courbatures se font sentir, mais rien ne pourra empêcher les festivaliers les plus motivés d’aller commencer la journée au Bar de la Poste avec le concert gratuit de Kawaii Surf Baby.
Les plus mordus poursuivront la journée avec la projection du film Lord of Chaos, qui raconte l’histoire de la fondation du groupe culte Mayhem. Figure importante de la scène black metal en Norvège, le groupe est connu pour ses actes controversés ainsi que pour toutes les histoires assez sordides l’entourant. Un film très attendu par la communauté metal et les fans du groupe.
17h le festival ouvre ses portes pour sa deuxième soirée de concerts qui s’annonce encore très prometteuse et complète.
Born to Burn occupe la petite scène pour ouvrir le bal et nous offrir un metal furieux qui fait headbanguer les premiers venus en découdre.
S’ensuit le concert sur la grande scène qui sera pour moi la surprise de la journée. Dead Bones Bunny, un groupe à l’univers atypique, mélangeant metal et rockabilly qui donne une folle envie de swinguer. Dans un look très jazz/rockabilly, cette joyeuse bande est accompagnée de la curieuse Bunny Bones, « une danseuse décédée en 1975 », qui nous fait voyager dans leur univers en nous contant l’histoire de cette artiste talentueuse à l’histoire étrange. Le groupe joue même, à sa sauce, des reprises de titres cultes dans un mélange de rockabilly et de metal. Une prestation musicale et scénique totalement décapante appuyée par cette histoire de Bunny Bones et tout cet imaginaire fabuleux qui l’entoure.
L’histoire du personnage de Bunny Bones est d’ailleurs détaillée ici.
Après la prestation du groupe R.I.P. c’est au tour de Nostromo d’entrer en scène et de nous mettre une bonne claque. Nostromo c’est du metal core lourd, enragé, qui impose, c’est une prestance scénique à l’image de sa musique. Ouais, une bonne grosse claque.
Parmi les groupes très attendus de la journée il y avait évidemment Lofofora. Le groupe de metal créé en 1989, absent de la scène française depuis un bout de temps, nous a offert un de ces concerts ! Ils ont fait fort en débutant avec Le Fond et la Forme qui a bien mis le public dans le bain.
Lofofora nous a fait revivre sa discographie en prenant un peu de chaque album. On a eu droit à des titres comme Contre les murs, Utopiste, Auto Pilote, ou encore L’oeuf et Justice pour tous, datant eux du premier album studio du groupe. Une set list qui a ravis les fans venus profiter de ce passage unique de Lofofora en Creuse. Le groupe n’a pas manqué d’échanger avec le public tout au long et même après le concert, voire avant pour certains. Lofofora aura laissé un sacré souvenir au festivaliers de cette édition.
Quoi de mieux pour reprendre son souffle, sans perdre sa motivation, qu’avec un groupe de metal pirate ? Toter Fisch nous a proposé un set acoustique festif qui nous a plongés dans une ambiance de taverne et de piraterie! Gouvernail, squelettes, tricornes, bandana, costumes, chants de marins, tout y était ! De quoi danser bras dessus bras dessous, chope de bière à la main !
Pour clôturer cette seconde journée le Metal Culture(s) a fait très fort en faisant venir Monkey3.
La scène est plongée dans une semi obscurité, de légères lumières bleues nous permettent de discerner le décor. Une grande toile ronde, avec de chaque côté de petites toiles rondes sur lesquelles apparaissent des motifs et des formes psychédéliques portés par les premières notes qui s’échappent des instruments des 4 ombres sur scène. Et là, c’est parti pour le voyage. La musique s’empare de la salle, du public, elle transporte, fait planer, fait rentrer les gens dans une véritable transe. On a juste à fermer les yeux et se laisser porter, puis les rouvrir pour se laisser subjuguer par les visuels projetés sur les 3 toiles et par les jeux de lumières.
Sûrement le meilleur moyen de clore cette deuxième journée.
SAMEDI
Dernière journée pour cette 9ème édition. Les festivaliers encore en état viennent tranquillement se réveiller au Bar de la Poste avec le groupe No Glory qui, il faut le dire, les a bien réveillés. Du core bien maîtrisé par ce groupe de Limoges, avec un chanteur qui semble incontrôlable et qui n’hésite pas à traverser le public pour rejoindre l’entrée du bar pour motiver les festivaliers à l’extérieur. Une sacré prestance pour ce groupe qu’on espère revoir dans les parages. Pourquoi pas sur la scène extérieure du festival l’année prochaine ?
Pas de cinéma aujourd’hui mais des contes et une conférence !
Direction la médiathèque de Guéret où un espace accueille deux superbes expos. Celle qui occupe les murs de la salle rend un bel hommage aux légendes du metal, sous la forme d’illustrations encadrées, et fait également des clins d’oeil à la pop culture et aux codes des musiciens/chanteurs représentés. Ainsi on retrouve Marilyn Manson, Till Lindemann chanteur de Rammstein, James Hetfield chanteur guitariste de Metallica en mode western à la Clint Eastwood, et bien d’autres. Ces sublimes portraits sont signés Will Argunas.
La salle accueille également de magnifiques sculptures de metal créés par Romain Gascher .
Des créatures aux allures cauchemardesques peuplent l’espace. Composées de pièces de metal, de fil de fer épais, de chaînes de vélo, de ciseaux, de marteaux… ces créatures impressionnent par leur design, leur posture et leur taille. Une belle expo qui dégage énormément d’émotions et d’inspiration.
Les festivaliers prennent ensuite place sur les rangées de chaises qui font face à une table richement décorée. Des bougies à la cire dégoulinante, des ossements, des bois de cerf, un épais grimoire, des branches et feuilles mortes occupent cette vaste table.
C’est alors que le conteur prend place sur la chaise face au public, sa voix s’élève et le silence se fait dans la salle.
D’une voix assurée, posée, Quentin Foureau entame son récit. Une succession d’histoires, de légendes, qu’il nous fait vivre avec comme seul outil sa voix. Le jeune homme nous fait pleinement vivre ses contes, il suffit de juste fermer les yeux pour les visualiser. Les émotions, les apparences, les lieux, les ambiances sont retranscrits avec brio par notre conteur, qui une fois sa tâche achevée, après quelques secondes de silence sera acclamé sous les applaudissements du public enchanté par cette escapade dans l’imaginaire.
Je ne peux que vous conseiller d’aller voir le travail de Quentin Foureau sur ses réseaux, car ça vaut le détour, vraiment.
Après l’imaginaire retour sur la terre ferme avec une conférence sur la biologie du metal. C’est quoi le metal ? Qu’est ce que la musique ? Le metal, bruit ou musique ? C’est à ce type de questions que Julien Proust a essayé de répondre. Une conférence très intéressante présentée avec énormément d’humour, à la fois décalé et trash, pour nous présenter la musique et le metal par le prisme de la science.
17h, ouverture des portes pour cette dernière soirée de concerts, et pas des moindres, vu les groupes qui joueront ce soir.
La soirée à commencé avec Loaded Gun, groupe originaire de Limoges qui a chauffé le public avec un bon vieux hard rock sur la scène extérieure. Blagues potaches, morceaux old school et contact direct avec le public étaient au rendez vous!
S’ensuit le concert de Erlen Meyer, un autre groupe de Limoges, mais cette fois dans un registre bien différent puisqu’il s’agit de post-metal. Jeux de lumières envoûtants, instrus lourdes, enivrantes, teintées de colère sur lequel un chant tout en scream vient se poser. On oscille entre les émotions, de la colère à une certaine forme de sérénité. Leur musique n’est pas sans rappeler celle du superbe groupe Cult of Luna, mon gros coup de coeur de ces derniers mois.
On pourrait presque dire que le très bon show de Erlen Meyer était le calme avant la tempête puisque la grande scène accueille alors Crisix, groupe de thrash espagnol, qui respire la joie de vivre et ne semble pas pouvoir tenir en place plus d’une seconde. Ça saute de partout, ça court, ça sourit, ça va même jusqu’à se balader dans le public. Les aficionados du genre et du groupe sont clairement aux anges durant ce concert sans temps mort. Autre découverte pour ma part et une superbe claque devant ce groupe à l’énergie contagieuse, très contagieuse!
En voilà un groupe étonnant que Machinalis Tarantulae. Ce duo toulousain nous propose un metal industriel très particulier, avec des instruments étonnants comme une viole de gambe électrique reliée à des Fx. S’accompagnant au chant, de guitare et de percussions, le duo nous plonge dans un univers unique, étrange et sombre.
Une des têtes d’affiche du festival vient prendre possession de la grande scène sur les coups de 22h, et des coups… il y en a eu. Rise Of The Northstar, groupe hard-core cross-over parisien, est venu déchaîner la fureur des festivaliers avec son univers inspiré de la culture japonaise, des samouraïs et des mangas en particulier. Quand tu vois ROTNS pour la première fois, que tu découvres le groupe en live, tu as vraiment l’impression de te prendre une claque. Les membres arrivent dans la fumée, l’obscurité et une lumière rouge légère qui s’intensifie et là… bam ! Les premières notes résonnent, le chant de Vithia te taillade les oreilles, la musique fait trembler les murs, et la foule se déchaîne.
Ça saute, ça tourne dans tous les sens, ça donne des grands coups dans les airs, ça slame, ça se choque, s’entrechoque, se bouscule, ça pogote. Les moins téméraires et les plus calmes apprécieront la fureur qui se déroule sur scène, car le groupe ne manque clairement pas d’énergie. Les titres cultes du groupe s’enchaînent, Here Comes the Boom, Again and Again, Bosozoku, The Legacy of Shi et le puissant Demonstrating My Saiya Style. Un excellent concert duquel on repart avec, il faut l’avouer, quelques bleus et les courbatures qui vont bien avec, mais aussi une intense satisfaction.
Le festival s’est clôturé avec deux groupes étonnants. Le premier, Olane, un duo lyonnais, nous a fait vibrer et voyager dans un univers musical qu’ils définissent comme étant “un crash test perpétuel, entre « musiques du monde » et « classique”
Le second a achevé la soirée avec une mise en scène théâtrale ! Rosa Crvx a tout simplement scotché le public avec sa musique expérimentale très sombre aux allures de longs rituels. Dans un décor tout droit sorti de l’imagerie gothique, les membres occupe la scène de façon stoïque mais en dégageant une puissante aura. Ils sont accompagnés par d’autres musiciens bien particuliers puisqu’il s’agit de squelettes jouant de différentes percussions. Pas d’inquiétude, il s’agit là de simples automates, mais il faut dire que cette mise en scène est originale. Une belle façon de clore cette 9ème édition!
Deuxième édition du Metal Culture(s) pour moi, première en tant que média et je peux vous dire que, comme l’an dernier, je n’ai pas été déçu. Il fait partie de ces petits festivals à taille humaine où règne une ambiance conviviale, même familliale, qui nous font découvrir de petites pépites, en nous satisfaisant avec de belles têtes d’affiche tout en nous montrant tous les aspects de la culture metal par le biais d’expos, de films, de conférences vraiment intéressantes. J’espère pouvoir y retourner l’année prochaine surtout qu’il s’agira des 10 ans du festival ! À ne pas manquer !
Toutes les photos sont à retrouver (en grand!) sur ma page Facebook !
Alex