Un Culture Geek des plus variés aujourd’hui puisqu’au programme de ce numéro je vous parle de mon coup de cœur pour le jeu vidéo Little Nightmare, mais aussi de celui que j’ai eu pour la série télévisée Watchmen, suite du comics culte d’Alan Moore et Dave Gibbons. Mais d’abord je vous parle de la nouvelle BD sortie chez Ankama : Clinton Road
Clinton Road
Avec Clinton Road, Vincenzo Balzano nous embarque dans un récit onirique et étrange dans les terres brumeuses du comté de Passaic. On suit l’histoire de John, un ranger enquêtant sur de mystérieuses disparitions de chevaux ayant eu lieu aux alentours de la Clinton Road, réputée pour ses histoires de fantômes.
On se retrouve donc immergé dans une enquête teintée de surnaturel, qui va nous amener à douter, autant que le personnage principal, sur ce que l’on voit. La réalité, le paranormal et le rêve se mêlent de façon subtile avec le magnifique trait de Vincenzo Balzano.
Mélangeant des crayonnés brut et en splendides aquarelles, on est hypnotisé par ces dessins enchanteurs. Les jeux de lumières sont magnifiques et le brouillard permanent est d’une magnifique subtilité.
L’utilisation d’effets de flou et de quelques traits baveux viennent donner un côté encore plus trouble à l’environnement.
Les séquences de rêves sont absolument sublimes et apportent des couleurs plus chaleureuses qui se démarquent de la palette très terne qui s’accorde parfaitement aux décors.
Au final on retrouve peu de cases parfaitement délimitées, les dessins se mélangent souvent, prolongeant donc cet effet de trouble et brouillant encore plus la réalité et l’imaginaire.
Le scénario, bien qu’assez prévisible sur pas mal d’aspects, reste efficace et met surtout en valeur ce dessin que je trouve vraiment réussi.
En soi l’histoire de Clinton Road sert davantage à mettre en avant ce style de dessin, et reste à mes yeux une très belle œuvre graphique qui mérite amplement d’être lue et découverte. Une belle source d’inspiration pour les amateurs de dessin et de BD.
Disponible en librairie et sur l’Ankama Shop : 17,90 €
Loba Loca
Du côté du Label 619, le 4ème numéro de Loba Loca sera disponible à partir du 7 février. Le spin off de la série Mutafukaz continue l’exploration du passé de Guada et vient enrichir sa relation avec Tigre pour notre plus grand plaisir. Toujours sous les traits de Guillaume Singelin et scénarisé par Run, Loba Loca se montre être une excellente série spin off, avec sa petite dose de fan service toujours plaisante, et des personnages hauts en couleurs et très attachants.
Une bonne manière de patienter en attendant la suite de Mutafukaz actuellement en travaux!
Disponible en précommande ici
Mutafukaz, Édition Collector
Amis et amies geek, mais aussi fan de Mutafukaz, sachez qu’une édition collector du film d’animation est disponible depuis quelques mois et est toujours disponible. Ici le Blu-Ray du film est accompagné d’une superbe lithographie inédite de Run ainsi qu’une splendide figurine d’Angelino, de très bonne qualité, et qui a elle seule justifie le prix de cette édition.
Un collector dédié au fan de l’univers de Dark Meat City.
Pour ceux qui n’ont pas vu le film et qui souhaitent le découvrir, vous pouvez retrouver un article complet de l’avant première à La Rochelle ici.
Le collector est disponible sur divers sites et en magasins (Cultura, Fnac…) et bien évidemment sur l’Ankama Shop pour 119,90 €
Little Nightmares
Little Nightmares fait partie de ces jeux aux allures simplistes qui en ont pourtant dans le ventre. Lors d’un de mes premiers Culture Geek je vous parlais d’Inside qui proposait une expérience assez unique. Et bien Little Nightmares est un peu dans le même genre mais avec un côté épouvante / horreur plus poussé.
Dans ce jeu, vous incarnez Six, une petite fille vêtue d’un ciré jaune, devenue iconique qui se réveille dans un endroit des plus étranges. Vous allez devoir progresser dans un environnement démesuré par rapport à Six, un environnement inquiétant où le danger semble être caché derrière chaque élément du décor. Mais pourquoi s’est elle retrouvée ici ? Quel est ce lieu aux environnements variés plus sordide les uns que les autres ? Et quelles sont ces créatures auxquelles vous devrez échapper ?
Développé par Tarsier Studios, Little Nightmares vous plonge donc dans cet univers horrifique à l’aspect cartoonesque, mais néanmoins flippant, inspiré des peurs de l’enfance. Bénéficiant d’une direction artistique vraiment soignée, le jeu se démarque des autres productions vidéoludiques. Entre jeu de plateforme et de réflexion, cette petite pépite vous accroche la rétine durant ses 5 chapitres. Et croyez moi, il vous faudra vous triturer les méninges pour vous en sortir.
Dans cet univers où tout est plus grand que le personnage, il vous faudra trouver votre chemin vers la sortie en escaladant les branlantes piles de livres d’une bibliothèque, tirer une chaise pour atteindre une poignée de porte, vous cacher sous un lit pour ne pas vous faire attraper, et résoudre diverses énigmes.
Le personnage est tellement vulnérable et sans défense que vous devrez faire preuve de ruse, vous cacher ou prendre la fuite à chaque fois que vous serez confronté à un monstre.
C’est là que l’on voit à quel point le travail sur le son a été soigné. Le parquet grince subtilement sous vos pas attirant l’attention d’une créature, le cœur de Six se met à battre de plus en plus fort à son approche, la manette vibre et c’est votre cœur qui s’accélère avec celui de l’héroïne. L’immersion est encore plus grande avec un casque ou chaque son se fait entendre, que ce soit les lointains bruit de tuyauterie, ou ceux de la respiration de cette créature bien trop proche de vous.
En plus d’un très bon travail sur le son, on a droit à un super travail sur la lumière. Certaines zones se trouvant être dans un noir total, vous n’aurez que la mince lueur du briquet de Six que vous pourrez allumer à tout moment pour vous guider dans les ténèbres alors que la menace rôde.
La bande originale vient prolonger l’expérience sonore avec des sonorités mélodiques très douces et envoûtantes teintées de noirceur, tandis que d’autres accentuent la peur avec des thèmes propres à chaque monstre. La musique illustre à la perfection les 5 ambiances des 5 chapitres. Une bande originale aux allures de boîte à musique très inquiétante.
L’expérience prend tout son sens lorsque vous vous plongez dans le jeu en totale immersion, seul, dans le noir, le jeu sur votre télé et le casque vissé sur les oreilles. J’ai testé (et approuvé) et je peux vous garantir de sacrées sensations… Personnes cardiaques ou très sensibles, évitez cette configuration !
Côté histoire, Little Nightmares nous plonge directement dans son univers et nous en fait sortir bouche bée et mains tremblantes. Pas de dialogue, pas de texte, rien qui nous donne de vraies explications. A vous, durant votre périple, d’assembler les pièces du puzzle et de vous faire votre propre interprétation de cet univers.
Le DLC intitulé The Secret of a Maw n’apporte quant à lui que des explications sur la présence de ces petites créatures craintives que sont les Nomes. Durant l’aventure avec Six, vous en croiserez plusieurs qui par moments viendront vous aider.
Dans ce DLC on incarne un nouveau personnage durant une aventure en trois chapitres se déroulant en parallèle de celle de Six.
On découvre de nouvelles mécaniques de gameplay et de nouveaux environnements, comme celui en partie submergé offrant de beaux moments d’angoisse. C’est aussi de nouvelles créatures qui font leur apparition, dont celles très agaçantes et flippantes lors du dernier acte.
Cette fois plus de briquet mais une lampe torche, offrant ainsi de nouveaux jeux de lumière.
Cette extension ne se contente pas de faire un simple copier coller du jeu et propose une véritable aventure complémentaire. Et quelle fin ! Juste pour ça, si vous avez accroché au jeu, il faut jouer à cette extension.
En bref, Little Nightmares est une vraie pépite vidéoludique qui vous embarque dans un univers unique inspiré des peurs enfantines et de tout l’imaginaire qui en découle. On évolue entre émerveillement des décors et de cette démesure par rapport au personnage, et l’angoisse qu’ils procurent. Une aventure à vivre pour tous les fans de jeux indépendants mêlant plateformes, énigmes et véritable patte graphique.
Un Little Nightmares 2 est d’ailleurs prévu pour cette année!
Pour ceux qui sont intéressés et qui ne connaissent pas l’univers, je vous conseille de découvrir le jeu par le biais de la version de démonstration normalement disponible sur toutes les plateformes (PS4, XBOX ONE, PC, Nitendo Switch).
Et ceux qui ne sont pas convaincus vous pouvez aussi regarder le trailer ci-dessous.
Little Nightmares est disponible en disque et dématérialisé sur XBOX ONE, PC, PS4 et Nitendo Switch
Watchmen (HBO)
Deuxième fois qu’on parle de série ici. Et pour cause, je ne suis pas très friand de ce format. Alors que les séries sont monnaie courante et (trop) nombreuses, il devient compliqué de faire le tri dans toute cette vague de contenu non-stop, dont certaines semblent produites à la pelle.
Malgré quelques séries qui m’ont vraiment marqué comme Black Mirror, Viking, Daredevil ou encore Love Death and Robots (chroniqué ici), la plupart étant assez plébiscitées, je ne voyais pas l’intérêt de rajouter mon grain de sel.
Sauf que là il y a prescription ! Parce que ça fait un moment que je n’avais pas été aussi happé par une série.
Watchmen, scénarisé par Damon Lindelof, propose une suite possible au comics d’Alan Moore et Dave Gibbons qui a révolutionné le genre super-héroïque à sa sortie.
Se déroulant dans une uchronie où les USA ont vu la naissance du premier surhomme ayant permis la victoire du pays au Vietnam et la réélection de Nixon, on suit Rorschach, le dernier justicier masqué en service, enquêtant sur la mystérieuse mort du Comédien, un ancien justicier à la retraite. Devant cette mort aux apparences d’assassinat, Rorschach tente de percer le mystère, prévenant également ses anciens collègues désormais reconvertis. Mais dans un climat où la guerre nucléaire entre l’URSS et les USA semble imminente, cette affaire se révélera bien plus complexe qu’elle n’en a l’air.
Le comics a été adapté au cinéma sous la houlette de Zack Snyder, avec notamment une version longue d’un peu plus de trois heures récemment rééditée. Cependant le film, en particulier la version standard, aseptise certains aspects et change quelques éléments du final.
C’est pourquoi je vous conseillerai de lire le comics avant de regarder la série ou d’avoir au moins vu le film car la série fait vraiment office de suite et reprend pas mal d’éléments de l’histoire originale qui pourrait ne pas être compréhensible pour le spectateur novice.
Avec cette suite, exit les années 80, car l’intrigue se déroule de nos jours en 2019 aux États-Unis à Tulsa. Le premier épisode débute cependant sur un événement historique quasi inconnu et totalement absent des livres d’histoire, du moins chez nous : le massacre de Tulsa en 1921.
Un événement où des suprémacistes blancs prennent d’assaut le quartier de la communauté noire, incendient plusieurs bâtiments, ouvrent le feu sur la population et vont même jusqu’à utiliser un petit avion pour larguer de la dynamite.
La mise en scène de l’épisode est excellente et on observe avec stupeur tout ce chaos depuis le point de vue d’un enfant.
Cet événement se trouve donc être le point de départ des thèmes traités par la série, dont l’héritage, le racisme ou encore les traumas laissés par les générations précédentes.
L’intrigue se déroule alors en 2019 à Tulsa, des années après cet horrible événement ainsi que ceux qui ont suivi dans le comics Watchmen.
Après “La Nuit Blanche” où le groupuscule suprémaciste nommé la 7ème Kavalerie a attaqué plusieurs policiers et leurs familles dans leurs foyers, la police de Tulsa se retrouve obligée de porter un masque pour cacher son identité et éviter de nouvelles représailles. En plus de cacher leur identité, ces derniers doivent mentir à leur famille quant à leurs réelles professions.
C’est dans ce contexte très tendu qu’évolue Angela Abar, une ancienne flic victime de cette attaque et désormais reconvertie en justicière masquée, Sister Night, au service de la police. Accompagnée de Looking Glass et de Red Scare, Angela se lance à la recherche des membres de la 7ème Kavalerie qui viennent alors de ressurgir et qui ont lancé un message vidéo inquiétant.
On suit donc ces personnages atypiques, tout en nuances et hantés par leur traumatismes qui se dévoilent au fur et à mesure.
Par le biais de différents flashbacks, Watchmen tient en haleine, attise notre curiosité pour dévoiler peu un peu les pièces du puzzle de l’intrigue.
Faisant écho au comics, à travers de petites références ou des situations similaires, sans pour autant tomber dans le fan service bien gras, la série nous offre la suite des histoires de certains personnages cultes. Certaines conséquences des événements du comics sont mises en lumière et offrent une vision intéressante de ce monde alternatif au nôtre.
Alors que le comics publié à partir de 1986, montré un monde alternatif en 1985, la série reprend ce schéma en montrant ce même monde alternatif de nos jours.
Disposant d’une très bonne réalisation, la série nous offre des plans mémorables et des transitions originales très graphiques. Accompagné d’une esthétique léchée, mise en valeur par la musique à la fois discrète mais terriblement efficace de Trent Reznor et Atticus Ross, Watchmen se démarque clairement des autres séries de l’année 2019.
Se voulant davantage réaliste et terre à terre que l’était le film de Snyder, Watchmen nous dépeint une bande de justiciers modernes souvent dépassés par les événements et ayant de nombreuses failles.
Et sans avoir le côté épique et très cinématographique de Snyder, les scènes de combat sont très bien chorégraphiées et filmées.
Certains épisodes disposent d’une esthétique toutes particulière. Ainsi on retrouve un épisode flashback tout en noir et blanc avec quelques rares touches de couleur qui est à mes yeux l’épisode le plus captivant de la série.
Un épisode met également en avant les traumatismes causés par le final du comics, mais je ne peux pas en dire plus… Toujours est-il qu’il s’agit une fois de plus d’un très très bon épisode qui vous happe dès le début.
A la manière de “Les contes du Vaisseau Noir”, BD de pirates dans le comics Watchmen, la série dispose… d’une série dans la série, racontant de façon très romancée l’histoire des premiers justiciers masqués déjà aperçue dans le comics.
Et c’est là toute l’habileté de cette série, elle reprend le schéma et les codes de Watchmen sans pour autant tomber dans un bête copier coller et une myriade de fans service inutile. Ainsi on retrouve l’utilisation des flashbacks, l’utilisation de l’histoire dans l’histoire qui reflète le destin d’un personnage et bien d’autres éléments que je ne peux citer au risque de spoiler.
Difficile de parler de cette série sans rentrer dans les détails, les fans de Watchmen devrait y trouver leur compte. Je rappelle cependant qu’il est préférable d’avoir lu le comics pour comprendre toutes les subtilités. En tous cas pour ma part il s’agit d’un vrai coup de cœur. Passée la frustration et l’incompréhension du premier épisode, Watchmen m’a rapidement happé avec ses nombreux arcs narratifs qui composent un vaste puzzle à l’image de ce qu’était le comics. Un petit bémol sur la fin, malheureusement un peu trop vite envoyée à mon goût et qui aurait mérité quelques minutes de plus pour clore dignement chaque arc.
Je ne peux que vous conseiller de regarder les vidéos d’analyse de Captain Popcorn après chaque épisode. Il a fait un travail remarquable qui aide à comprendre l’ensemble de la série.
Watchmen est disponible sur le site d’OCS
Alexandre Vergne