D’habitude, le Post Générique ne traite pas de ce genre de films, non pas que Alex n’aime pas le genre, bien au contraire ! Mais le plus souvent, il n’y a rien à dire de plus que ce qui a déjà été dit… Alors pourquoi un Post Générique spécial sur ce film ainsi que sur l’ensemble des films Marvel ? On va remettre dans le contexte !
1-Les productions
Dans le monde absolument bordélique et merveilleux des comics, il y a deux grandes maisons d’édition: DC Comics et Marvel.
La première est sûrement la plus populaire dans le monde puisqu’elle a vu naître Superman (1er super héros au monde) puis Batman et Wonder Woman.
La seconde est désormais très appréciée du public grâce à de nombreux films récents qui ont su marquer les esprits dans un premier temps.. avant de formater le genre super héroïque au cinéma.
Dans le monde du cinéma et des grosses boîtes de production Warner Bros (Harry Potter, Matrix, Looney Tunes…) possède les droits pour adapter les comics de DC.
Pour Marvel c’est un poil plus complexe. Le gâteau a été divisé entre différentes productions. Sony possède les droits sur Spider Man et son univers. La Fox possède les droits sur les X Men ainsi que les 4 Fantastiques. Et enfin la plus grosse part du gâteau appartient à Disney.
MAIS… Dans sa conquête de l’industrie du cinéma, Disney en plus d’avoir racheté Pixar, Lucasfilm et Marvel et d’avoir signé un accord avec Sony (pour exploiter Spiderman), a récemment acquis la Fox (et donc les X Men et les 4 Fantastiques)… Disney possède désormais quasiment la moitié de l’industrie du cinéma, et ceci est assez inquiétant pour la liberté artistique et la création… Bref. Vous voilà au point pour comprendre la suite.
2-Les films Marvel et leur “évolution”
En 2008, les sorties d’Iron Man et de L’Incroyable Hulk, marquent les débuts du MCU (Marvel Cinematic Universe). Fin 2009 Marvel Studios est racheté par Disney et c’est là que s’opère peu à peu un changement. Premièrement, les films sont organisés en « phases », la phase 1 regroupant Iron Man, L’Incroyable Hulk, Captain America, Thor et Avengers. Le MCU s’enferme alors dans ce système de phases qui est devenu redondant. Films solo pour chaque héros puis on clôture avec un film Avengers où ils sont rassemblés. Cela donne une certaine monotonie aux films, d’autant plus que les scénarios sont assez similaires. On ne craint rien pour les héros, des enjeux sont mis en place mais sans aucune véritable conséquence. Aucun réel impact, les films s’enchaînent et se ressemblent. L’humour, pas vraiment subtil, est de mise et vient casser le peu d’enjeux présents.
Cependant, certains films se détachent du lot et nous proposent quelque chose de plus varié, comme le second Captain America avec son intrigue d’espionnage mâtinée de politique, ou encore le premier Gardien de la Galaxie et Black Panther qui nous offrent des univers nouveaux où il y a une vraie recherche esthétique.
En ce qui concerne les deux premiers Avengers, c’est autre chose. Le premier volet est très bon, réussissant à bien équilibrer le temps d’apparition et l’importance des personnages, le rythme de l’histoire est bien dosé et le scénario correct.
Le deuxième, Avengers: Age of Ultron, assez mal accueilli par les fans, a cependant réussi à garder une bonne dynamique de groupe et apporte une nouvelle esthétique un peu plus sombre que les autres films. L’humour est ici mieux dosé, les enjeux sont présents, le méchant est charismatique, etc..
Ultron, le méchant du second Avengers
Mais une fois de plus les enjeux n’ont aucune vraie conséquence : le méchant sensé être surpuissant est finalement très limité et une fois de plus on ne craint rien pour les personnages. Alors que le film aurait gagné à avoir un méchant plus puissant.
Arrive ensuite Captain America: Civil War, basé sur un des comics les plus cultes de Marvel, qui est en réalité un mini Avengers car on y retrouve tous les personnages des précédents films. Cette fois encore les enjeux sont posés mais bancals, l’humour est inadapté au contexte (la division et la lutte interne entre les Avengers), des personnages iconiques sont intégrés à la va vite pour faire plaisir aux fans… bref un potentiel gâché.
Pourquoi dire que tout ça n’est pas de grande qualité et vous présenter tout de même le nouveau Avengers ? On y passe maintenant !
3- Avengers Infinity War, l’aboutissement
Le pitch, tout d’abord : Les Avengers et leurs alliés devront être prêts à tout sacrifier pour neutraliser le redoutable Thanos avant que son attaque éclair ne conduise à la destruction complète de l’univers.
Avengers Infinity War est réalisé par les frères Joe Russo et Anthony Russo, les mêmes à qui l’on doit le second et troisième volet de Captain America.
Depuis l’apparition de Thanos dans la scène post-générique du premier Avengers et l’introduction progressive des Pierres d’Infinités, artefacts, qui une fois rassemblé donne un pouvoir sans limites, tous les fans savaient que le moment viendrait où leur héros serait confronté à cet ennemi surpuissant.
Après la succession de films à l’humour lourd, où les enjeux n’ont aucun réel impact, où les héros sont invincibles et où certains ennemis sensé être tout puissant voit leur capacité réduite pour que le film se finisse bien, à quoi peut-on s’attendre avec Infinity War ? À un énième film Marvel sans saveur ? Pas cette fois-ci !!! Quelle claque! Dans le genre film de « super héros » c’est vraiment une réussite !
Le tant attendu Thanos
La scène d’introduction, qui amèneThanos avec puissance, est juste excellente et permet de voir directement que le ton et l’atmosphère ont évolué : adieu l’humour lourdingue et au revoir le “héros intouchable” ! Déjà aperçu dans deux scènes post générique ainsi que dans le premier Gardiens de la Galaxie, le temps d’une courte scène, personne n’avait vraiment pu se faire une idée du personnage. Et là, il n’y a aucun doute ! Nous avons affaire au meilleur méchant du MCU ! Design, psychologie, tout est réussi, et le jeu d’acteur est excellent. Josh Brolin est splendide dans ce rôle, bien qu’il s’agisse d’images de synthèse, toutes les expressions, gestes et surtout intonations de voix sont justes. On ressent à la fois une certaine patience se mêlant à la puissance que dégage ce personnage.
Avec une vingtaine de personnages principaux à traiter sur un un film de 2h36, on peut clairement s’attendre à du favoritisme envers certains protagonistes et donc à un déséquilibre nuisible au récit. Et bien non. Une fois de plus l’équilibre est plutôt bien dosé (bien que certain personnage comme Captain America soit assez en retrait) et on ressent à nouveau, comme pour le premier Avengers, l’excitation de voir les héros se rencontrer et faire équipe.
Le récit se construit alors sur une dynamique de groupe. Premièrement, à aucun moment ils ne seront tous rassemblés, chaque groupe évoluant à part, ne sachant pas ce qu’il se passe ailleurs mais faisant avancer la situation. Cette construction permet de garder un bon rythme car la tension monte dans chaque groupe et est coupée net pour passer au suivant où la tension monte et… rebelote, groupe suivant. Ainsi le spectateur est tenu en haleine. Deuxièmement, la composition des groupes est géniale et cohérente, ils se rencontrent de manière logique et les personnages sont bien assemblés, par exemple Docteur Strange et Iron Man ensemble… quoi de plus sensé que de faire rencontrer les deux plus gros égo de l’univers !
Et enfin pour finir, cette dynamique fait clairement penser à la construction d’un comic ! De tous les films de super-héros adapté de comics, il est celui qui se rapproche le plus du format papier, et cette sensation est également renforcée par la police d’écriture utilisée pour le nom des lieux qui apparaît à chaque nouvel endroit ou les personnages atterrissent.
Niveau technique le film est très bien cadré. Les frères Russo, caméra à l’épaule, ajoutent une véritable immersion dans certaines scènes. On retrouve aussi cette frénésie des combats avec des effets accélerés et notamment cette manière de faire ressentir l’impact des coups avec le cadrage et le son. Les combats sont vraiment jouissifs et bien chorégraphiés, mention spéciale à celui contre Thanos vers la fin du film.
Coté visuel… Aïe ! C’est là ou ça pêche ! Trop trop trop trop de synthèse tue la synthèse ! Autant certains visuels entierement numériques comme les plans dans l’espace ou sur d’autres planètes sont très beaux et parfois même hypnotisants, autant ceux mélangeant acteur réel, personnages de synthèse, vrai décor et décor virtuel piquent les yeux ! Thanos, lui, est bien modélisé mais ses sbires… on croirait qu’ils sortent d’un jeux vidéo… et cela créé une sorte de « fracture » avec les personnages réel.
Et enfin gros point fort, grosse nouveauté dans un Marvel ! Il y a des conséquences, il y a des pertes ! Enfin un Marvel où les héros sont vulnérables, où à chaque minute du film on a peur pour eux ! Cette sorte de compte à rebours, avec la collecte des Pierres d’Infinités par Thanos, accentue la tension. Le voir gagner en puissance de minute en minute et observer les héros être dépasser par ce qu’il se passe est affreusement délicieux! Cette fois ci, Marvel assume cette noirceur en restant dans son univers respectif et en dosant beaucoup mieux l’humour. Et cette fin… Elle restera l’une des plus marquante de tous les films de super héros !
Il a fallu attendre 10 ans pendant lesquels on nous a fait miroiter un univers et des personnages avec du potentiel, pour arriver à ce film enfin abouti… Espérons qu’avec les nombreuses suites prévues, Marvel continuera sur cette lancée et ne retombera pas dans ses défauts d’autrefois…
Et la BO ? Je vous abandonne ici pour laisser David (de retour!) vous faire part de son analyse !
Alex
Et la Musique du Film ?
EN BREF : « Avengers : Infinity War » marque le rapatriement d’un forgeur de mélodies estimé au sein de la Maison des Idées, après le patriotique Captain America (2011) et le fédérateur Avengers (2012), mais également un changement radical de tonalité, aussi bien dans sa structure narrative que musicale. Au-delà de la réitération de l’étincelant ‘Avengers Theme’, la musique d’Alan Silvestri se pourvoit d’un ton comminatoire et dramatique saillant. L’ombre de Thanos plane tout au long de sa partition et la tension est particulièrement palpable ! Tantôt martiale, tantôt élégiaque, elle s’aventure dans une direction qu’aucun compositeur de l’Univers Cinématographique Marvel n’aurait pu emprunter. Alan Silvestri n’en oublie pas pour autant de rythmer les exploits des Avengers avec ses cuivres frénétiques, ses cordes héroïques et ses chœurs massifs (mention spéciale à ‘Forge’). « Avengers : Infinity War » est un score particulièrement bien charpenté, minutieux et audacieux qui, une fois associé aux images vertigineuses des frères Russo, ébranle le spectateur à coup sûr !
L’analyse complète sur ma page Facebook « L’actualité des musiques de films »
David-Emmanuel