Je vous propose aujourd’hui de recevoir les confidences intimes de Fawaz Hussain qu’il nous dévoile avec un beau brin d’humour et de poésie… De découvrir de magnifiques et poignants portraits de femmes sous les plumes d’Ayesha Harruna Attah et de Joumana Haddad, qui nous embarquent respectivement au Ghana et au Moyen-Orient… D’explorer la complexité du sentiment amoureux sous l’écriture acérée de Tayari Jones… De faire un bout de chemin avec « l’hystérique » Dr Shimamura, croqué avec humour par Christine Wunnicke… De faire un bond dans le futur avec le dernier roman sous acide de Jean Teulé… Et de frissonner avec le premier roman de Sigridur Hagalin Björnsdottir, au climat anxyogène et glaçant ! Pour terminer, je vous invite à faire un petit tour du côté de chez Proust à la galerie Gallimard qui lui rend hommage dans une belle exposition, et à faire preuve de générosité en donnant un petit coup de pouce à la belle association « Lire pour en sortir » ! A très bientôt et… Bonnes lectures à toutes et à tous !!!
Fawaz m’avait émue avec « Le rêveur du bord du Tigre » (chroniqué ici) et avec « Le syrien du septième étage » (chroniqué là) où il dévoilait ses blessures d’exilé et mettait son âme à nu, avec une sensibilité d’écorché vif. Avec « Le kurde qui regardait passer les nuages », la douleur du déracinement se mêle à celle de l’amour perdu, que Fawaz nous délivre de son écriture délicate et poétique, nous immergeant sans filtre dans une intimité troublante que l’on reçoit avec empathie, comme on recueillerait les confidences d’un ami meurtri… Tout est musique dans ce dernier opus, aussi bien dans la sonorité des mots que dans les images que ceux-ci nous renvoient. Les mots se font poèmes, tendres et mélancoliques, quand ils évoquent les yeux verts et les cheveux roux de Magalie, son amour envolé, elle aussi hantée par ses propres fantômes, dernières réminiscences de la Shoah… Poignants, douloureux et empreints de colère, quand ils convoquent des images de la Syrie, terre d’enfance désormais inaccessible, en proie à tous les outrages… Enrubannés de la politesse du désespoir quand ils évoquent la solitude subie ou l’apparition des premiers signes indiquant que la jeunesse s’enfuit… En dévoilant pour nous ses états d’âme, qu’ils soient tourmentés comme un ciel de tempête en proie aux vents mauvais, ou paisibles et émerveillés comme ciels étoilés et lumineux, lorsqu’ils se glissent dans le souvenir de tendres accalmies, Fawaz nous offre avec ce dernier roman une symphonie de sentiments, habilement orchestrée, en toute simplicité et avec une belle humanité. Un roman vrai et sensible, humain, terriblement humain, à lire la tête dans les nuages et les pieds sur terre…
Le Kurde qui regardait passer les nuages de Fawaz Hussain, Zinédi, 2019 / 12,90€
Ghana, fin du 19ème siècle. Si l’esclavage a été aboli en Occident, le trafic d’êtres humains continue à perdurer en Afrique. De plus, la présence d’européens qui cherchent à s’implanter dans le pays sème le trouble entre les communautés, en exacerbant les rivalités… Aminah, 15 ans, a bien d’autres préoccupations. Depuis que son père a mystérieusement disparu, elle se retrouve seule pour veiller sur sa famille, vendant pour faire vivre les siens la nourriture qu’elle prépare aux caravaniers faisant régulièrement halte dans son village. Une vie misérable qui tournera au cauchemar lorsque le village sera attaqué par des barbares qui massacreront à tour de bras la population, faisant prisonniers pour les vendre comme esclaves ceux qu’ils auront choisi d’épargner, comme Amina, son frère et ses petites sœurs… Pendant ce temps, Wurche, princesse et fille du chef de Salaga, vit quant à elle une existence oisive et luxueuse, obtenant tout ce qu’elle désire. Tout, sauf l’essentiel à ses yeux… Car Wurche rêve du pouvoir que sa condition de femme lui interdit malgré ses évidentes compétences pour la politique. La mort dans l’âme, elle se plie aux exigences de son père et épouse pour des raisons d’alliances stratégiques, Adnan, prince de Dagbon. De cette union sans amour et empreinte de violence, naîtra un fils… Mais Wurche se consolera de cette vie sans passion entre les bras de Moro, un marchand d’esclaves avec qui elle entretiendra une liaison… Celui-ci deviendra le trait d’union entre ces deux femmes que tout semble opposer, en dehors de leur soif de liberté… Ayesha Harruna Attah, à travers le portrait de ces femmes attachantes, nous offre une formidable leçon d’histoire, en nous apportant un angle et un regard différent sur la période précédant la colonisation en Afrique, mais aussi sur l’esclavage africain dont on sait peu de choses, comparé à l’esclavage transatlantique. Sous la forme d’un roman choral qui donne tour à tour la parole à Aminah et à Wurche, « Les cent puits de Salaga » se lit également comme un formidable roman d’aventures fait d’amour et de sang, de trahisons et d’alliances. Mais c’est encore et surtout un roman féministe qui relate le combat de femmes fortes et courageuses face à la violence d’une société faite par et pour les hommes… Historique, politique, sociologique, féministe : si ce roman nous comble dans tous ces domaines avec sincérité et talent, il nous offre avant toute chose du plaisir : celui que procure la belle littérature…
Les cent puits de Salaga d’Ayesha Harruna Attah (traduit de l’anglais (Ghana) par Carine Chichereau), Gaïa, 2019 / 22€
Ce « Livre des reines » nous embarque dans les méandres d’une histoire familiale complexe et tragique à travers le portrait de quatre femmes sur quatre générations. Du génocide arménien en passant par l’ensemble des conflits du Moyen-Orient, Joumana Haddad nous dévoile les destins de Qayah, Qana, Qadar et Qamar qui semblent liés les uns aux autres par une roue d’infortune qui finira par se briser de la manière la plus terrible qui soit… Chapitre après chapitre, on suit avec passion l’histoire de chacune de ces femmes condamnées à un perpétuel exode qui les emmènera d’un petit village de l’Arménie jusqu’en Syrie en passant par la Palestine et le Liban, dans ce récit poignant ponctué de secrets de famille qui reparaissent comme les fantômes d’un passé qui n’en finit pas de se conjuguer au présent. C’est toute l’Histoire de ce siècle qui transparaît dans l’écriture de Joumana Haddad, qui s’est inspirée de sa propre famille pour écrire ce roman de la résilience : une histoire écrite dans le sang où ces femmes à la fois fortes et vulnérables sont emportées comme fétus de paille dans la colère et la folie du monde, dans un jeu cruel où leurs destins semblent être manipulés par une main malveillante. Un roman fort et troublant servi par une écriture poétique et racée. Superbe.
Le livre des reines de Joumana Haddad (traduit de l’anglais par Arnaud Bihel), Actes Sud / Jacqueline Chambon, 2019 / 22€
A peine un an de mariage, ils sont jeunes et beaux et une belle carrière s’ouvre devant eux : Roy et Celestial avaient tout pour être heureux jusqu’à cette nuit où Roy est arrêté et condamné pour un viol qu’il n’a pas commis… Celestial n’a aucun doute à ce sujet puisqu’ils étaient ensemble au moment des faits qui sont reprochés à son mari. Mais la justice n’en démord pas et Roy prend une lourde peine de 12 ans alors qu’il est innocent : sa peau noire a fait de lui le coupable idéal… Enceinte au moment de l’incarcération de Roy, Celestial a dû se résoudre à avorter en commun accord avec lui… Les mois passent : Roy végète en taule et Celestial tient le coup comme elle peut. Leur relation s’étiole peu à peu au fil du temps, jusqu’à ce que Celestial trouve du réconfort dans les bras d’André, son ami d’enfance qui fut également son témoin de mariage… Comment annoncer à Roy qu’elle a refait sa vie alors qu’elle n’a rien à lui reprocher ? Quelle sera sa réaction en sortant de prison, quand il se retrouvera seul et abandonné de tous ? Si la discrimination raciale des afro-américains au sein du système judiciaire des USA est clairement évoquée dans ce roman, elle n’est cependant pas le sujet privilégié par Tayari Jones, ce qui en fait d’ailleurs toute son originalité. C’est en effet davantage à l’exploration de la psychologie de ses personnages qu’elle nous convie, en soulevant la question du sentiment amoureux face à pareille épreuve. Et c’est avec une belle acuité qu’elle décortique et analyse les sentiments contradictoires des protagonistes de ce trio amoureux, sous la forme d’un roman choral qui donne tour à tour la parole à Roy et Celestial mais aussi à André, victime lui aussi de ses sentiments. La colère et la frustration légitime de Roy se confrontent à la culpabilité de Celestial qui ne peut se résigner à renoncer à sa vie de femme et à celle d’André qui trahit son ami en laissant s’épanouir son amour pour Celestial, dans un combat déchirant entre loyauté et trahison. Au cœur de la complexité des sentiments, dans les fragilités et les blessures de ses personnages, Tayari Jones dessine les contours d’une tragédie humaine d’un réalisme troublant qu’elle signe d’une écriture aussi fluide qu’incisive. Un roman somptueux d’intelligence !
Un mariage américain de Tayari Jones (traduit de l’anglais (États-Unis) par Karine Lalechère), Plon, 2019 / 21€
Mais où Christine Wunnicke va t-elle donc dénicher ces éminents scientifiques tombés dans l’oubli ? Avec « Katie », elle nous sortait déjà de sous les fagots William Crookes, l’inventeur des rayons X, totalement fasciné par une jeune femme qui avait le don de communiquer avec les esprits (chroniqué ici !). Un roman étonnant qui nous offrait une délicieuse et gothique plongée au cœur de l’Angleterre victorienne et dans son engouement pour le spiritisme, tout en dévoilant faits et personnages ayant réellement existé, enrobés d’un brin de romance et de fantaisie parfumé d’humour… Et voilà Christine Wunnicke qui nous revient, nous proposant cette fois de découvrir un autre savant fou, le Dr Shimamura, psychiatre et neurologue japonais ayant étudié en France (avec Charcot et Tourette) et en Allemagne (auprès de Freud). Et qu’a-t-il fait ce Dr nippon ? Il a contracté la maladie de la « possession par le renard » par une de ses patientes qui en était touchée, et s’est retrouvé considéré comme un cas clinique par ses confrères européens qui, sobrement mais de manière moins poétique, donnaient le nom d’hystérie à cette maladie… Une fois encore, la recette de Christine Wunnicke fait mouche : à partir de faits et de personnages réels exhumés de l’armoire poussiéreuse de l’Histoire, elle réussit à nous faire sourire par l’incongruité des situations qu’elle réussit avec talent à nous retranscrire de son humour malicieux. Qui sera l’objet de sa curiosité dans le prochain opus ? On l’attend avec impatience !!!
Le renard et le Dr Shimamura de Christine Wunnicke (traduit de l’allemand par Stéphanie Lux), Actes Sud / Jacqueline Chambon, 2019 / 21,50€
Lou, 12 ans, vit seule avec sa mère au 276ème étage d’une tour : l’étage des indigents… Sa maman, une artiste un peu originale, s’est entichée depuis peu d’une bestiole aussi étrange que laide, nommée « Periophtalmus barbarus », qu’elle a ramenée à la maison : sorte de poisson à l’œil torve mais aiguisé, celui-ci semble ne rien rater de ce qui se passe autour de lui, ce qui lui vaut le sobriquet de « big brother ». Lou, jeune fille introvertie, est le souffre-douleur de ses camarades de classe qui l’affublent du surnom peu flatteur de « dents de lapin » : une humiliation permanente qui exaspère Lou jusqu’au jour où elle se découvre un don… Il lui suffit de vouloir du mal à quelqu’un pour que son voeu se réalise ! Le premier à en faire les frais est un des moutards de son collège qui, après s’être moquée d’elle, se retrouve le bras cassé après avoir dégringolé les escaliers… Lou en avait émis le vœu à haute voix, mais à distance, ce qui la rend irréprochable aux yeux de tous ! En toute impunité, Lou peut donc mettre son don à exécution, selon son bon vouloir, comme le jour où un frimeur en bagnole de luxe lui manque de respect et qu’elle transforme illico presto les pneus de son bolide en roues de vélo… Monsieur Saudade, un gardien de la paix en patrouille dans le secteur, assiste éberlué à la scène et intrigué, commence à pister la gamine… Dès qu’il acquiert la certitude des capacités de Lou, il en informe sa hiérarchie, qui lui conseille tout d’bord de prendre du repos avant de se rendre à l’évidence : le don de la petite existe bel et bien et il pourrait se révéler fort utile pour le gouvernement ! Enlevée par les services secrets, Lou devient une « arme secrète » au service de l’état… Lecteurs rationnels, cette farce politico futuriste risque de vous faire grincer les dents… Quant aux autres, non rebutés par le « bizarre » au parfum de surréalisme, vous allez vous délecter avec ce dernier opus déjanté à souhait, issu de l’imagination fertile de Jean Teulé ! Quelle jubilation de découvrir ses nouvelles irrésistibles « trouvailles » comme l’Élysée (ou la Maison Blanche ?) enfermée dans une boule à neige, les gratte-ciel devenus « écorche-cieux », « le bar des sanglots » où la carte vous propose des peines infinies, des inconsolables, des embarras ou des voiles de vague à l’âme… Non dénués de poésie ! Et sous la farce, comme toujours, se cache une part de vérité : le monde de Lou n’est pas si éloigné du nôtre… Juste enrobée d’humour et d’un brin de folie, apparaît en filigrane notre société injuste et brutale… Et puis, qui n’a pas rêvé de pourrir la vie à ceux qui pourrissent la leur ? Teulé nous offre avec ce nouveau roman un formidable exutoire à nos frustrations à travers le portrait de cette ado chanceuse et incontrôlable à qui on aimerait bien chiper un dixième de son don… Mais comme le dit si bien Dominique A : « même à celle qui trahit, même à celui qui ment, il ne faut pas souhaiter la mort des gens, il y a bien des cas où, mais même dans ces cas où, il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça n’est jamais assez méchant »… Jubilatoire !
Gare à Lou ! de Jean Teulé, Julliard, 2019 / 19€
Plus de communications téléphoniques et d’accès à Internet et encore moins de trafic maritime et aérien : plus personne ne peut entrer ou sortir d’Islande qui se retrouve du jour au lendemain coupée du monde… Et ceux qui ont tenté de s’enfuir en avion ou en bateau sont portés disparus… Existe-t-il d’ailleurs encore un monde au large de l’île ? Peu importe, puisque personne n’est en mesure de le vérifier… Les jours passent et la situation reste bloquée, ouvrant la porte à des questions essentielles : comment survivre dans l’île sans contact avec l’extérieur ? Comment nourrir la population sans les denrées alimentaires importées ? Les stocks de pétrole et de médicaments s’amenuisent et la mortalité monte en flèche dans les hôpitaux où les médecins ne peuvent plus soigner les maladies autrefois bénignes qui s’avèrent aujourd’hui mortelles… Intellectuels, artistes et bon nombre de professions deviennent totalement futiles et inutiles à la société et le chômage fait des ravages… Le risque de famine est réel et la lutte pour la survie réveille les pires bas instincts… Une seule solution pour s’en sortir : produire soi-même ses besoins alimentaires en cultivant la terre et en élevant du bétail, selon les traditions ancestrales de l’île… Ce discours, prôné par Elin Olafsdottir, ancienne ministre de l’intérieur devenue chef du gouvernement depuis la disparition à l’étranger du président en titre, va insidieusement engendrer un climat délétère de repli sur soi dans le pays : les étrangers, y compris les touristes coincés en Islande contre leur gré, devenus aux yeux des islandais des bouches inutiles et illégitimes à nourrir, vont subir davantage de jour en jour la haine ambiante et de violentes agressions sont régulièrement commises à leur égard… Le pouvoir, tout-puissant face au peuple démuni et apeuré, va se montrer de plus en plus autoritaire et répressif envers ceux qui ne sont pas d’accord avec l’idéologie en cours et une dictature s’installe progressivement dans un esprit nationaliste aux nauséabonds relents xénophobes… Hjalti, journaliste ami d’Elin, va devenir au fil du temps sans bien s’en rendre compte, le porte-parole de cette pensée unique dans les médias… Jusqu’au jour où il comprend que les choses vont décidément trop loin, quand il réalise que son ancienne compagne d’origine hispanique et ses deux enfants, pourtant nés sur le sol islandais, sont désormais en danger de mort… Sigridur Hagalin Björnsdottir nous immerge avec ce roman sous haute tension dans un climat glaçant de suspicion et de violence qui fait froid dans le dos par le réalisme totalement plausible qu’il expose : nul doute que face à pareille situation, le comportement de nos compatriotes et de la plupart des citoyens du monde se rapprocherait dangereusement de celui des protagonistes de ce roman… Il suffit de regarder autour de soi pour s’en convaincre… Avec une incroyable force d’évocation et le sacré talent de faire monter crescendo l’angoisse, Sigridur Hagalin Björnsdottir nous offre matière à réflexion, mais aussi un passionnant moment de lecture avec ce roman aussi oppressant qu’efficace. Je n’avais ressenti pareille émotion littéraire (du moins dans ce registre) depuis la troublante « Route » de Cormac McCarthy ou « Le mur invisible » de Marlen Haushofer, qui, tout comme « l’île », font partie des œuvres qui marquent fortement et durablement ses lecteurs. A lire absolument !!!
L’île de Sigridur Hagalin Björnsdottir (traduit de l’islandais par Eric Boury), Gaïa, 2019 / 21€
Marcel Proust, prix Goncourt : l’expo du centenaire à la galerie Gallimard !
Drouant, 10 décembre 1919 : Marcel Proust reçoit le 17e prix Goncourt pour «À l’ombre des jeunes filles en fleurs». Cette décision fait date : une nouvelle ère littéraire s’ouvre avec la consécration d’un roman sans égal, où se joue notre rapport au temps, à la réalité, à la subjectivité et aux êtres aimés. Les jours qui suivent sont marqués par un mouvement de contestation dans la presse hexagonale. Ce qui fera dire à Jacques Rivière, ami de l’écrivain et directeur de La NRF, témoin de cette «petite émeute» de papier : «Seuls les chefs d’œuvre ont le privilège de se concilier du premier coup un chœur aussi consonant d’ennemis. Les sots jamais ne se mettent en révolution sans qu’il leur ait été fait quelque positive et vraiment cruelle injure». Retour à la Galerie Gallimard sur l’histoire de ce prix, à partir des archives des Éditions Gallimard, de la Maison de Tante Léonie (Illiers-Combray), du prix Goncourt (Nancy), de la Bibliothèque nationale de France, et de la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, avec la présentation d’une soixantaine de documents exceptionnels dont certains ont été exposés dans le cadre du Printemps proustien dans la Maison de Tante-Léonie : lettres, épreuves d’imprimerie, manuscrits et «placards» originaux, dessins et photographies. À voir en particulier le carnet de notes personnel de Marcel Proust «Moi prix Goncourt» (vers 1920-1921) et pour la première fois exposés, deux dessins de Paul Morand prêtés par la Bibliothèque nationale de France : Marcel Proust au Ritz (vers 1917) et Marcel Proust sur son lit de mort (novembre 1922). La Galerie Gallimard expose également un siège original (Saint- Loup, chaise-escabeau, 2018) crée par le designer Anthony Guerrée dans le cadre du projet « Les assises du temps perdu ». L’exposition, déjà en cours, est visible jusqu’au 23 Octobre 2019 à la Galerie Gallimard, 30 rue de l’université 75007 Paris.
Campagne Ulule pour une noble cause : lire pour en sortir !
Depuis 2014, l’association « Lire pour en sortir » a pour ambition de favoriser la réinsertion des personnes détenues en encourageant la pratique de la lecture. Des actions doublement utiles, en apportant d’une part la possibilité à ces personnes de se distraire et de s’évader (sans jeu de mots !) par la lecture, mais aussi pour identifier et combattre le fléau de l’illettrisme (deux fois supérieur à la moyenne en prison). En permettant aux détenus d’améliorer lecture, écriture et expression orale, ceux-ci peuvent ainsi intégrer plus facilement les activités scolaires organisées dans les établissements pénitenciers. En quoi consistent ces actions ? Par un programme personnalisé de lecture suivi d’un travail de fiches de lecture en accompagnement d’un bénévole (visites hebdomadaires) et par des rencontres avec des auteurs. L’association compte à ce jour 160 bénévoles et plus d’une centaine d’auteurs sont intervenus bénévolement depuis sa création. Quant aux détenus, 3500 personnes ont lu 10 000 livres et rédigé plus de 7000 fiches de lecture. Des résultats plus qu’encourageants comme autant de signaux pour perpétuer l’aventure ! Mais bon, tout cela a un coût et l’association a aujourd’hui besoin de 80 000 euros pour l’achat de livres auprès de librairies indépendantes afin de pouvoir fournir les nombreux établissements pénitentiaires dont elle s’occupe (en métropole et outre-mer). D’où l’idée de cette campagne Ulule pour mobiliser un maximum de gens autour de cette belle initiative, parrainée par Leila Slimani (Prix Goncourt 2016 et marraine de l’association) et soutenue par de nombreuses personnalités (comme François-Xavier Demaison, Maïtena Biraben, Caroline Vigneaux, Mazarine Pingeot, Etienne de Montety, Laurent Stocker…). Lancée le 19 Septembre, elle prendra fin le 18 Octobre prochain. Vous pouvez verser vos dons (si modestes soient-ils) par le biais de ce lien http://ulule.com/lire-pour-en-sortir/. D’avance, merci pour votre générosité !
Christine Le Garrec