Vous cherchez la définition du mot bordel ? Si vous étiez du côté de l’Élysée Montmartre jeudi dernier, vous avez eu un aperçu de sa signification avec cette soirée spéciale « gros débiles » réunis autour de Cadillac.
Avec le duo Sein, M.c. Salò et la compagnie de Mona Soyoc, croyez moi qu’on a eu une série de concerts d’enfer.
Allez, petit retour de la soirée de ce jeudi 7 novembre.
Grâce à la magie des transports en commun à Paris, voilà que j’arrive sur la fin du set de Sein. Trois morceaux pour moi malheureusement. Mais au vu de la température ambiante, les deux gars ont l’air d’avoir bien chauffé la salle avec leur rap pêchu à souhait et une proximité permanente avec le public.
J’espère pouvoir recroiser le duo en live, histoire de voir tout le set cette fois, vu qu’avec trois morceaux il m’ont moi même bien chauffé.
Il n’y a pas que Cadillac qui se l’est joué solo après la fin de Stupeflip. M.c. Salò vient lui aussi prouver que le Crou ne mourra jamais, puisqu’il a également sorti un album cette année. Et c’est naturellement que le monsieur bien barré est venu assurer la première partie de cette soirée spéciale “gros débile”. Alors que l’obscurité s’empare de la salle et qu’une lumière bleutée apparait sur scène en même temps qu’Oliboy (qui fait partie du duo Tatapoom avec M.c. Salò) sous les applaudissements, M.c. Salò fait son entrée, le visage dissimulé sous l’épaisse tignasse d’une perruque, vêtu de façon aussi étrange que son compère.
Et là, c’est l’atomisation de votre cerveau. La musique de M.c. Salò baigne dans l’absurdité, elle plane, rampe, s’insinue dans les oreilles et te retourne totalement. Sa voix vient poser un flow qu’on lui connaît bien depuis Stupeflip, ses mots s’emmêlent, jouent les uns avec les autres donnant un ensemble surréaliste et vraiment badant. Il joue même des sortes de medley de certains de ses morceaux. Le côté planant de sa musique se révèle pleinement avec le titre Dodécacophonique repris tel qu’il est présenté dans l’album. Bien que je n’est pas été emballé par l’album, l’univers de M.c. Salò reste intéressant et très intriguant. Avec des textes amusants (et d’une certaine subtilité pour quelques uns) mais aussi des beats et instrus vraiment bon, sa musique devient plus prenante en live, dans un show totalement barré et à mille lieux de ce qu’on pourrait appeler la normalité.
Le moment tant attendu par les fans arrive. La lumière transperce les nuages de fumée et l’ombre d’un homme portant le masque de Cadillac apparaît dans la lumière, en récitant le fameux speech sur Casimir, tiré de la dernière piste de l’album Stup Religion. Même mise en scène, même setlist que les autres concerts du Patron de la Menuiserie déjà vues, mais toujours aussi efficaces. La douce musique de l’intro se fait brutalement couper par le riff ravageur de C Guignol alors que les musiciens aux dégaines cauchemardesques s’agitent sur le rythme. Trifouille entame le premier couplet et c’est là que Cadillac débarque, prenant la suite en venant “terrifier” le public au plus près avec son regard écarquillé et totalement fou.
Le public réagit au quart de tour, ça headbangue, ça pogote et ça saute dans tous les sens, faisant fuir les quelques spectateurs qui pensaient pouvoir tranquillement filmer au smartphone. C Guignol est repris en cœur par la foule jusqu’à la fin du morceau qui prend une tournure instrumentale bien punk qui ne fait qu’alimenter la frénésie qui s’empare des gens. Applaudissements, brève intervention de Cadillac et le show se poursuit sur le désormais incontournable Débile, dont le clip récemment sorti se trouve être une véritable petite perle d’absurdité étrange.
Bien que la setlist reste la même, chaque concert de Cadillac que j’ai vu était différent. Ici on a eu droit à une petite interlude où notre guignol nous a parlé d’équations et de mathématiques. Késako, me direz vous ? Vous ne connaissez pas son ancien projet Bruno Candida où le bougre remontait des discours d’hommes politiques avant de les interpréter en playback de façon totalement absurde ? Et bien à ce concert on a eu droit à une petite interlude de ce type, totalement hilarante, qui a été accueillie par des huées et des insultes du public joyeusement exaspéré et en manque de pogo.
De l’absurde on en a eu, entre Trifouille et M.C. Salò, cagoulés de la même façon que les membres du groupe, qui faisaient tout et n’importe quoi dans le dos du Patron de la Menuiserie, ou avec les musiciens et Cadillac, qui ont donné lieu à des situations bien comiques… Comme ce moment où un agent de sécurité, venu faire descendre des spectateurs de scène, s’est vu se faire agripper par Cadillac, qui lui a chanté les couplets de L’umour fou, rejoint par M.C. Salò et Trifouille pour lui faire un gros câlin.
Le concert avance et le bordel devient plus vaste, le pogo s’agrandit, les fans montent sur scène pour se jeter dans la foule et danser avec Cadillac. Les slams se multiplient et le sommet est atteint lorsque Cadillac entame Fer, dans lequel il glisse ses couplets cultes des morceaux de Stupeflip avant de finir sur le titre éponyme du Crou.
Ce concert sera également marqué par l’interprétation du titre Arkboot, puisque nous avons eu droit à la présence de Mona Soyoc, membre du duo KaS Product, qui figurait en featuring sur ce titre de l’album de Cadillac. Une arrivée sur scène remarquée puisque la chanteuse ira même slamer dans le public avant de revenir sur scène et d’entamer par la suite quelques morceaux de KaS Product avec Cadillac à la guitare !
Après ça le concert n’ira qu’en s’intensifiant, seul Rétroviseur “calmera” un peu le jeu mais bon, les fans ont patienté, sachant que derrière ce titre arrive SPDC, et donc une nouvelle bonne partie de pogo entre furieux ! On verra presque une file de gens se créer dans la foule pour monter sur scène, se faire gentiment évacuer par des agents de sécurité que Cadillac et les autres membres n’auront de cesse de taquiner et d’embêter. D’ailleurs ça ne s’arrêtera pas là, puisque le Patron de la Menuiserie ira même jusqu’à inviter les gens à monter sur scène, et il finira affublé d’un masque en plastique rappelant celui d’origine, confectionné et offert par un fan.
Tonnerre d’applaudissements, des sourires jusqu’aux oreilles, de la sueur, de la bière renversée, des gens essoufflés, des cadavres de gobelets, et c’est là que Cadillac propose un rappel. Cris de joie.
Second round avec à nouveau C Guignol et Débile, histoire de finir dans un beau gros gros bordel avant de réunir l’ensemble des musiciens, M.C. Salò et Mona Soyoc pour un salut “comme au théâtre” qui bien entendu tournera vite à l’absurde.
Toujours un plaisir de voir Cadillac et de découvrir des versions plus pêchues et punk/rock de ses titres. Pour ma part, après quatre concerts, je peux vous assurer que celui ci était de loin le meilleur, le plus fou et le plus bordélique que j’ai vu. On en redemande encore et on espère voir poindre un second album dans un petit moment, histoire d’enrichir davantage la setlist.
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Alexandre Vergne