Le programme était aussi chargé qu’alléchant ce vendredi pour la deuxième soirée des Nuits de Nacre, et il nous a bien fallu faire des choix (cornéliens) ! Nous avons sûrement raté bien des pépites et nous en excusons auprès des artistes dont nous avons raté la prestation … C’est donc vers les spectacles festifs de René Lacaille et Fantazio et de Kumbia Boruka (qui ont enflammé le chapiteau avec leurs musiques des îles et d’Amérique du sud ) que nous sommes allés remuer nos popotins ! Auparavant, Socalled entouré d’Alejandro Barcelona, avec en arrière plan l’exposition photo et vidéo de Daniel Nouraud, nous ont transportés de nos fauteuils du théâtre des Sept Collines jusqu’à bord de leur cargo pour un envoûtant voyage au long cours, tout comme Mario Batkovic que nous avons écouté religieusement au coeur de la cathédrale. Une belle découverte nous attendait au « 5 » avec la prestation toute en fraîcheur de Clara Sanchez et pour finir, nous nous sommes casés dans la micro caravane des déjantés frères Scopitone, le temps d’une chanson et d’un sacré bon moment de rigolade ! La suite … Demain !
Quoi de plus naturel que de transformer la cathédrale de Tulle en salle de spectacle afin d’accueillir dans ce cadre magnifique ce virtuose de l’accordéon qu’est Mario Batkovic ! C’est dans une ambiance quasi religieuse que le maestro a fait rayonner toutes les nuances de son instrument de façon magistrale. Son répertoire hors normes, subtil mélange de musique classique et expérimentale, nous a entraînés dans un voyage hypnotique, reliant différents mondes musicaux en les distillant en une sonorité unique. Une prouesse musicale, une performance technique de grande classe et ultra novatrice pour une parfaite communion avec un public aux anges.
« Mario Batkovic » / 2017 /Invada Records / 12,99€
Sous le petit moineau tout timide se cache une voix puissante et douce à la fois accompagnée de trilles d’accordéon. Clara, seule en scène, a fait une bien belle prestation dans le bistrot du « 5 » totalement bondé. Avec ses reprises de chansons réalistes, la demoiselle, toute en sourires, a charmé son auditoire par la grâce de son chant et de la dextérité avec laquelle elle manie son instrument. Une belle découverte pour une scène ouverte, bien à l’abri à cause des intempéries ! Continue à nous faire chantonner et rêver, Clara … Tu le fais très bien !
Interview
Choisissez une chanson parmi la vingtaine proposée sur un panneau « stylé » juke-box. Prenez votre mal en patience, car la file d’attente est longue et la caravane des frères Scopitone non extensible ! (C’est d’ailleurs éberlués que nous avons vu sortir de ce petit bout de machin une dizaine de personnes… Sans compter les musiciens !) Une pancarte avertit les spectateurs qu’ils ne ressortiront pas indemnes de l’aventure que les trois compères à l’allure déjantée leur proposent… Et ce n’est pas du flan ! Quand, moroses et trempés par la pluie, vous pénétrez dans leur mini maison sur roues, vous en ressortez hilares, le sourire aux lèvres et le cœur joyeux ! Comme nous sommes taquins, nous avions choisi « J’veux du soleil » de « Au petit bonheur » dans l’espoir de conjurer les intempéries… Et bien, si l’astre du jour était absent au dehors, il a brillé dans la caravane magique ! On a chanté à tue-tête (parfois faux), tapé des pieds et des mains, encouragés par les trois énergumènes (chant, guitare, accordéon) qui ont déployé une totale énergie positive avec un humour délicieux… Oui, c’est transformés que nous sommes sortis de la caravane des frères Scopitone ! La pluie n’avait plus d’importance et on a gardé ce moment savoureux passé en leur présence (et avec celle de nos compagnons de roulotte, pardon de caravane) au creux de notre tête toute la soirée… Ce spectacle humoristique et interactif, qui tient autant de la représentation théâtrale que du show musical, devrait être remboursé par la sécurité sociale ! Tout est vintage chez les Scopitone, de leur caravane (années 50 ?) en passant par leur look… Seul le concept est furieusement moderne et original !
Interview
Il y a quelque temps, Alejandro Barcelona et Socalled, accompagnés d’autres musiciens, ont pris place à bord d’un cargo pendant plusieurs semaines, dans le but de stimuler leur créativité : une résidence d’artiste, en quelque sorte, mais en milieu hostile ! Ils en sont ressortis non seulement bien vivants mais avec en tête un spectacle totalement original qui laisse la part belle à la poésie et au rêve. C’est ce spectacle qu’ils nous ont présenté hier soir au théâtre des Sept collines, nous faisant naviguer sur les flots pour un voyage au long cours… Alejandro, qui joue autant de ses expressions que de son accordéon « pas bidon » (il détestait en jouer quand il était petit… Ses parents ont eu raison d’insister !) et Socalled, lutin aux faux airs de Tournesol, et à l’énergie pure, nous ont offert un voyage entre tempête et mer d’huile, alternant piano et accordéon devant l’écran géant où Daniel Nouraud projetait sa double exposition photo et son qui habillait et accompagnait à la perfection le jeu de scène de ses deux artistes à la douce folie. Quand Socalled a lâché son piano pour son accordéon, il a déclenché une vive émotion en nous chantant une chanson en yiddish… Un moment de grâce qui nous a mis la chair de poule… Humour, beauté, tendresse et passion étaient réunis hier soir dans une bulle… Magique !!!
Quand la musique colorée et chaloupée de la Réunion rencontre la chanson punk, on peut tout simplement s’attendre à quelque chose de surprenant. Et ce fut le cas ! René Lacaille, multi-instrumentiste (accordéon, guitare, percussions…) et sa formation « ék Marmaille » avait invité le contrebassiste et chanteur Fantazio. L’exotisme des rythmiques « séga » aux influences sud américaines, confrontés à la voix et aux textes engagés du rockeur, ont insufflé à ce concert un doux moment de partage et de convivialité. Une chaleur musicale portée par des musiciens talentueux qui ont offert aux festivaliers un superbe rayon de soleil.
« Gatir », René Lacaille / 2015 / Do Bwa / 15€
Si vous cherchiez un endroit pour faire la fête en ce vendredi soir, c’est aux Nuits de Nacre qu’il fallait être ! L’ Amérique latine était au rendez-vous du festival, sur la grande scène du chapiteau, pour un concert tout feu, tout flamme. La Kumbia Boruka et ses huit musiciens nous ont servi sur un plateau de savoureuses compositions et classiques de la cumbia colombienne des sixties : rythmiques d’enfer, superbe section cuivre, sublimés par l’accordéon d’Hernan Cortés et du chanteur bondissant Bob Sikou ont, en deux temps trois mouvements, enflammé l’assistance venue assister à ce super concert !
Interview
« La vida se vive », Kumbia Boruka / 2017 / Dibyz Music / 12,99€
Photos et compte-rendus : Christine Le Garrec et Bruno Robert / Vidéos et interviews : Bruno Robert