Le coin des p’tits loups ! N°22

Nouvelle série de chroniques pour les p’tits loups ! Une série éclectique où vous aurez le choix entre albums, livre CD, livre d’art, poésie, mais aussi romans pour les 6/9ans ! Bonnes lectures, les loupiots !

 

 

 

Guitare, tambour, piano, trompette et violon, chaque instrument a bien évidemment son propre son ! Ce petit ouvrage, aux illustrations gaies et colorées, propose de les faire découvrir aux tout-petits : en appuyant sur une petite pastille, le son jaillit, comme par magie ! Ce petit livre sonore qui se regarde et s’écoute est parfait pour une toute première initiation à l’éveil musical, dès le berceau ! A partir de 9 mois.

Les instruments de musique d’Hector Dexet, Flammarion Jeunesse, 2017 / 12,50€ (Format 18×18)

 

 

 

A table ! A chaque fois que l’on prononce cette phrase, bizarrement, nos chers petits ont toujours mieux à faire que d’accourir ! Ils ont un truc urgent à finir, besoin d’aller au petit coin, pas faim, de toute manière toujours une bonne raison. Une fois à table, c’est souvent le même cinéma : « tu t’es lavé les mains ? Ne parle pas la bouche pleine ! Goûte avant de décréter que ce n’est pas bon ! » Ah ! Ce fameux « j’aime pas » qui retentit à la simple vue des légumes dans leur assiette ! Et les discussions sans fin pour leur asséner qu’il faut manger de tout et que de toute façon, ils n’y couperont pas ! Fatigant, non ? Et bien, ce petit livre devrait vous soulager, parents épuisés et découragés, car il explique avec humour à vos mangeurs de patates les raisons pour lesquelles il est nécessaire d’ingurgiter des trucs verts pour rester en bonne santé ! Ce petit manuel irrésistible qui décline avec humour, tant au niveau du texte que des illustrations, les affres des parents et la ruse de leurs loupiots, devrait détendre l’ambiance au moment des repas ! J’adore ! A partir de 2 ans.

Petit manuel pour passer à table de Paule Battault et Anouk Ricard, Seuil Jeunesse, 2017 / 9,90€ (Format 17×17)

 

Davantage qu’un album traditionnel, « Tout au fond » serait plutôt à classer dans la catégorie des livres d’art … Livre pop-up d’une conception originale par son format et le choix de ses couleurs (noir, bleu et orange fluo), cet ouvrage se déploie pour raconter aux petits ce qui se passe, tout au fond des océans. Si quelques mots expliquent la chaîne alimentaire, l’attraction de cet album réside indéniablement dans le plaisir des yeux, des matières et des couleurs … Ce livre-objet, imprimé en sérigraphie, est d’une beauté fascinante …  A partir de 3 ans.

Tout au fond de Philippe Ug, Les Grandes Personnes, 2017 / 12€ (Format 20×10)

 

 

 

Bob l’oiseau est la risée de tous les animaux qui se moquent de ses pattes trop maigres…Il en a plus qu’assez de leurs moqueries ! Il décide donc de remédier à ce problème en faisant de la gym pour se muscler, mais ça ne fonctionne pas … Ses pattes sont toujours aussi fines ! Il tente alors de manger comme un goinfre pour grossir… Il récolte un énorme bidon mais ses pattes ressemblent toujours à deux fils de fer ! Il essaie de les cacher en mettant des vêtements. Il est carrément ridicule ! Dépité, il va au musée pour se changer les idées et là, devant tant de beauté, lui vient une super idée ! Il va peindre son bec en s’inspirant des œuvres de Matisse, Pollock et autres grands artistes ! Ainsi, ses amis ne regarderont plus ses défauts et admireront son talent ! Et ça marche … Tous s’extasient sur la beauté de son bec et font abstraction de la maigreur de ses pattes ! Ce formidable album met en lumière à quel point l’art peut transformer notre vie, avec humour et … beauté ! Les illustrations sont carrément craquantes et les couleurs explosant sur le bec de Bob « à la manière de » offrent une belle initiation à l’art aux tout petits. Superbe ! A partir de 3 ans.

Bob l’artiste de Marion Deuchars, Seuil Jeunesse, 2017 / 12,90€ (Format 21×28)

 

 

 

Ce délicieux petit album se compose de trois histoires mettant en scène Lucie, une petite fille, et ses amis, Marcel le souriceau, Léon le lapin, Doris la tortue et Adrien l’escargot. Dans la première, « Le casse-croûte », Lucie fait un pique-nique avec ses amis et tous partagent leur repas, donnant à ceux qui n’ont rien une part de leurs provisions. Dans la seconde, « La chasse au trésor », une mise en scène mystérieuse est mise en place par tous pour fêter l’anniversaire de Léon. Ses amis ont fait preuve d’imagination pour lui faire plaisir ! Et dans la dernière « Les bébés », Adrien trouve trois œufs. Personne ne sait d’où ils viennent jusqu’au moment où trois petits oiseaux sortent de leur coquille ! Mais qui va s’occuper d’eux ? Là encore, tous nos amis vont se creuser la cervelle pour leur trouver une « maman »… Ce petit album, aux illustrations naïves et douces, développe les bien jolies notions de solidarité, d’entraide et d’amitié, en toute simplicité ! A partir de 4 ans.

Lucie et ses amis de Marianne Dubuc, Casterman Jeunesse, 2017 / 13,95€ (Format 21×26)

 

 

 

Juliette et Rose sont les deux meilleures amies du monde. Ce qu’elles préfèrent, quand le temps le permet, c’est passer du temps dans le jardin … Juliette observe de tous ses yeux et raconte à Rose ce qu’elle voit et ce qu’elle ressent, les couleurs et le mouvement des petits animaux… Rose quant à elle, écoute le chant des oiseaux et elle est imbattable pour les reconnaître ! Vous l’aurez sans doute compris, Rose est aveugle et si elle n’a qu’une perception sonore du monde qui l’entoure, celle-ci est extrêmement développée… Les deux petites filles se font des confidences et se murmurent le nom des garçons qui ont conquis leur cœur… Juliette aime bien Antonio parce qu’il est beau … Une notion abstraite pour Rose qui préfère Timothée pour sa voix douce et musicale … La musique de Rose retranscrit à merveille l’univers complice de deux petites filles. Toutes deux, par jeu, ont inventé leur propre langage pour exprimer leurs émotions : on retrouve ci et là tout au long de l’album, des mots au pouvoir évocateur comme rigochatouille, mélodélice, bourriquandouille … Quelle poésie ! Mais la force de cette histoire vient surtout de la manière sensible et positive où elle aborde le handicap, sans pathos. Quant aux illustrations, douces et belles, elles reflètent en miroir toute la beauté de ce superbe album … A partir de 6 ans.

La musique de Rose de Sandrine-Marie Simon, Didier Jean et Elsa Oriol, Utopique, 2017 / 15,50€ (Format 22×32)

 

 

 

Shiro est un petit garçon silencieux et observateur. Il a remarqué, tout près de chez lui, un vieil homme qui, chaque jour, empile sur son vélo un étrange chargement … Un jour, en rentrant de l’école, il aperçoit un attroupement d’enfants autour du vieil homme : ce dernier leur raconte des histoires à l’aide d’un butaï (théâtre en bois japonais qui s’ouvre pour faire apparaître l’image. Le texte inscrit à son verso est lu par le conteur. L’image, une fois lue est glissée derrière et la nouvelle image apparaît, et ainsi de suite… L’ensemble de ces feuillets s’appelle Kamishibaï). Shiro est fasciné par le talent de conteur du vieil homme et, chaque jour, il ne rate pour rien au monde la séance de kamishibaïs au milieu des autres enfants … Au fil du temps, une amitié se tisse entre le vieil homme et l’enfant … Shiro grandit. Le vieil homme, même s’il supporte de plus en plus difficilement le poids des ans, continue à faire le bonheur des petits, avec la magie de ses histoires. Jusqu’au jour où il ne se présente pas au rendez-vous, ni les jours suivants … « Monsieur Kamishibaï », il faut hélas se résoudre à l’évidence, ne viendra plus … Les années passent, mais Shiro n’oublie pas le vieil homme … Il travaille désormais et rêve de s’acheter un beau costume avec ses économies … Mais quand il aperçoit dans la devanture d’un brocanteur le butaï et les kamishibaïs, il n’hésite pas un instant à en faire l’acquisition… Cette émouvante histoire de transmission est sublimée par la qualité de ses illustrations qui sont un pur bonheur des yeux … Mais ce n’est pas tout ! Les petites oreilles trouveront également plaisir à écouter l’histoire avec une musique envoutante en fond sonore, puisqu’un CD accompagne cet album riche d’une belle sensibilité … « Rien n’est plus beau qu’une histoire, une histoire à recevoir, pleurer, rire ou s’émouvoir, rien n’est plus beau qu’une histoire »… Gros coup de cœur ! A partir de 6 ans.

Shiro et les kamishibaïs de France Quatromme, Manuela et Zad, Utopique, 2017 / 24€ (Format 22×32)

 

 

 

Pierre Albert-Birot fut un génial touche à tout. Poète, sculpteur, peintre, homme de théâtre, cet ami de Guillaume Apollinaire aimait et pratiquait l’art sous toutes ses formes. Farouchement indépendant, cet artiste d’avant-garde est hélas, peu connu du grand public. Ce petit recueil vous offre l’occasion de découvrir quelques-uns de ses textes et de mesurer son immense talent. Calligrammes et courts poèmes empreints d’un humour surréaliste sont illustrés au crayon par Bobi+ Bobi qui magnifie en dessins la beauté des images distillées goutte à goutte par Albert-Birot. C’est à un pur exercice de poésie visuelle que vous êtes conviés à partager, en famille, car ces poèmes sont tout à fait abordables pour les enfants tant son univers est proche du leur. « Tout cela, c’est du jeu, j’aime jouer, j’entretiens le gosse ». disait Albert-Birot et, à sa lecture, on retrouve des sensations et une insouciance bien enfouie dans notre âme d’adulte … Merci aux éditions Motus de sortir d’un injuste oubli ce précieux poète … Pour ma part, c’est une sacrée belle découverte ! A partir de 7 ans.

Petites gouttes de poésie avec quelques poèmes sans gouttes de Pierre Albert-Birot et Bobi + Bobi, Motus, 2017 / 10,40€ (Format 15×21)

 

Deux ouvrages sur le thème de l’esclavage, pour les plus grands …

 

 

Cassie n’a que douze ans mais traîne déjà un lourd passé … Placée toute petite comme « esclave de maison », elle a été « rachetée » par le maître d’une plantation et travaille désormais à la cueillette du coton. Un travail difficile qu’elle effectue au milieu de ses compagnes et compagnons de misère, sous la surveillance d’hommes qui n’hésitent pas à se servir de leurs fouets lorsque leur cadence n’est pas assez rapide … Cassie est encore si jeune … Heureusement qu’Eugenia, une vieille Mama, veille sur elle ! Chaque jour, elle puise des fleurs dans son sac pour les mettre dans celui de Cassie, afin que le soir, à la pesée, la petite fille ne soit pas battue comme à chaque fois que le quota fixé par les maîtres n’est pas atteint … Un jour, un homme blanc arrive sur la plantation. Il ne se comporte pas comme les autres, passant du temps à observer les esclaves au travail dans les champs. Il transporte toujours avec lui un grand sac et une planchette de bois … Cassie remarque les regards de l’homme posés sur elle … Elle ne sait pas encore que cet homme va lui faire le plus beau cadeau qu’elle pouvait espérer… Voici la première partie (« Fleur de coton ») de ce petit roman qui se présente en deux volets. Dans la seconde partie, (« Fleur de beauté »), c’est à Robin, l’homme blanc qui intrigue Cassie,  que la parole est donnée. On y apprend qu’il est un peintre renommé, engagé par le maître de la plantation pour faire son portrait. Venu du Nord des États-Unis où l’esclavage n’existe pas, Robin est empli de compassion pour les esclaves noirs … Il fera un portrait de Cassie durant son séjour et, en lui offrant, redonnera à la petite fille sa dignité et la force de croire en un avenir meilleur… Un petit roman plein de force pour expliquer aux jeunes enfants ce que fut le quotidien des esclaves, de tous âges, y compris des enfants de leur âge … Un sujet difficile que Sylvie Baussier traite avec beaucoup d’humanité, en le concluant sur un note d’espoir… A partir de 6 ans.

Ma liberté tout en couleurs de Sylvie Baussier, Nancy Guilbert et Bruno Liance, Oskar, 2016 / 7,95€ (Format 20×13)

 

Harriet Tubman a vraiment existé et fut même une grande personnalité de la lutte pour l’abolition de l’esclavage et, plus tard, de l’émancipation des femmes américaines. Le texte que je vous propose aujourd’hui retrace le destin de cette femme courageuse et déterminée, surnommée, non sans raison, « La Moïse du peuple noir ». Harriet est née esclave, tout comme le reste de sa famille. Et comme tous ses congénères, elle connut les coups et les humiliations … Les familles pouvaient être séparées du jour au lendemain, leurs membres vendus comme du bétail par leurs maîtres qui avaient droit de vie et de mort sur eux… Vous imaginez être séparés de vos parents ou de vos frères et sœurs, sans même pouvoir leur dire adieu ? Quand Harriet fut adulte, elle décida de fuir pour rejoindre le Nord des États-Unis où l’esclavage n’existait pas … Entreprise périlleuse s’il en est car le risque de se faire capturer était grand et le châtiment encouru, terrible… Non seulement, Harriet a réussi à se libérer, mais ensuite, elle a aidé des centaines d’esclaves à retrouver leur liberté… Peu de temps après sa mort, à plus de 90 ans, naissait une petite fille noire … Elle s’appelait Rosa Parks et fut elle aussi une grande combattante pour les droits civiques… La seconde partie de ce documentaire romancé propose plusieurs dossiers : l’Amérique de cette époque (1820/1913), la guerre de Sécession, sciences et techniques, arts et idées, personnages, vie quotidienne et un petit panorama de ce qui se passait dans le reste du monde. Un ouvrage très complet et très bien documenté sur un moment douloureux et honteux de notre histoire … A partir de 9 ans.

Harriet Tubman, La femme noire qui montra le chemin de la liberté d’Eric Simard, Oskar, 2016 / 8,95€ (Format 19×15)

 

 

 

Vous imaginez ce que serait le monde sans culture ? Non ? Alors fermez les yeux et essayez de visualiser votre quotidien sans musique, quelle qu’elle soit … Plus aucune possibilité d’aller au spectacle de théâtre, de danse, de rue, de cirque … Plus d’émissions culturelles à la radio ou à la télévision (elles sont rares mais existent !), Le cinéma, on oublie ! Et vous pouvez jeter vos lecteurs DVD et vos ordinateurs, puisque là aussi, vide sidéral et pas le moindre bout de film à se mettre sous les yeux ! Les musées, galeries d’art, le street art ? Circulez, y a rien à voir ! Et bien sûr, plus de livres, romans, poésie ou bandes dessinées … Quant à l’architecture et les œuvres d’art dans les rues, parcs et jardins publics… Plus difficile à imaginer, mais cachés à vos yeux également … Et oubliez mode et fantaisie ! Tous pareils, avec un modèle unique, pour tous ! Que du fonctionnel, partout ! Alors, vous imaginez ? Dur, hein ! C’est pourtant ce que propose une ministre de la culture, exaspérée de voir le budget de son ministère fondre à vue d’œil au profit des plus « sérieux » : soigner le mal par le mal ! La culture n’est pas importante ? Supprimons là, le temps que tout le monde réalise à quel point elle est vitale, comme l’air que nous respirons … Carole Fréchette et Thierry Dedieu nous offrent avec cet album géant, à tous points de vue, un formidable exercice de prise de conscience, nécessaire à tout âge, d’ailleurs ! En prime, un poster vous est offert avec toutes les déclinaisons de ce que serait notre vie sans beauté, sans imagination, sans émotions. Pour ma part, il est affiché au-dessus de mon bureau, pour ne pas perdre de vue l’essentiel ! Gros coup de cœur !!!! A partir de 8 ans.

Si j’étais ministre de la culture de Carole Fréchette et Thierry Dedieu, HongFei, 2017 / 14,50€ (Format 27×36)

 

 

 

Première guerre mondiale, décembre1916. La Bataille de Verdun, une des plus meurtrières (700 000 victimes, morts, disparus et blessés…) s’éternise depuis février … Pour les soldats, dix longs mois d’horreur dans les tranchées. Le froid, la faim, la peur sont leur quotidien, aussi bien dans le camp français que dans celui des allemands … Ce roman retrace cette terrible période de notre histoire par le regard de deux jeunes adolescents qui se retrouvent au cœur de la bataille, dans des circonstances dramatiques. Benoît est français et vit avec sa grand-mère dans une maison près du front. Elle est son unique famille … Aussi, lorsque celle-ci meurt dans le bombardement de leur maison, Benoît se retrouve seul au monde… Recueilli par des soldats français, il va rester près d’eux en se rendant utile à l’infirmerie du poste de secours. Max, lui, est allemand. Son père et son frère ont été tués au début du conflit. Il vit avec sa mère et ne supporte plus son chagrin. Il décide de rejoindre le front pour combattre lui aussi, afin que sa mère soit fière de lui… Bien sûr, vu son jeune âge, les soldats refuseront de l’enrôler, mais il aidera aux cuisines du campement. Les deux jeunes garçons vont se rencontrer fortuitement, un soir, en allant chacun puiser de l’eau pour les soldats et, malgré la guerre, une amitié naîtra entre eux, mettant en lumière toute l’absurdité de ce conflit qui engendre de part et d’autre tant de souffrances… Cette bataille fut finalement gagnée par le camp français. Et si les allemands l’avaient remportée, que se serait-il alors passé ? C’est ce qu’imagine, en deuxième partie du livre, Catherine Cuenca. Un roman fort qui retrace un terrible épisode de notre histoire sans édulcorer l’horreur des combats … A partir de 9 ans.

Il faut gagner la bataille de Verdun de Catherine Cuenca, Oskar, 2016 / 12,95€ (Format 21×13)

 

Christine Le Garrec