Une année 2018 qui démarre en fanfare avec de belles nouveautés à vous mettre entre les oreilles. De l’indie-rock aux saveurs des 90’s, du reggae pop world, de l’électro nippon et du rock garage déjanté, voilà qui devrait égayer cette humide fin de janvier… Et vos soirées entre amis !
N’allez pas chercher midi a quatorze heures, le quatrième homme ne fait pas référence au film de gangsters du même nom, mais plutôt aux origines du groupe qui, à la base en 2013, se composait de quatre musiciens. Un quatrième homme (qu’ils cherchent toujours… Avis aux amateurs !) dont la défection n’a aucunement freiné l’objectif premier de cette formation… Sortir un album ! Le trio Corrézien nous propose donc depuis le début de décembre 2017 «Bête Intérieur(e)», douze titres aux couleurs pop-rock, 100% auto produit et fait à la maison. Sur de superbes mélodies et des textes en français (ça devient rare de nos jours) influencés par l’indie-rock et la pop anglaise des 90’s, Aurélien Goudenèche (voix, guitare, claviers), Laurent Sournat (basse, ingé son) et Jean-Michel Arfeuil (batterie, percussion), nous démontrent de fort belle manière, qu’avec peu de moyens, il est possible de créer des compositions aux orchestrations bien ficelées par leur énergie rythmique et électrique, entrecoupées de ballades planantes, poétiques et mélancoliques ! Le Quatrième Homme n’a pas fait dans la facilité : le parcours d’un groupe de rock est en général de tester ses morceaux sur scène avant d’enregistrer un album. Mais pour défendre ce projet, il leur fallait d’abord de la matière… C’est chose faite et il est fort probable que vous les croiserez lors de vos sorties concerts ou festivals et qu’ils vous livreront avec les plus sincères intentions, la « bête » dont il vous faudra dompter les rugissements « indie-rock! » Le CD et le livret qui l’accompagne sont proposés à la vente à Le Bar d’ânes, à Ussel, et sur le site du groupe.
Bête Intérieur(e), Le Quatrième Homme, Auto-production, CD : 14€/Téléchargement : 9€
Pas toujours facile de débuter un nouveau projet ! Quand son aventure avec Saî s’est arrêtée fin 2014, Willy Will avait le choix entre stopper définitivement la musique ou continuer en solo sous son propre nom. Après une grosse période de réflexion et un retour à ses racines haïtiennes, il nous revient gonflé à bloc avec un premier album solo baptisé du nom de sa ville natale « L’estère ». Si le fil conducteur de sa musique reste avant tout le reggae, pour cet opus Williams Brutus a ajouté un côté plus esthétique et plus moderne dans le son et les arrangements en y intégrant des aspects plus world et pop. Onze compositions où chaque titre est une invitation au voyage guidée par sa voix puissante et envoûtante qui apaise sur une ballade, redonne espoir sur du reggae ou simplement nous arrache les tripes sur de la soul music. Bien que ses inspirations soient très personnelles, ce projet est fédérateur, généreux et joue avec nos émotions. Thèmes engagés et dénonciateurs « Won’t turn around, Woe is up», empreints d’espoir ou reflétant la triste réalité de la vie d’un migrant « I tried, African dream », porteurs de messages et mélangeant les styles en invitant le rappeur Beat Assaillant pour nous redonner force et courage « Dilé, You can’t stop the rain » ou avec la surprenante reprise de Cindy Lauper « Girls just want to have fun » interprété avec dynamisme et légéreté, « L’estère » lève le voile sur un artiste doté d’une énergie positive et d’une sincère générosité. Williams Brutus signe ici une production colorée où se côtoie l’élégance de ses racines caribéennes et africaines tout en gardant la bienveillance de toujours rester lui-même.
L’estère, Williams Brutus, Garvey Drive Records, 02 fév. 2018, CD : 15€
Senbeï nous avait donné un avant gout de son projet en avril dernier, avec un EP quatre titres intitulé « Nin ». Son album « Ningyo » (sirène en japonais) sort le 26 janvier prochain avec onze nouvelles compositions s’ajoutant aux quatre de L’EP, nous embarquant une nouvelle fois au pays du soleil levant… Un vrai régal pour nos oreilles ! Le beatmaker parisien, passionné de culture japonaise, produit depuis près de dix ans un Hip-Hop singulier, teinté de sonorités asiatiques et de textures électroniques. En décembre 2016, il accomplit son rêve direction Tokyo pour un voyage initiatique au cours duquel il rencontre Dj Kentaro et le MC nippon ShingO2 (créateur du générique du manga culte « Samurai Champloo »), pousse les portes des clubs les plus déroutants de Shibuya, se perd dans les complexes de jeux d’arcades, assiste à des concerts symphoniques de musiques de jeux vidéos … Et trouve tout de même le temps d’enregistrer en studio quelques uns des meilleurs instrumentistes traditionnels de Koto, Shakuhachi, Shamisen, Niko ou Ichigenkin. Ce touche à tout à l’imagination débordante et prolifique nous dévoile les quinze titres de son périple nippon dans lequel on retrouve une pléiade de featuring ( A.S.M, Youthstar, Shingo2, DJ Nixon, Non Genetic, Yoshi, Gaiden, Sad Vicious, Cheeko, Miscellaneous) qui invitent l’auditeur à entrer de plain-pied dans son univers sonore et jubilatoire. La pochette de l’album « Ningyo » de Senbeï est signé de la main de l’artiste Godtail et se consomme avec un bon thé vert en compagnie de vos amis les plus chers. Arigato gozaimasu, mister Senbeï !
Ningyo, SenbeÏ, Banzaï Lab, Janv. 2018, CD : 15€/Vinyle : 25€/ Téléchargement numérique : 10€
Bruno Robert
Ces fleurs du soleil qui nous viennent tout droit du Portugal ne donnent pas vraiment dans le fado, c’est le moins que l’on puisse dire ! Si nostalgie il y a, il faut plutôt chercher au cœur des années 60 à 70, dans les vapeurs d’herbe et les bains d’acide pour retrouver un pareil son ! Enfants de Janis Joplin croisés avec les Cure, c’est du bon son punk bien crade que les Sunflowers nous offrent, en alternance avec des envolées psychédéliques digne du flower power ! Son saturé, batterie métronomique, rock tribal, rythmique énervée, Les Sunflowers distillent un rock garage déjanté, usant de leurs voix comme d’instruments hypnotiques et éthérés ou furieusement sauvages. Dix titres s’offrent à vos oreilles pour ce deuxième album de Carolina Brandao (batterie, chant) et Carlos de Jesus (guitare, chant), dans une foisonnante démesure carrément jouissive ! Si les Cramps font partie de leurs références, j’ai pour ma part décelé des accents à la sauce Doors et même un clin d’œil à la BO de Pulp Fiction sur le thème du célèbre « Misirlou ». Welcome to the nightmare and the paradise des Sunflowers ! Un album addictif qui n’a pas fini de tourner sur les platines !
Castle spell / Sunflowers / Only Lovers Records / 2018 / Numérique : 7 €, CD : 13,90€, Vinyle : 19,90€
Christine Le Garrec