Trois danseurs en chemin. Trois individualités qui parfois se rencontrent, qui parfois font corps, mais toujours conservent leur singularité. La Compagnie Amala Dianor nous a offert, Mardi 3 avril aux Sept Collines, un spectacle où le spectateur aussi était agissant, en quête également, car il y avait de la place pour que l’imaginaire de chacun d’entre nous invente les paysages, la route suivie.
La musique électronique, signée Awir Leon, qui accompagnait les danseurs, s’est révélée être plus qu’un décor musical, quasiment un quatrième « personnage » de la représentation. En effet, elle imposait les déplacements en figurant toutes les embûches et tous les espoirs. Elle était l’horizon et l’environnement, le ici bas et l’ailleurs, l’obstacle et la lutte.
Une scène absolument dépouillée, pour se concentrer sur l’essentiel : la « marche » de ces hommes : tantôt l’avancée est aisée alors ils glissent tels des patineurs sur glace, puis ils s’entraident et se soutiennent quand tout devient trop ardu, encore plus tard, ils semblent voler au-dessus du sol… Plus qu’à un trajet c’est à une trajectoire que nous assistons. Juste en fond de scène, cinq écrans rectangulaires ouverts sur la nuit. Des écrans où tout est brouillé d’abord, comme lorsqu’aucun programme ne s’affiche sur l’écran de télévision. Ensuite, la myriade de points blancs se met à évoluer, figurant montagnes, déserts, tempêtes, cosmos… Là encore, le spectateur, complètement immergé, interprète avec son expérience autant que ses rêves, la profondeur ainsi suggérée. A moins qu’il ne se laisse uniquement porté par l’instant magique, par la transcendance qui émane de quelque chose de plus grand que lui.
Sont-ils arrivés au bout de leur quête, ces trois hommes ? On l’ignore, l’important c’est le chemin. La vie, semblait nous dire Amala Dianor, c’est déjà le parcours avec ses détours et ses rencontres.
Pour nous, cette représentation fut l’occasion d’une rencontre marquante. Et même si c’est cela le principe de la danse, l’émerveillement est sans cesse renouvelé devant ces danseurs qui de leur corps-matière première savent faire naître tant d’émotions.
Swaz