Post-Générique ! N°11

Enfin il est là! Blood Machines moyen métrage réalisé par le talentueux duo Seth Ickerman, basé sur l’univers du clip Turbo Killer de Carpenter Brut (qu’ils avaient réalisé) est enfin sorti en téléchargement pour tous les contributeurs du projet. Le film est également disponible à la demande sur Shudder et Vimeo (uniquement au Royaume-Unis et aux USA pour le moment)

On suit l’histoire de Vascan et Lago, deux chasseurs de l’espace traquant une machine dont l’IA est devenue autonome. Mais après avoir réussi à l’abattre, les deux hommes sont témoins d’un phénomène étrange : une femme aux allures spectrales sort des entrailles de la machine pour gagner les étoiles.
Voulant percer les mystères de la nature de cette entité, ils se lancent à sa poursuite.

Le projet a commencé durant l’été 2016. Avec l’aide des fans sur Kickstarter, l’œuvre de Seth Ickerman a pu prendre vie, tout en s’améliorant avec les nouvelles contributions, passant ainsi d’un film de 30 min à 50 min. Appuyé par une bande originale signée Carpenter Brut, Blood Machines vendait clairement du rêve aux fans de la culture synthwave et de l’artiste français. Alors qu’en est il ?

Déjà la première chose qui frappe c’est le travail sur l’esthétique et l’identité visuelle du film. C’était quelque part la grande promesse du film et elle est tenue haut la main. Blood Machines est un régal pour la rétine. Avec ces plans de nébuleuse colorée, le design insectoïde et démesuré de ces vaisseaux, le travail sur les lumières néons ou encore ce grain sur l’image qui crépite et tremble légèrement rappelant la vieille pellicule, le film nous plonge avec bonheur dans une ambiance totalement rétro de toute beauté.

Mélangeant habilement vrais décors et images de synthèse, le film possède un cachet “fait-maison” qui lui donne un vrai charme. Les effets spéciaux n’ont pas à rougir, le rendu est vraiment convaincant et les rares moments où l’on tique sont rapidement oubliés. Il y a même de vrai trouvailles comme avec le fusil de Vascan et les rayons lasers qu’il projette et qui restent légèrement suspendus dans le temps avant de s’évanouir.

Les acteurs quant à eux sont tous très bons, l’ensemble du casting s’avère convaincant et nous immerge un peu plus dans cet univers qui mêle science-fiction et fantastique. Une mention spéciale pour Christian Erickson qui joue le rôle de Lago et que j’ai trouvé très touchant, ainsi qu’Elisa Lasowski en prêtresse mystérieuse et envoûtante, qui dégage une vraie prestance.

Mais là où Blood Machines surprend c’est qu’il propose davantage une histoire contemplative avec des visuels incroyables qu’une histoire survitaminée bourrée d’action comme on aurait pu le penser avec Carpenter Brut à la musique. Et à mes yeux c’est là une des qualités majeures du film. C’est un vrai plaisir de voir des plans prendre leur temps, de pouvoir profiter des détails qui fourmillent de partout, le tout sublimé par la musique qui nous offre des partitions hypnotisantes. Le générique est sûrement un des meilleurs exemples : tandis que le thème principal résonne, on assiste à une succession de plans nous montrant le vaisseau de nos héros parcourir l’espace, magnifié par le travail sur la lumière.

Blood Machines évite également de tomber dans le piège d’être un clip de 50 min pour Carpenter Brut. On a bien affaire à un film à part entière, bien que de multiples connections se font avec le clip de Turbo Killer, dont quelques notes viennent se perdre dans la musique du final. Car n’oublions pas que ce film reste une extension de l’univers initié dans ce clip.

Et le final parlons en ! C’est la scène qui se rapproche sûrement le plus d’un clip et encore. La réalisation, la musique et la chorégraphie avec les actrices est juste jouissive. Un film à voir avec de bonnes enceintes pour en profiter pleinement.

Le film de Seth Ickerman apporte un vent de fraîcheur et de nostalgie avec cette esthétique tout en néons, puisant son inspiration dans la SF des années 80. Sans pour autant être un simple copier coller, Blood Machines innove, régale les yeux et les oreilles et nous offre en 50 min un univers plus vaste qu’on aurait pu l’imaginer. Un vrai trip visuel et sonore. Seul regret : on aurait aimé que cela soit un poil plus long pour développer certaines choses et surtout… surtout… on aurait aimé le voir dans une salle de cinéma. Malheureusement un tel projet n’aurait sûrement pas réussi à trouver un distributeur et un producteur chez nous, tant il s’éloigne des standards actuels…

On croise les doigts pour que des festivals, des associations ou des cinéma organisant des séances spéciales nous fasse profiter du potentiel de Blood Machines sur grand écran.

Metal Culture(s) si tu me lis…

Un avant goût avec la bande-annonce

Et pour les plus curieux, voici une vidéo pour la dernière campagne de financement, dans laquelle on aperçoit pas mal d’images des coulisses

Et pour les fans de synthwave, sachez que le 29 mai le documentaire The Rise of the Synths sera disponible en VOD durant 24h sur Viméo. Un long-métrage qui retrace l’essor du mouvement synthwave avec de nombreux témoignages d’artistes dont Carpenter Brut, GosT, Perturbator, Dance with the Dead ou encore John Carpenter !

Alexandre Vergne