STEVE HACKETT : Le Dernier Rempart

Après Magma et la célébration des 50 ans du Mekanik Destruktiw Kommandoh, la tournée I/O de Peter Gabriel, voici que s’avance Steve Hackett et son « Genesis Revisited » pour une relecture de Foxtrot, album majeur de la Genèse, sorti en 1972.

Décidément nos 20 ans n’en finissent pas de nous sauter à la gueule !

Du moins les miens…

Et quoi de plus beau, pour accueillir ces réjouissances, qu’un théâtre au pied des remparts de la Cité de Carcassonne ?

Un cadre médiéval qui sied parfaitement à la musique théâtrale des premiers Genesis, ainsi qu’à l’atmosphère envoûtante des albums solo du Maestro.

Prêt pour le Voyage of the Acolyte ?

SUPER PRÊT !

Ça démarre en trombe justement avec Ace Of Wands tout en virtuosité et majesté…

Et la magie opère, le son est fabuleux et le groupe est au top !

Que demande le peuple ?

Les Grandes Orgues ?

Va pour The Devil’s Cathedral 

Sous le regard hagard des gargouilles qui nous lorgnent du coin de l’œil…

Puis Every Day aux allures pop-tubesque, le public est aux Anges…

Après le Diable, ça compense…

Un Camino Royale pour rester dans le thème avant la déferlante savamment emballée du Shadow of the Hierophant…

Steve Hackett est le dernier rempart.

Le tenant d’une musique sensible et authentique, face aux diktats des modes et des saveurs artificielles.

On oublie à quel point il est un immense guitariste, au toucher à la fois soyeux et inventif.

Ce jeu subtil, étroitement lié au clavier, a donné toute l’originalité des premiers opus de Genesis.

La marque de fabrique d’un musicien discret et sûrement pas reconnu à sa juste valeur dans le panthéon du Rock.

La grande émotion est évidement de pouvoir réécouter « Foxtrot » en live !

Les longues nappes de claviers nous plongent de suite dans l’ambiance, le fauteuil bascule 40 ans en arrière et s’envole lentement au dessus des remparts de la citadelle…

Watcher of the Skies !

Les cœurs bondissent !

Bien sûr, Nad Sylvan n’a pas le timbre de voix inimitable de Peter Gabriel. Mais il a dû jouer son rôle plus souvent. Il se l’est approprié, dans une attitude spectrale pleine d’élégance…

Le groupe, lui, est impeccable de puissance et de précision.

Le batteur est tranchant, martial… Le bassiste est virtuose et taquine en douce la mandoline…

Le keyboard est à s’y méprendre, et le souffleur des instruments à vent (ou après ?) nous joue les yeux fermés (mais pas sans les mains !) tous les solos de flûte du Père Gabriel…

On s’y croirait !

Au dessus des T-shirts de Genesis, Yes (un très beau Close to the Edge !) Peter Gabriel, Magma, Pink Floyd (même un Zappa !) quelques babos aux cheveux blancs qui dodelinent, le sourire aux lèvres et la joie au cœur.

Amoureux d’une époque et de sa musique .

Les perles s’enchainent, Time Table, Get ‘Em Out by Friday, Can-Utility… jusqu’au passage obligé de la guitare acoustique le regard rivé sur les Horizons

Délicieux instants…

Avant le Supper’s Ready qui va monter au paroxysme une soirée déjà bien emballante !

Le peuple est debout et en redemande !

Le troubadour et sa bande ne se font pas prier et nous resservent une dose de Genèse…

L’intro piano ne trompe personne, et c’est Firth of Fifth qui nous fond dessus comme le chocolat sur la Poire Belle-Hellène…

Quel rapport ?

Aucun, mais c’est joli et j’ai faim…

Bref tout le monde est content et là… Paf !

Solo de batterie (pas trop long quand même, il est tard!)

Et ça enchaîne pour un final grandiose avec la bien nommée, Los Endos tiré de Trick of the Tail et qui clôtura longtemps les shows de Genesis.

Nous sortons de là, la tête dans les nuages, tout juste conscients d’avoir croisé la Légende…

Je tiens à saluer la belle organisation du festival de Carcassonne.

A remercier l’équipe pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Je salue aussi ceux que j’ai croisés, Jean-Luc et Catherine qui nous ont indiqué le chemin, avec qui nous avons partagé une passion commune et qui nous ont suivis au concert, les vignerons des Corbières pour la dégustation d’après show, les gars de la sécurité qui nous ont aidé à retrouver une paire de lunettes inestimable et enfin un Big Up pour Manon Roux et son aide précieuse.

Le Rascal (Crédit photo : © Julien Roche – Ville de Carcassonne)