• zinzinule,, je te suis • 10 •

Des voix, transcrites sur papier ou à entendre chanter, des voix comme lien aux autres que l’on voit de loin, à ces pays qu’on ne découvre pas, pour remplir cette bulle intime, cette gorge qui rétrécit, pour repeupler notre hiver.

La dernière amazone

Dans ce récit polyphonique, les chapitres sont des voix, des visages, des noms : Elza, Britinho, Nafioua, Jaci… Voyageant de Belém au fleuve Nhamundà, au cœur de l’Amazonie brésilienne, Nina Almberg, documentariste et reporter sonore, les a rassemblées, comme les tessons de poterie ancienne qu’on trouve sur la rive.. 

Au fil des rencontres, elle enquête sur les traces d’un peuple de femmes autonomes et guerrières que l’Histoire a fait changer de nom. 

Les Icamiabas. C’est d’elles dont on parle lorsque l’Amazonie et son fleuve sont cités. Ce nom est hérité des conquistadors du XVIème siècle qui virent en elles les créatures mythologiques grecques et semèrent la mémoire de l’ancien monde sur les terres nouvellement parcourues. 

Ce livre est un recueil d’échos, de légendes entremêlées d’intime où les unes se reconnaissent dans la farouche autonomie d’un peuple et les autres comme chasseurs de mythes et de trésors.

Le long des fleuves, les témoignages se recoupent et leurs voix font résonner l’histoire et ses malentendus, ses projections, ses images importées qui gomment les visages locaux et mystifient le passé. 

Nina Almberg livre ici un très beau répertoire de mémoires, qui donne suite à son documentaire sonore, publié en 2017 sur Arte radio, toujours disponible à l’écoute.

La dernière Amazone, par Nina Almberg, Hors d’atteinte, 2021/ 16€

Musique du monde arabe : une anthologie en 100 artistes

Cette anthologie en 100 artistes a le grand mérite de présenter et de commenter précisément ce qui est en fait “un grand répertoire disparate”.

Les musiques arabes sont abordées à partir de facteurs historiques, culturels, politiques et économiques dans la très pertinente première partie de l ‘ouvrage : faire nation en musique. S’ensuit une sélection d’artistes et la présentation de leurs contexte et historique de création. Un album est proposé à l’écoute, pour une immersion rapide dans l’univers de l’artiste. Son style est comparé à celui d’autres artistes, et son appartenance à une mouvance est également commentée. 

Autre intérêt de cette anthologie ; un lexique, en fin d’ouvrage, permet de se familiariser avec les termes arabes, très utiles quand on aborde les musiques traditionnelles.

Sans avoir la prétention d’être complet, cet ouvrage rigoureux et précis est une base solide pour quiconque souhaite étendre sa connaissance des musiques arabes. Il permet aussi de se départir d’une vision orientaliste de ce domaine, et n’en est que plus appréciable.

Musiques du monde arabe : une anthologie en 100 artistes, par Coline Houssais, Le Mot et Le Reste, 2020/ 22€

Apulée#5 – les droits humains

Dans ce cinquième opus, toujours aussi riche en découvertes, mille voix se relaient autour des droits humains, thème à portée universelle. Au travers d’essais, de nouvelles, d’articles, de photos et de poésie, mais aussi de lettres adressées à Erdogan ou à des geôliers, les regards se solidarisent et résistent. Fictions et témoignages portent les vulnérabilités et déséquilibres de nos conditions, les luttes pour nos territoires et libertés, les mémoires hurlantes de génocides passés et en cours.

“ Nous avons tout perdu, ou presque, à essayer de prendre la parole.”

entretien avec Asli Erdogan par Cécile Oumhani

Dans cette revue polyphonique, les ailleurs se succèdent et les langues partagent la même page : arabe, français, hébreux… Le propos est décentré : Afrique et Méditerranée sont les premiers espaces abordés par cette réflexion ample et précise, tournée vers l’éveil collectif, avec comme guide, toujours, l’amour des lettres, le goût des sons et de la parole transmise.

D’importantes & belles lectures !

revue Apulée#5 – les droits humains, sous la direction de Hubert Haddad, Zulma, 2020 / 30€

Nush