Juke Box N°61

En retard toujours en retard, mais malgré ce décalage dans l’actualité musicale je vous présente un Juke Box haut en couleurs aujourd’hui ! Des sons tropicaux ensoleillés, du son qui donne le sourire, de la synthwave mystérieuse et hypnotique, et les nouveaux singles qui ont fait leur apparition. 

Cactus et Mammuth

Petit retour en Absurdie avec le duo Cactus et Mammuth qui viennent enfin de sortir leur premier album en février dernier, intitulé… Le Premier Albüm. Ce duo décalé et coloré a écumé la France et notamment ses festivals comme les Francofolies ou encore le Printemps de Bourges, où ils ont déambulé et joué dans la rue. Un spectacle live à toute épreuve aussi bon sous un chapiteau bondé de fêtards, une salle de concert, ou bien à même la rue au milieu des terrasses de bars.

Avec une musique mélangeant électronique, sonorités funk, basse qui tape, rock, hip-hop et techno boom boom, Cactus et Mammuth est le cocktail musical idéal pour faire la fête avec le sourire jusqu’aux oreilles, comme en témoigne leur titre Plus de Caramel dans les Flanby véritable hymne à la gloire du caramel, que les participants de la Mad Jacques 2019 garderont à jamais gravé dans leur mémoire.

Leur album s’ouvre sur un des morceaux les plus percutant en live, Tape dans tes mains. Un beat simple mais d’une efficacité redoutable. Une bonne entrée en la matière pour explorer l’univers de ces deux grands enfants.

En plus y a un clip qui claque pour ce titre

S’ensuit le morceau Musculation Champion, idéal pour garder la pêche et transformer une salle de concert en salle de sport, et donnant lieu à des scènes assez suréalistes en live.

Les deux lascars nous trimballent entre totale absurdité avec des chansons comme Miaou miaou ouaf ouaf ouaf, et refrains fédérateurs aux allures d’hymnes avec le délirant Police Nationale et sa bonne dose de riff funky.


L’album atteint des sommets (très kitsch) avec son titre Les mathématiques de l’amour, qui est sûrement un des meilleurs morceaux de l’album, assumant totalement son côté R’N’B idéal pour séduire la fille/l’homme de son cœur, tout en restant décalé.

Coup de cœur également pour Le métal, qui vient parfaitement amorcer la clôture du disque avec ses riffs furieux, avant de laisser place au morceau final qui vient également achever les concerts : S.A.C (Super Activité Cérébrale). Là on tombe complètement dans les sonorités techno boom boom pour faire la fête. Il y aussi celui-ci dans le même genre qui fait toujours son petit effet en live.

Difficile de vous parler de l’album de ce duo improbable tellement je suis habitué à voir les versions live. A mes yeux Cactus et Mammuth est avant tout un groupe pour le live, tellement leur musique transpire la joie de faire la fête et sauter partout. Si vous ne les avez pas encore vus je vous recommande plus que chaudement d’aller les voir lorsqu’ils retourneront écumer les salles, terrasses, chapiteaux et autres rues.

Pour ce qui est de l’album c’est un vrai plaisir de pouvoir enfin écouter l’intégralité des morceaux joués en live, avec notamment un petit inédit : Robologie. Un bon premier album qui ravira tous les fans du duo, et qui fera clairement son effet lors des soirées entre amis.

Le Premier Albüm est disponible en téléchargement partout

Et pour ceux qui en veulent plus (de la musique pas du caramel cette fois) vous pouvez retrouver les 12 Travaux de Cactus et Mammuth ici, une folle épopée tout en musique!

Péroké

On continue dans le registre “album pour mettre la bonne humeur” avec le premier album de Péroké, Tropism Animalis. Après deux EP que j’avais survolé je me suis totalement plongé dans cet album aux saveurs tropicales et aux rythmes ensoleillés.

La musique de ce duo mêle brillamment électronique et sonorités de musiques du monde, en particulier du côté de l’Afrique. Dès le premier morceau, Péroké nous embarque dans son univers aux sons chatoyant et chaleureux. Le Parfum de la violence entame en douceur le voyage, avec son piano accompagné d’un rythme entraînant et diverses sonorités électroniques subtilement disséminées. On pourrait presque dire qu’il s’agit du calme avant la tempête.

Avec Camel Race la marche arrière n’est plus possible, le duo nous a agrippé avec ses rythmes entêtants et autres sons groovy, bientôt rejoints par des sonorités orientales et quelques notes cuivrées qui apportent encore plus de couleur au morceau.

Je parlais de marche arrière impossible ? Avec Yabaah “le piège” se referme définitivement. Le duo français est rejoint par Hend Elrawy & Anissa Bensalah au chant. Avec un beat électronique à la rythmique évoquant presque la démarche d’un chameau, l’album prend une tonalité encore plus envoûtante avec le chant arabe des deux femmes accompagné par les synthés aux airs psychédéliques. Yabaah est clairement LE morceau de cet album, un véritable coup de cœur.

La suite n’a pas à rougir, Minotaur, qui se dévoilait quelques mois plus tôt avec un très beau clip est tout aussi efficace. Avec sa montée progressive, le morceau tient en haleine et vous fait vous déhancher sur son accumulation de sons électroniques et de synthés qui semblent toujours vouloir aller plus haut.

Péroké prend le temps de nous faire souffler, en redescendant un peu avec le très envoûtant Morning qui nous balade paisiblement un temps avec des nappes pesantes et douces à la fois… pour mieux nous faire partir et nous happer de nouveau avec l’arrivée de percussions et d’instruments à cordes (que je n’arrive pas à identifier malheureusement). Un morceau d’une vraie beauté qui me rappelle certaines compositions de Clozee.

Avec Fetischism, Péroké nous attire davantage dans son monde électronique, sans pour autant délaisser ses sonorités africaines. S’ensuit un second morceau chanté, Jag Janjaal avec Tulika Srivastava, moins percutant que Yabaah pour ma part mais néanmoins efficace.

La fin de l’album se profile, avec l’hypnotique Deadly Kiss aux allures de mélodie charmeuse de serpent, ou encore le très dansant Insomnia qui mène au dernier morceau, The Void, aux tonalités quelque peu plus sombres.

Chaleureux, chatoyant et rythmé, ce premier album de Péroké nous montre l’étendue du savoir faire du duo français en matière de mélange de musique électronique et africaine. Une succession de morceaux minutieusement composés où les sonorités que tout oppose se mélangent pour donner un cocktail tropical et dansant. Chaque piste est un nouveau prétexte à la danse et au voyage vers de nouveaux horizons riches en couleurs. On a hâte de pouvoir les voir sur scène.

Tropism Animalis est disponible en téléchargement ici

Carpenter Brut

Toujours du côté de la musique électronique, je vous invite à plonger dans ses recoins obscurs éclairés aux néons.

L’un des maîtres de la synthwave est de retour avec un nouvel album particulier ! En effet la nouvelle création de l’artiste français n’est autre que la bande-originale du film Blood Machines, inspirée des films de SF des 80s’, qui vient étendre son univers musical et celui du clip Turbo Killer réalisé par Seth Ickerman, également à la réalisation de ce film.

Financé à l’aide des fans sur Kickstarter, Blood Machines n’a pu être vu que par une poignée d’amateurs du genre lors de festivals spécifiques. Les mesures du confinement ont donc retardé la production des DVD/Blu-Ray mais face à cette situation inédite, Carpenter Brut a sorti en format digital sa bande-originale sur toutes les plateformes et envoyé un code de téléchargement aux contributeurs Kickstarter plus tôt que prévu.

C’est donc avec joie que l’on a pu plonger dans l’univers musical de ce space opera intriguant, encore baigné de mystère.

Quand on connaît la discographie de Carpenter Brut, à savoir les 3 EP rassemblés en un album, Trilogy, ainsi que son album Leather Teeth, (chroniqué ici !) on sent déjà un aspect bande originale dans certains morceaux.

Son dernier album cité précédemment, s’y apparente d’ailleurs de par sa construction mais également par son concept comme le démontre ce concert exclusif filmé par Arte.

Avec Blood Machines, il est intéressant de voir comment l’artiste se plonge davantage dans le monde de la bande originale tout en gardant sa patte.

Le résultat est là, et l’album est aussi bon que ses autres créations. Moins dynamique et punchy que le reste de ses disques, on retrouve tout de même son ADN avec parfois des fulgurances comme avec le titre d’ouverture Blood Machines Theme, qui aurait totalement sa place en live, mais également Grand Final. Deux titres reprenant le thème principal du film qui à eux seul font déjà voyager dans l’espace.

Dans un registre plus cinématographique, on sent la puissance et l’efficacité avec un morceau comme Bloody Kisses The Swift, Heart Ship ou encore Lago’s Sleep. Carpenter Brut arrive à quelque chose de plus posé et contemplatif tout en gardant son style propre.

A voir si à l’avenir l’artiste inclura certains morceaux de cet album dans ses concerts.

Une très bonne bande originale et un très bon album de Carpenter Brut, qu’il me tarde maintenant de voir à l’œuvre sur le film Blood Machines, qui devrait potentiellement sortir dans les mois à venir en format digital.

Les fans de l’artiste et de synthwave devraient clairement y trouver leur compte, ainsi que les amateurs de bande originales

Rendez-vous dans un prochain Post-Générique pour vous parler du film qui vient de sortir sur des plateformes VOD et en téléchargement pour les contributeurs !

La bande-originale de Blood Machines est disponible en téléchargement ici

Romane Santarelli

On reste dans l’électronique mais cette fois on remonte à la surface le temps d’un moment de calme avec le nouveau single de Romane Santarelli, composé lors du confinement. Water Mood Pattern, vient quelque part prolonger son dernier EP Quadri (chroniqué ici), avec en plus un clip assez particulier pour illustrer ce nouveau titre. Rythmé et hypnotique, à l’image du morceau.

Romane Santarelli nous a également dévoilé récemment un clip pour son titre Log Lady, issu de son dernier EP. Réalisé par Laurent Gastaud et Mathieu Leguay, étudiants en art, le clip nous offre un très joli dessin animé, aux lumières chaudes et aux visuels parfois psychédéliques. Une très belle réalisation qui vient sublimer le morceau de l’artiste.

Water Mood Pattern est disponible en téléchargement ici

Woodkid

C’est sûrement un des évènements les plus marquants de l’actualité musicale de ces derniers mois : le retour de Woodkid.

Artiste complet, Woodkid a bâti un univers qui s’étend au delà de la musique lorsque l’on commence à creuser. Avec des clips marquants à l’esthétique élégante et une identité visuelle qui lui est propre, le français s’était retiré de la scène musicale après son EP Iron, suivi de son unique album The Golden Age. Après quelques compositions musicales pour les défilés Louis Vuitton (dont celle ci absolument incroyable), la création de la bande originale du film Desierto (avec ce très beau morceau) ou encore sa participation sur l’album Génération(s) Éperdue(s) (hommage à Yves Simon) le français ne s’était pas montré depuis 7 ans.

Une longue absence dont les fans espéraient impatiemment la fin, notamment pour pouvoir assister à nouveau à ses concerts qui ont marqué les esprits. Un artiste accompli donc.

Et c’est là que le 11 décembre, via les réseaux sociaux, Woodkid annonce son retour. Nouvel album, nouveaux concerts, nouveaux visuels, nouvelle identité.

Et le 24 avril nous avons enfin pu découvrir un avant goût de ce retour avec le single Goliath. Imposant, lourd, parsemé de sonorités électroniques et appuyé par la voix sublime de Woodkid, ce premier aperçu nous montre une nouvelle facette de l’artiste. Accompagné d’un clip à la réalisation irréprochable, Goliath dévoile un univers plus moderne, plus industriel, toujours avec cette dimension grandiose propre à la musique de Woodkid.

L’immersion dans son nouvel univers est poussé au maximum avec l’existence du site web de l’entreprise aperçu dans le clip


Ses premières dates ont malheureusement étaient suspendues pour le moment… On a très très hâte de pouvoir le voir sur scène et de mettre la main sur son prochain album !

Et pour ceux que ça intéresse voici une interview très intéressante de Woodkid en rapport avec la réalisation de son clip.

Goliath est disponible en téléchargement ici

Alexandre Vergne