Trois jours de musique au Printemps de Bourges 2023 !

Quelle semaine que celle du Printemps de Bourges ! On ne sait plus où donner de la tête tant il y a d’artistes présents. Des artistes émergents à ceux confirmés évoluant dans les scènes underground en passant par celles et ceux qui enchaînent les zénith, cette édition 2023, bien que marquée par une prédominance du rap et des musiques électroniques, nous a tous de même régalés avec de nombreux projets, en particulier du côté des Inouïs.

Je vous embarque dans mon récap de cette semaine tout en musiques et découvertes, qui s’est étalé du 18 au 22 avril!

Mardi 18 avril, premier jour. On est pas encore dans l’effervescence totale que suscite le festival, mais cette ambiance s’y installe doucement avec la soirée qui va lancer les hostilités. Au programme Anna Madjison, Julien Granel et -M-, qui est venu clôturer cette première soirée.

Le temps de prendre ses marques et de s’installer, Anna Madjison est passée, et c’est au tour de Julien Granel de venir chauffer la foule avec un univers coloré et funky. Entouré de machines, le jeune homme tisse une musique électronique pimpante et festive, à l’image de sa tenue tout en strass et paillettes. Animé d’une belle énergie, l’artiste interagit avec le public et s’élance même à travers la foule pour rejoindre la régie où des platines l’attendent pour le voir mixer durant plusieurs minutes. Une belle performance qui malheureusement n’a pas rencontré le succès qu’elle aurait mérité, le public ayant l’air d’être surtout venu pour -M-. 

-M-, parlons-en. Je ne suis pas forcément très friand de sa musique. J’ai entendu quelques lives, notamment celui de son album collectif Lamomali, que je trouve superbe, mais je ne me suis pas pointé au concert plein d’attente, mais juste curieux. Et si cela commençait mal pour moi à cause de conditions photos plus que compliquées, j’ai vite été émerveillé par le show.

Le soin apporté à la mise en scène est juste fou. Un décor qui évoque un univers de rêve enfantin, sublimé par des jeux de lumières et par un panel de musiciens et musiciennes talentueux. Un grand rideau transparent cache la scène au début du show, et on ne distingue que l’ombre de -M- au départ, telle une silhouette de personnage de dessin animé, qui finit par être dévoilée au tomber du rideau. Dans un costume d’apparat violet, coiffé de sa coupe iconique, l’artiste entame son premier morceau sous les applaudissements du public.

C’est parti pour un peu plus de 2h de show. Et quel show !

Armé d’un répertoire varié, pioché dans divers albums de sa discographie, -M- jongle entre moments de calme et moments de liesse à grand renfort de sonorités funky. Épaulé par la basse de Gail Ann Dorsey, mais aussi de sa voix, le chanteur/guitariste ira même passer une bonne partie de son concert sur une petite scène glissée en douce au cœur du public ! Entouré d’une foule aux yeux pétillants de joie, -M- profite de ce moment privilégié pour échanger avec son public et lui livrer plusieurs morceaux au plus proche de lui. Une spectatrice, choisie en amont du concert, montera même avec lui pour chanter Nombril.

-M- témoigne d’une vraie générosité avec son public, allant même faire un tour complet de la fosse, guitare à la main sur l’un des derniers morceaux. Entre deux titres, l’artiste profite de faire une “pause” dans sa loge, de quoi mettre en avant l’impressionnant décor en fond de scène, évoquant un gigantesque œil, et sur lequel est projeté ses péripéties hors scène. Au travers d’une vidéo hyper dynamique, l’artiste en profite pour retracer ses différents succès, changeant comme par magie de costume. Et des costumes il y en a également tout un tas durant le concert, et c’est ce qui renforce cette magie. Il y a un tel soin apporté à chaque veste, masque, coiffe que porte -M-, mais aussi sur ses guitares, allant de la plus customisée à la guitare classique usée par le temps, en passant par une acoustique uniquement recouverte de strass et de paillettes.

Tous ces éléments de la mise en scène assurent au spectateur un véritable voyage dans un monde de rêve.

-M- a su trouver la formule idéale pour embarquer son public dans un univers particulier sans pour autant délaisser le côté travaillé de ses morceaux. Au final les gens repartent les yeux pleins d’étoiles.

Deuxième jour de festivités, ça y est là on y est, le festival bat son plein, la ville grouille de vie et de musique. Et c’est pour moi le début de la course.

Mon premier concert de la journée se déroule sur la scène des Inouïs, où se produit La Colère. Et rien de tel que la musique enivrante de cette jeune artiste pour commencer la journée. Derrière ses synthés et ses machines, La Colère déclame des textes entre le parlé et le chanté, dans une ambiance planante et groovy, renforcée par la talentueuse bassiste qui l’accompagne. Ça se dandine devant la scène, et la Colère nous embarque dans un univers entre mélancolie et festivités, le tout dans une atmosphère tout en néons. Une jolie découverte.

Et la journée ne s’arrête pas là en termes de découvertes puisque dans l’après-midi, au 22 (la scène des Inouïs) a été prise dans la tempête de Pales, un groupe de rock déchaîné.

Arrivant en cours de concert, je me retrouve pris dans un déluge de lumières tandis que le groupe donne tout ce qu’il a sur scène. Entre des musiciens en transe et une chanteuse à la voix légèrement éraillée qui semble être possédée, le groupe occupe toute la scène avec une grande aisance.

Tirant vers un rock punk avec des vibes de garage rock, Pales est une vraie tornade ! Au vu de la prestation, et de l’énergie qui s’empare peu à peu du premier rang, le groupe aurait bien pu transformer cette foule de curieux en un pogo avec un ou deux morceaux de plus. C’est clairement une de mes pépites de cette édition. 

Dans le genre pépites j’ai eu également ma dose avec la suite de la programmation. J’ai quitté le temps d’un spectacle unique le cœur du festival pour me diriger vers le magnifique Palais Jacques Cœur qui durant trois jours a été le terrain de jeu de Thomas de Pourquery et de toute son équipe. A bord de cet immense édifice gothique, l’artiste nous a embarqué dans une performance unique!

Réunis dans la cour, les spectateurs et spectatrices sont informés d’un léger retard dû à un problème technique, avant qu’un des spectateurs s’en prenne verbalement à la dame du staff du festival. On assiste alors à une sorte de dispute, qui rend tout le monde silencieux, ne sachant pas trop quoi dire et faire, avant que certaines personnes de la foule ne se transforment subitement en choristes et prennent la défense de la dame du staff, dans une déambulation surréaliste. On ne sait plus alors qui est de mèche avec le spectacle ou non, et les choristes parmi lesquels figurent des jeunes, des vieux, et même un agent de sécurité, nous emportent dans le début d’un vrai voyage.

Des saxophonistes encapuchonnés surgissent des fenêtres du château, joignant leurs mélodies à celles des voix des choristes. Le public est alors embarqué dans une déambulation guidée à travers l’édifice.

Lors de cette balade surréaliste, les spectateurs peuvent alors découvrir la beauté de chaque pièce du Palais, sublimée par des scénettes mêlant théâtre et musique. Chaque lieu possède une nouvelle ambiance, avant de nous conduire vers la salle des festins où Thomas de Pourquery, seul sur scène, accueille son public au saxophone.

Et c’est dans cette superbe salle, dans une ambiance intimiste, que l’artiste est rejoint par des musiciens et nous livre alors un superbe concert mêlant jazz et pop, qui n’est pas sans m’évoquer Damon Albarn, chanteur de Gorillaz, en solo. Une magnifique prestation qui se finit en apothéose avec la fin de l’histoire initiée par la dispute entre les deux comédiens dans la cour. C’est clairement l’expérience la plus saisissante que j’ai pu vivre sur le festival. 

Et grâce à ce merveilleux concept j’ai pu découvrir un artiste talentueux, dont je vous recommande les albums, en particulier Back to the Moon.

Le temps de revenir au pas de course sur le cœur du festival, j’ai loupé le concert de Lucie Antunes, dont je n’ai pu voir que les derniers morceaux. Mais du peu que j’ai vu et entendu, j’ai trouvé ça vraiment bon et l’énergie sur scène était bien présente.



Nouvelle découverte pour moi, et nouveau coup de cœur avec le concert d’Émilie Simon. Sur la scène de la Maison de la Culture de Bourges, l’artiste débarque au milieu d’une petite plateforme surmontée de trois grands arceaux, entourée de machines. L’artiste se livre alors dans une performance électronique aux influences trip hop, pop et chanson française. Un univers envoûtant, doux, mélancolique, sombre, dansant, envahit la salle, Émilie touchant à tout un tas d’instruments, allant du synthé aux percussions, en passant par la guitare et diverses machines, dont une fixée à son bras avec laquelle elle module sa voix sur certains passages.

Le tout est accompagnée d’un magnifique jeu de lumières avec un projecteur qui découpe sa silhouette vêtue d’une sorte de grand voile transparent et coloré, ou encore avec des arceaux prenant vie qui s’illuminent aux rythmes des musiques. Le concert se clôturera dans une atmosphère presque féérique lorsque l’artiste revient sur scène vêtue d’une tenue couverte de leds.

Une nouvelle belle découverte… Et je vous recommande l’album ES qui est une revisite complète de son premier album. Une vraie pépite à mes yeux.

Après le calme vient la tempête…

Je n’ai pas pu voir le concert en entier (je vous ai dit que c’était la course !), mais j’en ai vu assez pour vous affirmer que Sesam, c’est juste un ouragan sur scène ! Les cinq jeunes hommes nous livrent une performance musicale, presque entièrement instrumentale, à base de longs morceaux qui montent crescendo pour exploser de la meilleure manière au meilleur moment.

Claviers, guitare, batterie, basse et trompette s’accompagnent dans un flot ininterrompu qui vient se briser sur le public avec la force d’un raz de marée… En témoigne l’état de transe du claviériste et du trompettiste qui devient également chanteur sur certain passage. Sesam a envoyé du très lourd.

Horaires rapprochés oblige, je suis de nouveau contraint de ne voir qu’un bout du concert suivant. Cette fois c’est Follo qui occupe la scène des Inouïs. Entouré de machines, le jeune artiste nous embarque dans un set musical dansant et onirique, qui n’est pas sans me rappeler ce que dégage la musique de Romane Santarelli. De la musique, rien que de la musique, pour enivrer et posséder peu à peu les esprits du public. Chaque sonorité vient enrichir son morceau, tissant peu à peu un crescendo des plus satisfaisant. Je n’ai pu voir que quelques minutes, mais par chance j’ai pu me procurer un CD de l’artiste que j’ai pu attentivement écouter et savourer. Si vous êtes amateur de musiques électroniques, je ne peux que vous conseiller fortement d’aller jeter une de vos oreilles, ou les deux tant qu’à faire !

Et pour clôturer cette folle journée c’est l’heure de retourner sur la grande scène du W avec LA grosse tête d’affiche du jour, à savoir Lomepal.

Depuis la sortie de son album Flip en 2017, je suis devenu très friand de la musique de l’artiste et j’ai été encore plus conquis par l’opus sorti l’année suivante. Jeannine a confirmé encore plus mon amour pour la musique de Lomepal et son petit dernier, Mauvais Ordre, qui prend encore plus ce virage hybride entre chanson et rap, m’a conquis tout autant que les précédents. J’ai pu voir l’artiste parisien au Mainsquare en 2019, et j’étais impatient de voir cette nouvelle tournée.

Lorsque les lumières s’assoupissent, c’est une déferlante de cris et d’applaudissement qui s’emparent du W. Dans la pénombre, on ne distingue que les musiciens qui viennent prendre place, tandis que la lumière s’éveille doucement derrière les échafaudages qui occupent toute la scène. Les premières notes font leur apparitions et alors que l’instru d’Aubrun progresse, une ombre en fait tout autant derrière la structure de metal, et Lomepal fait alors son apparition, entamant directement le premier couplet sous les cris d’hystérie de la foule.

Un démarrage en trombe avec notamment A Peu Près et 50°, durant lesquels Lomepal joue avec son public en utilisant une longue passerelle qui traverse la foule.

Dans l’ensemble le show est plus que correct. Mais j’avoue ne pas avoir retrouvé la puissance du concert de 2019, la faute en partie à une setlist légitimement et majoritairement composée des morceaux du dernier album, qui dans l’ensemble s’avère plus “calme”. Cependant, certains moment auraient pu offrir des passages de dingues, mais le instrus semblent se freiner au moment où elle pourraient exploser… Et c’est dommage quand on voit le superbe enchaînement entre Etna et Lucy. Lomepal finit magistralement avec un rappel au sommet de l’échafaudage avec ses musiciens pour interpréter Decrescendo, qui possède un arrangement live vraiment prenant.

Le plus gros point noir à mon sens reste cette envie de Lomepal de déclencher des circle pits et pogos (des pratiques courantes dans le rock et le metal) avec un public pas habitué à cette pratique et surtout composé en grande partie de jeunes filles qui ont campé durant toute l’après midi pour assister au concert, compressées aux barrières. Je vous laisse imaginer le résultat… Et c’est dommage puisque j’ai trouvé que ça cassait le rythme du concert et que ces pratiques n’étaient pas en accord avec l’ambiance des morceaux.

Malgré ça, le concert a été plus qu’appréciable et Lomepal s’est clairement donné à fond durant tout le show. On notera de superbes arrangements pour certains morceaux, notamment Tee qui sonne un peu plus rock en live.

Y a pas à dire, y a plus dégueu comme clôture de journée de festival !

Troisième jour de festival et dernier pour moi ! Malheureusement, un petit imprévu m’a obligé à raccourcir mes péripéties à Bourges, et je ne pourrais malheureusement rien vous dire du 4ème jour et de sa programmation très rock ou encore du dernier jour et de sa programmation électronique et techno des plus alléchantes.

Bref, quoi qu’il en soit, ce troisième jour est une nouvelle série de découvertes avec en prime mon plus gros coup de cœur du festival du côté des Inouïs.

On commence en douceur avec le groupe qui a remporté le prix du public et c’est amplement mérité ! Aghiad est un trio talentueux qui nous embarque dans un voyage contemplatif à la fois dansant et plein de douceur. Puisant ses inspirations dans les musiques du Moyen-Orient et en particulier de la Syrie, le groupe nous livre un mélange subtil de sonorités électroniques avec celles d’instruments plus classiques et d’autres issus du folklore dont ils s’inspirent.

Chaque membre chante, joue et touche à divers instruments et machines, donnant un dynamisme singulier qui transforme la scène en une sorte de fabrique musicale. Bercé dans un jeu de lumière aussi doux que leur musique, Aghiad a réussi son pari d’embarquer la foule dans son univers. Et a remporté l’un des trois prix des Inouïs ! Bravo messieurs et merci pour le voyage !

Le 22, est composée de deux salles, dans lesquelles les jeunes artistes s’enchaînent. C’est grâce à ça que j’ai pu découvrir les artistes suivants, puisque je n’avais pas d’impératif ailleurs. Je me suis donc lancé dans l’inconnu et j’ai eu une très belle surprise avec le concert de Rose Super Tranquille.

La jeune femme seule sur scène, accompagnée de quelques machines, d’une guitare et d’un écran sur lequel défile des visuels abstraits, nous embarque dans un univers léger aux sonorité pop-electro agrémenté de textes en français. A l’aise sur scène, Rose Super Tranquille surprend par son naturel, assumant ses petites erreurs et commençant à divaguer quand elle s’adresse au public. Ce qui donne une ambiance conviviale et amusante que la jeune artiste maîtrise parfaitement et qui donne le sourire aux spectateurs. Baignée dans des lumières chatoyantes, l’artiste a su emporter le public dans son monde, semblable à un cocon où il fait bon danser.

Autre surprise, Achim, jeune rappeur de Marseille qui a su enflammer la seconde scène du 22. Étant très compliqué en rap, j’avoue que j’y suis allé sans grande conviction. Et je me suis retrouvé embarqué dans la musique du jeune homme qui a réussi à en faire tout autant avec le reste de la salle. Épaulé par une DJ et des instrus excellentes, Achim raconte sa vie dans son quartier de Marseille, et délivre des textes solides sans avoir recours à l’autotune à chaque morceau. Bien que cet effet très courant dans le rap soit utilisé par moment par le rappeur, je l’ai trouvé bien mieux dosé que sur d’autres artistes. 

Quoi qu’il en soit, Achim nous a livré un set solide et entraînant qui vient puiser dans le rap à l’ancienne, et ça faisait vraiment plaisir à voir !

Toujours du côté des Inouïs, la scène s’est retrouvée secouée par la performance de Théa. J’ai trouvé que les versions studios ne marchaient pas vraiment pour ma part, mais en live c’est une autre histoire. Mélange hybride électro, rock et punk, Théa, accompagnée d’un guitariste, se déchaîne sur scène dans un déluge de lumières. Une belle symbiose s’installe entre les deux, et les instrus sont plus qu’efficaces. Une prestance qui vient tirer du côté du metal et qui semble marcher sur le public. Il faut dire que l’énergie déployée est plus que contagieuse, et même si quelques aspects sonnent un poil trop « émo » pour moi, j’ai été conquis par le show de Théa et espère revoir l’artiste sur scène.

Voilà, le moment est venu de vous parler de mon gros coup de cœur de ce Printemps de Bourges. Ça se passe encore du côté des Inouïs et une fois de plus, rythme effréné oblige, j’ai loupé un peu le début du show de Liv Oddman, et heureusement j’en ai assez vu pour me prendre une belle claque.

Accompagné d’un guitariste vêtu façon Angus Young, le jeune homme à la silhouette imposante et élégante vient nous livrer une performance scénique totalement démente. Évoluant dans des jeux de lumières qui jouent sur des clair obscurs, l’artiste se démène, bouge de manière possédée, donnant l’impression de danser tout en se contorsionnant au rythme de sa musique indéfinissable mais qui pourrait être décrite comme une sorte de jazz survitaminé dopé aux influences punk.

Liv Oddman vit sa musique et se donne à 200%, impressionnant aussi par sa maîtrise vocale. Un brin de voix rauque, qui résonne comme une caverne et vient prendre aux tripes. La complicité avec son guitariste, tout aussi déchaîné, vient renforcer la performance scénique, en particulier lorsque Liv Oddman vient l’accompagner au piano, qui sonne comme celui d’un vieux saloon. La foule se trémousse, et lorsque vient malheureusement la fin du set sous une pluie d’applaudissements, on est encore quelques uns à rester bouche bée, à discuter, émerveillé de ce que l’on vient de voir. Bref une très très belle découverte, dont je vous recommande l’album disponible sur toutes les plateformes de streaming.

Je ne m’éterniserai pas sur la suite que j’ai pu voir au W, à savoir Izïa et Juliette Armanet

La première a livré un show énergique, dont je n’ai vu que les 4 premiers titres. La chanteuse se dépense et donne tout ce qu’elle a, mais vient casser le rythme de son concert lorsqu’elle part dans des grands discours pour chauffer la foule, que j’ai trouvé trop forcé… Dommage, puisque l’énergie qu’elle donne sur scène suffit amplement à contaminer le public, au demeurant ravi de sa prestation.

Pour Juliette Armanet je n’ai pu voir que les trois premiers titres afin de ne pas louper le concert suivant. J’ai été davantage convaincu par sa prestation à la mise en scène grandiloquente, qui vient puiser dans les ambiances cabaret et concert des années 80. Normal me direz vous pour l’interprète du Dernier jour du disco, qui se donne à fond, alternant passage au piano, danse énergique face à des ventilateurs et bain de foule. Une belle entrée en scène qui d’après les échos que j’ai eu ne s’est pas essoufflée durant le reste du spectacle.

Il est l’heure de conclure avec mon dernier concert sur le Printemps de Bourges. On retourne ici du côté du 22, où mes chouchous d’Agar Agar sont venus défendre leur dernier album (chroniqué ici).

J’avais découvert ce duo unique au Mainsquare en 2019, et depuis j’ai suivi avec intérêt leur aventures musicales. Si en 2019 ils étaient sur scène de la manière la plus sobre possible, ici c’est une autre histoire.

Les deux artistes, Clara Cappagli et Armand Bultheel, prennent place dans un décor fantaisiste fait main. Entre des fleurs étranges faites de tubes lumineux et de colle, et un immense rocher en fond de scène où se dessine la forme d’un étrange visage, les deux artistes embarquent le public dans un voyage onirique. Enrobé dans leurs sonorités électroniques à la fois douces et entraînantes, le public se dandine rapidement, bercé également par la jolie voix de la chanteuse. Tandis qu’Armand manipule synthés et machines pour créer et moduler leurs mélodies, Clara vient sautiller devant le public, dans une prestation quasi enfantine, vêtu d’une sorte de pyjama. 

Malgré une mise en scène travaillée, le groupe reste le plus naturel possible, déconnant avec le public par moments et adoptant un ton léger et second degré. Le duo nous régale avec les meilleurs titres de sa discographie. Entre le doux dynamisme de The visit et Nap, qui bénéficient tous deux de superbes arrangements pour le live, ou encore de l’hypnotique Dragonlie et le superbe I’m That Guy, le duo parisien nous a plongés avec brio dans son univers de rêves et de douce folie. Un voyage dans une sorte de Pays des Merveilles électronique renforcé par un décor prenant peu à peu vie. D’abord baigné de lumières saturées, ces dernières s’adoucissent alors que les plantes étranges qui occupent la scène s’illuminent, et que les paupières de pierre du rocher s’ouvrent, dévoilant des yeux qui se mettent à tournoyer, scruter le public, et loucher, alors que sa bouche s’entrouvre pour y laisser échapper de la fumée. Le seul point noir de ce concert aura été sa durée, bien trop courte à mon goût et à celui de pas mal de gens dans le public.

C’était vraiment un plaisir de revoir Agar Agar, et j’espère pouvoir profiter plus longuement de leur nouvelle formule prochainement.

C’est ainsi que s’achèvent mes aventures au Printemps de Bourges, première année pour moi dans ce festival. Bien que le rythme fût effréné, j’ai apprécié de découvrir un beau panel de jeunes artistes tout en profitant de quelques têtes d’affiches. Un festival que je recommande pour tous les curieux et curieuses.

Un grand merci à l’équipe du service presse du festival pour leur disponibilité et leur confiance et,  j’espère, à l’année prochaine !

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Alexandre Vergne